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STATO & POTENZA - Entretien

La ‘Grande-Europe’ contre l'occupant US

Luc Michel

Vendredi 10 janvier 2014

Entretien de Luc MICHEL, président du PCN,
avec ‘STATO & POTENZA’ (« journal d’information socialiste », Italie)
sur le PCN, son Organisation transnationale, son idéologie le « Communautarisme européen », sa praxis et ses 30 ans de combat pour la Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik …

PCN-SPO / PCN-TV / STATO & POTENZA /
2014 01 07 /

Interview italienne « La “Grande-Europa” contro l’occupante USA »
sur ‘STATO & POTENZA’ :
http://www.statopotenza.eu/9861/la-grande-europa-contro-loccupante-usa

Video de l’interview originale (Français) de PCN-TV sur :
https://vimeo.com/83462952

# STATO & POTENZA :
Quelles sont les principales positions économiques, sociales, politiques et géopolitiques de votre organisation, le PCN, le Parti Communautaire National-européen ?

Luc MICHEL : Nous partons d'abord d'une vision socio-économique, qu'on appelle le « Communautarisme européen », conçu au début des Années ‘60 (rien à voir du tout avec les « communautaristes » américains comme Amitai Etzioni, apparus en 1991) et que nous concevons comme « le Socialisme du XXIeme siècle ». Le Communautarisme européen  c’est une doctrine, avec une vision globale du monde – ‘Weltanschauung’ disent les philosophes allemands -, idéologique, géopolitique, éthique, philosophique …
De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une société solidaire, d'une société où existe la justice sociale, d'une société où c'est l'Etat qui commande au monde économique. Mais c'est également un Socialisme correctif. C'est-à-dire que nous avons tiré dès la fin des années ‘60 les conséquences de l'échec économique du Marxisme-Léninisme qui s'annonçait déjà alors. Et nous sommes donc pour une économie où existe un marché strictement contrôlé par l'Etat pour la petite production. C'est-à-dire les magasins, la production agricole, etc. Par contre, ce qui compte pour nous, c'est le rôle dans l'économie d'une entreprise au niveau stratégique, au niveau militaire, au niveau des intérêt pour l'Etat.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il ne nous dérange pas qu'un fabriquant de bicyclette puisse être une gigantesque firme, mais par contre tout le secteur militaro-industriel, tout le secteur de la production d'énergie, doivent être contrôlé par l'Etat.

Cela est une forme de Socialisme. C'est le contenu.
Le contenu doit exister dans un contenant. C'est la dimension.
Nous avons constaté que toutes les expériences socialistes qui avaient essayé de se développer dans un petit pays avaient échoué. Il existe une dimension minimale pour réussir un socialisme scientifique. C'est un Etat de grande dimension. Comme l'a été l'Union Soviétique. Comme l'a été, mais beaucoup moins, l'ancienne Yougoslavie. Ou comme l'a été à un moment donné la Chine.
Cet Etat pour nous est assez simple à définir. C'est ce que nous appelons la ‘Grande-Europe’, c'est-à-dire l'unification continentale de Vladivostok, en Russie d'Extrême-Orient, jusqu'à Reykjavík en Islande.  Et du Québec jusqu'au Sahara.
Cette vision, en partie, mais je pense que c'est une de vos questions suivantes, rejoint les thèses sur l'Eurasisme, un thème que nous avons resorti, lui, dès 1984.
Nous avons développé cette vision de la Grande-Europe à partir du début des années ‘60. Avec le fondateur de notre Organisation transnationale, Jean THIRIART. Et nous l'avons redéveloppée et adaptée à partir des années ‘80 et notamment en tenant compte de l'échec de l'expérience soviétique.

# STATO & POTENZA :
Et comment se situe politiquement le PCN en tant que parti dans tout cela ?

Luc MICHEL : Nous sommes évidemment un parti d'opposition radicale au Système. Nous sommes opposés aux partis traditionnels. Et nous sommes opposés bien entendu à l'occupation impérialiste de l'Europe par les Etats-Unis et l'OTAN.
Nous nous définissons en fait comme un parti d'opposition extra-parlementaire. Entre 1995 et 1999, nous avons été représenté dans plusieurs institutions parlementaires belges, notamment le ‘Parlement wallon’, le ‘Parlement de la Communauté française de Belgique’, et dans l'équivalent d'un conseil régional français qui est le ‘Conseil provincial du Hainaut’.
Nous en avons retiré une expérience totalement négative. Ce milieu est corrompu et corrupteur, inefficace et impuissant. Et nous ne pensons plus du tout que le parlementarisme bourgeois soit une solution et qu'il soit possible d'y trouver une solution. Nous sommes donc un mouvement extra-parlementaire.

# STATO & POTENZA :
En particulier, vous défendez une idéologie européiste, celle de la Grande-Europe.
Que pensez-vous donc de l'Union Européenne ?

Luc MICHEL : Nous dirions que notre vision de l'Union Européenne a changé. Lorsque Jean THIRIART a défini dans les années ’60 ses thèses sur la Grande-Europe, qui évoquait déjà dès 1962-64 une Grande-Europe jusqu'à Vladivostok – THIRIART comme moi-même avons toujours dit que « la Russie c'est aussi l'Europe » – notre conception était que l'Union Européenne était une étape. Une étape justement qui irait d’un processus fédéral ou confédéral vers l'évènement d'une Grande-Europe.
Malheureusement, au fils des années, nous avons constaté que l'Union Européenne trahissait l'idée européenne. Cela a commencé à partir du Traité de Maastricht. Ce fut ensuite l'Acte unique, la tentative de Constitution européenne. C'est-à-dire, que petit à petit, l'Union Européenne, d'un grand projet libérateur et unificateur de notre continent, est devenu simplement le bras politique de l'OTAN.
Par ailleurs, le projet de l'Union Européenne est exclusivement un projet qui suit l'agenda de l'OTAN. C'est un projet anti-russe. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement en Ukraine pour en avoir un exemple actuel.
Lorsque vous regardez les deux grandes opérations de politique étrangère de l'UE, ce que l'on appelle la PESC (la Politique européenne de Sécurité collective), et d'autre part le « Partenariat oriental » (Eastern Partnership) dont le but est de détacher la Géorgie, l'Arménie, le Bélarus, l'Ukraine, la Moldavie de la sphère d'influence russe - ce que les russes appellent « l'étranger proche » - on constate que l'OTAN domine totalement l'UE.

