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Interview de Thierry Meyssan par Enquêtes et
Faits divers
« Le principal apport de la Citizen Investigation Team est
d'avoir reconstitué le trajet du vol AA77 »
Thierry Meyssan - ©
Réseau Voltaire
Jeudi 3 décembre 2009
Si nous devions
parodier l'auteur de "L'Effroyable Mensonge", nous écririons que
Guillaume Dasquié est plus à plaindre qu'à blâmer. Voilà sans
doute le premier écrivain de langue française dont le titre de
l'œuvre la qualifie en même temps.
Thierry Meyssan a accepté de
répondre aux questions d'Enquêtes et Faits divers. Une interview
qui éclaire d'un jour nouveau les motivations et les méthodes de
Jean Guisnel et Guillaume Dasquié.
Kropotkine et Ikky : Nous avons récemment adressé une
Lettre ouverte à Guillaume Dasquié coauteur avec Jean
Guisnel, de L'Effroyable mensonge. À notre agréable surprise,
vous avez réagi très rapidement à cette publication, pourquoi ?
Thierry Meyssan : Vous avez
été le premier à publier une recension critique de cet
ouvrage. Jusqu'ici ce livre était cité comme une réfutation
définitive de mes travaux, sans que personne ne s'interroge
sur la pertinence de sa démonstration. Sa publication, en
juin 2002, a été un soulagement pour la corporation des
journalistes : son existence suffisait à affirmer qu'ils
avaient tous bien fait leur travail à propos des attentats
du 11 Septembre et qu'ils n'avaient donc aucune enquête à
faire, ni aucune remise en question de leurs méthodes à
opérer. Le livre a été brandi à la tribune de divers
colloques professionnels où l'on s'est congratulé pour
célébrer la lucidité retrouvée de la presse trois ans après
les intox massives de la guerre du Kosovo, mais personne ne
l'a lu.
Sept ans plus tard, les préoccupations sont différentes. Pour
déverrouiller la parole, il peut être utile de revenir en
arrière pour comprendre pourquoi, qui et comment a faussé le
débat public sur le 11 Septembre.
K. et I. : L'Effroyable mensonge
est une référence sur l'affaire du Pentagone. Pouvez-vous nous
éclairer sur les motivations, les démarches et les méthodes des
auteurs de ce livre ?
T.M. : Cet ouvrage n'est pas une contre-enquête, mais un
pamphlet. Il n'a pas été écrit spontanément, mais répond à une
commande. La réfutation de la question du Pentagone est expédiée
en 12 pages (croquis inclus). La centaine d'autres pages ne
porte pas sur mon travail, mais sur des personnes que je connais
ou que je connaîtrais et qui m'auraient tenu la plume. Bref, il
ne s'agit pas d'un livre pour faire avancer le débat, mais au
contraire d'une tentative débordante d'imagination pour le
bloquer en relayant toutes les rumeurs possibles afin de
discréditer celui qui l'a ouvert.
Renversons la question: Qui sont donc Guillaume Dasquié et Jean
Guisnel ? Sur quoi se fondent leurs convictions, dont ils
revendiquent qu'elles sont antérieures à leur pseudo-enquête ?
En 2002, au moment où il publie L'Effroyable mensonge, Guillaume
Dasquié venait de se livrer impunément à une extraordinaire
manœuvre d'intoxication. Dans cette période, Jean-Marie Messier,
le patron américanophile de Vivendi, voulait discréditer une
banque arabe, la SBA, et l'évincer de la place de Paris. Il
avait chargé Alain Marsaud (ex-juge anti-terroriste devenu chef
de la cellule Renseignement de sa multinationale) de monter un
dossier contre cette banque. Marsaud avait engagé le biographe
officiel de Charles Pasqua, le franco-étasunien Jean-Charles
Brisard, pour conduire l'opération. Vivendi a d'abord essayé les
dénonciations calomnieuses auprès de la cellule anti-blanchiment
de l'OCDE. Cela n'a pas eu d'effets suffisants. Aussi, lorsque
survint le 11 Septembre, la cellule a imaginé d'accuser la SBA
d'être ni plus, ni moins que le financier des attentats.
