Centre Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Az-Za'arir parle des députés enfermés dans les prisons de
l'occupation israélienne
Photo CPI
26 juin
2008
Al-Khalil – CPI
Le captif Basim
Az-Za’ari, député au Conseil Législatif Palestinien,
représentant du groupe « Changement et réforme », vient de
quitter la prison de l’occupation israélienne.
Dans une interview
spéciale faite à notre Centre Palestinien d’Information (CPI),
il parle du traitement dur infligé aux députés palestiniens
captifs et enfermés dans les prisons israéliennes, à Aziz Ad-Duwik
en particulier, le président du Conseil Législatif Palestinien.
Les chefs d’accusation préparés par l’occupant israélien sont
quasiment identiques. Ils sont accusés d’être des membres
représentant le Hamas du Conseil Législatif ou du gouvernement,
dit Az-Za’arir.
Basim Az-Za’ari
avait été élu dans la circonscription de Al-Khalil (Hébron). Il
porte un message des députés palestiniens captifs adressé aux
factions palestiniennes. Ils les appellent à l’union, à laisser
tomber la division, à retourner au dialogue national. Ils
appellent également les Arabes à assumer leur rôle, en soutenant
le peuple palestinien.
Il nous en donne
son point de vue, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe
par le département français de notre Centre Palestinien
d’Information (CPI).
Une dure expérience
CPI :
Au départ, comment retracez-vous votre expérience de détention
qui a duré deux ans, vous déplaçant d’une prison israélienne à
une autre et vous présentant aux juges des dizaines de fois ?
Basim
Az-Za’ari :
Je remercie
Allah, le Tout Puissant, qui a facilité ma libération. Nous
L’implorons pour venir en aide aux autres captifs afin qu’ils
soient libérés, dont les représentants du peuple palestinien.
En réalité, l’emprisonnement est une
expérience très dure, pour moi comme pour tous les captifs. La
police des prisons israéliennes humilie volontairement les
captifs. Ils interviennent dans les détails de leur vie. Les
bourreaux donnent l’assaut aux cellules, trois fois par jour,
sous prétexte d’une inspection, et quatre fois, sous prétexte du
comptage. Nous implorons Allah qu’Il vienne au soutien des
captifs.
Pour un oui ou pour un non, les captifs sont
interdits de leur recréation, un exemple de mauvais traitement.
La confiscation des appareils électriques dont les ventilateurs,
dans la saison de chaleur, en est un autre. Soumettre les
captifs dont les députés à l’inspection à nue est un autre
exemple d’humiliation. On dirait qu’ils vengent leur soldat
Chalit pris en otage par la résistance palestinienne.
Les députés
CPI :
Les députés palestiniens, l’administration pénitentiaire et les
autorités de l’occupation israélienne les traitent de la même
façon que les autres ?
Basim Az-Za’ari :
L’administration pénitentiaire possède un service spécial nommé
"Chabas" qui traitent durement tout le monde, de la même façon,
sans une distinction entre Aziz Ad-Duwik, président du Conseil
Législatif Palestinien, et un détenu ordinaire.
Sans preuves
CPI :
Les députés palestiniens détenus, de quoi les accuse le
procureur général israélien ?
Basim Az-Za’ari :
Nous ne trouvons aucune raison pour notre détention, ni
juridiquement, ni politiquement. Le gouvernement israélien le
sait bien et ne possède aucune preuve lui permettant de nous
garder.
Leur unique souci est de nous emprisonner,
même sans preuves, sans témoins. Ils se réfèrent alors à des
affaires incroyables. Ils avancent une communication par là, une
autre par ci. Une déclaration de presse de Dr Mahmoud Az-Zahhar,
une autre du député Mouchir Al-Misri. Tout est bon pour nous
inculper. Aux tribunaux, ils avancent le sujet des missiles, au
moment où tout le monde sait que les députés n’y ont rien à
voir.
En fait, l’enlèvement du soldat Chalit
pourrait être la raison directe de l’arrestation des députés.
Leurs responsables en parlent, à plusieurs occasions. Le
véritable objectif est de punir le peuple palestinien qui avait
librement choisi ses députés. Il doit donc le punir à travers
ses députés et ses ministres, et en imposant le blocus.
En général, les accusations adressées aux
députés sont semblables. En résumé, ils nous accusent d’être
membres d’une « organisation terroriste », le Hamas, de le
représenter dans un établissement officiel : le Conseil
Législatif Palestinien, d’organiser des activités.
Et lorsque nous leur disons que ce sont eux
qui avaient autorisé les élections, ils disent qu’ils n’ont pas
eu de problèmes avec le Hamas avant l’enlèvement de soldat
Chalit et les opérations militaires.
Juridique et politique
CPI :
Le soir du jeudi 19 juin, vous avez été libéré ; cette
libération a-t-elle un lien avec l’accalmie ?
Basim Az-Za’ari :
En réalité, les députés ne sont pas au courant de ce qui se
passe à l’extérieur des prisons, faute de médias. Le juge avait
annoncé mon innocence, le procureur général a cependant voulu me
garder en prison, pour me transférer vers cette fameuse
« Détention administrative ». Le fait que la décision soit
annoncée chez le juge d’appel les a empêchés de mettre leur plan
à exécution.
Nous implorons Allah, le Tout Puissant, pour
que le peuple palestinien ait la joie de voir tous ses députés
libérés. Actuellement, nous sommes en position de parler d’un
échange de captifs. Nous espérons voir la libération d’un grand
nombre de captifs dont les députés et les condamnés à de lourdes
peines.
Messages des députés
CPI :
Quels sont les messages que les députés veulent adresser au
peuple palestinien et à ses leaders ?
Basim Az-Za’ari :
Les députés m’ont chargé de plusieurs messages. Au peuple
palestinien, ils l’appellent à l’endurance, la victoire viendra.
Aux leaders, ils leur demandent de retourner à la table du
dialogue. Dans ces conditions difficiles, nous avons besoin
d’unité, de dialogue, de stabilité. Il est à noter qu’à partir
de la prison, les membres du Conseil Législatif Palestinien
avaient lancé l’initiative du dialogue : « Le document d’entente
nationale ».
Aux ennemis du peuple palestinien, les députés
leur disent qu’ils avaient fait beaucoup de torts en suivant les
objectifs américano-sionistes. Cette politique a détruit le
peuple palestinien, pour des intérêts partisans.
Et aux Arabes, dirigeants comme peuples, les
députés disent que toutes ces souffrances suffisent à ce peuple.
Soyez aux côtés de lui et levez le siège.
CPI :
Un dernier mot ?
Basim Az-Za’ari :
Nous espérons voir les captifs libérés, retourner à leurs
familles, en dignité et victorieux. Une libération rapide.
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