Cependant, et c'est là-dessus que nous divergeons totalement avec les anti-européens, ceux qu'on appelle les « eurosceptiques », nous pensons ‘qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain’.
Il y a d'une part dans l'UE les politiciens. Pour parler plus clairement, les représentants du « parti américain » ; que ce soit la social-démocratie, la démocratie-chrétienne, les vert-kakis ou les libéraux, ce sont tous les gens qui représentent la domination nord-américaine.
Mais à côté de ça, il y a un outil de puissance, c'est notamment l’administration de la Commission Européenne, c'est l'appareil unificateur qui tourne autour des institutions européennes, c'est le début d'une classe technocratique européenne (terme non péjoratif pour nous). Ce sont des gens qui ne s'occupent pas de politique. Ce sont des cadres ou des fonctionnaires. On peut parler à leur sujet de technocratie mais il faut des technocrates pour faire un Etat. Comme les ‘Siloviki’ en Russie. Ce que eux construisent, c'est un outil de puissance. Cet outil, il peut exister comme maintenant en tant qu’outil au service de l'OTAN et des USA. Mais il peut exister aussi demain au service de la Grande-Europe.
Vous devez savoir que dans l'histoire du colonialisme, qu'ils soit français, britannique, italien, etc. , ce sont souvent les colonisateurs qui ont créé les conditions d'unification des colonies. C'est ce qui se passe pour nous en Europe de l'Ouest et centrale.
Nous suivons et attendons deux grands phénomènes. C'est-à-dire d'une part le développement de cette classe européenne qui est fréquemment humiliée par les nord-américains. Lorsque vous parlez à beaucoup de diplomates, à des grands fonctionnaires qui ne sont pas des gens de la politique politicienne, il y a une humiliation par rapport à ce qu'ils sont et ce qu'ils font dans l'Europe. Prenez également l'exemple des militaires qui ne sont dans l’OTAN que l'infanterie coloniale du Pentagone.
A côté de cela, il y a un second phénomène. C'est la monté de l'anti-américanisme au sein des masses européennes.
Nous disons que la condition d'une révolution en Europe est double : c'est la jonction entre d'une part la classe technocratique transnationale européenne et les masses anti-américaines. Et, puisque nous sommes aussi des Léninistes, les héritiers de « Que faire ? », d'un parti révolutionnaire de Cadres – ce que nous appelons un « Parti historique révolutionnaire » -. Et c'est à cela que notre Organisation travaille…

# STATO & POTENZA :
Venons-en à la question qui déchire l'Union Européenne :
que pensez-vous de l'Euro et de la crise financière ?

Luc MICHEL : Je pense qu'il y a actuellement une très grande confusion entre les causes et les conséquences de cette crise.
La cause de l'actuelle crise financière c'est quoi ?
C'est la mondialisation ultra-libérale. C'est l'économie mondialisée sous domination nord-américaine. Et c'est l'appétit économique, l'appétit consumériste des banksters (un vocable qui n’est pas une invention du fasciste belge Degrelle en 1934 mais de la propagande du KPD dans l’Allemagne des Années ’20). Le terme n'est pas trop fort puisqu'il s'agit de cela exactement !
La crise de l'Euro est une des conséquences de cela. Ce n’est pas comme beaucoup d'Eurosceptiques le prétendent la cause. Il y a eu en décembre à Athènes une réunion de partis eurosceptiques, dont certains ont des animateurs honorables, mais qui se trompent lorsqu'ils croient que l'Euro est la cause et qu'il faut sortir de l'Euro.

Nous sommes au cœur d'une crise économique et financière. Derrière cela, il y a une guerre économique.
Il y a tout d'abord la guerre économique Europe-USA qui existe depuis la fin des années ‘70. J'ai beaucoup écrit moi-même dès 1984-1985 sur cette guerre économique. C'est ce que j'appelle la « contradiction interne de l'Union Européenne ». On a d'une part une domination, une alliance complète militaire et politique avec les USA, c'est l'Atlantisme. Mais parallèlement à cela, le principal ennemi économique des USA, c'est précieusement l'Union Européenne.
A cela s'ajoute la guerre des monnaies.
Cette guerre fut longtemps une partie à deux. L'Euro contre le Dollar US. Il y a une spéculation grâce à la crise. Le semblant de prospérité américaine, les réponses d'Obama à la crise, reposent beaucoup sur la manipulation du Dollar et la destruction de l'Euro. Il faut voir les campagne d'un Georges Soros, le financier international qui est le conseiller économique d'Obama, contre l'Euro.
A cela s'ajoute maintenant une autre guerre. C'est la guerre que fait la Chine au niveau financier. La guerre du Yuan contre à la fois l'Euro et le Dollar.
Vouloir dans ces conditions revenir en UE à l'ancien système, c'est-à-dire de toute une série de monnaies de petits états, c'est se tromper de dimension.
J'insiste, et Jean THIRIART avant moi, sur la question de la ‘dimension européenne’. Il y a des gens en France qui se trompent de dimension. Montebourg par exemple au sein de la social-démocratie qui joue un théâtre sur la France. Rappelons qu'il est un des « Young Leaders » recrutés et formés par la ‘French-American Foundation’, une des multiples officines du « parti américain ». Il y a aussi des petits-nationalistes, la plupart à droite, qui également voudraient revenir à une Grande France, une Grande Italie, une Grande Espagne, etc.
Tout ça n'est pas crédible. Nous sommes à l'heure des grands ensembles. Nous sommes face à une Chine de près de 1,5 milliards d’hommes. La force des Etats-Unis c'est aussi d'être un grand marché unitaire. Et nous devons l'être aussi.

# STATO & POTENZA :
Quelle est donc selon-vous la solution à la crise ?
Cette solution existe-t-elle ?

Luc MICHEL : La solution à la crise, elle existe. Mais elle n'existe pas au sein du système capitaliste.
La solution à la crise quelle est-elle ?
C'est une théorie qui existe depuis longtemps. Elle a été définie par Friedrich List qui est un économiste allemand au XIXeme siècle. C'est l'homme qui a créé, pensé le « Zollverein », l'Union douanière allemande, qui a permis l'unification allemande ensuite par Bismarck.
Quelle est cette théorie ?
C'est celle du « Nationalisme économique ». Et aujourd'hui celui-ci se doit d'être européen. Il doit s'inscrire dans une volonté. D'une part, la fusion des économies des deux Europe : celle de l'Union Européenne et celle du Bloc russe de l'Union douanière (le futur ‘Espace Economique Eurasiatique’). Nous sommes complémentaires. Nos intérêts sont les mêmes. Nous sommes la même culture, la même civilisation.
A ce bloc doit être rattachée également la Turquie et l'ensemble de l'Espace méditerranéen. 
La solution elle est simple. Les trois Rome - la première Rome. Celle de l'Italie. La seconde Rome. Byzance, aujourd'hui Istanbul. La troisième Rome qui est Moscou - doivent s'unir pour former la quatrième Rome, la Grande-Europe unitaire et communautaire !
Cela suppose évidemment les liens totalement coupés et une situation conflictuelle, que nous assumons parfaitement, avec l'impérialisme américain.

# STATO & POTENZA :
Vous avez commencé l’action du PCN en Belgique, il y a trente ans. La Centrale du PCN est installée à Bruxelles.
Dans quelle situation est la Belgique ?

