Palestine
« En 30 ans, notre mouvement s'est
développé et consolidé, et nos moyens se
sont accrus »
Ziyad Nakhalé
Ziyad Nakhalé, dit Abu Tariq, secrétaire
général adjoint
du mouvement du Jihad islamique en
Palestine
Jeudi 12 octobre 2017
Résumé de l’interview de Ziyad Nakhalé,
adjoint du secrétaire général du
Mouvement du Jihad Islamique en
Palestine
A l’occasion du 30ème
anniversaire de la naissance du
mouvement (1987 – 2017), la chaîne al-Mayadeen
a mené une interview avec le dirigeant
Ziyad Nakhalé, au cours de laquelle il a
expliqué la position de son mouvement
quant aux efforts de réconciliation
entre le Hamas et le Fateh, au Caire,
quant aux constantes et variantes pour
le mouvement dans sa lutte et résistance
contre l’occupation sioniste de la
Palestine. Il a abordé le développement
de son mouvement en 30 ans, et l’apport
important de sa branche armée, les
brigades al-Quds, dans la résistance aux
agressions sionistes, que ce soit dans
la bande de Gaza ou le reste du pays. Il
a également dénoncé les tentatives de
normalisation des relations entre des
régimes arabes et l’entité sioniste.
Constantes et
variantes :
Pour le Mouvement
du Jihad islamique en Palestine, les
constantes sont les principes du
mouvement, depuis sa naissance : la
Palestine, du fleuve à la mer, est la
patrie du peuple palestinien ; refus de
reconnaître l’occupant, quelles que
soient les pressions exercées ; l’unité
du peuple palestinien, dans la patrie et
l’exil ; le droit à la résistance
jusqu’à la libération de la Palestine.
Quant aux
variantes, ce sont les positions envers
ce qui est proche de ces constantes et
ce qui s’en éloigne. « Nous avons un
réseau de relations avec des partis et
des pays », en fonction de ce principe.
« Notre position est claire, elle
distingue entre l’ennemi et l’ami, et
entre ceux qui sont avec ou contre la
résistance ». Nous ne pouvons pas
reconnaître les frontières de 67, même
si d’autres les reconnaissent en tant
que programme provisoire. D’ailleurs,
ces frontières sont « une tromperie »,
et l’entité sioniste ne les accepte pas,
puisqu’elle y a installé ses colonies. A
la question de savoir si cette position
de principe n’isole pas le mouvement du
reste des formations palestiniennes, M.
Nakhalé a répondu que le fait que son
mouvement soit isolé à cause de son
attachement aux principes de la lutte et
de la résistance pour libérer la
Palestine est plutôt un honneur. Car de
qui ou de quoi est-on isolés ? « d’être
au service de l’occupant, ou de nos
principes ? »
Il est vrai que la
situation actuelle est très difficile,
mais le mouvement a déjà vécu des
moments semblables, après les accords
d’Oslo. Son fondateur et premier
secrétaire général, le martyr dr. Fathi
Shiqaqi, a été assassiné par le Mossad,
et le mouvement, cadres, dirigeants et
militants, ont été poursuivis, arrêtés
et même tués, par ceux qui se sont
installés sur un bout de la Palestine,
après ces accords. Mais « nous avons
maintenu nos principes et notre ligne »
malgré les pressions et les conditions
difficiles faites aux résistants.
Aujourd’hui, le mouvement est beaucoup
plus ancré dans la société
palestinienne, partout en Palestine et
dans le monde. « Nous sommes en
meilleure position » qu’à l’époque des
accords d’Oslo, et « nous avons des
dizaines de milliers de combattants ».
Quant aux Brigades
al-Quds, la branche armée du mouvement,
son développement est qualitatif, et
quantitatif à la fois. Elles ont mené de
grandes batailles en Cisjordanie, et
aujourd’hui, elles sont incontournables
dans la bande de Gaza. En Cisjordanie,
la situation est difficile, à cause des
arrestations et des poursuites par
l’occupant et l’Autorité palestinienne à
la fois, des militants du mouvement.
Même les étudiants et les membres des
associations de soutien aux familles des
martyrs et des prisonniers sont
poursuivis. Dans la bande de Gaza, la
présence des Brigades est incontestable,
elles ont mené des batailles contre
l’occupant, et des centaines de martyrs
sont tombés. Les moyens qu’elles
possédaient en 2014 se sont plus que
multipliés depuis, elles peuvent
résister à toute agression et protéger
la bande de Gaza. « Nous avons des
capacités et des moyens », et « nous
avons confiance dans nos capacités ».
Ordre d’assassiner
dr. Ramadan Shallah
« Nous sommes un
mouvement de résistance, des
combattants », et le mouvement s’attend
depuis sa naissance à être poursuivi par
ceux qui soutiennent l’entité sioniste.
