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Questions à Nadir Dendoune
Jeudi 26 novembre 2009
Nadir Dendoune, journaliste, écrivain, porte parole du
collectif, Auteur de "Lettre ouverte à un fils d’immigré"
en 2007.
Le
collectif se présente comme un mouvement citoyen « sans
attache partisane ni politique et sans vocation à l’être »,
quel est donc l’objet de votre message ?
NADIR DENDOUNE :
Aujourd’hui , on revendique une société qui respecte les droits
de l’homme et la dignité des citoyens. Avec cette journée « 24
heures Sans Nous », on veut démontrer l’importance de
l’immigration en France, et le rôle déterminant des immigrés
dans la vie du pays. C’est une idée qui peut paraître un peu
simple car on avance aucune revendication concrète ou politique,
mais dans l’opinion c’est loin d’être un acquis. Actuellement,
il y a une dérive, les commentaires insultants se multiplient
sur les forums sur internet. Certaines personnes se lâchent
impunément et il faut que ça cesse. Nous, on a seulement pour
but de fédérer autour de nous ceux qui croient en l’apport de
l’immigration et sa richesse pour confronter les visions du
gouvernement et la réalité du pays. Le succès de notre appel est
à lui seul le témoignage du raz-le-bol ressenti par une grande
partie des citoyens.
L’idée
d’organiser un événement pour sensibiliser les consciences et
changer les regards fait penser à l’histoire de la Marche pour
l’égalité en 1983 et la création de SOS racisme l’année
suivante. Ne crains tu pas qu’en refusant « d’adopter une
ligne de conduite » ou d’exprimer des revendications
précises votre mouvement soit récupéré par des forces politiques
ou commerciales ?
NADIR DENDOUNE :
Nous sommes des héritiers de cette histoire. J’ai des amis qui
ont participé à cette marche dans les années 1980, mais la
France d’alors n’est pas la France de 2009 ni celle de demain. A
l’époque, il y avait une dimension beaucoup plus sociale, le
mouvement s’appuyait sur les quartiers populaires. On s’adresse
à un public plus large et un public d’aujourd’hui. Le climat
alimenté par le gouvernement et les propositions d’Eric Besson
sont une honte et il est important d’abord d’être fédérateur.
Après on a chacun nos convictions et nos ambitions, et on n’a
pas forcément envisagé de poursuivre le mouvement ensuite. C’est
pourquoi on espère bien élargir l’éventail des soutiens
politiques. Dernièrement, M. Chirac ne s’est pas illustré en
Gironde avec une blague déplacée à propos du "jeune de Lormont",
mais on espère bien qu’à droite, il y aura une sorte de réveil
démocratique qui assainirait radicalement les débats politiques
en France.
Concrètement
quelles types d’actions envisagez vous jusqu’au premier mars,
pour marquer les esprits ?
NADIR DENDOUNE :
Notre victoire c’est que le mot "immigré" ne soit pas une
insulte et ne soit pas employé avec une connotation péjorative
Ensuite concrètement on travaille avec des associations qui
militent auprès des sans-papiers, on essaye de mobiliser des
intellectuels, des politiques, des artistes autour de nous.
Toutes les actions de terrains mises bout à bout expriment avec
force l’idée que l’immigration est une richesse. Pour l’instant
on cherche surtout à négocier avec les organisations syndicales
pour permettre aux salariés de faire grève sans être inquiétés.
Si cette journée pouvait réussir à mobiliser une population
importante, ce serait aussi une manière de rappeler à l’ordre le
pouvoir et d’empêcher les dérives dans les discours de nos
dirigeants.
Propos recueillis par Lucie Servin
Le
manifeste du Collectif 24H sans nous
Le sommaire de Nadir Dendoune
© Journal L'Humanité
Publié le 26 novembre 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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