CPI: interview exclusive
Au Liban, trois
mille arbres généalogiques d'un projet
d'identité palestinienne
Yasser Qaddora
Photo: CPI
Mercredi 26 septembre
2012
Beyrouth – CPI
C’est en 2008 et à
Beyrouth que le projet de préservation
des racines des familles palestiniennes
a vu le jour. Depuis ce temps, plus de
trois mille arbres généalogiques ont
déjà été constitués. Ils confirment le
droit de ces familles à leurs villages
et à leurs maisons desquels elles
avaient été expulsées.
Notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) a
rencontré Yasser Qaddora, directeur du
projet. Il a parlé du projet, de ses
réalisations, de ses difficultés, dans
l'interview ci-après, traduite de
l'arabe et résumée par nos soins.
Le projet
CPI :
Si nous parlions
tout d’abord du projet « Identité » ?
Qaddora :
C’est un projet
national destiné à préserver le droit de
tout Palestinien à retourner à sa terre
occupée. Où qu’il se trouve, il pourra
demander son droit muni des documents,
des photos, des témoignages historiques
authentiques.
L’idée de départ
CPI :
L’idée de départ,
comment a-t-elle vu le jour ?
Qaddora :
C’est pendant la
60ème commémoration de la Nakba (la
catastrophe de 1948) que l’idée a vu le
jour, lorsqu’un Palestinien a réalisé
son arbre généalogique. Cet activiste a
suggéré d’étudier l’idée de profiter
d’un tel arbre pour confirmer le droit
du peuple palestinien à sa patrie : la
Palestine.
Mettre le projet à
exécution a pris plusieurs mois. Nous
avons trouvé des dizaines de sites
internet qui s’intéressent à l’arbre
généalogique. Pour ce qui est des
livres, nous avons constatés qu’ils
concernent souvent les familles aisées
économiquement et socialement. Les
agriculteurs n’ont cependant personne
pour écrire leur histoire.
Les buts du projet
CPI :
Quels sont les
objectifs principaux du projet ?
Qaddora :
Le
travail a petit à petit pris une allure
constitutionnelle. Le but était de
canaliser tous les efforts précédents
dans un cadre unique pour des objectifs
délimités qui pourront tourner autour de
deux axes principaux.
Le premier : mettre
en document toutes les informations
concernant chaque famille palestinienne
: son arbre généalogique, son histoire,
ses photos, les documents confirmant
leur possession de la terre, des
témoignages concernant la Nakba. Nous
essayons de profiter des nouvelles
technologies afin de mettre entre les
mains des nouvelles générations tout ce
qui pourra les aider à exiger leur droit
dans leur village, leur ville, leur
terre.
Le deuxième axe est
de renforcer le lien entre les membres
de la même famille, les membres qui se
sont séparés suite aux différentes
catastrophes qui ont frappé le peuple
palestinien, renforcer le lien entre les
générations qui avaient vécu en
Palestine et vécu la Nakba et les
générations futures.
Les principales
activités
CPI :
Quelles sont vos
principales activités ?
Qaddora :
Tout d’abord, il y
a ces activités sur Internet : le site
www.howiyya.com et les sites des
réseaux sociaux, des lieux de contacts
entre le projet et le peuple
palestinien. Puis il y a l’équipe du
projet qui contacte les familles,
quotidiennement.
Au départ, il y avait
seulement le bureau principal de
Beyrouth. Puis il y a eu un représentant
officiel en Syrie, puis en Jordanie. Le
réseau grandira avec notre grande équipe
de volontaires.
Les difficultés
CPI :
Quelles sont vos
difficultés essentielles ?
Qaddora :
Les témoins de la
Nakba de 1948 sont de moins en moins
nombreux. Nous devrons travailler
rapidement et sur une distance
géographique très vaste.
Les réalisations
CPI :
Quelles sont vos
principales réalisations ?
Qaddora
: Déjà 3000 arbres
généalogiques ont été rassemblés, ainsi
que des milliers de photos, de
documents…
Les problèmes !
CPI :
Certains vont
jusqu’à dire que ce projet pourra être
une source de conflits entre les
familles et les tribus ?
Qaddora :
Le projet essaie
d’éviter tout ce qui mène à de tels
conflits : on utilise un langage neutre,
on traite chaque famille comme une
famille grande et importante. Puis tout
article ne pourra être publié avant la
vérification de l’administrateur… Et
puisque notre but est la Palestine et
non spécialement une famille, nous y
arriverons, malgré les difficultés.
Les projets à venir
CPI :
Y a-t-il des
projets pour l’avenir ?
Qaddora
: Bien évidemment,
il y a toujours l’intention d’améliorer
la tâche. Au début, on ne donnait pas
beaucoup d’attention aux photos. Avec
l’expérience, elles sont devenues
prioritaires. Une banque de photos a été
mise en place : une photo pour toute
personne ayant vécu la Nakba de 1948.
Sur le site, une page de vidéos est en
préparation. Traduire notre travail dans
d’autres langues est un projet à venir,
inchallah.
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