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Tarnac
Lettre ouverte des parents des inculpés du 11 novembre
Lorsque
la cacophonie s'accorde pour traîner dans la boue une poignée de
jeunes emmurés, il est très difficile de trouver le ton juste
qui fasse cesser le vacarme; laisser place à plus de vérité.
Certains médias se sont empressés d'accréditer la thèse affirmée
par la ministre de l'intérieur dans sa conférence de presse,
alors que les perquisitions étaient en cours :
Les personnes arrêtées étaient d'emblée condamnées.
Personne n'aura pu rater l'épisode de "police-réalité" que
nous avons tous subi la semaine passée. L'angoisse, la peur, les
pleurs nous ont submergé et continuent à le faire. Mais ce qui
nous a le plus blessés, le plus anéanti, ce sont les marées de
mensonges déversées. Aujourd'hui ce sont nos enfants, demain ce
pourrait être les vôtres.
Abasourdis, nous le sommes encore, paralysés nous ne le sommes
plus. Les quelques évidences qui suivent tentent de rétablir la
vérité et de faire taire la vindicte.
Les interpellés ont à l'évidence bénéficié d'un traitement
spécial, enfermés pendant 96 heures, cela devait faire d'eux des
personnes hors normes. La police les suspecte d'être trop
organisés, de vouloir localement subvenir à leurs besoins
élémentaires, d'avoir dans un village repris une épicerie qui
fermait, d'avoir cultivé des terres abandonnées, d'avoir
organisé le ravitaillement en nourriture des personnes agées des
alentours. Nos enfants ont été qualifiés de radicaux. Radical,
dans le dictionnaire, signifie prendre le problème à la racine.
A Tarnac, ils plantaient des carottes sans chef ni leader. Ils
pensent que la vie, l'intelligence et les décisions sont plus
joyeuses lorsqu'elles sont collectives.
Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si
la simple lecture du livre "L'insurrection qui vient" du Comité
Invisible fait d'une personne un terroriste, à force d'en parler
elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son
territoire. Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n'est
pas un "bréviaire terroriste", mais un essai politique qui tente
d'ouvrir de nouvelles perspectives.
Aujourd'hui, des financiers responsables de la plus grosse crise
économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur
liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère
des millions de personnes, alors que nos enfants, eux,
uniquement soupçonnés d'avoir débranchés quelques trains, sont
enfermés et encourent jusqu' à 20 ans de prison.
L'opération policière la plus impressionnante n'aura pas été de
braquer cagoulé un nourrisson de neuf mois en plein sommeil mais
plutôt de parvenir à faire croire que la volonté de changer un
monde si parfait ne pouvait émaner que de la tête de détraqués
mentaux, assassins en puissance.
Lorsque les portes claquent, nous avons peur que ce soient les
cagoules qui surgissent. Lorsque les portent s'ouvrent, nous
rêvons de voir nos enfants revenir.
Que devient la présomption d'innocence?
Nous demandons qu'ils soient libérés durant le temps de
l'enquête et que soient évidemment abandonnée toute
qualification de terrorisme.
Les parents d'Aria, Benjamin,
Bertrand, Elsa, Gabrielle, Julien, Mathieu,Yldune
PS:
Nous tenons à saluer et à remercier les habitants de Tarnac qui
préfèrent croire ce qu'ils vivent que ce qu'ils voient à la
télé.
www.comite-visible.info/
http://www.soutien11novembre.org/
Mardi 2 décembre, nous
apprenons avec joie la libération de 3 des incarcérés.
Nous constatons que la
justice a choisi de les éloigner de toute vie sociale et
politique, de leur travail, de leurs amis, de leur village, en
les plaçant sous contrôle judiciaire à l'autre bout de la
France.
Nous dénonçons une justice qui, pour ne pas perdre la face, fait
de Julien et d'Yldune les boucs émissaires d'une construction
policière qui a perdu toute crédibilité.
Nous exigeons plus que
jamais leur libération !
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