Analyse
Le projet de judaïsation atteint
son point culminant
Evaluation stratégique de l'Institution Internationale d'al-Qods
Mardi 16 mars 2010
Les observateurs et spécialistes aux
affaires de la ville d'al-Qods considèrent unanimement que
l'Etat de l'occupation juge l'année 2010
décisive quant au sort de la ville d'al-Qods en tant que
capitale juive, au niveau de la population, de la religion et de
la culture, matérialisation directe de la thèse de l'Etat
purement juif adopté par l'occupation.
Les facteurs qui ont placé la question
d'al-Qods au premier rang des priorités de l'occupation sont
nombreux. Il y a le facteur politique, concernant l'absence de
vision future et la rivalité entre les divers partis, il y a le
facteur en rapport avec la nature de l'Etat, la vision de sa
société et sa capacité à le maintenir, après son échec lors des
guerres contre le Liban et Gaza, et son échec à trancher le sort
de la ville 43 ans après son occupation. Il y a également les
facteurs religieux quant au changement survenu dans la vision
des religieux juifs vis-à-vis de la mosquée al-Aqsa, prétendant
qu'il s'agit du « mont du temple », et le changement de la
vision de la société juive dans son ensemble quant à
l'importance de construire « le troisième temple » et son rôle
dans la vie et le maintien du peuple juif.
Cette évolution s'est reflétée sur le
terrain par une attaque inhabituelle sur la ville d'al-Qods, qui
a atteint son apogée en 2009, qui fut l'année où la question
d'al-Qods a subi le changement le plus important, à la fois
qualitatif et quantitatif, affectant toute chose, ses lieux
saints, sa population, sa terre, et même son identité culturelle
et ses caractéristiques architecturales.
A partir de la lecture des changements
politiques et religieux dans l'Etat de l'occupation et le suivi
des mesures de judaïsation qui se déroulent sur le terrain,
l'Institution Internationale d'al-Qods considère que les
événements dans la ville d'al-Qods subiront une évolution
radicale en 2010. Nous essayons ci-après de décrire le parcours
de cette évolution.
Premièrement : au niveau de l'identité
religieuse. L'année 2010 sera le théâtre d'évolutions
importantes concrétisées dans :
1 - les tentatives réelles de
diviser définitivement la mosquée al-Aqsa : Les places situées
au sud-ouest seront confisquées pour les consacrer aux fidèles
juifs, mettant ainsi fin à l'exclusivité islamique de la mosquée
aux soins du département jordanien des Awqafs. Divers milieux
juifs, l'Etat ou les associations extrémistes poursuivront leurs
tentatives d'imposer ce fait, lors des fêtes ou occasions
juives. De même, l'Etat de l'occupation reprendra les travaux
d'installation du pont métallique donnant sur la porte al-Maghariba,
en vue d'achever les infrastructures nécessaires pour la
division de la mosquée.
Les places visées par le plan
de division
2 -
Achèvement du projet « ville juive sacrée » sous et autour de la
mosquée al-Aqsa, en inaugurant plusieurs points d'excavations
qui sont parvenus à leurs phase finale, notamment du côté sud de
la mosquée. Il n'est pas exclus que ces excavations atteignent,
dans cette partie, le lieu de prière al Marwani, comme il est
prévu que les excavations du côté ouest de la mosquée al-Aqsa
atteignent la vieille ville.
Excavations sous et
autour de la mosquée al-Aqsa
3 - Construction de nombreux
bâtiments et symboles juifs religieux dans l'ancienne ville
d'al-Qods. Après l'inauguration hier « de la synagogue de la
ruine » qui représente le plus important et le plus grand
symbole juif dans la ville ancienne, il est prévu que l'occupant
entame d'autres projets de construction qui renforce sa présence
dans la ville, le plus important étant la « synagogue de la
lumière », inclus dans le plan de « Jérusalem d'abord » qui l'a
mentionné en 2008. Il est prévu de la construire au-dessus du
tribunal islamique jouxtant le mur occidental d'al-Aqsa.
