Poème de Gaza
C'était en été 2014
Ziad Medoukh
Dimanche 26 octobre 2014
Je me souviens de ce mardi
sinistre,
Un mardi noir pour Gaza,
pour la Palestine et pour l’humanité :
C’était le début de l'été
En plein mois de Ramadan
Une journée terrible !
Une journée inoubliable !
Ce fut le début de la nouvelle
agression militaire,
Un refrain de tragédie,
Le lancement d'un nouveau carnage,
Le lancement d’un nouveau massacre
interminable,
Le lancement d'une dévastation
de cinquante jours,
Opération, dite bordure de protection,
Contre une ville assiégée mille fois.
Ce fut la haine,
Celle qui assassine les rêves et
l’espoir
De ceux qui voulaient seulement pouvoir
y croire.
Bombardements aveugles, attaques
barbares
Par des occupants qui aiment l’odeur du
sang.
Tant de cruauté sanguinaire
Infligée aux civils
Par une armée inhumaine
Qui recommence l’œuvre macabre de
sa folie meurtrière.
Des massacres incessants, au nom du
mensonge,
Causent la mort sans répit de
beaucoup d’innocents.
Une nouvelle guerre portée par les
tourbillons du mal
Une guerre qui a duré longtemps,
longtemps….
Jusqu’à que l’été commence
à donner des signes de faiblesse.
Je me souviens de ce mardi.
Le premier mardi de l’été
Sous un grand soleil et une chaleur
étouffante.
Les mariages commençaient,
Les familles attendaient les vacances
Les enfants jouaient aux billes en
riant
Et la plage de Gaza était comble
En cette période estivale.
Ce fut le jour choisi
Par l’armée de l’occupation
Pour donner aux Gazaouis
Son cadeau, la mort
Une mort renouvelée
A une population impuissante
Une population mort-née.
C’était la première semaine de juillet
2014,
Quand soudain….
Une pluie en plein été,
Une pluie d’armes qui sème la terreur et
l'enfer
Le fracas des bombes !
L’opaque noirceur des fumées
Est retombée après le passage des drones
Les missiles sifflent dans l’air avant
de descendre sur les immeubles
Et les chars roulent et foulent ce sol
funeste
Dans un bruit de mort implacable,
écrasant tout !
Ainsi se construit une montagne de
décombres
Tout est détruit, brûlé, et saccagé,
même les pierres.
Il reste juste un tas de cendres
Et ma poésie,
Face à la cruauté des bombes,
Il reste juste un cœur en souffrance qui
s’exprime.
Une ville anéantie, une désolation
totale.
L’interminable spoliation d’un peuple
commence,
Et une terreur sans nom s’impose.
Un champ de ruines effroyable et des
cœurs endeuillés
Les morts et les blessés s’accumulent,
Les destructions se multiplient…
C'est la mise en scène d’une exécution,
D’un pilonnage qui a pour but d’attiser
la défiance et la haine.
De notre ciel aux étoiles fauves,
Un nuage verse une pluie de bombes
Et l’odeur du thym est dominée dans le
sifflement des missiles
Par l'odeur des corps mutilés, calcinés,
déchiquetés et carbonisés.
Des enfants par dizaines reposent sous
la terre.
Ils croient que c'est un jeu et,
Que les grands vont les réveiller tout
de suite.
Tout un peuple est ainsi
Dans la souffrance,
Dans les tribulations
Et dans les larmes.
L’escalade est ainsi imposée dans
l’horreur,
La paix est ainsi tristement amputée,
Ainsi, les massacres passent et se
ressemblent,
L’enfer habite sur notre
toit pendant cinquante jours.
Et chaque jour apporte sa triste
moisson de victimes innocentes
Gaza la crucifiée, Gaza lapidée, Gaza
défigurée et Gaza divinisée !
Avec sa pugnacité et sa volonté
farouche, Gaza a payé de nouveau.
Ô ma ville à fleur de malheur et de
misère,
Tant de larmes et de sang creusent tes
sillons.
Une nouvelle tragédie effroyable, une
navrante injustice !
Et l’horreur de la mort par asphyxie
progresse.
Le cœur est en panne de sentiments,
Les plaies sont indélébiles,
Gaza la douloureuse aux couleurs de la
souffrance,
Ville des oliviers millénaires,
Terre des hommes pieux et gisement des
connaissances!
