Rapport de CPI
La rue des
"Martyrs" martyrisée par l'occupant
CPI
Jeudi 14 février 2013
Al-Khalil – CPI
La rue Al-Chohadaa
(Les Martyrs) commence son parcours au
cœur de la ville d’AI-Khalil. Et elle
prend fin à l’école d’Al- Dobwaya. Avec
le temps, les occupants sionistes ont
transformé cette école en une colonie,
la plus grande de la ville, appelée Beit
Hadasa.
La rue Al-Chohadaa
est très importante pour la ville. Elle
relie son sud à son nord. Pour rendre la
vie impossible aux Palestiniens, les
occupants saisissaient tout prétexte
pour interdire à leurs voitures de
l’emprunter. Et après le massacre de la
mosquée d’Al-Ibrahimi, en 1994,
l’interdiction est devenue totale,
définitive, malgré un accord signé avec
l’autorité palestinienne.
Précisons que la rue
abrite quelque 46 magasins et 73
maisons. Environ 1500 personnes y
vivent, défiant toutes les difficultés
imposées par l’occupation et ses colons.
Autorisations
spéciales
A l’entrée ouest de
la ville, les occupants ont installé une
tour et un barrage militaires. 24 heures
sur 24, les soldats de l’occupation sont
là pour interdire aux Palestiniens d’y
passer, sauf les riverains. Mais même
les riverains doivent obtenir des
autorisations spéciales pour atteindre
leurs maisons. Les magasins sont fermés,
sans vie !
Mohammed Al-Baïd
habite dans cette rue martyre. Il parle
des souffrances des habitants : « Avec
mes sacs de fruits et légumes, je dois
patienter, sur le barrage, au moins pour
une demi-heure, sinon pour des heures et
des heures, avant de pouvoir gagner mon
domicile, après des fouilles manuelles
et électroniques ».
Le problème devient
encore plus conflictuel lorsque les
équipes de soldats sionistes du barrage
changent. Les soldats de la nouvelle
équipe ne connaissent pas les habitants
du quartier. Le contrôle d’identité peut
prendre des heures. Il se termine
souvent par une confrontation verbale et
même par une arrestation.
Mariage et barrage
!
Le mariage
palestinien est très gai, joyeux,
coloré. Mais celui des habitants de ce
triste quartier est très différent,
triste. Les soldats transforment le
cortège du mariage en un cortège
funéraire, en l’arrêtant sur le barrage,
en interdisant au marié d’aller chercher
la mariée, s’il n’est pas habitant de la
rue.
Hadj Ibrahim Badr, 67
ans, habitant de la rue, exprime son
désarroi : « C’était le jour le plus
difficile de ma vie : ma fille aînée
habillée en robe de mariée a été obligée
de marcher plus de deux cents mètres
jusqu’au barrage militaire où le soldat
sioniste a insisté à la contrôler, à la
rabaisser avec son appareil
électronique, à l’humilier, ainsi que
tous nos enfants », dit le père, les
larmes aux yeux.
Un malade sur le
barrage
Hassan Arfa, 34 ans,
était entre la vie et la mort à cause de
la crise cardiaque qui l’a frappé. Le
père, 66 ans, est sorti pour informer
les soldats de l’état de son fils, qu’il
fallait le porter vers l’ambulance de la
Croix-Rouge qui attendait sur le barrage
: « Mais dès que je suis sorti de la
maison, les cris hystériques des soldats
ont rempli le lieu. Ils ont pointé leurs
armes automatiques en criant : Retourne
à la maison, sinon nous te tuerons ! ».
Al-Chohadaa (Les
Martyrs) était auparavant une rue pleine
de vie, pleine de ses magasins en tous
genres. Les mesures des occupants
sionistes, la violence exercée par les
colons les ont fermés.
Majed Abou Hamada
avait un salon de coiffure. Les colons
qui passent dans la rue lancent des
pierres sur les magasins et même des
bouteilles incendiaires. En 2002, ils
ont incendié son salon et il a failli y
laisser la vie. Pour cette raison, il ne
peut plus ouvrir son salon.
La rue morte Al-Chohadaa
(Les Martyrs), avec tout ce qu’elle
subit, terreur, souffrances, barrages,
mesures humiliantes, représente enfin un
exemple vivant de l’état de la ville
d’Al-Khalil sous l’occupation sioniste.
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