Centre Palestinien
d'Information
Rapport
La France contacte le Hamas, l'Europe se lasse du joug
américain
Photo CPI
2 juin
2008
Paris – Gaza – CPI
Bernard Kouchner, ministre français
des affaires étrangères, a récemment confirmé les contacts
entamés entre son pays et le mouvement du Hamas. Des
observateurs considèrent ces déclarations comme un signe de
lassitude européenne contre le chantage américain, contre cet
injuste blocus imposé par les Etats-Unis et l’Entité sioniste
sur le mouvement et sur la bande de Gaza. Ces contacts pourront
être un pas, dans le chemin diplomatique, pour mettre fin à ce
siège.
Réactions
Au niveau moral du moins, ces
contacts laissent leurs effets. Les réactions qu’ils ont
suscitées le prouvent. Le porte-parole du ministère américain
des affaires étrangères n’a pas mâché ses mots : « Nous ne
croyons pas que ce soit une décision correcte et appropriée ».
En effet, les Etats-Unis considèrent le mouvement du Hamas comme
un groupe terroriste, du fait qu’il continue à résister contre
l’occupation et qu’il ne reconnaisse pas l’Entité sioniste et
les accords signés avec elle.
Cette Entité, pour sa part, a essayé
de réduire la valeur de se qui s’était passé. Ari Mickl,
porte-parole du ministre israélien, affirme que la position de
la France n’a pas changé.
Toutefois, les Sionistes et les
Américains ne cachent pas leurs mécontentements envers l’action
française. Ils observent de près les positions européennes,
craignant un écroulement inattendu.
Cette inquiétude américano-sioniste
ne vient pas de rien. De telles tentatives se répètent. A titre
d’exemple, l’ancien président américain Jimmy Carter avait
insisté à rencontrer les leaders du Hamas, au début du mois
d’avril dernier. Il n’avait pas cédé à toutes ces pressions
américano-sionistes.
Les observateurs posent un point
d’interrogation sur le fait que les déclarations françaises
révélant la prise de dialogue avec le Hamas aient été données
après la visite du président américain dans l’Entité sioniste, à
l’occasion de la soixantième commémoration de la Nakba, la
catastrophe de 1948. Après sa promesse de s’arrêter aux côtés de
l’Etat hébreu. Après sa condamnation des mouvements du Hamas et
du Hezbollah.
La
position française
Pour justifier la position de son
pays, Kouchner avance deux arguments. Le premier : « Nous devons
pouvoir dialoguer avec le Hamas, si nous voulons assumer un
quelconque rôle, si nos délégations veulent aller à Gaza ». Le
deuxième : « Nous ne sommes pas les seuls à faire cela ».
Ces récents contacts ne sont pas les
premiers. Dans une conférence de presse organisée dans les
coulisses d’un congrès sur le Moyen-Orient, au mois de mars, ce
même Kouchner avait exprimé son souhait d’une position
européenne unique quant au dialogue avec le Hamas. Mais « si
nous commençons, dit-il, par dire : toi du parles au Hamas, et
moi je ne lui parle pas, ce ne sera pas une affaire positive ».
Concrètement
La déclaration française de
réalisation de contacts avec le Hamas est considérée par
certains observateurs comme une annonce officielle de l’échec
politique et économique d’un siège mené contre une force
palestinienne démocratiquement élue. Le mouvement du Hamas voit
dans tout cela une prise de conscience des Européens de
l’impossibilité d’exclure le Hamas de la région, au niveau
politique.
Le mouvement du Hamas salue Paris
pour ses déclarations. Néanmoins, il appelle la France et les
pays européens à prendre des positions concrètes, avec pour
commencer la suppression de son nom de la liste des « mouvements
terroristes ».
Les
Arabes
Le mouvement du Hamas, par le biais
de Mouchir Al-Misri, appelle les pays arabes à prendre la
position de la France en exemple pour reconnaître ce que les
urnes avaient donné comme résultats démocratiques.
Finalement, l’initiative française
pourrait ne pas avoir d’effets à court terme, surtout sur la
levée du siège américain imposé sur le mouvement du Hamas. Elle
a au moins jeté une pierre sur ce silence international face aux
crimes menés contre le mouvement et contre le peuple
palestinien, dans la bande de Gaza. La répétition de telles
initiatives pourra libérer l’Union Européenne et la communauté
internationale du joug de l’administration américaine et des
conditions imposées par le Quartette.
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