C'est là que Guillaume Dasquié entre en scène. Il met en forme
le «rapport confidentiel» de la cellule. Jean-Marie Messier va
lui-même porter ce document au président Chirac à l'Élysée, mais
celui-ci voit l'intox et ne bouge pas. Alain Marsaud transmet à
son ami le juge Van Ruymbeke le «rapport» assorti de faux
documents attestant de comptes bancaires joints d'un
administrateur de la SBA et d'Oussama Ben Laden qui auraient
servis à financer des opérations terroristes. Van Ruymbeke
parvient à intégrer ces faux documents dans une procédure. À
l'issue de nombreuses perquisitions en Suisse, la baudruche se
dégonfle, sans que Marsaud, Van Ruymbecke et compagnie soient
poursuivis pour dénonciation calomnieuse.
En désespoir de cause, Dasquié remet le «rapport» à la Mission
d'information sur le blanchiment des capitaux en Europe à
l'Assemblée nationale. Arnaud Montebourg (un proche de John
Negroponte) et Vincent Peillon (un proche du ministère israélien
des Affaires étrangères) décident de le placer en annexe du Tome
IV de leur rapport, lequel est publié par l'Assemblée nationale.
L'Élysée alerte la présidence de l'Assemblée, l'intox est
découverte, Montebourg et Peillon font marche arrière, le
rapport officiel est retiré de la circulation et mis au pilon.
Non seulement Guillaume Dasquié ne s'est jamais expliqué sur
cette manipulation, mais il a rédigé une version expurgée de son
document confidentiel et l'a publié avec Jean-Charles Brisard
sous le titre Ben Laden, la vérité interdite. Si la SBA n'est
plus mise en cause, c'est plus précisément le banquier Khaled
Ben Mahfouz qui devient la cible. Au-delà de quelques éléments
intéressants, l'ouvrage contient de nombreuses erreurs
factuelles, dont 42 intox destinées à discréditer Ben Mahfouz.
L'histoire du «document Vivendi» ne s'arrête pas là. Les
assertions de Dasquié & Brisard sont reprises aux États-Unis.
D'abord par un groupe de travail du Council on Foreign
Relations, dans le rapport Terrorist Financing. Puis et surtout
dans Funding Evil par l'égérie néo-conservatrice Rachel
Ehrenfeld avec laquelle Brisard tient un blog. Brisard devient
enquêteur pour le compte du cabinet Motley Rice LLC qui entend
faire payer la famille royale saoudienne pour les attentats du
11 septembre. Au passage, il dénonce calomnieusement Hani et
Tariq Ramadan, les accusant d'avoir coordonné des réunions entre
le numéro 2 d'Al-Qaïda, Ayman al-Zahwari et l'inspirateur de
l'attentat du WTC de 1993, Omar Abdel Rahman.
Revenons-en à Guillaume Dasquié, la suite de sa carrière est
éclairante. En 2006, il a été imposé par les atlantistes à la
rédaction de France 3 comme expert chargé de commenter tout du
long l'offensive israélienne au Liban. Il s'y est illustré par
des prises de position tranchées en faveur de l'État sioniste et
contre la Résistance libanaise. En 2007, il a été mis en cause
pour recel de documents Secret-Défense. En perquisitionnant à
son domicile on y a trouvé des notes de la DGSE. Selon lui, ces
documents étaient indispensables à son travail journalistique.
Mais il ne s'agissait pas de notes sur un sujet donné; il
s'agissait d'une année complète de notes !
Jean Guisnel a fait preuve de plus de rigueur intellectuelle.
C'est un journaliste très compétent en matière de Défense. Il
exprime souvent la pensée du courant atlantiste au sein des
Armées. Au moment où il co-rédigeait L'Effroyable mensonge, il
publiait La Citadelle endormie, une excellente critique des
services US. Il y reprend sans variation notable le discours
dominant du moment à Washington : les services de renseignement
US sont devenus une bureaucratie qui étouffe les compétences. Il
n'est donc pas étonnant qu'ils aient été pris de surprise le 11
Septembre, etc…
En 2003, j'ai rencontré un haut responsable d'un service de
renseignement du Proche-Orient. Il m'assura que la commande de
L'Effroyable mensonge avait été passée à Guisnel par un
diplomate de l'ambassade d'Israël à Paris. Puis, il poursuivit,
narquois, disant que Guisnel avait été payé à bas prix et qu'il
l'avait «racheté». Ce Monsieur se flatta de lui avoir fait
signer un livre écrit par son service qui serait publié
prochainement. Je n'avais aucune raison de croire ce qui m'était
rapporté. Cependant, quelques semaines plus tard, Jean Guisnel
publia Délires à Washington. C'est une anthologie
remarquablement documentée des propos des néo-conservateurs. Il
est peu probable que, compte tenu de ses nombreuses occupations,
il ait eu le temps pour dénicher tout ça. Il est possible qu'il
se soit contenté de rédiger l'introduction de chaque chapitre.
