Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
Abbas ne se présentera pas aux élections : un coup de tête ou
une décision américaine ?

Photo CPI
Mercredi 11 novembre 2009
Gaza – CPI
Le président de l’autorité palestinienne a
déclaré qu’il n’irait pas briguer un deuxième mandat. Cette
déclaration donnée dans un discours, le 5 novembre, a-t-elle été
faite pour se sauver la face, après avoir vu le processus de
paix tomber dans un échec cuisant ? Ou tout simplement, ne
serait-ce qu’une décision américaine, préalablement prise, pour
se débarrasser de lui ?
Plusieurs gifles
Après le discours d’Abbas, il est bien clair
que Washington n’a donné aucun signe montrant son attachement à
lui, aucun signe montrant sa volonté de regarder de près ses
dires accusant les Américains d’être complètement aux côtés des
Israéliens. En fait, ces Américains, via la secrétaire d’Etat
américaine des affaires étrangères Hillary Clinton, ne
considèrent plus le gel de la colonisation comme une condition
préalable à une reprise des négociations palestino-sionistes.
Les Américains n’ont fait aucune attention à ses huit points
suggérés pour faire bouger les négociations gelées.
Cette même Hillary Clinton a commenté la
volonté du départ d’Abbas. Elle ne s’est aucunement montrée
inquiétée de ce départ, bien qu’Abbas soit l’ingénieur d’Oslo,
bien qu’il soit parmi les premiers à avoir appelé à laisser
tomber la résistance au profit de la paix, qui tarde à venir.
Beaucoup d’observateurs palestiniens croient
que le refus d’Abbas n’est que subterfuge, une scène de théâtre
pour faire pression sur les Américains et les Israéliens afin
qu’ils l’aident à renforcer sa place et surtout à retrouver une
popularité perdue, notamment après sa position douteuse par
rapport au rapport de Goldstone.
On veut se débarrasser d’Abbas
L’ancien président de l’OLP Farouq Al-Qaddomi
remarque que ce n’est pas la première fois qu’Abbas fait une
telle déclaration. Il pourrait changer d’avis. Il l’a déjà fait
lorsqu’il était premier ministre, à l’époque d’Arafat.
Le problème d’Abbas, c’est que les
Américains n’ont donné aucune attention à sa déclaration, dit
Khaled Mechaal, président du bureau politique du Hamas.
Les Américains, eux-mêmes, ont connu un
échec cuisant dans leur volonté déclarée d’obliger "Israël" à
geler la colonisation, même pour une durée d’un an seulement !
En effet, ils ne veulent pas fâcher les Israéliens. Mais que les
Arabes soient fâchés ou non, rien ne changera pour les
Américains, dit Mechaal.
Certains observateurs croient qu’Abbas a
voulu, par son coup de théâtre, se donner plus de chance dans sa
volonté cachée d’être réélu à la tête de son mouvement du Fatah
et de l’OLP. Puis ce coup de théâtre est une réponse à
l’intention des Américains de le remplacer par un autre. Mais
les Américains disent qu’ils travailleront avec lui, quelle que
soit sa nouvelle fonction, ce qui veut dire qu’ils ne veulent
pas qu’il reste à la fonction de la présidence de l’autorité
palestinienne.
En conclusion
Enfin, si Abbas a pris sa décision parce que
les Américains l’avaient délaissé ou par un coup de tête, la
situation restera la même. Il y a un échec crucial du processus
de paix. Il n’a rien donné, même pas un petit minimum. Il faut
voir aussi comment on retourne sa veste devant une personnalité
engagée dans ce processus, côté palestinien, dès qu’il ne leur
sert à rien, aux Sionistes et à leurs soutiens américains.
C’était le cas de Yasser Arafat. Maintenant, c’est celui de
Mahmoud Abbas. Demain, ce sera le tour de qui ? Qui vivra
verra !
 |