EODEPRESS OFFICE/
GEOPOLITIQUE AFRICAINE
Luc Michel analyse le sommet de Niamey
sur ‘La Voix de la Russie’
Luc Michel
Photo:
D.R.
Samedi 24 janvier 2015
EODE Press Office & La Voix de la
Russie/ 2015 01 24/
Interview de Luc MICHEL par Igor YAZON
sur RADIO SPUTNIK (La Voix de la Russie
/ Rossiya Segodnya) le 24 janvier 2015 :
"L’Afrique engage une guerre contre Boko
Haram".
Luc MICHEL analyse le SOMMET DE NIAMEY :
Les faits, les protagonistes,
l’arrière-plan géopolitique, les
non-dits, le dessous des cartes et les
véritables agendas. Mais aussi la
situation au Cameroun, au Tchad et au
Nigeria, ainsi que la montée en
puissance de Boko Haram …
PODCAST AUDIO de Luc MICHEL (avec intro
sur le sommet de LVDLR) et
ARTICLE de Igor YAZON sur :
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646896/282392030/
# L’ARTICLE DU JOURNALISTE RUSSE IGOR
YAZON (ROSSIYA SEGODNYA) :
« L’AFRIQUE ENGAGE UNE GUERRE CONTRE
BOKO HARAM »
Extrait : « La décision de la Commission
du bassin du lac Tchad regroupant le
Nigeria, le Niger, le Cameroun et le
Tchad de former les forces collectives
pour lutter contre le groupe Boko Haram
a été adoptée fin 2014.
Malheureusement, aucun des quatre pays
ne se hâtait de tenir la promesse de
réserver à ces fins ses 700 soldats. Les
commandos du groupe en ont profité ayant
engagé l’offensive contre le territoire
appartenant au Cameroun long de cent et
large de 60 kilomètres entre le Nigeria,
la rivière Shari, frontière naturelle du
Tchad, et le littoral Sud du lac. Les
commandos de Boko Haram ont pris
d’assaut début janvier la ville
stratégique de Baga dans le Nord-Est du
Nigeria à 200 kilomètres de N’Djamena,
capitale du Tchad. Leur succès a poussé
enfin les pays voisins de la région à
entreprendre les démarches décisives. Le
sommet de 13 pays africains et non
africains avec la participation des
délégués de l’UA et de plusieurs
organisations régionales s’est réuni le
20 janvier à Niamey, capitale du Niger.
Le chef de la diplomatie tchadienne a
dit en ouvrant la réunion : « La
situation sécuritaire au Nigeria et dans
le bassin du lac Tchad s'est
considérablement dégradée. La montée en
puissance de Boko Haram traduit notre
lenteur et notre incapacité à lui
opposer une réponse robuste. Nous
assistons, comme ce fut le cas au Mali,
à la perte de souveraineté du Nigeria
sur des pans entiers de son territoire
et à l'exportation de la violence aux
pays voisins ».
A la fin du sommet ses participans ont
pris notamment la decision d’accélérer
la mise en oeuvre de la force régionale,
à laquelle participent le Cameroun, le
Niger, le Nigeria et le Tchad. Le Tchad
a réagi le premier ayant envoyé au
Cameroun une colonne de 400 blindés avec
des soldats. Ainsi, une guerre réelle
contre Boko Haram a commencé dans la
région du lac Tchad ».
# RESUME (TRANSCRIPTION ECRITE) DE
L’INTERVIEW DE LUC MICHEL :
La Voix de la Russie :
Comment appréciez-vous la réunion à
Niamey et la guerre contre les
djihadistes nigérians ?
Luc MICHEL :
Le sommet à Niamey avait pour but
d’approuver officiellement le
recrutement des forces régionales pour
prêter concours au Cameroun, principale
cible de l’offensive de Boko Haram. La
réunion a été ouverte. Les pays
occidentaux, l’UE et l’Africom –
Commandement militaire américain pour
l’Afrique y ont pris part. Ces derniers
entendaient conserver leur influence sur
cette région africaine.
Qu’est-ce qui se produit dans ces pays ?
Boko Haram très bien armé a dirigé ses
détachements contre le Cameroun. Le
Cameroun est aujourd’hui la cible de
trois offensives : de la part des
djihadistes, de la pression de certains
groupes internationaux subordonnés à
George Soros et enfin de l’offensive
diplomatique. Le président Obama insiste
sur les présidentielles et la démission
de l’actuel leader Paul Biya en 2015. Il
n’y aura pas cette année de
présidentielles au Cameroun.
En ce qui concerne le Tchad, ce pays a
la meilleure armée dans la région. Le
pays est en guerre depuis plus de trente
ans et le président Déby a créé une
armée très forte. L’armée tchadienne
était il y a deux ans l’alliée des
Français dans leur guerre contre les
djihadistes dans le Nord du Mali. Le
Cameroun a lui aussi une bonne armée
mais elle n’a pas d’expérience de lutte
contre les méthodes de la guérilla
employées par les djihadistes de Boko
Haram.
Deux versions de recrutement des forces
de réaction rapide sont envisagées en
Afrique. Ainsi, la Guinée équatoriale a
envisagé d’abord les forces régionales
qui seraient ensuite transformées en
forces continentales de réaction rapide.
La Guinée équatoriale avait déjà proposé
au Nigeria d’envoyer de telles forces
mais Abuja a décliné son initiative,
comme on prétend, sous la pression de
Washington. Celui-ci impose à l’Afrique
sa variante : la présence totale de l’Africom
sur le continent.
Les alliés principaux des Etats-Unis :
Kenya, Ouganda et Rwanda se prononcent
pour ce scénario. Cependant, les
Etats-Unis n’y avaient dans le passé
récent qu’une base militaire : à
Djibouti. Actuellement les Etats-Unis
ont plus de trente bases et ont annoncé,
selon l’ambassade américaine à Abuja,
l’aménagement d’encore une base : la
plus grande au Nigeria avec emploi de
drones et de satellites dans l’ensemble
de l’espace aérien du continent.
Bref, la lutte contre Boko Haram sera
une entreprise très compliquée et
prolongée ne fut-ce que pour cette
raison que l’armée nigériane, l’armée du
pays le plus riche en Afrique, évite
parfois les affrontements avec Boko
Haram pour des motifs politiques en
prévision des présidentielles qui auront
lieu cette année au Nigeria. L’Europe
pourrait sans doute aider l’Afrique dans
la guerre contre les djihadistes.
Il convient d’évoquer la réaction
bruyante des Français à l’attentat
contre Charlie Hebdo. Ceux qui l’ont
inspiré ont été identifiés en un jour.
Un satellite suffirait pour détecter les
déplacements ou les camps des
djihadistes dans n’importe quel endroit
du continent africain. Or, l’Occident
n’y est pas intéressé : le regain
d’activité des djihadistes lui permet de
conserver sa présence sur le continent
et d’influer sur les processus
politiques et les autorités par crainte,
en particulier, de concurrence de la
part de la Chine ou même de la Russie
qui reprend graduellement ses activités
sur le continent. C’est pour ça qu’en
rejoignant la guerre contre les
djihadistes en Afrique, l’Occident les
soutient volontairement ou
involontairement en se réservant par là
même l’Afrique avec ses richesses
naturelles.
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