BDS
Lettre de Taoufiq Tahani à JC Cambadélis
Mardi 1er mars 2016
Taoufiq Tahani a écrit le 24 février à
JC Cambabélis, 1er secrétaire du Parti
socialiste
Monsieur le Premier secrétaire,
Je dois vous faire part de mon
indignation devant l’adoption le 16
février au Conseil de Paris de deux vœux
condamnant la campagne internationale
BDS, l’un à l’initiative du groupe PS,
l’autre à l’initiative du groupe LR avec
l’abstention bienveillante des élus
socialistes.
Ce vote indigne constitue une
atteinte grave à la liberté
d’expression, à la liberté d’apporter
son soutien à un peuple opprimé et privé
de ses droits nationaux. Récusant toute
mise en cause de la politique de l’Etat
d’Israël malgré ses violations continues
du droit international et du droit
humanitaire, il va jusqu’à endosser les
attaques calomniatrices contre une
réunion publique de l’AFPS à la mairie
du 14ème sur « le désastre écologique de
l’occupation israélienne en Palestine et
la question de l’eau » avec la
participation d’un député européen et
celles, tout aussi choquantes, contre
l’exposition « In between Wars »
organisée par Médecins sans Frontières à
la Maison des métallos.
A l’heure où le gouvernement
Netanyahou mobilise des moyens sans
précédent pour tenter de contrer
l’impact de la campagne internationale
anti-raciste et non-violente BDS, ce
vote révèle de façon honteuse la
capacité d’influence et de nuisance du
lobby des inconditionnels d’Israël.
Capacité de nuisance, car le vote de
Paris, ville symbole s’il en est,
contribue à coup sûr à affaiblir et
décrédibiliser la diplomatie française.
Celle-ci même qui est régulièrement
malmenée par un Nétanyahou qui a bien vu
dans les deux vœux du Conseil de Paris
un motif d’encouragement à sa politique
de fuite en avant.
Capacité de nuisance encore, car en
laissant un lobby communautaire
influencer de la sorte la politique
française, non seulement dans ses
relations avec l’Etat d’Israël mais
aussi sur le plan fondamental des
libertés publiques, c’est la cohésion de
la société française et son pacte
républicain que vous mettez ainsi en
danger.
Vous êtes, Monsieur Cambadélis, le
premier responsable du Parti socialiste
au nom duquel Madame Anne Hidalgo et ses
amis ont agi.
Nous pensions jusqu’à présent que
votre parti était en accord avec les
positions prises par le Conseil de
l’internationale socialiste les 6 et 7
juillet dernier à New York qui
précisait : « Le temps est venu pour la
communauté internationale (de manière
collective) de s’acquitter de sa
responsabilité en vertu du droit
internationale de mettre fin à
l’occupation et à tous les obstacles
empêchant le peuple palestinien
d’exercer son droit à
l’autodétermination ».
http://www.internationalesocialiste.org/images/dynamicImages/files/1_%20FINAL%20Palestine-French%281%29.pdf
De même avec les positions prises au
sommet du Cap de l’Internationale
socialiste du 30 août au 1er septembre
2012 qui disait expressément que « Les
produits des colonisations, qui
utilisent les terres et ressources
palestiniennes, doivent être
boycottés. »
http://www.internationalesocialiste.org/viewArticle.cfm?ArticlePageID=1696
Devons-nous penser que le PS français
tourne le dos aux positions de
l’Internationale socialiste et fait
désormais sienne la rhétorique
israélienne qui occulte le blocus de
Gaza, l’occupation de la Cisjordanie,
l’extension des colonies, l’annexion de
Jérusalem Est avec son cortège
d’expulsions et de démolitions de
maisons, les multiples discriminations
et entraves à la circulation des
Palestiniens sur leur propre
territoire ?
Une telle attitude ne peut
qu’éloigner toute perspective d’une paix
juste et durable entre Palestiniens et
Israéliens et encourager la fuite en
avant des dirigeants israéliens qui
menace d’aggraver le chaos régional. Il
est de l’intérêt de tous, et en
particulier des peuples d’Europe, de s’y
opposer sans faiblesse.
Je souhaite pouvoir vous rencontrer
rapidement pour voir comment le Parti
socialiste, avec tous ceux qui
s’expriment en son nom, entend revenir
enfin aux principes du droit des peuples
et de la solidarité internationale. Dans
cette attente, je vous prie de croire,
Monsieur le Premier secrétaire, en toute
ma considération.
Le Président de l’AFPS Taoufiq Tahani
Le
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