La synagogue de la ruine
La synagogue de la
ruine, tel qu'il apparaît à partir de la mosquée al-Aqsa
Le plan de la synagogue de la lumière
4 - Poursuite
des tentatives de s'emparer des awqaf chrétiens (fondations
pieuses) et notamment des biens de l'Eglise orthodoxe dans
l'ancienne ville. Dans ce cadre, il est prévu que l'évolution la
plus importante concerne la ratification définitive par les
tribunaux de l'occupation l'affaire de la place Omar et la
confirmation de son appropriation par les congrégations de
colonisation. Il faut indiquer que la municipalité, en accord
avec ces corporations, ont développé un plan presque achevé pour
commencer les travaux de judaïsation de la place. Il ne sera pas
surprenant d'apprendre que des transactions concernant d'autres
propriétés ont été approuvées par le patriarche Theophilis et le
conseil sacré, au cours de la période précédente.
Les propriétés de l'Eglise dans la place Omar
Deuxièmement : La
bataille démographique qui assistera à son tour à une
exacerbation similaire, dans plusieurs directions, les plus
importantes étant :
1 - accentuation accrue du rythme de la
confiscation des cartes de résidence, utilisation de cette arme
en tant qu'un des moyens les plus efficaces pour se débarrasser
le plus possible de la population, et notamment si la
modification des limites de la municipalité est annoncée en vue
d'exclure définitivement quelques agglomérations palestiniennes
importantes hors des limites de la ville d'al-Qods.
Retrait des cartes de résidence dans al-Qods entre 1967 et 2008
Les cartes retirées entre 1967 et 2007
Les cartes retirées en
2008 seulement
L'ensemble des cartes retirées entre 1967 et
2008 : 12.135 cartes de résidence.
2 - Recrudescence des
tentatives présentant al-Qods comme lieu d'habitation en vue de
redresser la balance négative de l'émigration juive de la ville.
Cet axe sera au centre de l'intérêt de la municipalité de
l'occupation au cours de cette année. Il est prévu que la
municipalité et le gouvernement de l'occupation approuvent la
construction de plus de 12.000 nouvelles unités de logement dans
l'est d'al-Qods, au moment où les estimations parlent d'une
moyenne de 200 autorisations de construction accordée aux
Palestiniens.
Carte de l'expansion des colonies au
cours de l'année 2009
Troisièmement : les prévisions
les plus importantes concernant la bataille sur la terre
1 -
Possibilité de modifier les limites de la municipalité d'al-Qods
de manière à correspondre au tracé du mur, en vue d'inclure près
de 163 Km2 à la superficie originelle d'al-Qods, habités par
69.900 colons juifs. Cette modification ne sera pas
nécessairement annoncée officiellement mais pourrait se dérouler
par l'élargissement des blocs actuels de colonisation en vue de
les rapprocher démographiquement, de la ville d'al-Quds, tout en
installant un réseau de communications facilitant le déplacement
entre le centre de la ville et ces blocs de colonisation.
Les blocs de colonisation que le mur de séparation a
annexés à al-Quds
2 - Tentative de trancher la situation dans
les quartiers palestiniens entourant la vieille ville, ou ce que
l'occupant appelle « le bassin sacré », et notamment les
dossiers des quartiers al-Bustan et sheikh Jarrah. Concernant le
quartier al-Bustan, situé au sud de la mosquée al-Aqsa,
l'occupant essaiera de le régler par un règlement qui autorise
une expulsion partielle de sa population en poursuivant le
projet « des jardins royaux » sur une partie du quartier et « la
rénovation » de ses maisons et de ses rues, après la
modification de son aspect architectural, le présentant comme
faisant partie de « la ville de David », à caractère juif et
pseudo « hérodonien ». Quant au dossier du quartier Sheikh
Jarrah, au nord de la ville ancienne d'al-Qods, l'occupant
essaiera de le régler en intensifiant les pressions sur la
population maqdisie de Sheikh Jarrah visée par les agressions
répétées des colons, en intensifiant les poursuites sécuritaires
contre elle et en limitant les sources de soutien qui lui
parvient d'Europe et du monde arabo-musulman. L'occupant
essaiera également de faire traîner le règlement de la situation
légale devant les tribunaux en vue d'entériner une situation de
fait, où les colons occupent leurs maisons et installent des
infrastructures en vue de transformer le lieu en lieu de
pèlerinage juif religieux. Il est également prévu que l'occupant
autorise le début des travaux pour fonder un quartier de colons
sur le terrain Karam al-mufti, au nord de sheikh Jarrah.
Les quartiers menacés d'expulsion dans le pourtour de
l'ancienne ville d'al-Quds
3 - Intensification de l'activité
des associations colonisatrices liées à l'Etat de l'occupation
dans l'ancienne ville d'al-Quds pour s'emparer du plus grand
nombre possible de terrains dans la ville, avec une couverture
légale et sécuritaire assurée par l'Etat de l'occupation.
