Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
Les orphelins de Gaza, peur et inquiétude

Photo CPI
Mardi 7 avril 2009
Gaza – CPI
Le premier vendredi du mois d’avril de
chaque année est considéré comme le jour de l’orphelin arabe. En
ce jour, on pense surtout aux orphelins de la bande de Gaza. Non
seulement, ils endurent des souffrances propres à leur état,
mais ils souffrent en plus de ce dur blocus, de la faim, de la
peur… Leur nombre et leurs souffrances ne cessent d’augmenter,
surtout pendant et après la guerre agressive israélienne menée
contre Gaza. Cette guerre a laissé derrière elle des centaines
et des centaines d’orphelins et d’enfants sans abri.
La portée catastrophique de la dernière
guerre est toujours là. La guerre a tout détruit, a laissé des
milliers de morts et de blessés. Des familles toutes entières
ont perdu leurs chefs, ceux qui les nourrissaient. Des enfants
ont perdu leurs pères. La blessure de Gaza est toujours ouverte
et ne cesse de s’élargir.
L’organisation du Secours Islamique a fait
les comptes ; la guerre a laissé 1346 orphelins. Il y a ceux qui
ont perdu un père et il y a ceux qui ont perdu les deux parents
à la fois.
Pour l’organisation, l’orphelin est celui
qui n’a pas encore dix-huit ans et qui a perdu celui qui amène
le pain à la maison, souvent le père.
Mohammed Abou Draz, directeur du bureau de
Gaza du programme de la protection de l’enfance, dit que Gaza a
actuellement environ 5200 orphelins. Son bureau avait reçu 500
demandes de protection. Mais elle n’a pu répondre qu’à 200
d’entre elles seulement.
Le gouvernement de Haniyeh et les orphelins
Ahmed Al-Kord, ministre des affaires
sociales, confirme qu’Ismaël Haniyeh, premier ministre
palestinien, est très concerné par la question des orphelins.
Aussi grands soient les efforts pour l’orphelin, il ne pourra
remédier à leurs blessures, souligne-t-il.
Al-Kord affirme que la guerre a ajouté 1500
nouveaux orphelins à la liste des vingt mille orphelins de la
bande de Gaza.
Le ministre a appelé les institutions et les
pays donateurs à augmenter leur soutien à ces orphelins, surtout
dans cet état catastrophique qui a suivi la guerre. Il a
cependant salué la bravoure des enfants de Gaza lors de la
guerre. L’ennemi israélien a voulu entamer leur moral, en vain.
Rien ne remplace nos pères
La fillette Taqi Akram Abpou Zariba, 12 ans,
a perdu en plus de son père deux frères. Elle dit à l’envoyé de
notre Centre Palestinien d’Information (CPI) : « Je suis
consciente que papa est parti au paradis et qu’il ne reviendra
jamais. Je sais que je resterai toute ma vie privée de sa
tendresse ».
Elle ajoute, les larmes aux yeux : « Moi, je
le sais et j’en suis bien triste. Mais que dois-je faire pour
mes petits frères Rowa et Majd ? Ils n’en savent rien encore ».
« Qu’avons-nous fait pour que nous méritions
tout cela, pour que nous soyons privés de papa qui nous
fournissait tout ce dont nous avions besoin, qui ne nous privait
de rien ? ». Elle n’arrive toujours pas à en concevoir la
raison.
Mahmoud Abdou Al-Aal, 13 ans, a perdu son
père. Avec un ton ironique, il dit à l’envoyé de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) qu’on parle des orphelins un
seul jour par an, pour les oublier tout le restant de l’année.
« Rien au monde ne pourra remplacer la
tendresse de mon père », dit-il enfin.
Immense clinique psychiatrique
Des psychologues internationaux, arabes et
palestiniens considèrent la bande de Gaza comme une immense
clinique psychiatrique, avec tous ces interminables problèmes.
Dans une déclaration faite au Centre
Palestinien d’Information (CPI), la psychiatre Raya Al-Bittar
souligne qu’il ne faut pas ignorer les orphelins. Ils vivent de
grandes pressions psychologiques, après la perte de leurs
parents. Ils vivent de façon permanente le manque, la peur,
l’inquiétude, l'angoisse…
Enfin, elle lance un appel à un grand
soutien au programme psychologique consacré aux enfants. Laisser
les enfants à leur sort a des portées dangereuses, dit la
spécialiste.
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