Luc MICHEL : Une précision tout d’abord. Le PCN est une Organisation transnationale unitaire. Nous sommes né un peu par hasard en Belgique. Tout simplement comme déjà dans les années ‘60 Jean THIRIART était belge de passeport. Je précise ceci puisque comme moi il se considérait comme un ‘Français de Belgique’. Nous avons développé le Parti à partir évidemment de cet espace régional là. Mais nous n'avons pas d'attachement particulier à la Belgique. Ni à aucun état européen actuel. Nous sommes transnational. Notre Centrale est à Bruxelles. Mais nous avons des Secrétariats à Paris, en Moldavie, en Russie. Notre Secrétaire-Générale, Fabrice BEAUR, est installé en Russie depuis plusieurs années. Nous sommes présent dans la Caucase près de Sotchi et à Moscou. Nous sommes tout à fait détachés de toute sentimentalité petite-nationale.

La question de la Belgique se pose tout de même puisque nous avons démarré là-bas, que nous nous battons aussi là-bas. Certaines de nos structures sont de Droit belge. Et nous menons une guerre contre « l'état belge » depuis maintenant plus de 25 ans. Que celui-ci nous a imposée.
De quoi s'agit-il ? Simplement, pour des intérêts qui sont liés à la particratie belge, ou des intérêts liés à ceux de l'OTAN, « l'état belge » nous fait subir une répression rampante. Je vis moi-même depuis deux décennies dans des procès à répétition, des attaques politiques, administratives, judiciaires, fiscales, policières, qui sont menées contre les structures du PCN et moi-même.
Nous n'avons donc pas de sympathie pour l’Etat belgicain. Nous ne sommes pas du tout des gens qui ‘lorsqu'on les frappe sur la joue droite tendent la joue gauche’. Nous répondons par un coup de poing dans la gueule.
Nous sommes donc des adversaires résolus de « l'état belge ».
Nous soutenons actuellement toutes les tentatives d'où qu'elles viennent visant à la dissolution de « l'état belge ».
Cela veut dire les forces républicaines, à droite en Flandre, à gauche en Wallonie. Il y a en effet un ‘mouvement rattachiste’ francophone qui voudrait que Bruxelles et la Wallonie face retour à la République française, dont nous avons été citoyens sous la Première République jacobine et le premier Empire français. C'est notamment un mouvement électoraliste qui se nomme le ‘Rassemblement Wallonie-France’. On appelle cela le ‘rattachisme’. Nous soutenons cela aussi.

# STATO & POTENZA :
Vous partagez donc les analyses de ceux qui décrivent la Belgique comme un « non-état » ?

Luc MICHEL : La Belgique, c'est un état failli, un non-état.
C'est un état artificiel qui a été crée en 1830. Certains ont parlé de « monstre géopolitique ». Il a été créé pour empêcher la puissance impériale française de renaître. Il s'agissait pour les britanniques de contrôler la ville d'Anvers. Ensuite, on a installé une monarchie parasitaire. C'est la dynastie des Saxe-Cobourg. Des cousins des Windsor britanniques. Ce sont des gens qui ont mis le pays en coupe réglée, qui ont lancé sous le roi Léopold II la Belgique dans une immonde aventure coloniale au Congo. Vous devez savoir que les camps de concentration non pas été inventé par les britanniques lors de la guerre contre les Boers, ils n'ont pas été inventé par Adolf Hitler qui n'a fait que généraliser le principe, ils ont été inventé par les hommes de mains du roi Léopold II au Congo. Cette dynastie est encore en place. Le dernier, c'est le roi Philippe qui vient d'accéder au trône. C'est une classe de parasites. Autour d'eux, existe une classe politicienne, médiatique et du show-business également. Compter les nobliaux, les particules de l'ancien régime sur les ondes de la RTBF (radio et TV francophone d'état) et vous verrez ce qu'est le système belge.

Parlons franchement !
La Belgique est très importante actuellement car c'est le verrou géopolitique de l'Union Européenne.
Elle a longtemps servit de modèle et la classe politicienne belge, en particulier la démocratie-chrétienne belge, fournit maintenant depuis 50 ans les pseudo-dirigeants de l'Union Européenne. Beaucoup d'ailleurs avant de diriger l'Union Européenne commencent par être Secrétaire-Général de l'OTAN.
Cette classe politique est évidemment soutenue par les Etats-Unis, l'OTAN, l'Union Européenne qui ne veulent pas voir Bruxelles et la Wallonie, où se trouvent justement le siège de toutes ces structures, se dissoudre. Ce qui se passe en Belgique, c'est quelque chose de capital.
Il faut savoir simplement une chose, et nous sommes parfois mal compris où certains veulent volontairement mal nous comprendre sur ce sujet, la seule force politique actuellement en Belgique qui a la capacité de faire éclater « l'état belge », c'est le Nationalisme flamand. C'est pour cela qu'au PCN nous avons d'excellents rapports politiques avec les formations nationalistes flamandes. Même si idéologiquement, nous sommes très loin les uns des autres.
Eux ont la puissance politique et électorale. Lorsque la Belgique éclatera (cela peut arriver rapidement ou lentement, la Belgique c'est un cadavre en décomposition dans lequel on a maintenu une apparence de vie) , lorsque cela arrivera, il y aura nous l'espérons un effet de domino en Europe.

# STATO & POTENZA :
La France occupe une grande place dans vos réflexions.
Vous avez beaucoup écrit déjà il y a 20 ans sur l'Axe Paris-Moscou. Mais vous dénoncez aujourd'hui l'Axe Washington-Tel-Aviv-Paris.
Dans quelle situation se trouve la France aujourd'hui ?

