Centre Palestinien
d'Information
Rapport
Le mouvement du Fatah et le dialogue du Caire :
priorités contradictoires
Photo CPI
27 octobre
2008
Ramallah – CPI
Plusieurs courants tirent les ficelles, à
l’intérieur du mouvement de Fatah. Chacun d’eux garde une
position différente de l’autre. En fait, chacun ne pense qu’à
ses intérêts. La scène palestinienne est-elle désormais un tas
de projets privés ?
Salam Fayyad occupe le poste de premier
ministre. Il y a ceux qui en profitent. Ils ne trouvent donc pas
d’intérêt à une réconciliation intérieure. Par contre, il y a
aussi des ministres qui ont perdu leurs portefeuilles. Ces
derniers tentent de toute leur force de faire tomber l’empire en
carton du cabinet de Fayyad qui avait donné de l’importance à
certains et en avait rabaissé d’autres.
Conflits
Quant au dialogue du Caire, à l’intérieur
même du mouvement du Fatah, des courants ont entamé des
accusations réciproques. Les uns accusent les autres d’être les
bénéficiaires d’une réussite probable du dialogue du Caire. Ces
derniers jours, on laisse propager des rumeurs contre des
personnalités du mouvement du Fatah dont Jibril Ar-Rojoub et
Ahmed Halas.
Des rumeurs disent par exemple que Jibril
avait établi un accord avec le mouvement du Hamas pour qu’il ait
le contrôle des services de sécurité du gouvernement de l’après
réconciliation. Tout cela pour dire aux bases du Fatah que cette
personnalité du mouvement conspire avec le Hamas, dans les
coulisses.
Des intérêts
A l’intérieur du mouvement du Fatah, des
courants s’entretuent, chacun essayant de souiller l’image de
l’autre. Chacun craint que l’autre va s’agrandir au détriment de
l’autre, après la réconciliation.
Azzam Al-Ahmed est chef du groupe
parlementaire du Fatah au Conseil Législatif Palestinien. On dit
qu’il ne peut jamais vivre sans être ministre. Il était
vice-premier ministre dans le cabinet de l’union nationale. A
l’époque, on l’appelait même le premier ministre de la
Cisjordanie. Cependant, dans son cabinet, Fayyad ne lui a rien
confié. Leurs relations se sont très envenimées. Azzam a même
averti Fayyad que les jours de son gouvernement sont comptés. La
réconciliation et la fin de la division signeront l’arrêt de
mort de ce cabinet.
Al-Ahmed croit que le rôle du Fatah dans les
institutions palestiniennes devient négatif. Il n’arrête de
montrer sa volonté de changer Fayyad pour le remplacer par un
autre membre du Fatah. Il y a toujours ce veto américain le
soutenant. Al-Ahmed ne voit alors d’autre moyen que de le
pousser de son fauteuil avec un accord avec le mouvement du
Hamas. Néanmoins, s’il veut tant le départ de Fayad, il
n’acceptera pas pour autant un accord avec le Hamas, sans un
prix. C’est pour cette raison qu’il n’arrête pas de parler de
conditions préalables avant toute rencontre avec le Hamas.
Abou Chaker An-Natcha et d’autres, connus
pour leur caractère raisonnable, appellent à mettre un terme à
l’état de division pour l’intérêt national. La question est de
savoir s’ils font du poids pour une décision raisonnable de leur
mouvement.
Les services de sécurité
Les chefs des services de sécurité ont, eux,
un autre avis. Ils croient que toute réconciliation feront d’eux
les grands perdants. En fait, ils sont accusés de commettre
beaucoup d’erreurs, notamment après la prise de pouvoir par le
Hamas dans la bande de Gaza. Ces services ont alors intensifié
leur campagne d’arrestations contre les membres du Hamas en
Cisjordanie.
Ils savent qu’ils vont automatiquement perdre
leurs positions. Ils avaient tant fait, surtout contre le
mouvement du Hamas, qu’ils ont peur de ne pas être pardonnés.
Par ailleurs, le discours public du Fatah ne
montre aucun sérieux. Le discours est pire : il ne lance que des
provocations contre le Hamas. Ce dernier n’exprime aucune
tendance nouvelle.
La dernière question reste : quel courant du
mouvement du Fatah s’engage dans le dialogue du Caire, et s’il
réussissait, pourrait-il imposer les accords conclus aux autres
courants du mouvement du Fatah ?
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