Peu importe, ce petit écart n'a pas changé grand chose aux
articles que rédige Jean Guisnel. Ni à son comportement. Début
2009, il est intervenu auprès du ministre de la Défense, Hervé
Morin, pour faire congédier un éminent professeur du Collège
interarmes des armées, Aymeric Chauprade, qui avait eu
l'outrecuidance de rappeler dans un livre que, dans de nombreux
pays, les états-majors considèrent le 11 Septembre comme un «inside
job».
K. et I. : Guillaume Dasquié et
Jean Guisnel affirment (page 25 note 2) que vous auriez décliné
leurs demandes d'interview entre janvier et mai 2002 et auriez
refusé de présenter les preuves en votre possession comme vos
méthodes d'enquêtes. Est-ce exact ?
T.M. : C'est faux. Ils prétendent cela parce que c'est une
nécessité juridique pour eux. Afin d'éviter d'être condamnés
pour diffamation, ils assurent être de bonne foi, ne pas avoir
voulu nuire et s'être enquis de mon point de vue avant de me
mettre en cause.
Voilà ce qui s'est passé. Fin 2001, j'ai demandé à Guillaume,
que je connaissais, de le rencontrer à propos de son «rapport»
sur Ben Laden. Il m'a reçu à son bureau le 14 décembre. Il m'a à
mon tour intoxiqué à propos de la SBA et j'ai repris ses fausses
informations dans la première version d'un article sur les
finances de Ben Laden. Au passage, Guillaume m'a posé des
questions sur mon engagement politique au Parti Radical de
Gauche et m'a proposé de piger pour Intelligence Online. Je n'ai
pas répondu à son offre et nous n'avons plus eu de contact
jusqu'à la parution de leur pamphlet.
J'avais des relations très courtoises avec Jean Guisnel qui
m'avait présenté à la Garde des sceaux, Marylise Lebranchu lors
des débats sur la prescription de presse sur Internet. Jean m'a
effectivement demandé un rendez-vous à propos de mon livre. L'un
et l'autre nous avions plusieurs déplacements prévus de sorte
que nous sommes convenus d'une date ultérieure. Mais il a avancé
la publication de son pamphlet, rédigé à la va-vite, ainsi à la
date convenue, il était trop tard.
Si j'avais été interrogé sur mes méthodes de travail, j'aurais
répondu sans problème, mais je n'aurais pas livré le nom de mes
collaborateurs et de mes informateurs étrangers ainsi que m'en
fait obligation la Charte de Munich. Quand aux preuves en ma
possession, ce sont des documents référencés dans le livre. Il
suffisait de le lire.
K. et I. : Je me rappelle d'un
débat organisé en septembre 2002 par Radio Ici et Maintenant, à
l'occasion de la sortie du Pentagate. Monsieur Guisnel avait
refusé d'y participer, arguant que vous seriez "une personne
malhonnête" et qu'il ne souhaitait pas débattre avec vous.
T. M. : En quoi serais-je malhonnête ? Ni Guillaume Dasquié, ni
Jean Guisnel n'ont accepté de débattre en public et en direct
avec moi depuis qu'ils m'ont pris à partie. Ce n'est pas faute
de leur avoir fait des propositions.
Compte tenu de l'interdiction qui a été prononcée par le Conseil
national de l'audiovisuel pour empêcher les médias audiovisuels
de me donner la parole, une confrontation avec Dasquié et
Guisnel n'est plus possible à la télévision française. Mais elle
pourrait avoir lieu en terrain neutre, à la Télévision suisse
romande par exemple.
K. et I. : Nous avons à
plusieurs reprises contacté Guillaume Dasquié et Jean Guisnel
pour obtenir des éclaircissement sur leur propre enquête de
terrain et les expertises conduites avec Jacques Rolland,
François Grangier et Jean-Vincent Brisset… Nos courriers sont
malheureusement restés sans réponse.