Luc MICHEL : Il faut tout d'abord comprendre une chose. En géopolitique, il n'y a pas de situation acquise. La géopolitique c'est un rapport de force à un moment historique donné.
Je voudrais tout d'abord vous faire une remarque afin qu'il n'y ait pas de confusion. Je suis né dans la culture française qui est une très grande culture européenne. Mais cela ne fait pas de moi un partisan de la France. Je rappelle que je n'ai pas d'attachement à un état particulier en Europe. Je dirais comme un grand écrivain de Liège en Belgique, Alexis Curvers, que « je suis un citoyen de l'Empire romain ». Le reste, ma patrie actuelle, c'est un projet historique et politique. C’est la Grande-Europe précisément. Et ma Patrie, c'est aussi mon idéologie : le Communautarisme Européen.
La France, c'est un grand pays et elle a un grand rôle géopolitique en Europe. Pour des particularités qui sont liées justement à sa culture. Ce que l'on appelle justement l' « exception culturelle française ».
Le fait que face à l'anti-civilisation yankee, au « Mc World » de McDo, à la malbouffe, au cinéma d'Hollywood, c'est la France qui a le mieux résisté.
Seconde chose à prendre en compte, c'est ce qui fait partie de son héritage politique, c'était le pays du général de Gaulle. Il a été le seul dirigeant européen qui a pris ses distance avec les américains, qui a parlé de la « Grande Europe jusqu’à l’Oural ». Avec la Russie. Lui disait « jusqu'à l'Oural » parce que la Sibérie n'était pas dans les méthodes de pensée de sa génération. Lui a tendu la main à Tito, à Ceaucescu, aux Soviétiques bien entendu. De Gaulle a fait sortir la France de l'OTAN. Lorsque l'Union Soviétique a malheureusement implosé – nous avions annoncé cette implosion dès le début des années ‘80 avec Jean THIRIART – nous avons pensé à un concept de rechange.
Je suis ce qu'on appelle un idéologue. Pour moi, cela n'a pas le sens péjoratif que cela peut avoir dans le langage des sciences politiques occidentales. Je suis quelqu'un qui fournit des modes de pensées, qui diffuse des thèses politiques, qui crée de l'idéologie et qui fournit des scénarios pour l'avenir. Avant d'être un militant politique, avant d'être un organisateur, je suis quelqu'un qui pense.
La question qui s'est posée lorsque l'Union Soviétique a implosé, c'était de trouver une solution de rechange. Jusqu'à ce moment-là, nous avions parlé avec Jean THIRIART de « l'Empire Euro-Soviétique ». C'est-à-dire que nous prônions une unification entre l'Union Européenne et l'Union Soviétique avec comme unificateur l'URSS. L'URSS implosant, la Russie étant humiliée, c'est la décennie tragique d'Eltsine, c'est la décennie des oligarques, c'est le recul de la Russie, c'est la Russie qui laisse détruire la Yougoslavie, qui laisse bombarder Belgrade.
Nous avons donc cherché un concept de rechange, une alternative. Ce concept, c'était l'Axe Paris-Moscou. Nous en avons été les premiers à en parler dès 1992. Et la première apparition du concept d'Axe Paris-Moscou, c'est dans un livre qui était consacré au PCN et qui fut publié en 1993.
D'autres ensuite ont suivi. Notamment, François de Grossouvre, fils d'un ancien conseiller de Mitterrand. L'idée s'est donc popularisée. Quelle était cette idée ? C'était que les deux pôles de résistance à l'américanisation du monde, la France d'un côté avec l'héritage du Général de Gaulle, de l’autre la Russie avec son héritage soviétique évident, s'unissent.

Ce concept a malheureusement cessé d'être opérationnel, et est devenu complètement obsolète avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. De Sarkozy, j'ai dis que c'était un ‘neocon à passeport français’. Qu'est-ce que cela veut dire ? Les neocons, ce sont les gens, les idéologues du régime de Bush Junior. Qu'a fait Nicolas Sarkozy ? Il a importé le néoconservatisme en France. Il a réintégré la France dans l'OTAN. Un ambassadeur américain à Paris a dit que Sarkozy était le plus « pro-américain des présidents français ». C'est vrai !
La France s'est abaissée, s'est revassalisée. Lorsque François Hollande est arrivé au pouvoir, c'est une autre classe de domestiques des nord-américains, la social-démocratie pro-américaine, ce que l'on appelle la « gauche américaine » en France, qui a accédé aux commandes. Le mouvement qu'avait fait Nicolas Sarkozy, Hollande l'a encore approfondi. Et nous sommes arrivé à la situation qui s'est passée en Syrie par exemple, où l'on a vu que le meilleur domestique de la politique d'agression des Etats-Unis contre la Syrie ba'athiste de Bashar el-Assad, c'était la France.
A cela s'ajoute l'influence du lobby sioniste en France et aux Etats-Unis, qui font que ce sont les deux états où ce lobby sioniste a une influence déterminante. L'AIPAC aux USA et le CRIF en France mènent la danse de la politique néoconservatrice.
Le résultat a fait que non seulement l'Axe Paris-Moscou n'existait plus, n'était plus possible, mais que s’y était substitué un Axe Washington-Tel-aviv-Paris. Je regrette que certains maintenant continuent à entretenir des illusions à propos de l'Axe Paris-Moscou. C'est notamment le cas des Eurasistes russes de droite, c'est-à-dire les gens qui suivent Alexandre Douguine. Ils opèrent une vision politique qui ne repose plus que sur du vide.

# STATO & POTENZA :
Cela veut-il dire selon vous que la France a donc terminé son rôle géopolitique en Europe ?

Luc MICHEL : La France a-t-elle terminé avec son rôle géopolitique en Europe ? Question importante !
Je ne le pense pas. Parce qu'il y a un potentiel français.
Ce potentiel français, c'est quoi ? C'est bien entendu la culture, c'est l'anti-américanisme viscéral, les Français sont les plus anti-américains en Europe, et c'est le souvenir de l’œuvre du Général de Gaulle. Je pense qu'un changement de régime arrivera un jour et que la France retrouvera son potentiel anti-américain.

Un second fait est important quand on considère la France, c'est que l'Union Européenne ce sont des rapports de forces. Notamment au Parlement européen. Les pays sont représentés en fonction de leur population. Actuellement, parce qu'on a fait l'erreur d'accepter la réunification allemande - c'est-à-dire l'annexion de la RDA par la RFA, qui est un Anschluss et pas une réunification -, l'Allemagne bénéficie aujourd'hui d'un poids politique trop grand en Europe, ce qui explique ce qu'elle fait actuellement.
Vous devez savoir que Jean THIRIART était contre. Lui disait que « la DDR devrait entrer un jour comme état séparé dans l'Union européenne ». Le président français François Miterrand était également contre.
Les rapports de forces de population vont changer en Europe. En Allemagne, on ne fait plus d'enfants. Elle est en train de perdre sa population. Et le seul pays où la population se développe, c'est la France. Dans une génération, il y aura une grande France qui tournera autour de 80 millions d'habitants et qui redeviendra le premier état dans l'Union Européenne … pour peu qu'elle existe encore dans 20 ans.
C'est aussi la raison pour laquelle nous soutenons la ‘rattachisme’ francophone en Belgique, c'est-à-dire le retour de la Wallonie et de Bruxelles à la République français, car il faut renforcer le poids de la France pour ces raisons géopolitiques. Et bien entendu, les 4 ou 5 millions de Français de Belgique, de Bruxelles, de Charleroi ou de Liège, devront contribuer à renforcer ce poids.
Nous sommes là dans une stratégie géopolitique et pas dans les petits calculs politiciens. Et pas dans de l'affectif non plus. Le raisonnement que je vous tiens, c'est un raisonnement logique. Je me rattache à deux grandes Ecoles logiques, c'est le Marxisme-Léninisme et les néo-machiavéliens, les penseurs comme Pareto, Roberto Michels, etc. Nous ne faisons donc pas dans l'affectif. Nous faisons des analyses rationnelles, froides.

# STATO & POTENZA :
La politique française est dominée par la question du FN.
Que pensez-vous du Front National de Marine Le Pen ?

