Centre Palestinien
d'Information
En dépit de toutes les fanfares,
ce n'est pas le moment
de frapper le Hamas
Ben Ksibet
Photo CPI
12 juin
2008
"Israël" et le Hamas vont sans aucun doute
vers la confrontation. Néanmoins, une opération militaire de
grande envergure fera maintenant plus de mal que de bien. Une
telle opération pourrait faire passer une chance de récupérer
Chalit. Pire, on pourrait perdre tout contact avec les
kidnappeurs. Il y a trois hypothèses sur lesquels sont d’accords
les décideurs israéliens, ainsi qu’internationaux.
Hier soir, le premier ministre a réuni le
conseil des trois : lui, Barak et Tivni. Il a aussi réuni les
conseils sécuritaires. Il voulait discuter avec eux de la
question d’un feu vert pour une accalmie avec les factions de la
résistance, parrainée par l’Egypte ; ou tout au contraire, pour
la laisser tomber. A savoir que la situation à Gaza continuera
son escalade, jusqu’à une vaste opération dans les semaines à
venir.
Ceux qui s’occupent de la sécurité ont dit à
la fin de la semaine que laisser tomber l’accalmie maintenant
pourrait éloigner tout possibilité de ramener Gilad Chalit. Une
grande opération militaire pourrait blesser Chalit. Les milieux
militaires répètent le propos des Egyptiens, publiés il y a
quelques jours par Maariv : celui qui dit qu’il n’y aura pas
d’accalmie sans Gilad, qu’il sache qu’il n’aura pas Gilad sans
accalmie. En un mot : l’accalmie d’abord.
Le conseil restreint politico-sécuritaire se
réunira après le conseil des trois. Quand bien même l’ordre du
jour n’est pas Gaza, on ne pourra qu’en parler. Mais Ehud Barak,
ministre de la défense, et Achkinaz, chef des états majors, ne
trouvent le moment propice pour une opération militaire
importante dans la bande de Gaza, même si cela sera inévitable à
un moment donné de l’avenir.
Tout le monde estime qu’une telle opération ne
ramènera Gilad. De plus, elle n’arrêtera pas le feu d’Al-Qassam.
Un autre choix commence à prendre forme : une opération locale,
à l’image de « l’hiver chaud », exécuté par la direction de la
région sud, en 2007. Ce ne sera pas une vaste opération, mais
elle sera assez suffisante pour pratiquer une pression sur le
Hamas et les autres organisations. Elle pourrait également
améliorer les conditions de l’accalmie. Selon ces données
difficiles vécues par les décideurs, c’est ce choix qui sera
adopté.
Le problème, c’est que, dans le conseil
politico-sécuritaire, l’option d’accalmie avec les conditions
actuelles ne possède une majorité suffisante. Le précurseur de
l’accalmie, le ministre de la défense, essayera de convaincre
les autres. Il leur dira qu’une telle accalmie ne devra pas être
approuvée par le conseil des ministres. Il a déjà informé Maariv
qu’elle ne sera même pas écrite et signée.
L’accalmie prendra son effet par un appel
téléphonique venant du Caire, lorsque les conditions deviendront
propices. A ce moment-là, le cessez-le-feu débutera. Dans les
milieux de l’armée israélienne, on dit que les Egyptiens
besognent pour freiner le Hamas afin qu’il ne monte en force.
Ces derniers disent que le Hamas est prêt à accepter certaines
conditions. Ils disent également qu’au lendemain de la trêve,
d’intenses négociations débuteront pour relâcher Chalit.
Dans ces milieux, plusieurs idées courent. Le
point de passage de Rafah ne sera par exemple ouvert, même après
le retour de Chalit. Il y a une autre idée, les prisonniers
accusés de crimes de sang seront envoyés vers la bande de Gaza,
et même vers l’étranger.
En somme, malgré tous les bruits et toutes les
fanfares, et en dépit de toutes les déclarations données la
semaine dernière par Olmert et Barak, toutes les données
actuelles disent qu’une opération de grande envergure ne se
presse pas.
Article paru dans le
journal israélien Maariv, le 10 juin 2008
Traduit et résumé par le CPI
|