T.M. : C'est bien normal. Ils n'ont jamais fait d'enquête et
n'avaient pas besoin d'en faire. Leur pamphlet ne porte ni sur
les attentats, ni sur la politique étasunienne. C'est une courte
diatribe pour m'accuser de ne pas avoir écrit L'Effroyable
imposture et de me l'être fait dicter par des gens
infréquentables.
Au demeurant, je ne leur reproche pas de ne pas avoir fait ce
qu'ils me reprochent de ne pas avoir fait. Il faut bien
comprendre qu'il était interdit, à cette époque, de se rendre au
Pentagone sur le lieu de l'attentat et d'interroger les témoins.
Personne, absolument personne ne l'a fait, car personne n'a été
autorisé à le faire. Le magazine allemand Der Spiegel a envoyé
une équipe spéciale pendant six mois aux États-Unis, elle n'a eu
accès à rien.
Ceci dit, le plus surprenant dans le livre de Dasquié et
Guisnel, c'est leur théorie du «piqué horizontal». Selon eux, le
Boeing d'American Airlines aurait percuté le Pentagone à
l'horizontal, mais avec une force identique à ce qui se serait
passé dans le cas d'un piqué vertical. À court d'arguments, ils
remettent en cause la gravité.
Je ne sais ce qui est le plus affligeant : la démonstration ou
le fait que mes «confrères» aient porté ce livre au pinacle sans
le lire.
K. et I. : Toutefois, le général
Brisset, l'auteur de la théorie "de l'avion transformé en charge
creuse" a répondu à certaines de nos interrogations.
Il a par exemple admis
publiquement qu'aucun élément technique ou factuel, pas même
une simple photo, n'avait été mis à sa disposition par les
auteurs de L'Effroyable mensonge.
T.M. : Le général Brisset est atlantiste. Il n'avait aucune
raison de s'offusquer des raccourcis de Dasquié et Guisnel tant
qu'on les présentait comme une récusation définitive de
l'hypothèse du complot intérieur. Mais lorsque vous avez mis en
évidence que les propos qu'on lui attribuait étaient stupides,
il n'a pas voulu devenir la risée de ses collègues. Il s'est
alors empressé de vous expliquer que ses propos ne portaient pas
sur l'attentat du Pentagone, mais étaient des considérations
générales qui ne s'appliquent pas nécessairement au cas
considéré.
K. et I. : Notre lettre ouverte
s'appuie essentiellement sur les travaux de la
Citizen Investigation Team. Cette équipe a rencontré les
témoins oculaires de l'attaque du Pentagone pour tenter de
mettre fin aux spéculations sur les événements d'Arlington.
Leurs découvertes peuvent se résumer ainsi : il y avait bien un
avion de ligne volant à basse altitude en direction du
Pentagone, mais sur une trajectoire inconciliable avec les
dégâts matériels, notamment les fameux lampadaires arrachés et
l'orientation diagonale des dégâts entre les anneaux E et C.
Cet avion n'aurait pas frappé
mais survolé le bâtiment. Cette hypothèse vous paraît-elle
plausible ?
T.M. : Permettez-moi d'abord une remarque latérale. Il y avait
des lampadaires au sol, mais il ne faut pas en conclure trop
vite qu'ils ont été renversés ou sectionnés par un aéronef.
Certains de ces lampadaires avaient été démontés les jours
précédents pour révision. Certains peuvent avoir été soufflés
par l'explosion.
Allons au sujet. Quantité de gens ont témoigné avoir vu ou
entendu cet avion. Ce n'est pas nouveau. L'apport de la Citizen
Investigation Team, c'est d'avoir reconstitué son trajet et
d'avoir montré qu'il ne s'est pas écrasé, n'a pas été abattu et
a poursuivi sa route sans encombre.
Ceci soulève deux questions. D'abord, cet avion est entré dans
un espace aérien protégé sans être détruit. Ensuite, je ne peux
m'empêcher de penser à cette dépêche étonnante de l'AFP : «URGENT
Un avion se dirige vers le Pentagone». Comment «un
responsable du FBI» pouvait-il savoir qu'un avion se dirigeait
vers cette cible, plutôt que vers une autre à Washington ?