Pendant 20 ans, dr. Ramadan a consolidé
le mouvement en tant que secrétaire
général, il a maintenu la vision claire
du mouvement envers le conflit et le
rôle des Palestiniens dans ce conflit,
et ses cadres et dirigeants ont
développé des capacités importantes. Le
dirigeant du mouvement est non pas
seulement recherché par le FBI, mais
l’ordre fut donné de l’assassiner, à la
différence de tous ceux qui figurent sur
cette liste, parce qu’il a réussi à
maintenir le cap et à multiplier les
capacités du mouvement. Pour les ennemis
de la Palestine, il est gênant. Il est
visé par ceux qui veulent liquider la
question palestinienne. En Cisjordanie,
le mouvement vit des moments difficiles,
il est visé à cause de sa ligne
politique, ses principes et ses
constantes, et des pressions sont
exercées pour qu’il les modifie.
La réconciliation :
les craintes
« Nous avons
appelé et nous approuvons la
réconciliation, afin de régler les
problèmes humains et économiques » de la
population dans la bande de Gaza, et
pour rompre blocus « c’est le droit des
gens ». La crainte exprimée par le
mouvement concernant la réconciliation
en cours au Caire, entre les mouvements
Hamas et Fateh vient du fait d’abord que
l’entité « israélienne » et les
Etats-Unis l’ont approuvée et ont donné
le feut vert, ce qui signifie que cette
réconciliation est menée dans le cadre
d’un projet américain, le projet appelé
« règlement du siècle », qui est la
liquidation de la question
palestinienne.
Il y a la question
des armes de la résistance, qui suscite
la crainte. Pour le mouvement, la
question ne doit pas être abordée, car
la réconciliation concerne uniquement
les questions humaines et économiques.
Des voix se sont exprimées à ce sujet,
disant vouloir en finir avec les armes
de la résistance, mais au cours des
discussions du mouvement avec l’Egypte,
cette dernière avait assuré que ni la
question de la résistance, ni ses armes,
ne sont concernées par la
réconciliation. « Pour notre part, nous
ne remettrons pas les armes ! » La
crainte vient aussi du fait que jusqu’à
présent (10/10), le mouvement Hamas a
fait des pas en direction de l’Autorité,
mais cette dernière n’a encore fait
aucun pas en direction de la bande de
Gaza et de Hamas. Ce qui laisse croire
que le prix à payer serait plus grand
que ce le Hamas a déjà payé. Il a aussi
la question du programme qui sera adopté
par le gouvernement de l’Autorité :
est-ce qu’il compte mener des
négociations avec l’entité de
l’occupation ? « Après avoir livré 80%
de la terre de Palestine aux occupants,
va-t-il négocier sur les 20% qui
restent ? » C’est pourquoi il faut
discuter entre Palestiniens pour adopter
un programme unitaire, où il serait
interdit de négocier par quiconque.
Personne n’a le droit de négocier au nom
du peuple palestinien. Ce n’est pas
parce qu’une formation a mené une
résistance il y a 50 ans qu’elle a le
droit de négocier au nom du peuple tout
entier. « Si une partie des formations a
changé de position, devons-nous changer
la nôtre ? »
L’adjoint du
secrétaire général du Mouvement du Jihad
islamique en Palestine a réaffirmé la
position du mouvement envers l’Autorité
et les élections législatives ou
présidentielles qui y sont organisées,
qui est le refus de participer à toutes
ces élections, car l’Autorité
palestinienne issue des accords d’Oslo
n’exerce aucune souveraineté sur la
Palestine, elle sert plutôt à masquer
l’occupation, cette autorité aide
l’occupant, poursuit les combattants et
ne protège pas le peuple palestinien.
Quelles que soient les pressions
exercées, passées ou futures, le
mouvement ne participera pas aux
élections organisées dans ce cadre.
La normalisation
avec l’occupant : une menace et un crime
Il est vrai que le
mouvement a publié un communiqué très
fort, il a quelque temps, contre les
Etats qui cherchent à normaliser leurs
relations avec l’entité coloniale.
« Notre position est très claire quant à
la normalisation, nous la refusons
absolument, et nous avons le droit de
nous mettre en colère, en cas de
normalisation », car le mouvement
considère qu’il est du devoir des Etats
arabes d’aider la Palestine et les
Palestiniens, et non de leur donner des
coups de poignard dans le dos. « Nous
avons le droit de crier, car les Etats
arabes ont des responsabilités envers la
Palestine », et ces relations de
normalisation avec l’occupant visent la
Palestine et les Palestiniens. Pour le
mouvement, qui se rapproche vers
l’occupant, prend ses distances avec la
Palestine.
Les Etats arabes
ont une responsabilité envers la
Palestine, et n’ont pas le droit de
normaliser leurs relations avec l’entité
sioniste. Ils doivent aider les
Palestiniens à résister. Et parce que
les relations du mouvement sont
tributaires de la position des partis et
Etats arabes envers la Palestine et la
résistance, le mouvement a des relations
historiques avec le Hizbullah, au Liban,
« avec qui nous sommes dans le même
front, contre « Israël ».
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