Centre Palestinien
d'Information
Tuer les Palestiniens en excès
n'arrête guère les missiles d'Al-Qassam
Jadoun Livi
Photo CPI
25 février
2008
L'Etat de l'occupation
et ses dirigeants se montrent fiers de l'importance du nombre de
tués parmi les Palestiniens, quoiqu'ils sachent que cela est
inutile. Il ne fait qu'envenimer la situation. Pour eux, la réussite
sécuritaire est mesurée avec le nombre de Palestiniens tués.
Maintenant, comme à l'époque des anciennes guerres, les chefs de
la machine de guerre se montrent fiers par le nombre de personnes
tuées par l'Etat d'occupation. Ceux-là, ils ont pour devoir
d'assurer la sécurité et la protection de la population. Mais
cette protection est non existante pour la région de « la
couverture de Gaza ». C'est pour cette raison qu'ils font de
la tuerie un critère de leur réussite.
Le chef de la Chabak
(service de sécurité israélien) informe le gouvernement d'une
grande réussite de son appareil : 810 Palestiniens ont été tués
dans ces deux dernières années. Son prédécesseur Avi Dikhter
s'est montré une fois avec son ordinateur portable. Il exposait
des courbes en couleurs correspondant au nombre de Palestiniens tués.
Et le général réserviste Rone Asroub a considéré l'opération
du quartier d'Az-Zaytoun comme une « grande réussite »
; pourquoi ? Tout simplement, parce qu'en un seul jour, ses forces
avaient réussi à tuer 19 Palestiniens et avaient mis à feu tout
le Sud. Combien il est triste, concrètement et moralement, que
tout cela devient le critère d’une réussite !
A Gaza, les assassinats
collectifs ont-ils contribué à l'amélioration de la sécurité
? Pas du tout. La situation ne cesse de s'envenimer. Ont-ils
contribué à une baisse des missiles d'Al-Qassam ? Non !
Loin de là, ils ont augmenté en nombre. Pourquoi tuent-ils alors
? Parce qu'ils doivent, tout simplement, faire quelque chose ? Et
parce qu'il doit y avoir un critère ? Ce ne sont que des paroles
en l'air, vide de sens. Un regard sur les journaux donne une image
claire. Par exemple, lorsque Bush était dans notre pays, Tel Aviv
s'est un peu retenue dans ses opérations d'assassinat. Par conséquent,
le nombre de missiles Qassam s'est vu en baisse. Et dès que Bush
était parti, nous avons repris les opérations d'assassinats, et
le lancement de missiles a repris. Et Sdérot a connu les plus
difficiles de ses jours. La question se pose d'elle-même et de façon
pertinente : Pourquoi nous tuons les Palestiniens ? Y a-t-il
quelqu'un pour répondre à cela ?
Et pour ce qui est de
l'argument donné par Diskine et ses collègues de l'appareil de sécurité,
consistant à dire qu'ils font une distinction entre les hommes
armés et non armés, nous leur disons que cela ne change rien du
tout. Il y a 600 tués parmi les hommes armés selon le Chabak, ou
455 selon une enquête réalisée par Haaretz. Ce nombre indique
qu'il n'y aura aucun intérêt derrière ces assassinats. En fait,
ce n'est pas tout homme armé qui mérite d'être tué. Les
assassinats des hommes armés ou non ne fait que pousser la
situation vers l'escalade. Chaque fois qu'un personnage important
ou un lanceur de missile Qassam est tué, il y a quelque sept
personnes tuées sans raison. Ces assassinats inutiles, dont
l'appareil de défense se montre fier, ne sont pratiqués que pour
satisfaire l'opinion publique, pas plus.
Ehud Barak est le mieux
positionné pour comprendre cela. Il a lu au moins un ou deux
livres sur l'Histoire. Il doit savoir que la longue lutte assidue
pour la liberté ne peut jamais être battue par la force. C'est
lui-même qui m'avait une fois dit, dans une interview télévisée,
courageusement et directement : « Si j'avais été moi-même
un Palestinien, j'aurais rejoint une organisation palestinienne ».
Mais c'est lui-même aussi qui supervise les opérations
d'assassinats à Gaza.
Le coeur se brise pour
les habitants de Sdérot. Mais ils doivent savoir qu'ils assument
la responsabilité de la situation, au même niveau que tous les
Israéliens. Si nous réalisons un sondage dans cette ville blessée,
nous remarquerons que la majorité est avec la continuation de
l'occupation et du blocus, comme partout ailleurs dans le pays.
Ils souffrent. Toutefois, leur voisin du sud souffre tant et plus.
Haaretz a publié en
première page l'image d'un enfant de Sdérot pleurant. Et une
autre de Gaza. Les deux sont étendus sur les bras de leur père.
Cependant, les autres journaux ont publié de telles images venant
uniquement de Sdérot, sans prendre en compte que des dizaines
d'habitants de Gaza avaient été tués ces dernières semaines...
Gaza est assiégée. Vivant dans le noir. Affamée par "Israël".
On ne pourra pas négliger toutes ces données, pour qu'on soit
solidaires avec Sdérot !
En quelques mots,
continuer à tuer à Gaza ne fera qu'envenimer la situation à Sdérot.
Cela n'affaiblira guère la volonté des Palestiniens de lutter
pour leur liberté, et n’apportera pas la sécurité pour
"Israël". Et les propos d'une « opération de
grande envergure » à Gaza lancés par des généraux et
analystes sont un sujet d'envenimement. En réalité, ladite opération
a commencé depuis longtemps. Diskine et ses collègues avancent
des données consistant à dire qu'ils avaient tué plus de 800
Palestiniens en deux ans. Il est vraiment affreux et regrettable
qu'il y ait ceux qui se trouvent fiers devant ces propos. Si nous
voulons écouter ces propos, qu'est-ce que nous avons résolus ?
Jadoun
Livi, spécialiste des droits de l'homme du journal israélien
Haaretz.
Article traduit par le CPI
|