K. et I. :La thèse du survol et
de la fuite (the flyover/flyaway theory) défendue par le CIT ne
serait-elle pas la seule explication capable d'accorder les
faits matériels aux témoignages ?
T.M. : Cette question ne s'est jamais posée. D'une part parce
que personne n'a jamais contesté que des gens aient vu un avion
à proximité du Pentagone, d'autre part parce que les
contradictions ne sont pas entre une théorie et des témoignages,
mais entre les différents témoignages. Pour faire vite : Donald
Rumsfeld est entré en complet veston au cœur de la fournaise et
a vu des débris de Boeing calcinés. Il en est ressorti très
choqué, mais sa chemise toujours aussi propre. Les pompiers sont
entrés au cœur de la fournaise grâce à leurs combinaisons
amiantées et ils n'ont pas vu de débris d'avion, ni de trace de
kérosène. Qui dit vrai ?
K. et I. : Vous ne développiez
pas de théories alternatives dans L'Effroyable imposture. Après
avoir envisagé l'explosion d'un camion piégé, garé face au mur
d'enceinte ouest du Pentagone, vous êtes rapidement passé à la
thèse du missile. Pouvez-vous nous expliquer ce revirement ?
T.M. : Savoir comment avait été perpétré l'attentat du Pentagone
ne m'intéressait pas. Cela m'indiffère encore aujourd'hui et je
dois me forcer pour en parler. Le sujet de mon étude, c'était de
comprendre comment l'interprétation mensongère du 11 Septembre
avait pu servir à suspendre les libertés fondamentales aux
États-Unis, à s'emparer de l'Afghanistan et à préparer
l'invasion de l'Irak.
L'Effroyable imposture est un ouvrage de sciences politiques
destiné au grand public. Il est inscrit au programme des
étudiants de grandes universités en Argentine, aux Émirats ou en
Russie. Il ne traite pas des attentats du 11 Septembre, mais la
première partie du livre démontre l'incohérence de la version
gouvernementale et l'impossibilité de l'utiliser en droit
international pour justifier ce qui a suivi.
Rétrospectivement, on a trouvé quatre erreurs factuelles dans la
première partie, consacrée aux attentats. Au demeurant, elles
portent sur des points latéraux et n'altèrent pas la validité de
mon analyse. Aucune erreur n'a été trouvée dans les parties 2 et
3 du livre consacrées à la politique intérieure et extérieure de
l'Empire.
Je ne m'intéressais pas au détail de l'attentat du Pentagone.
J'ai simplement relevé que des agences de presse avaient évoqué
un camion piégé et, au vu d'une première documentation, mon ami
Pierre-Henri
Bunel m'a certifié que cette hypothèse était plausible.
Comme la polémique prenait de l'ampleur, nous avons cherché à en
savoir plus. C'est le commandant Bunel, un expert reconnu ainsi
qu'en attestent ses états de service, qui a émis l'hypothèse du
missile lorsque CNN a diffusé cinq photos de l'attentat. Nous
avons travaillé sur cette hypothèse et constaté qu'elle était la
plus probable. Puis, j'ai obtenu des renseignements qui m'ont
conforté dans cette direction. Là encore, personne n'a contesté
sérieusement l'expertise de Pierre-Henri Bunel publiée dans Le
Pentagate. Par contre, un nouveau torrent de boue a coulé sur
lui. On a rappelé qu'il avait été jugé et condamné pour
espionnage. Et on a caché qu'il avait été arrêté par l'OTAN,
puis récupéré par la France et condamné à une peine mineure,
selon l'usage lorsque l'on récupère un agent que l'on avait
envoyé espionner des « alliés ». Ce que l'on a reproché au
commandant Bunel devrait au contraire être considéré comme un
glorieux fait d'armes si l'on en croit le jugement du général
Michel Roquejeoffre qui n'a cessé de lui témoigner son amitié et
son respect.
J'ai réservé notre hypothèse du missile aux ambassadeurs de la
Ligue arabe auxquels je me suis adressé lors d'une conférence à
Abu Dhabi organisée par le cheik Zayed, président des Émirats
arabes unis. Ce fut un moment crucial. À ce moment là, tous les
gouvernements arabes, y compris les plus proches des États-Unis,
ont révisé leur position politique.