Luc MICHEL : Je n'en pense que du mal !
Je suis un adversaire radical de l'imposture politique que représente le Front National.
Nous l'avons combattu en France. Notre camarade Fabrice BEAUR, qui est aujourd'hui notre Secrétaire-Général, s'est même présenté à Toulon, à une élection législative partielle en 1998, avec une liste qui s'intitulait « La jeunesse contre le Pen ».
Nous avons également combattu son clone belge, dont nous avons brisé l'ascension résistible dans les années 1994-1996. Nous  avons privé le FN belge de sénateurs, de députés – lors d’une offensive politico-judiciaire, en faisant invalider au Conseil d’Etat belge leurs listes au élections législatives de 1995 et municipales de 1994 - et donc en le privant du financement important de l'état. 100 millions de l’époque ! Nous avons aussi fait interdire en 1994-97 la plupart de leurs réunions publiques et initié de nombreuses procédures judiciaires contre les FN belges.
Mais pourquoi ? Pas parce que subitement nous serions gagnés aux pseudo-thèses anti-fascistes du régime et autres chiens de garde du Système qui sont une autres formes d'imposture.

Simplement, nous disons que le FN est une imposture politique et qu’il bloque un espace révolutionnaire.
Imposture au niveau du clan Le Pen lui-même. On est dans une entreprise familiale, avec des gens qui sont des millionnaires, qui par leurs liens sociaux sont rattachés à l'establishment français dans ce qu'il a de pire. Notamment, au niveau du show-business. Ce sont des gens qui prétendent défendre le peuple et les petites gens mais qui vivent dans un château. C'est donc un clan familial comme je le disais. Marine Le Pen dirige le parti avec Louis Aliot qui est son compagnon. Elle est la fille de Jean-Marie Le Pen qui l'a fondé. Parmi les élus au parlement européen, on retrouve le père et la fille Le Pen. Et un des deux députés que le FN a à l'assemblée nationale en France, est la petit-fille de Jean-Marie Le Pen. Ce n'est plus de la politique, c'est du népotisme.

Ce n'est pas la seule chose évidemment. Le FN c'est également un parti qui a toujours été du côté de l'impérialisme et du libéralisme. Pour le moment, grâce à certains conseillers le FN - car c'est un ‘parti attrape-tout’, c'est un parti qui veut prendre des voix partout – le FN a un discours qui copie un peu de ce qu'était il y a quelques années l'altermondialisme.
Sans revenir aux Années Reagan – auquel un Le Pen obséquieux était allé serrer la main -, restons dans l ‘actualité brûlante. Allez voir le fameux ‘Traité transatlantique’, c'est-à-dire l'avalement de l'Union Européenne par l'économie américaine. Car c'est ça le Traité transatlantique : la destruction de notre culture et l’avalement de notre économie et du grand marché de l’UE. Et bien les Le Pen, père et fille, au parlement européen ont voté en 2008 pour ce traité. Qu’ils osent prétendre combattre aujourd’hui.
Pour être très précis et pour les sceptiques, Marine Le Pen a notamment voté oui au texte ‘RC B6-0209/2008’  qui « souligne qu’un partenariat transatlantique étroit est l’instrument clé pour façonner la mondialisation dans l’intérêt de nos valeurs communes et dans la perspective d’un ordre mondial équitable en matière politique et économique; réitère son avis selon lequel un marché transatlantique efficace et compétitif forme une base propice à l’établissement ferme du partenariat transatlantique, qui permettra à l’UE et aux États Unis de relever ensemble les défis politiques et économiques » et « soutient résolument le processus de renforcement de l’intégration économique transatlantique lancé lors du sommet UE-États-Unis par l’adoption du «cadre pour progresser dans l’intégration économique transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique» et par la création du Conseil économique transatlantique (CET), chargé de superviser et d’accélérer les efforts exposés dans ledit cadre ». En 2013, père et fille ont encore voté ‘oui’ pour la motion « EU trade and investment agreement negotiations with the US » (*) …

Je veux aborder un dernier point pour répondre à votre question. Il y a actuellement dans la périphérie du FN des gens qui prônent un discours pro-iranien, qui tiennent même un discours ‘pro-immigration’, qui se disent ‘anti-sioniste‘. Je veux donc aborder la question du sionisme des dirigeants du FN. Le père Le Pen a toujours défendu des positions dites « anti-sémites » mais il a aussi toujours été lui-même un des défendeurs d'Israël par haine des arabes. Le FN actuel, via principalement Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, qui est aussi son vice-président, a effectué un mouvement de rapprochement avec la droite sioniste et avec Israël.

# STATO & POTENZA :
Mais vous vous opposez au FN aussi pour des oppositions de visions politiques ?

Luc MICHEL : Exactement ! Nous sommes aussi et surtout opposé au FN car son projet politique est incompatible avec le nôtre.
C’était aussi dans les Années ’80 la position de Jean THIRIART, qui affichait publiquement son mépris de Le Pen. Quel est le projet FN ? Le repli national, la vulgaire xénophobie. Nous sommes, nous, au contraire pour une « Grande-Europe sans frontières intérieures » (ce sont les thèses de Jean THIRIART, ce sont les miennes). Et nous avons fait depuis le début des années ‘80 campagne pour l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. A noter que le Secrétaire-général adjoint du PCN (n° 3 de facto), Inanç KUTLU est turc. Nous pensons donc que les positions du FN sont totalement incompatibles avec les nôtres. Une question de logique idéologique fondamentale.

Mais nous sommes aussi opposé au FN pour des raisons de politique pure.
Nous pensons qu'une grande force d'opposition doit se créer. Cette force doit unifier les mécontents aux deux extrêmes de l'échiquier politique. A droite et à gauche. C'est la raison pour laquelle, nous sommes souvent taxé de « national-bolchévisme » ou de « national-communisme », idéologies que nous avons effectivement revitalisées dès 1983, dix ans avant Douguine. Mais qu'on ne se trompe pas : Nous avons prôné cela et nous le prônons encore, nous avons notamment parlé de la constitution en Belgique et en France d'un « Front Noir Rouge Vert ». Et nous l'avons fait et organisé. Noir pour les nationalistes-révolutionnaires, Rouge pour les socialistes et les communistes, Vert pour les écologistes radicaux. Mais nous entendons strictement cette unité à la base. C'est-à-dire au niveau des militants et des clientèles politiques.
Pour que cette union puisse exister, il faut que disparaissent ce que nous appelons « les digues » qu'à créé le Système. Quelles sont-elles ? Ce sont les gens à l'extrême-droite et à l'extrême-gauche qui sont chargés d'endiguer le mécontentement et d'empêcher que puisse s'unir tous les mécontents, ceux qu’un journaliste français a appelé « les ennemis du Système », dans un grand mouvement anti-Système. En France, c'est le rôle dévolu à Marine Le Pen à droite et à Jean-Luc Mélenchon par exemple à gauche.
Quel est le but de Marine Le Pen ? Ce n'est pas la révolution en France. C'est de devenir ministre dans un grand gouvernement de droite. Sur un vieux scénario déjà joué en Italie par Gianfranco Fini. Et pendant que s'oppose droite et gauche, extrême-droite et extrême-gauche, anti-fascistes et nostalgiques du fascisme, le Système a une tranquillité totale. C'est pour employer un langage plus direct, plus trivial, un genre de ‘proxénétisme aux extrêmes’ organisé par les souteneurs du Système.

