Rapport du CPI
Elections
égyptiennes :
la Cisjordanie dans l'attente et
l'anxiété
CPI
Photo: CPI
Mardi 19 juin 2012
Cisjordanie – CPI
La rue palestinienne
continue à parler des élections
présidentielles égyptiennes et anticipe
leurs résultats, avec beaucoup de
prudence. Beaucoup prient pour que
l’ancien régime ne revienne plus, ce
régime qui travaillait main dans la main
avec les occupants sionistes et qui les
aidaient dans leur blocus de Gaza.
Si le général Ahmed
Chafiq devenait président de l’Egypte,
la cause palestinienne retournerait des
dizaines d’années en arrière, disent
beaucoup. Beaucoup prient pour la
victoire de Mohammed Morsi, le candidat
des Frères Musulmans.
La victoire d’Ahmed
Chafiq « apporterait au peuple
palestinien malheurs et défaites »,
croit l’étudiant Motaz Al-Misri.
« Sans aucun doute,
le retour des Fouloul (les adeptes de
l’ancien régime) serait une vraie
catastrophe avec tout le sens que porte
ce mot pour la cause palestinienne : la
normalisation avec l’occupation
reprendra pour de bon et le blocus de
Gaza sera renforcé », dit-il au
correspondant du Centre Palestinien
d’Information (CPI).
« Il ne faut pas
oublier que l’Egypte compte beaucoup
pour les Palestiniens ; c’est le plus
grand voisin. Pour cette raison, le
retour de l’ancien régime serait un
malheur pour nous. Je crois que la
victoire de Chafiq mettrait le feu aux
poudres et la révolution reprendrait de
nouveau », ajoute-t-il.
Appréhension
Pour l’avocate
Bothaïna Omran, de la ville de Tulkarem,
les deux options seraient difficiles.
Avec Chafiq, la situation serait connue
; en revanche, Morsi rencontrerait des
graves difficultés s’il remportait les
élections : « Il ne serait pas facile
pour les Frères Musulmans d’être sur le
fauteuil de la présidence de l’Egypte,
après une longue période d’injustice, de
corruption, de normalisation et de
bonnes relations avec l’occupation
israélienne ».
Le jeune Maher, de la
ville de Naplouse, ne s’attend qu’à la
victoire de Morsi, qui pourrait sauver
l’Egypte des griffes de l’ancien régime.
Par contre, « si Morsi gagne, nous avons
peur que le nouveau régime soit assiégé
par le monde, que des forces discrètes
travaillent pour ternir l’image de
l’Islam au pouvoir, comme cela a été le
cas avec le mouvement du Hamas quand il
avait gagné les élections précédentes ».
Je suis avec Morsi
De son côté,
l’analyste politique Abdou As-Sattar
Qassem croit qu’en cas de victoire de
Chafiq, ce serait la politique de
l’ancien régime qui serait appliquée,
sachant que Chafiq est un adepte
d’"Israël".
Dans une interview
exclusive faite à notre Centre
Palestinien d’Information (CPI), Qassem
ajoute que la victoire de Morsi
constituerait une pression moins
importante sur le peuple palestinien que
la victoire de Chafiq, pour ce qui est
des relations avec Gaza et des pressions
faites sur les Palestiniens afin qu’ils
fassent plus de concessions face à
"Israël".
Qassem croit que si
Chafiq, figure de l’ancien régime, est
monté, c’est parce que les
révolutionnaires islamiques et nationaux
n’ont pas bien réagi ; ils étaient
divisés. Les Frères Musulmans, dans leur
petite expérience au Conseil Législatif
Egyptien, n’ont pas donné une bonne
impression sur leur performance. Cela a
mis de l’eau au moulin de Chafiq : « Les
gens cherchent la stabilité de leurs
conditions et travaillent pour cela ».
Qui veulent Chafiq
?
Les Etats-Unis,
"Israël", l’autorité palestinienne, tous
les régimes arabes, en particulier les
pays du Golfe, voudraient Chafiq au
pouvoir, ajoute Qassem. Cela ne signifie
pas qu’ils n’auraient pas de relations
avec les Frères Musulmans. Ces derniers
ont confirmé qu’ils respecteraient les
traités signés par l’Egypte. C’est pour
cette raison que les Etats-Unis ont
décidé de continuer leur soutien au
gouvernement égyptien d’après la
révolution ; quelques-uns de leurs
responsables auraient même rencontré des
responsables américains.
L’analyste politique
Qassem remarque que les Palestiniens
sont divisés en trois parties. Les
adeptes d’Oslo seraient avec Chafiq. Une
partie des opposants d’Oslo soutiendrait
Morsi dont le mouvement du Hamas. Et une
partie ne soutiendrait personne, dont le
Front Populaire.
Qassim précise que
les Palestiniens n’interfèrent pas dans
la politique interne égyptienne. Chacun
d’entre nous a ses aspirations pour
lesquelles il travaille. A titre
d’exemple et à titre personnel, il a
noté qu’il « espère la victoire de Morsi
», mais qu’il n’irait « pas jusqu’à lui
faire de la publicité ».
Ce serait toutefois
une erreur de dire que la politique de
l’Egypte ne nous concerne pas. Tout pays
du monde nous concerne. Alors c’est
d’autant plus important lorsqu’il s’agit
de l’Egypte, « notre sœur l’Egypte, la
mère du monde, qui joue un grand rôle
dans les affaires de notre peuple
palestinien », conclut l’analyste
politique Qassem.
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