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Centre Palestinien
d'Information
L'accalmie est un cadeau fait au Hamas,
un cadeau qui vaut plus
que l'or
Séver Blotsker
Photo CPI
23 juin
2008
Le problème ne réside pas dans
l’acceptation d’un « accord d’accalmie avec le Hamas ». Le
problème réside dans l’accord avec le Hamas, tout court. En
fait, dans son chemin vers la conclusion de l’accalmie, le
gouvernement (israélien) a détruit la prédominance stratégique.
Cette prédominance stratégique des plus importantes, le
gouvernement l’a gardée dans sa main, depuis que le Hamas est au
pouvoir : la prédominance du refus. Le refus de parler avec le
Hamas. Le refus de reconnaître la légitimité de son
gouvernement. Le refus de conclure avec lui de petites
solutions. Le refus qui porte au Monde l’insinuation de refuser
le Hamas.
Ce refus était d’une grande
force. Il était fondé sur un principe de la morale, adoptée même
par ceux qui critiquent "Israël", de façon explicite ou à demie
mesure. Personne n’entre dans un lit avec quelqu’un qui exprime
son intention préalable de lui donner un coup de pied et de le
faire tomber. Tout un chacun ne tombe dans le piège mielleux de
toute réconciliation avec le diable. C’est une vraie erreur de
n’exposer au public que deux alternatives : une opération
militaire de grande envergure, ou une réconciliation. Il y a
cependant une troisième voie : des frappes incessantes sur les
foyers et les leaders de la violence.
En juin 1940, l’Allemagne
nazie avait entamé des négociations secrètes et indirectes avec
la Grande-Bretagne. Winston Churchill a catégoriquement refusé
ces flirts. Si nous commençons de tels contacts, disait-il, nous
nous verrons rapidement sur une pente glissante qui se termine
par la reconnaissance du régime nazi, le système du mal, en
prétextant que c’est régime existant et qui représente les
Allemands. Ainsi, Churchill a sauvé toute la civilisation
humaine.
"Israël" n’a pas besoin de la
reconnaissance du Hamas. Nous vivons bien sans le Hamas. Merci
bien, sans façon. Le Hamas, dans cette période de maturation,
c’est lui qui a besoin de la reconnaissance israélienne, car les
portails des peuples sont fermés devant lui. A l’instar
d’Al-Qaïda, il est isolé, dans le milieu arabe central. Et sur
le niveau mondial, personne ne veut parler avec cette
organisation.
Si "Israël" avait continué à
refuser de reconnaître le Hamas, le régime de Gaza serait tombé,
ou du moins aurait changé, fondamentalement. Mais devant la
surprise de tout le monde, "Israël" quitte le chemin du refus,
un peu après sa réussite à convaincre l’Europe, les Etats-Unis,
la Russie, la Chine et les Nations Unies de constituer un front
commun de refus. Elle est la première à faire une brèche sur ce
front. Le Hamas, qui ne fait aucune concession stratégique, a
reçu une reconnaissance de la part d’"Israël" comme étant le
maître légitime de Gaza, un représentant original du peuple
palestinien et un partenaire dans ces accords comme dans
d’autres.
C’est un cadeau fait au Hamas
qui vaut pour lui plus que l’or. Sans ce cadeau, le Hamas serait
tombé par la pression de la rue palestinienne et arabe, par le
manque d’une alternative militaire, par un sentiment que le
discours extrémiste du Hamas est dans une vraie impasse. Le
Hamas aurait pris une décision de cessez-le-feu, aurait accepté
de libérer Chalit, aurait cédé aux avertissements israéliens et
à celles de la communauté internationale consistant à un minimum
de reconnaissance d’"Israël". Nous y étions à deux doigts près.
Finalement, ce n’est pas le
Hamas qui cède, mais c’est "Israël". Que nous reste-t-il alors
comme espoir ?
Article paru dans le
journal Yediot Ahronot
Traduit et résumé par le CPI
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