# STATO & POTENZA :
Autre grande puissance de l’UE, l’Allemagne.
Comment jugez-vous le rôle joué par l'Allemagne au cours des dernières années ?

Luc MICHEL : Je le juge extrêmement négatif !
L'Allemagne, c'est quoi ? Un peu une Union Européenne en réduction. L'Allemagne, c'est un géant économique mais un nain politique. La politique de Berlin est totalement sous contrôle de l'OTAN et des Etats-Unis. Ces derniers, d'ailleurs, jouent très intelligement. Ils laissent les pays européens qu'ils occupent depuis 1944 avoir des nostalgies de leurs grandeurs passées. Et l'Allemagne a clairement une nostalgie du rôle géopolitique qu'à joué le IIeme Reich de Bismarck et Guillaume II et le IIIeme Reich d'Adolf Hitler, notamment dans les pays baltes, en Europe centrale et dans les Balkans. Tout cela sert à quoi ? A l'expansion de l'OTAN à l'Est !
Qu'a fait l'Allemagne depuis vingt ans ?
Elle a joué un rôle crucial dans la destruction de la Yougoslavie en soutenant les indépendances slovène et croate. L'Allemagne, et singulièrement les généraux de la Bundeswehr, a joué aussi un très sale rôle dans les pays baltes en soutenant les ultra-nationalistes baltes, nostalgiques de la Collaboration, qui entretiennent l'agitation anti-russe.
Et regardez ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine !
C'est bel et bien une opération pilotée par Berlin et ses services secrets pour renverser le gouvernement légal et légitime de Yanoukovich. Le remplacer par un régime pro-occidental. Un régime de marionnettes. Un seul exemple. Le probable futur candidat de l'OTAN de l'opposition unie à la présidentielle ukrainienne de 2015, le boxer Klichko, a un passeport allemand. Son parti a été fondé à Munich (cela ne s'invente pas !). Les groupes d'extrême-droites néo-fascistes, les ‘benderistes’, ces nostalgiques ukrainiens de Bendera, des pogroms anti-juifs, anti-polonais et anti-russes des années 1941-1945, ce sont aussi des gens qui sont sous le contrôle du B.N.D. (les services secrets allemands) depuis le début des années 50 avec le fameux général Gehlen. Qui rappelons-le, jouait le même rôle avant pour Adolf Hitler en dirigeant la partie des services secrets nazis qui s'occupait de l'agitation anti-soviétique dans les pays de l'Est.
L'Allemagne a donc un rôle extrêmement négatif.

J'ai parlé « d'illusions sur l'Axe Paris-Moscou ». Certains parlent parfois d'un Axe Paris-Berlin-Moscou et continuent à philosopher sur celui-ci, qui je le répète ne repose sur rien. Il suffit de voir l'Ukraine.
Mais par contre il y a un énorme potentiel.
Quel est-il ? Une tradition de la politique allemande depuis 1918, et on rejoint ici l'univers du National-bolchévisme, c'est « l'orientation à l'Est ».
Si l'Union Européenne se désagrégeait, ou si l'Union Européenne tournait vers un confédéralisme mou, ou encore si le bloc de l'OTAN se désagrégeait, l'alliance naturelle de l'Allemagne sera alors la Russie. Et alors au lieu d'être un élément de confrontation, l'Allemagne deviendra un pont entre les deux Europe. Entre l'Union Européenne et la seconde Europe eurasiatique que Moscou est en train de construire.

# STATO & POTENZA :
Venons en à l’Italie.
Comment évaluez-vous le rôle joué par l'Italie au cours des dernières années ?

Luc MICHEL : Quand je vois l'Italie et votre vie politique que je suis quotidiennement, je pense inévitablement à la Belgique. J'y vois comme en Belgique un Etat quasi failli. Je vois comment une caste politicienne a mis un pays entier au pillage. Je vois l'inefficacité, la corruption et les mêmes partis. N'oubliez pas que les deux pays européens européens qui ont été dominés par la Démocratie-chrétienne, ce sont précisément la Belgique et l'Italie.
Je vois aussi une seconde chose, et on revient à ce que l'on disait à propos de l'Allemagne, c'est la nostalgie néocoloniale. L'Italie a joué pendant trop longtemps une sale carte colonialiste en Libye du temps de la lutte du grand leader Omar Moktar. Et aujourd'hui, on voit que l'OTAN confie à l'Italie la recolonisation de la Libye via la création d'une armée coloniale fantoche.

L'Italie, la Belgique ou même la France n'auraient pas dans ce domaine une grande importance par eux-mêmes. Mais l'importance est dans l'analyse du phénomène généralisé. C'est ce que les marxistes appelaient « la bourgeoisie compradore ». Ils parlaient à ce moment-là de la bourgeoisie de l'Empire portugais, notamment à Macao ; qui aidait les Portugais à coloniser.
La classe politicienne de l'Union Européenne, c'est une grande bourgeoisie compradore. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que ces gens n'ont plus le pouvoir politique et que pour garder la domination en tant que classe dirigeante économique - la domination économique, le pouvoir de la bourgeoisie - ils ont accepté de se soumettre politiquement aux Etats-Unis.
Lorsque les Etats-Unis interviennent en Europe, le 6 juin 1944, ils ne viennent pas libérer l'Europe, ils viennent l'occuper. Dans le langage jusqu'à aujourd'hui des historiens, des militaires et des généraux américains, le débarquement de Normandie s'appelle « l'invasion ». C'est plus clair ! Pas la « Libération » ou « Le débarquement ». Mais « L'invasion » !
Les Américains ne sont jamais repartis. Ils sont toujours là depuis 1944. Leur technique c'est quoi ? Utiliser dans l'Europe entière une bourgeoisie compradore. Pour parler directement, je dirais que la classe politique européenne, ce sont les vaincus de 1939-1940. Et en Allemagne et en Italie les vaincus de 1944-1945. 
Lorsqu'on comprend cela, on voit que la classe politicienne européenne, ce n'est plus une classe qui exerce le pouvoir.

Un exemple frappant actuellement, ce sont les aventures coloniales de la France en Afrique. Libye, Mali, Centrafrique. Beaucoup d'intellectuel africains font d'ailleurs une mauvaise analyse à ce sujet. Ils disent que c'est le retour de la « Françafrique ». Qu'est-ce que la Françafrique ? C'est le terme péjoratif par lequel on a désigné la politique africaine de la France, malheureusement, sous le Général de Gaulle et ses successeurs. Cela fut une réalité. Il y avait bien une politique africaine française indépendante jusqu'à Giscard d'Estaing. Ensuite, progressivement la France a rebasculé dans l'orbite américaine. A partir de Sarkozy et de Hollande, elle est totalement soumise à la politique étrangère de Washington. 
La ‘Francafrique’ est encore une réalité, mais une réalité seulement dans la mesure où les Etats-Unis acceptent que la France puisse encore jouer en Afrique un rôle politique et avoir une influence économique.
Qui est à la manœuvre en Libye, au Mali, en Centrafrique ?
C'est l'Africom. Et le commandement américain de Naples. Ceux qui ne voient pas cela, ne peuvent pas comprendre que la France en Afrique, ce n'est plus l'impérialisme ou le néocolonialisme français, mais la France de François Hollande elle-même qui est devenue l'infanterie coloniale de Washington.

