Centre Palestinien
d'Information
Les discussions du Caire : peu d'optimisme
!
Faraj Chalhoub
Photo CPI
8 novembre
2008
Faraj Chalhoub
Le dialogue palestino-palestinien mérite un
regard de près. Il est vrai que les antagonistes pourraient
crever quelques abcès, mais leurs points de vue concernant les
grands dossiers restent toujours trop divergents pour pouvoir
les rapprocher. On sait que l’autorité palestinienne se trouve
sous toutes sortes de pressions, américaines et israéliennes en
particulier.
Contradictions
Il est significatif de signaler que chaque
parti a des objectifs différents.
De sa part, le mouvement de Fatah voudrait au
premier abord reprendre la bande de Gaza. Puis, il y a le
problème de la fin du mandat présidentiel. Et en troisième lieu,
on voudrait faire tomber le mouvement du Hamas dans
l’illégitimité, en organisant des élections, avec des résultats
connus d’avance.
Les Arabes ne veulent pas du Hamas également.
Sa mainmise sur la bande de Gaza les gène, en faisant tomber
dans l’eau toute transaction politique menée par Washington.
De son côté, le Hamas se rend compte de la
difficulté de sa situation. Le blocus l’encercle, de plus en
plus hermétiquement. Les Arabes, non seulement n’ont rien fait
pour briser le blocus, mais en plus quelques-uns d’entre eux
sont allés plus loin que l’occupation dans l’application de ce
blocus.
Dialogue
Tous les partis se voient obliger de
participer à un dialogue. Le Hamas espère sortir avec un minimum
de dégâts. L’autre prend le dialogue principalement pour une
mission de relations publiques. Peut-être pour résoudre
quelques-uns de ses problèmes. Mais pour un vrai accord, jamais.
L’Egypte, qui dirige le dialogue, souhaite
débarrasser de Gaza, sans pour autant perdre son rôle dans la
région, surtout avec les Israéliens en ce qui concerne
l’accalmie et le soldat israélien détenu, et en gardant son rôle
comme médiateur entre les protagonistes palestiniens.
Le rôle de l’Egypte
L’Egypte a appelé à un dialogue
palestino-palestinien au Caire, alors que le terrain n’est pas
encore bien préparé. Le mouvement de Fatah va au Caire pour un
dialogue exhaustif, déclare-t-il. En réalité, il va tout
simplement pour imposer au Hamas quelques idées inacceptables et
pour prendre les autres factions palestiniennes en témoin.
Il ne faut pas oublier qu’il y a une forte
coordination entre l’Egypte et Mahmoud Abbas, président de
l’autorité palestinienne, mais surtout avec Washington et
quelques capitales régionales dont Tel-Aviv. Cela explique
clairement pourquoi "Israël" a, sans hésitation, accepté la
feuille de route égyptienne. La feuille laisse "Israël" libre
dans ses mouvements. Cependant, le Hamas se trouve sous un tas
d’obligations. Il en reste tout de même positif.
Le Hamas
Toutefois, quelques réserves ont été mises par
le mouvement du Hamas sur la brouillon proposé par l’Egypte,
surtout sur cet article qui charge le gouvernement d’entente
nationale de lever le blocus. Ce rôle pourrait l’obliger à
reconnaître "Israël".
Le Hamas met également une réserve sur la
restauration des services de sécurité. Cette restauration doit
concerner aussi bien la bande de Gaza que la Cisjordanie.
Et si on veut prolonger le mandat
présidentiel, le Hamas ne voit aucun intérêt d’organiser des
élections législatives. Dans la même occasion, il ne voit aucun
lien entre l’accalmie avec les Israéliens et ce dialogue du
Caire.
Peu d’optimisme
L’affaire est donc très complexe. A la sortie
des négociations, on ne verra probablement qu’un mariage forcé.
Chaque parti se croit intelligent pour tirer un profit d’une
accalmie interne.
Néanmoins, et en fin de compte, il se peut que
l’optimisme de quelques-uns soit vérifié. Le gouvernement
israélien est en péril. L’administration américaine actuelle est
plongée dans ses crises politiques et économiques. Obama
pourrait radicalement changer la politique étrangère des
Etats-Unis.
Tout se peut changer au dernier moment. Fatah peut changer.
L’Egyptiens aussi. Tous peuvent accepter le Hamas. Pourquoi
le perdre ? Enfin, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras !
Article écrit par Faraj
Chalhoub, analyste politique
Traduit et résumé par le CPI
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