Centre Palestinien
d'Information
Rapport
La crise
palestinienne s'aggravera, à la fin du mandat d'Abbas,
prévoit un expert stratégique
Photo CPI
6 octobre
2008
Beyrouth – CPI
Le professeur Dr. Walid
Abdolhay, dans un exposé préparé pour le compte du centre Az-Zaytouna
spécialisé dans les études et les conseils à Beyrouth, prévoit
une complication de la crise interne palestinienne, avec
l’approche de la fin du mandat du président Mahmoud Abbas.
Ce professeur en relations
publiques à l’université Al-Yarmouk croit que le courant ayant
la main haute dans le mouvement du Fatah a déjà donné la
priorité à la prolongation du mandat du président, au détriment
de toute solution à la division politique interne palestinienne.
Ce courant se base sur quelques articles de la constitution
palestinienne afin d’organiser les élections présidentielles et
législatives en même temps. Ainsi, le mandat du président sera
prolongé jusqu’au 25 janvier 2010.
Une telle prolongation
confirme le non respect de l’autorité palestinienne de la
constitution. L’argent qui coule et les relations partisanes qui
règnent parmi les décideurs palestiniens montrent combien ces
derniers considèrent la violation de la loi une affaire des plus
banales.
Vu le refus absolu d’une
telle prolongation de la part des leaders du mouvement de la
résistance islamique Hamas, la crise interne palestinienne ne se
voit que se compliquer.
D’autre part, ledit courant
du Fatah craint que le changement du président affaiblira sa
position. Il essaiera alors par tous les moyens de laisser le
président actuel à son poste.
Dr. Walid Abdolhay note
l’existence d’autres éléments aggravant la crise interne. Le
plus important de ces éléments se trouve effectivement la
pression américano-israélienne sur les négociateurs
palestiniens. On veut que le Hamas reconnaisse explicitement
"Israël" afin qu’il s’éclate de l’intérieur. Certains Arabes
participent à ces pressions. Ils vont jusqu’à fermer les points
de passage, dont celui de Rafah.
En effet, les Israéliens et
les Américains constatent que le président Abbas vit une période
pendant laquelle il est le plus faible. Ils veulent donc le
presser comme un citron pour en tirer un maximum de profits.
Bien qu’arriver à un
véritable accord entre les Palestiniens et les Israéliens soit
une affaire quasi-impossible dans le laps de temps restant de
cette année 2008, un accord de principes pourrait être déclaré
aux derniers moments du mandat de Bush. La société palestinienne
pourrait être sous l’emprise d’une telle déclaration à un point
qu’elle ne s’intéresserait plus à la prolongation du mandat
présidentiel. Dr. Walid Abdolhay attire l’attention sur un tel
jeu.
Par ailleurs, l’affaire de la
fin du mandat présidentiel pourrait prendre d’autres tournures.
Il y a plusieurs possibilités.
La première est que le choix
du président Abbas serait de quitter normalement son poste, le
laissant au président du Conseil Législatif Palestinien ou à son
vice-président pour 60 jours, une durée nécessaire pour
organiser de nouvelles élections présidentielles, selon la
constitution. Le président Abbas a déclaré, à plusieurs
reprises, son intention de partir. Le problème est que la
commission qui a relié les élections présidentielles et
législatives ne pouvait donner cette interprétation de la
constitution sans prendre l’avis du président. Ce dernier a donc
l’intention de prolonger son mandat, avertit Dr. Walid Abdolhay.
La deuxième : le président
pourrait déclarer un état d’urgence pour dissoudre le Conseil
Législatif et ouvrir la porte à des élections présidentielles et
législatives. Cependant, la division interne empêchera de telles
élections.
La troisième
possibilité serait un accord sur l’organisation de nouvelles
élections entre les mouvements du Hamas et du Fatah. Toutefois,
Dr. Walid Abdolhay éloigne cette idée, compte tenu de leur
conflit.
Considérer la bande de Gaza
comme une zone révoltée pourrait être une quatrième possibilité.
Cette considération donnerait l’occasion de dissoudre le Conseil
Législatif Palestinien et d’organiser de nouvelles élections
présidentielles et législatives. Dr. Walid Abdolhay craint
qu’une telle initiative n’engendre des conséquences très graves.
Des forces étrangères, arabes et israéliennes notamment,
pourraient intervenir contre les chefs du Hamas.
Pour sa part, le mouvement du
Hamas déclarerait l’existence du mouvement du Fatah dans la
bande de Gaza comme illégitime et fermerait tous ses bureaux. Le
Fatah répliquerait par des mesures semblables. Ainsi, la scène
palestinienne ne se verrait que s’enliser encore plus dans la
crise.
Il y a une cinquième
possibilité : un gouvernement provisoire s’occupant d’expédier
les affaires courantes. Plusieurs factions palestiniennes en
avaient parlé. Mais c’est une possibilité non pratique sur le
terrain, dit Dr. Walid Abdolhay.
La sixième possibilité serait
l’organisation des élections présidentielle en leur temps
normal, mais autour d’un candidat présenté par le mouvement du
Hamas. Une telle affaire ne ferait qu'alourdir la division déjà
grave.
Finalement, les
développements des négociations israéliennes avec les Syriens,
les résultats des élections présidentielles américaines et les
relations entre le Hamas et l’Egypte pourraient renforcer la
position de ceux qui s’engagent dans les négociations. Cela ne
ferait également que compliquer les choses. Ainsi, le Hamas
devra s’attendre à des moments difficiles, fort compliqués. Il
devra contenir ses réactions non étudiées, comme cela a été le
cas lorsqu’il a répondu aux arrestations de certains de ses
membres en Cisjordanie par des arrestations semblables, avertit
enfin Dr. Walid Abdolhay.
Article publié par le
centre Az-Zaytouna
Traduit et résumé par le CPI
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