# STATO & POTENZA :
La Russie occupe depuis toujours une place centrale dans vos analyses.
Comment évaluez-vous le rôle joué par la Russie au cours des dernières années ?

Luc MICHEL : Je vais tout d’abord vous faire la même remarque que pour la France. J'aime la culture russe. J'ai été marié à une russe. J’ai aussi vécu avec une Ukrainienne. Je suis considéré, même dans les fausses biographies que Wikipedia publie contre moi avec certaines officines barbouzardes de l’OTAN, comme un « intellectuel slavophile ». Mais là, nous sommes dans l'affectif, le personnel.
Mais ma position vis-à-vis de la Russie n'est pas déterminé par cela. Elle est déterminée par la géopolitique. Actuellement, en Europe, et c'était déjà vrai dans les années ‘70 et ‘80, il n'y a plus qu'un seul Etat réellement indépendant de Washington, c'est la Russie. Et avant c’était cet ‘Empire russe rouge’ qu était l’URSS. La Russie assume une partie de l'héritage de l'Union soviétique, même si celui-ci est très réduit. Elle est la deuxième puissance nucléaire mondiale. Elle a les moyens, des réserves, un territoire immense, du pétrole et du gaz, mais malheureusement pas une grande population. Voilà la réalité !

Nous pensons donc actuellement que la seule clé de la libération et de l'unification de la Grande-Europe viendra de la Russie. Nous voyons la Russie comme le « Piémont de l'Europe ». Vous êtes italiens. Vous savez donc le rôle qu'à joué le royaume de Piémont-Sardaigne dans l'unification italienne, le Risorgimento. Nous rêvons d'un ‘Risorgimento grand-européen’.
Il y a une autre analogie historique qui me plaît bien aussi, c'est celle de la Macédoine.
Vous savez que les Cités grecques, qui partageaient une culture et une civilisation communes, se disputaient entre elles. Elles ont été incapables de s'unir. C'est un peu ce qui se passe dans l'Union Européenne. Et c'est une puissance de culture grecque mais n'appartenant pas au noyau original, le royaume de Macédoine avec Philippe et Alexandre qui a unifié la Grèce. Par la force.
Avant un idéologue trop souvent méconnu, Isocrate, avait théorisé et convaincu le leadership macédonien de la nécessité de réaliser la « plus-grande Grèce » unitaire. Qui s’est faite sur un slogan du génial Isocrate : « une seule Grèce, un seul peuple ».
Nous pensons aussi que la Russie peut et doit avoir un ‘rôle macédonien’.
Et nous concevons aussi l’action idéologique du PCN, la plus importante à ce stade, comme un « Isocrate collectif » …

Les raisons ne s'arrêtent évidemment pas à ça. Nous vivons dans un monde conflictuel et pas virtuel. Dans le monde actuel, il n'y a pas des milliers de camps. Nous ne sommes pas de ces intellectuels dégénérés français de l'extrême-gauche de la politique politicienne alimentaire, ceux du « ni-ni ». Quand les Américains attaquent quelque part, ils ne sont pas pour l'OTAN, mais en Libye par exemple ils ne sont pas non plus pour Kadhafi. Dans la vie, il faut prendre position. Et plus encore en géopolitique.
Nous sommes donc avec la Russie en ce qu'elle est le foyer de résistance à l'OTAN et aux Etats-Unis. Et en ce qu'elle est vue de l'autre côté, vue des USA et de l’OTAN, vue par les géopoliticiens américains, comme l'adversaire principal.
Notre Organisation est intervenue dans la plupart des pays d'Europe orientale depuis plus de 15 ans maintenant. Nous avons aidé comme nous le pouvions dans des opérations politiques, de propagande. Nous sommes allés dans les pays baltes et en Yougoslavie agonisante. Nous sommes allés en Moldavie, en « Transnistrie », qui se nomme en réalité la ‘République Moldave du Dniestr’. Nous sommes allés dans le Caucase, en Abkhazie, en Arménie. Nous sommes allés bien sûr en Russie et en Ukraine aussi, notamment au moment des élections. Pourquoi ? Parce que c'est là bas que cela se passe.
J'ai eu moi-même aussi à un moment de ma vie, dans les années 1998-2005, une très grande activité pour défendre les minorités russes dans les pays baltes. C'est une situation que j'ai vécu intimement puisque mon épouse était une Russe de Riga.

# STATO & POTENZA :
Vous avez théorisé aussi la Russie comme « la Seconde Europe », dans la ligne de votre « Empire euro-soviétique » des Années ’80.
Qu’entendez-vous par là ?

Luc MICHEL : La « Seconde Europe » c'est quoi ? C'est une thèse géopolitique que j'aie théorisée dès 2006.
C'est-à-dire que le bloc qui est train de se reconstruire autour de la Russie - avec par exemple le Groupe de Shanghai, le Traité de Sécurité Collective, l'Espace Economique Eurasiatique, l'Union douanière, l'Union étatique Bélarus-Russie, etc... - contribue à constituer un pôle de puissance à l'Est qui est une ‘Seconde Europe’. Une Deuxième Europe. Une Autre Europe.
Nous sommes extrêmement agacé de l'arrogance des petits politiciens européens qui ne sont que les petits caniches des Etats-Unis et qui prétendent être « l'Europe ». La Russie, c'est aussi l'Europe ! Nous le disons maintenant depuis 30 ans.
Cette ‘Seconde Europe’, ce n'est pas moi uniquement évidemment qui la définit comme telle. Il y a des idéologues russes pour la définir. Et il y a également au sein de l'Union Européenne, notamment dans les Instituts de l'OTAN dans les pays baltes, des gens qui s'inquiètent de cette autre Europe qui se construit face - et contre disent certains- à l'Union Européenne.

