Interview
« N'oubliez pas Gaza
! »
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Interview publiée par l'Est Républicain le 18 septembre
2009.
Ziad Medoukh, chef du département de français de
l'Université Al-Aqsa de Gaza, est venu à Nancy pour témoigner.
- Que vous inspire le récent
rapport de l'ONU qui accuse Israël mais aussi le Hamas, d'avoir
commis des crimes de guerre à Gaza ?
- Tous les observateurs présents à Gaza pendant la guerre, en
janvier, ont pu constater les crimes de guerre et les crimes
contre l'humanité commis par l'État d'Israël. J'ai vu moi-même
les massacres de civils innocents.
Au moins 1 100 victimes sur les 1 400 tués n'appartenaient à
aucune faction. Mais je reproche à ce rapport de l'ONU de mettre
sur un pied d'égalité les oppresseurs et les opprimés. On ne
peut renvoyer dos à dos un État qui s'est rendu coupable de
crimes pendant 3 semaines et des résistants qui ont tiré
quelques roquettes parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se
battre à armes égales. Le plus important, c'est de voir à qui va
servir ce rapport. Va-t-il être oublié, comme les précédents ?
L'État israélien bénéficiera-t-il une fois de plus de l'impunité
?
- Aujourd'hui, plus de huit mois
après la fin de la guerre, quelle est la situation à Gaza ?
- Le blocus se poursuit. Le blocus est un crime contre
l'humanité, perpétré depuis juin 2007. Rien ne rentre. Les cinq
points de passage sont fermés. Ne passe qu'un convoi humanitaire
de temps en temps. La reconstruction n'a pas pu commencer. Plus
de 20 000 habitants vivent toujours dans des tentes, à côté de
leurs maisons détruites. Israël n'a pas fait la guerre pour se
débarrasser du Hamas mais pour casser la résistance de la
population.
- Que pensez-vous de la guerre
fratricide entre le Hamas et le Fatah ?
- Cette division est un drame qui vient aggraver la situation.
Aujourd'hui il y a deux projets palestiniens, l'un du Hamas pour
Gaza et l'autre du Fatah pour la Cisjordanie. La population
souffre de cette division.
- Quel est votre espoir ?
- Je place mes espoirs dans le pression internationale et
notamment dans l'Europe qui, actuellement, est absente
politiquement dans le conflit. Sur le terrain, les discours d'Obama
n'ont rien changé. Les Palestiniens n'ont rien à perdre. Ils
resteront sur leur terre.
Propos recueillis par Ludovic BASSAND.
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