Sur cette terre, le ciel a pleuré en
plein été
Pour les enfants innocents, même ceux
qui sont à peine nés,
Ces pauvres anges sacrifiés
Qui ne demandent qu'à grandir à la
lumière d’un olivier et,
Qui n’ont pas eu la chance de
s’épanouir,
Enfants frustrés, hurlant,
pleurant et criant
Sous le déferlement des
bombardiers, et par centaines
Tués à côté de leurs maisons
Enveloppés de linge blanc
Et montés au ciel, rapidement,
En passant par des cimetières vivants !
Une mort rapide qui a remplacé la mort
lente du blocus étouffant !
Devant des images impitoyables et cette
effroyable réalité
Images d’horreur rajoutées à
l’horreur qui s’abat sur Gaza,
Un silence assourdissant et l’hypocrisie
latente
D’un monde officiel indifférent qui se
tait et détourne le regard,
Avec des positions indécentes.
Face à ce génocide répété et
incomparable,
Des médias aux oreilles sourdes qui
martyrisent la vérité.
Mais se lèvent des masses populaires
éprises de justice et de paix,
Des solidaires sensibles et courageux.
Le sang et l’âme de la Palestine brûlent
en eux,
Et leur cœur saigne pour elle.
Ils crient et hurlent leur colère
infinie et leur indignation devant ce
crime planifié
Devant cette folie meurtrière et
abjecte !
Ils déchirent les bâillons imposés et
manifestent un soutien indéfectible
Contre des monstres qui tuent et
massacrent à Gaza,
Contre la détresse humaine de notre
enclave.
Et c'est un réveil mondial, une
imposante mobilisation internationale
Qui prouve que la fierté de défendre les
Palestiniens inonde le monde
Que le monde est en émoi et
Que les criminels sont aux abois.
En dépit de ce nouveaux carnage, Gaza la
belle résiste,
Résistance, audace, bravoure.
De son sang, elle arrose les racines de
la victoire.
Gaza le cri de la beauté dans cette
sombre époque,
Gaza la voix à la sonorité du courage,
Gaza la noblesse du cœur
Continue de narguer l’armée de
l’occupation qui a arraché ses
oliviers,
Qui a tué la colombe de la paix.
Une occupation construite sur
l’élimination de l’autre
Doit cesser de tergiverser,
Doit cesser de rester impunie.
Gaza la millénaire de foi inébranlable
existe
Avec son peuple plein d’amour et
d’espérance
Avec son peuple qui incarne la référence
des références de résistance.
Un peuple fier, confiant, courageux,
soudé et solidaire,
Un peuple qui rejette la vengeance
et l’esprit de vengeance,
Un peuple fermement implanté
sur sa terre, comme les oliviers.
Il ne sera jamais brisé, car, soit il
vit libre, la tête haute
Soit, il meurt comme les arbres, débout.
Gaza, éveilleuse de conscience, persiste
malgré la mort qui rode,
Et malgré les tribulations et les
souffrances.
Gaza, cette inébranlable confiance
devant la plus indescriptible des
violences
Gaza, avec sa volonté intacte, résiste
contre l’injustice meurtrière
Et sa maladie d’espoir continue de
nourrir le cœur des Palestiniens.
Tandis que coulent les rivières, Gaza
la libre résiste et résiste !
Et jusqu’à la dernière pulsation de nos
veines, Gaza la combattante résiste !
Notre avenir sera doux et fécond, et le
soleil de la paix brillera.
Les oppresseurs, et les briseurs de
rêves de nos enfants ne gagneront
jamais !
Tout ce qu’est bâti sur l’injustice est
voué à la destruction.
Malgré toute cette obscurité, la lumière
ne tardera pas à éclater
Car Gaza, la dimension humaniste et la
force de vie, cherche
Quelle chandelle allumer plutôt que de
maudire l’obscurité.
Que la lumière de Gaza veille et
jaillisse comme la sentinelle de la
paix.
Et notre douleur mêlée à la fierté
pâlira.
Gaza, convaincue que l’injustice ne dure
pas éternellement,
Vit avec ardeur et enthousiasme,
Attend que justice soit rendue
A l’encontre des oppresseurs et des
criminels impardonnables,
Sans cœur et sans pitié.
Gaza l’héroïque s’attache à la vie
Et chaque matin à Gaza n’est que
rayon d’espoir et de liberté.
Il est aveugle celui qui ne voit pas
combien Gaza aime la vie
Il est temps que notre foi en
l’avenir soit reconnue
Il est temps de réaliser que l’amour ne
peut être ruiné
Dans cette prison sans horizon
Il est temps….
Que l’espoir palestinien né à Gaza donne
une leçon
D’humilité aux puissances complices de
ce monde,
L’espoir de croire en l’Humanité !
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