Sur cette lancée, alors même que je ne disposais d'aucun titre,
ni mandat, j'ai réussi à rencontrer de nombreux dirigeants
politiques et militaires dans le monde, à leur exposer mon
travail et mes analyses et en définitive à les dissuader de
soutenir la politique belliqueuse des Anglo-saxons qui
s'apprêtaient à mettre tout le Proche-Orient à feu et à sang.
Pour terminer de répondre à votre question, ce n'est pas à nous
d'établir ce qui s'est passé le 11 Septembre, c'est aux
États-Unis, qui ont affirmé au Conseil de sécurité avoir été
l'objet d'une agression extérieure, d'en faire la preuve.
Concernant l'attentat survenu au Pentagone, ils nous ont raconté
qu'il avait été commis en détournant le vol AA77. Le seul
argument qui nous est présenté pour étayer cette version, c'est
que cet avion a disparu avec ses occupants. Or, rien ne permet
de lier cette disparition à l'attentat du Pentagone. D'ailleurs,
la compagnie American Airlines a fait jouer la clause
"disparition" du contrat d'assurance et non pas la clause
"crash".
D'autres éléments ont été évoqués pour relier le vol AA77 au
Pentagone. Le 2 avril 2002, le FBI, dans un communiqué dénonçant
l'indécence de mon livre, a affirmé avoir décrypté une des
boîtes noires et avoir retrouvé de nombreuses pièces de
l'appareil portant les numéros de série de Boeing. On a évoqué
un hangar où les pièces retrouvées étaient stockées pour
reconstituer partiellement l'appareil. Sept ans plus tard, il
n'est plus question du hangar ni de son contenu.
K. et I. : Les 5 images rendues
publiques en mars 2002 par le Departement Of Defense sont une
sorte de "Test de Rorschach", chacun pouvant y voir ce qu'il
souhaite y trouver (Boeing ou missile)
La principale conséquence de
cette vidéo fut d'accréditer l'impact d'un "objet volant" contre
la façade du Pentagone. Le mouvement sceptique ne serait-il pas
tombé dans le piège d'une opération de désinformation destinée à
éloigner les critiques du véritable modus operandi de
l'opération ?
Je crois que ces 5 images furent
d'ailleurs publiées le jour même de la sortie de L'Effroyable
imposture.
T.M. : Cette affaire est une opération de propagande mal
calculée. Effectivement les photos ont été publiées par le DoD,
lors de la publication de L'Effroyable imposture. Des auteurs
étasuniens avaient caricaturé dans leur presse mon travail sur
le Net en affirmant que je niais l'attentat du Pentagone.
Auto-intoxiqués, ils ont cru qu'ils me cloueraient le bec en
diffusant des photos de l'attentat. L'effet a été inverse.
Chacun peut constater que ces images montrent une explosion,
mais qu'on n'y voit pas d'avion.
Au demeurant, je n'ai pas changé d'avis. Aujourd'hui,
l'hypothèse du missile est la seule qui rende compte des faits
et soit compatible avec les constations. Elle s'applique à
l'explosion principale, celle survenue à neuf heures et demie.
Mais nous savons qu'une autre explosion était survenue
auparavant, suite à laquelle l'ordre avait été donné d'évacuer
partiellement le bâtiment.
Maintenant chacun doit prendre ses responsabilités. Une petite
coterie (Pascal Bruckner, André Glucksman, Pierre Rigoulot,
Élisabeth Schemla, Pierre-André Taguieff, Philippe Val et
quelques autres) accuse les sceptiques de promouvoir une
interprétation des faits qui endorme la vigilance de nos
concitoyens en minimisant le péril islamique. Dont acte. Pour ma
part, je ne pense effectivement pas que la civilisation
occidentale soit menacée par quelques barbus fanatiques. A
contrario, je vous invite à considérer que les intellectuels qui
prétendent, sans aucun élément matériel pour l'étayer, qu'un
avion détourné s'est écrasé sur le Pentagone collaborent
idéologiquement aux développements impérialistes au Grand
Moyen-Orient. Ils portent leur part de responsabilité dans une
politique qui a déjà causé la mort de plus d'un million de
personnes.
Si vous souhaitez reproduire cette
interview sur votre site ou votre blog, contactez
Enquêtes
et Faits divers.
Interview publiée le 28 février 2010 avec l'aimable autorisation
d'Enquêtes
et Faits divers.
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