Centre Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Hamami nous parle de conférences organisées autour du droit au
retour
Photo CPI 28
août 2008
Damas – CPI
La conférence annuelle « Les
Palestiniens de l’Europe » a réussi à faire du sujet des
réfugiés palestiniens un sujet présent dans tous les esprits.
Nous savons cependant que les Sionistes, anciens comme nouveaux,
font le pari sur l’oubli de cette cause.
Soixante ans après la Nakba (la
catastrophe), les lieux où se rassemblent les réfugiés
palestiniens s’appellent toujours des camps. C’est une
indication bien forte qu’ils ne sont en fin de compte que des
lieux de transit. Ils seront délaissés que lorsque la patrie
sera libérée.
Il y a peu, à Damas, la capitale
syrienne, a été organisée une conférence sous le slogan
« Horizons de la cause des réfugiés (palestiniens) ». Dans les
coulisses de cette conférence, l’envoyé de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) a su rencontrer l’écrivain
palestinien Dr. Ibrahim Hamami pour en avoir l’interview
suivant. Le département français la résume et la traduit
ci-après :
L’horizon du retour
CPI :
La conférence « Horizons de la cause des réfugiés », vous y avez
participé. Voulez-vous nous parler de l’importance de cette
conférence ?
Dr.
Hamami : Les participants sont venus de partout pour
dire que le droit au retour ne tombera jamais dans le désuet. Le
retour ne sera que pour Etat palestinien qui verra un jour le
jour. La conférence vient pour contredire toutes ces tentatives
voulant anéantir ce droit. Le peuple palestinien veut retourner
au pays, à Jaffa, à Haïfa, à An-Nassira, à Safad…
La
concession
CPI :
Et pour ce qui est de tous ces projets qui parlent d’une
« solution juste et exhaustive » pour la question du retour des
réfugiés ?
Dr.
Hamami : Une solution juste pour le sujet ne peut
exister que par le retour effectif des réfugiés palestiniens.
Les projets présentés ne parlent que de la Cisjordanie et de la
bande de Gaza. Ce ne serait pas une solution juste, si on ne
parlait pas de toute la Palestine. La conférence envoie un
message clair et net que les Palestiniens ne donnent la
procuration à qui que ce soit pour en faire la concession.
Tous
les efforts pour le retour
CPI :
Les institutions travaillant pour le droit au retour et pour les
réfugiés coordonnent-elles leurs efforts ?
Dr.
Hamami : La pluralité des institutions reste un
phénomène positif. Elles se sont multipliées après l’accord
d’Oslo. Depuis, les réfugiés palestiniens ressentent un danger
qui menace leur droit au retour. Et ils ont raison. Les accords
poussent comme des champignons pour mettre en péril ce droit. En
réponse, les institutions ne font que se multiplier.
L’Europe
CPI :
Voulez-vous nous mettre au courant de
l’expérience en Europe ?
Dr.
Hamami : L’idée de départ était simple. Plusieurs
institutions ont vu le jour dont le centre Al-Awda à Londres.
C’était elle qui a pris l’initiative, en 2003, d’organiser la
première conférence des Palestiniens d’Europe. C’était une vraie
réussite. C’était un encouragement pour organiser une telle
conférence annuellement, chaque année dans une ville européenne
différente. La dernière, celle de Copenhague, a davantage
réussi. Plusieurs médias arabes et étrangers se sont précipités
pour couvrir l’événement.
Les
camps
CPI :
L’expérience de l’Europe a-t-elle un réel effet sur les camps
des réfugiés palestiniens dans les pays arabes ?
Dr.
Hamami : Après l’expérience européenne, des
rassemblements ont vu le jour sur la scène arabe. Il y a eu
Wajib en Syrie. Thabit au Liban. Ces rassemblements et ces
centres représentent un mouvement de la société civile pour
combler la lacune laissée par l’échec politique d’organisations
et d’établissements officiels.
A
l’étranger
CPI :
Le chef Michaal a appelé les réfugiés palestiniens à inventer
des idées neuves qui étonneront le monde. Comment trouvez-vous
cette idée ?
Dr.
Hamami : Les mouvements et les inventions existent. Les
Palestiniens d’Europe ont déjà organisé six conférences. Les
invités changent d’année en année. Toutefois, le sujet ne change
pas : le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Plusieurs années après, nous avons
besoin d’initiatives nouvelles. Même que des commissions
nouvelles naissent dans les camps palestiniens. Il reste que ces
établissements ont besoin de coordination et d’actions concrètes
afin que les discours ne restent des paroles en l’air.
Il faut des actions concrètes pour
aller plus loin, pour faire toute la pression nécessaire sur les
négociateurs palestiniens pour ne pas laisser tomber ce droit.
Il faut également des élections libres partout où se trouvent
des Palestiniens, en grand nombre. Des élections pour un nouveau
conseil national et pour refaire l’OLP. Il faut reconnaître
qu’il n’y a pas de cadre qui saura rassembler tous les
Palestiniens.
La
solution
CPI :
La solution résidera-t-elle dans un nouveau cadre représentatif
du peuple palestinien ?
Dr.
Hamami : En mars 2006, j’ai appelé à un tel cadre. Avec
d’autres écrivains et académiciens, nous croyions que l’OLP ne
répondait plus aux besoins des Palestiniens.
L’OLP a été basée sur des principes
politiques. Actuellement, rien n’existe encore. La caisse
nationale, par exemple, devient une partie intégrante du budget
de l’autorité palestinienne. Du conseil national palestinien,
personne n’en connaît les membres.
Deux
tendances
CPI :
Un tel cadre n’a-t-il pas besoin d’un accord politique commun ?
Dr.
Hamami : Un accord impossible de nos jours.
Aujourd’hui, il y a deux courants sur la scène palestinienne.
L’un va vers les négociations avec l’occupant israélien. L’autre
s’attache aux droits, aux principes et à la résistance comme
choix stratégiques. Néanmoins, il faut un minimum d’accord, pour
faciliter le quotidien du citoyen palestinien.
Le
droit au retour
CPI :
Une concession du droit au retour, est-ce possible ?
Dr.
Hamami : Tout le monde affiche son attachement au droit
au retour, au moins devant les médias.
En effet, le droit au retour
représente un pilier essentiel de la cause palestinienne. Chacun
le voit à sa manière. C’est un élément qui rassemble tous les
Palestiniens. Un élément fort aux mains de celui qui veut
négocier. C’est pour cette raison que les Sionistes attaquent ce
droit si farouchement. Ils attaquent ce droit comme ils
attaquent tous les vocabulaires. Olmert dit aux Palestiniens qui
négocient avec lui qu’il faut oublier des mots comme Nakba et
comme retour.
Cependant, le retour reste un pilier
majeur de la question nationale palestinienne. Tout le monde
essaie d’y passer outre. Mais aucun Palestinien n’ose encore
déclarer son intention d’y céder.
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