Maisons visées ou dominées par les associations de
colonisation dans la ville ancienne
En bleu : maisons possédées
par l'association
En jaune : maisons mises en vente. m>
Quatrièmement : concernant la
bataille culturelle, il est prévue qu'une vaste activité soit
menée pour :
1 - tenter d'exécuter la judaïsation entière des
noms des sites et des quartiers de la ville ancienne d'al-Qods,
comme cela a été approuvé en 2009.
2 - Commencer les travaux de
« rénovation et de nouvelle planification » dans Bab al-'Amoud,
l'une des principales portes au nord de la ville ancienne, pour
modifier son caractère architectural et lui donner un caractère
« hérodonien ». Ces travaux exigent la fermeture de la porte
pendant un temps assez long, dans une zone qui représente le
nerf vital de l'économie de l'ancienne ville, à côté du marché
souk Khan al-Zayt.
Recommandations de l'Institution
au sujet des dangers prévus en 2010 :
Tous ces développements
accélérés et ces projets colossaux de judaïsation ne peuvent
être affrontés ni annulés qu'en prenant des mesures sur le
terrain en vue de dissuader l'occupant et élever le prix de ses
mesures de judaïsation. Cela peut être réalisé par les moyens
suivants :
1 -
considérer la question d'al-Qods comme une
question qui bénéficie d'unanimité et d'accord, en mobilisant
toutes les énergies officielles et populaires pour la soutenir,
en la retirant de la mentalité de la rivalité et de la
monopolisation dominant les milieux actifs agissant aujourd'hui
pour al-Qods.
2 - Assurer le soutien matériel direct aux Maqdisis pour consolider leur défense et leur permettre de
poursuivre l'édification de leur société indépendamment de
l'occupation, pour empêcher l'occupant de contrôler tous les
détails de leur vie et de leur société.
3 - Cesser la
coopération sécuritaire avec l'occupation et la poursuite des
résistants et du resserrement de l'étau sur eux. Seule la
résistance a été, dans le passé, capable d'instaurer une
équation de dissuasion contre les mesures de judaïsation dans
al-Qods, à commencer par la révolte d'al-Bouraq en 1929 jusqu'à
l'intifada al-Aqsa en 2000.
4 - L'Institution Internationale
d'al-Qods adresse un message au sommet arabe qui se tient à
Tripoli, insistant sur la responsabilité arabe et musulmane
envers la ville d'al-Qods et ses lieux sacrés, et elle l'appelle
à adopter une position politique arabe soutenant la fermeté des
Maqdisis. Elle lui demande également de retirer l'initiative
arabe pour la paix et de cesser d'accorder à l'occupant du temps
et la liberté de mouvement, grâce à des initiatives de
négociations directes ou indirectes, pour couvrir les
concessions que le négociateur palestinien a pris l'habitude de
faire à l'occupation.
5 - L'Institution Internationale d'al-Qods
insiste sur la nécessité de réaliser la réconciliation
palestinienne. Elle souligne que l'état de division
palestinienne ne peut être utilisé comme jusitification pour
fuir les responsabilités arabes et islamiques envers al-Qods ni
pour justifier l'impuissance arabe évidente à affronter l'assaut
de la judaïsation qui la menace.
6 - L'Institution
Internationale d'al-Qods appelle à un soulèvement conséquent de
la nation, sous la forme d'une large réaction aux agressions
incessantes qui menacent al-Qods et les lieux saints, en tenant
compte des particularités de cette ville et de la signification
des mesures que l'occupation y prend. Il ne s'agit pas
d'attendre la destruction de la mosquée al-Aqsa ni un massacre
dans ses places pour commencer à agir massivement et soutenir la
ville. Nous adressons particulièrement un appel aux ulémas et
prédicateurs de la nation qui doivent assumer un rôle efficace
dans la relève des énergies et l'incitation à agir massivement
pour soutenir al-Qods, sa population et ses lieux saints à la
fois.
7 - Amplification de l'intérêt médiatique envers la ville
d'al-Qods, par une couverture précise, sans exagération ni
minimisation, et élargissement de la place consacrée à cette
question, dans les revues et journaux, et non seulement pour
couvrir les nouvelles quotidiennes.
Traduction Rim al-Khatib
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