Et là, nous sommes au cœur de l'actualité !
Ce qui se passe actuellement en Ukraine, ce n'est pas la question du gaz, ce n'est pas la question des Marchés. C'est le choc de deux visions antagonistes de l'Europe.
D'un côté, l'Union Européenne, c'est-à-dire une Europe qui est une annexe économique et militaire de Etats-Unis. Notre Secrétaire-Général Fabrice BEAUR a coutume de dire « une colonie yankee ». Cette Europe qui aurait tendance à s'intégrer in fine dans un ensemble transatlantique. Ils le disent eux-mêmes.
De l'autre côté et face à elle, il y a une vision de l'Europe qui est une Europe indépendante, eurasiatique. Et qui est la vision du président Poutine. J'ai été particulièrement satisfait du dernier discours de Poutine sur l'état de la Russie en 2013. Puisque pour la première fois, Poutine, non seulement s'oppose au monde occidental pragmatiquement, mais commence à définir une nouvelle ‘idéologie russe’. On est clairement là dans un schéma d'avenir.
Nous disons donc « l'Europe de Vladivostok à Reykjavik » et pas l'inverse…

# STATO & POTENZA :
Une dernière question.
Qu'attendez-vous de 2014 ?

Luc MICHEL : Je n'attends rien de particulier. Notre conception de l'action politique est une conception volontariste. Nous sommes des gens qui disons qu'il faut se battre et vivre debout.
Je suis considéré comme un monstrueux ennemi par l'OTAN, le système belgicain. Je n'ai jamais abdiqué. Je vis droit. Je rends les coups et bien généralement. Je suis comme ça. Et c'est comme ça.
Je suis agacé des gens qui attendent des miracles, des basculements, qui attendent je ne sais quoi et surtout ces choses qui n'existent pas.

Je voudrais particulièrement attirer l'attention sur la vision optimiste irréaliste de certains. On parle un peu trop souvent d'un « effondrement américain ». Mais parlons franchement ! Il n'y a actuellement encore qu’une seule super-puissance mondiale, ce sont les Etats-Unis.
A un moment donné, notamment l'intellectuel français Emmanuel Todd et moi-même, nous avons cru que les Etats-Unis allaient lentement s'effondrer. De part la question de l'énergie et du pétrole. Et malheureusement est arrivé le gaz et le pétrole de schiste. Et les Etats-Unis vont être dès les années 2018 non seulement autonomes mais devenir une puissance exportatrice pour au moins une génération énergétiquement.
Vous devez comprendre une chose. Il faut lire l'adversaire. « Se faire enseigner par l’adversaire est un honneur » disait le général Hausofer, reprenant une vieille devise romaine.
Il faut lire les géopoliticiens américains.
L'un des principaux, car il est un des porte-voix du lobby militaro-industriel américain, c'est George Friedman. C'est le patron de l'Institut de Recherche stratégique STRATFOR. Il a écrit récemment deux livres de prospective géopolitique, où il évoque clairement un « XXIeme siècle américain ». Lui et ses amis font un pari géopolitique, c'est l'effondrement de la Russie et de la Chine.

2014 par contre est importante pour notre Organisation transnationale.
Nous allons, non pas commémorer car nous ne sommes pas ce genre là, mais nous allons marquer un double événement, un double anniversaire :
* D'une part, les 30 ans du PCN (Parti Communautaire National-européen) dont la naissance remonte à son premier Congrès de juin 1984.
* Et d'autre part, les 50 ans de l'acte fondateur de notre idéologie, le livre de Jean Thiriart « Un Empire de 400 millions d'hommes. L’Europe », qui fut écrit en 1964.
60 ans d'idéologie communautariste européenne. 30 ans du PCN héritier légitime de Jean Thiriart. L’idée et la réalisation de l’idée en marche, comme aurait pu dire le grand Mazzini.
Nous allons marquer ce double anniversaire par beaucoup d'événements sur Internet notamment. Mais également par la reprise des publications éditoriales hors revues et hors Internet de nos ‘Editions MACHIAVEL’ (fondées en 1983).

# STATO & POTENZA :
Un dernier mot pour nos militants et nos lecteurs ?

LUC MICHEL : Je voudrais en effet dire un dernier mot aux lecteurs de votre revue. J'aime beaucoup votre titre. Vous l'avez pris à Zouganov, à l'édition italienne de son livre, « Etat et Puissance ». Vous savez que Zouganov, qui représente l’Eurasisme de gauche, est aussi au niveau géopolitique un des héritiers de Thiriart qu'il avait rencontré à Moscou à l’Eté 1992. Dans précisément l'édition italienne de « Stato et Potenza », on rend hommage à Thiriart, à notre « empire euro-soviétique ». Cette rencontre, à laquelle participa aussi Egor Ligatchev, l’ex n° 2 du PCUS, était le résultat de dix longues années de travail du PCN et des Editions MACHIAVEL, de Thiriart et de moi-même. Dès 1983, nous publions et diffusions en URSS, via la fraction patriotique du PCUS et ses réseaux, livres et revues en Russe …
Donc j'aime beaucoup votre titre pour ces raisons.

Nous sommes parfois en désaccord sur des choses secondaires. Mais vous insistez comme moi sur l'élément central : le rôle de l'Etat.
Le problème de la question économique, le problème de l'Union Européenne, c'est la disparition de l'Etat. Disparition voulue par la Finance cosmopolite libéral internationale et par les USA.
Vous m'avez fait le plaisir dans vos colonnes de traduire et de publier en italien un de mes éditoriaux importants en 2011 (**), où j'expliquais que le véritable clivage politique au XXIeme siècle, ce ne sera plus la gauche et la droite, le fascisme ou l'anti-fascisme, le capitalisme ou le socialisme, mais les partisans de l'Etat contre les partisans du Marché et du libéralisme.
C'est extrêmement clair.
Ou nous allons rebâtir un Etat grand-européen qui assurera la sécurité, maintiendra la civilisation, réglera tous ces problèmes qui sont les mafias, la grande criminalité, la drogue, la traite des humains ... Problèmes liés en grande partie à la disparition de l'Etat.
Ou nous aurons le chaos libéral. Chaos qui est organisé. Parce que dans la jungle, seul les plus forts, les plus puissants survivent et mangent les autres.
Ce n'est pas ma conception du monde. Ce n'est pas l'avenir que je souhaite pour l'Humanité.
L'Humanité a progressé quand elle a été capable de s'unir. L'Humanité a progressé culturellement au sein de grands Empires et jamais durablement ou significativement ailleurs.
Il est temps que tous les partisans de l'Etat dans le monde se retrouvent, et ce sera ma conclusion, combattent ensemble le cauchemar du chaos libéral.
Je vous remercie.

# STATO & POTENZA : Merci Luc MICHEL.

(*) sur le sujet sensible du vote des Le Pen pour le Grand marché transatlantique au Parlement européen, consulter un document incontestable :
http://www.votewatch.eu/en/eu-trade-and-investment-agreement-negotiations-with-the-us-motion-for-resolution-after-paragraph-10--2.html

(**) Luc MICHEL, La scissione vera e propria in Russia (come altrove): patrioti statalisti contro liberali, Stato & Potenza :
http://www.statopotenza.eu/1372/la-scissione-vera-e-propria-in-russia-come-altrove-patrioti-statalisti-contro-liberali

Original français sur ELAC Website :
De Kadhafi à Poutine… les libéraux contre l’Etat russe !
http://www.elac-committees.org/2011/12/28/luc-michel-de-kadhafi-a-poutine%e2%80%a6-les-liberaux-contre-l%e2%80%99etat-russe/

 

 

   

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Source : Luc MICHEL

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