Centre Palestinien
d'Information
Le Hamas doit être admis dans l'équation politique,
c'est le moment
Ifram Hlivi
Photo CPI
24
avril 2008
Les récents propos de Khaled Michaal n'ont
trouvé qu'un faible écho dans les médias israéliens et
internationaux. Pourtant, c'était la première fois qu'il déclare
publiquement que son mouvement reconnaît les frontières de juin
1967 comme celles d'un Etat palestinien. Toute solution devra
traiter les questions de la ville d'Al-Quds (Jérusalem) et des
réfugiés. Et lorsqu'il avait été demandé si cette position
serait tactique ou stratégique, il a répondu qu'elle est
stratégique. En fait, il base sa position sur celle des captifs
palestiniens enfermés dans les prisons israéliennes. Cette
position est écrite collectivement, en 2006, par toutes les
factions palestiniennes, le mouvement du Fatah compris.
C'est depuis un an que Michaal répète cela à
toute personne lui rendant visite dans son bureau de Damas.
Toutefois, il ne donnait des détails sur ses positions
concernant les affaires d'Al-Quds et des réfugiés, comme il l'a
fait dans sa dernière interview. Dans ses rencontres d’ordre
privé, il déclare que le Hamas ne cède jamais sur les questions
« fondamentales ». Il confirme que c’est au peuple palestinien
de dire le dernier mot et d'accepter telle ou une telle
position, en fin de compte.
Ainsi, Michaal répond positivement aux
quelques demandes étrangères de pousser vers le public ses
positions déclarées en privé. Ne pas lui répondre positivement
viendrait alors à l’encontre d’"Israël".
Le Hamas, dont Michaal est un de ceux qui
parlent à son nom, ne voudrait pas participer aux négociations
de paix engagées directement avec "Israël". Néanmoins, au cas où
il aurait été reconnu comme un vrai partenaire dans l'équation
politique générale palestinienne, Abou Mazen aurait la main
libre dans la direction de ces négociations. Ainsi, "Israël"
n'aurait pas l'obligation de s'asseoir face à face devant le
Hamas. Pourquoi "Israël" et la communauté internationale ne
veulent donc pas que le Hamas rejoigne cette équation ?
En regardant de près les positions du Fatah et
du Hamas, on devra reconnaître qu'il n'y a aucune différence
entre les deux mouvements. Le Fatah s'attache aux frontières de
1967. Et le Hamas insiste sur la nécessité que les questions
d'Al-Quds et des réfugiés soient posées sur la table de
négociations. Les deux mouvements ne font aucune concession sur
ces deux champs fondamentaux. Qui écoutera de près les discours
d’Abou Mazen, effectués lors du sommet arabe de Damas,
constatera qu'ils portent des critiques ardus envers "Israël".
Il ne trouvera aussi aucun changement dans les positions
palestiniennes essentielles.
Michaal ne se montre pas prêt à reconnaître au
préalable à "Israël" son droit d'exister, comme le veut la
communauté internationale. De son côté, Abou Mazen ne reconnaît
pas "Israël" comme étant un Etat juif. Y aurait-il une
quelconque contradiction entre ces deux positions ? Le Hamas
avait reçu des coups durs de la part d'"Israël", ces derniers
mois. Il a donc soif d’un cessez-le-feu. Quiconque le cherche
serait le parti le moins fort. C'est alors le moment le plus
favorable pour une solution provisoire mais véridique.
Pendant ce temps, le Hamas s'est montré fort.
Il possède désormais une force destructive qui pourrait menacer
le processus de paix entre "Israël" et l'Autorité. Le premier
ministre de cette autorité, Salam Fayyad, a déclaré, dans une
interview donnée aux médias israéliens, qu'il est favorable à ce
que le Hamas rejoigne les mouvements politiques actuels, et que
sinon, il y aurait de grand doute qu'ils aboutissent à quelque
chose de réussie. Alors, si "Israël" n'étudie pas ces voix
venant de la bande de Gaza et de Damas, en ce moment propice,
nous nous verrons nous précipiter vers une abîme dangereuse.
Pour celui qui cherche une preuve tangible à
la fragilité de l'équilibre Hamas-Israël, qu'il tourne les yeux
un peu vers l’arrière. Pas plus loin que la semaine dernière,
Avi Dikhter, ancien ministre de la défense et directeur des
services de sécurité intérieur Shabak, a échappé belle à un
attentat. Désormais, le destin de cet équilibre est aux mains du
hasard.
Ces dernières semaines, à plusieurs reprises,
Ayman Al-Dawahiri a appelé à frapper les Juifs, en"Israël" et
partout dans le monde. Notons que les membres du Hamas sont
considérés comme mécréants, vue qu'ils déclarent leur volonté
d'arriver à des accords avec "Israël", même indirectement. La
déclaration de Michaal vient tout à fait à l'encontre de la
stratégie d'Al-Qaïda. C'est alors un appel à "Israël" pour
qu'elle saisisse cette occasion historique de pousser la chose
vers un coin positif.
Serions-nous aveugles ? Serions-nous sourds
d'oreilles ?
Article
écrit par Ifram Hlivi, ancien chef du Mossad israélien, résumé
et traduit par le CPI
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