Centre Palestinien
d'Information
Interview
du Dr Moussa Abou Marzouq (4)
Photo CPI
Damas – CPI
A l’occasion du vingtième
anniversaire du mouvement de la résistance islamique Hamas, notre
Centre Palestinien d’Information (CPI) a effectué une interview
détaillée avec le vice-président du bureau politique du
mouvement, Dr. Moussa Abou Marzouq.
L'interview étant
un peu longue, nous en traduisons des extraits que nous publions
en plusieurs épisodes. En voici le quatrième et dernier :
La
vision de Bush
CPI :
Les négociations sont-elles entamées pour appliquer la vision de
Bush basée sur deux Etats ?
Marzouq :
Bush parle de deux pays. Mais l’Entité sioniste est
considérée comme un pays qui existe sur le terrain, mais
pourquoi ils ne parlent d’un Etat palestinien ? Selon la
vision de Bush, l’Etat d’"Israël" existe déjà,
pourtant, elle n’a pas encore pris sa vraie dimension géographique,
ainsi que démographique. Cela dit, l’Etat palestinien ne sera
pas défini selon les décisions des Nations Unies, mais selon les
résultats de ces négociations, et surtout selon les assurances
données par Bush à Sharon, concernant le mur discriminatoire de
séparation qui grignote de plus en plus de territoires
palestiniens occupés…
Pour ce qui est de l’échange
de terrains accepté par la présidence de l’autorité
palestinienne, on parle d’un Etat palestinien sur une superficie
de 6250 kilomètres carrés, sans parler d’une retraite israélienne
vers les frontières du 4 juin 1967. La conséquence d’un tel
propos est que les Palestiniens auront des terrains désertiques
du Neguev, ou à l’extérieur des frontières palestiniennes
historiques, à la place de leurs territoires de la ville
d'Al-Quds, de Jénine et de Naplouse. Ainsi, des milliers de
Palestiniens seront chassés de leurs domiciles, en application de
la judaïsation de l’Entité sioniste…
Abbas
est optimiste !
CPI :
Quelles sont les raisons de l’optimisme d’Abbas ?
Marzouq :
Il n’y a rien qui pousse Abbas à un quelconque optimisme, pour
ce qui est des négociations avec l’occupant ou de l’horizon
de la rencontre d’Annapolis. Cet optimisme a besoin d’une
analyse psychologique plutôt que d’une analyse politique.
En ce qui concerne les
promesses, il en est rien, surtout que les trois personnes concernées
(Abbas, Olmert et Bush) vivent leurs derniers moments. Ils jouent
dans le temps de prolongation.
Et la conférence
d’Annapolis devait discuter des sujets vitaux : l’Etat,
les réfugiés, Al-Quds, les frontières… Ce qui s’est passé,
c’est qu’on a parlé seulement d’un déclenchement des négociations,
qui avait déjà été déclenchées ! Et dans la conférence,
on a délimité 2008 comme une date pour tout régler. Pourtant,
dans son premier discours devant la Knesset, Olmert a déclaré
qu’il n’y a pas de date sacrée. Et concrètement, il a entamé
une attaque coloniale des plus agressives, dans la montagne
d’Abou Ghonaim, dans la ville d'Al-Quds !
La
rencontre de Paris
CPI :
Dans la rencontre de Paris, des biens ont été mis de côté au
nom du peuple palestinien. N’est-ce une réalisation pour le président
de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas ?
Marzouq :
Les pays donateurs n’ont fait que renouveler leurs obligations
envers l’autorité palestinienne. Le problème, c’est que cet
argent ne va pas au peuple palestinien qui souffre de l’état de
siège. Il va à l’autorité, ses établissements et ses
fonctionnaires, excluant des milliers de fonctionnaires, sous prétexte
qu’ils sont proches du Hamas !
Un
partenariat
CPI :
Le président Abbas, durant ses rencontres avec les dirigeants
arabes, dit que si le Hamas veut un partenariat politique, il
devra s’engager à la ligne politique de l’autorité,
n’est-ce pas logique ?
Marzouq :
Pour ce qui est de la logique, c’est le Hamas qui avait gagné
les élections législatives. Donc c’est lui qui met les règles
de tout partenariat, et non le contraire. C’est à nous que le
peuple palestinien avait donné sa procuration…
A propos, l’accord de
la Mecque était une reconnaissance du Fatah des résultats des élections
législatives et du fait que le Hamas reste le numéro un de la scène
palestinienne. Abou Mazen doit savoir que le Hamas est l’axe de
tout partenariat…
Tentative
arabe
CPI :
Mettre fin à l’anarchie sécuritaire dans la bande de
Gaza, en juin dernier, avait-il envenimé vos relations arabes et
internationales ?
Marzouq :
Il y a une compréhension générale chez la plupart des pays
arabes de ce qui s’est passé dans la bande de Gaza. Ils savent
que le Hamas est plein de sollicitude pour l’unité nationale.
Quant à ce qui s’est passé à Gaza, le Hamas n’avait pas
d’autre choix. Plusieurs dirigeants arabes ont exprimé leur
volonté d’intervenir pour participer à la réparation de la déchirure
de la scène palestinienne…
De notre côté, nous
saluons toujours toute tentative de la part de nos frères arabes.
Nous déclarons toujours que nous sommes prêts à pratiquer tous
les efforts pour faire réussir de telles initiatives.
Malheureusement, il y a des Palestiniens qui mettent des bâtons
dans la roue de ces tentatives pour les faire échouer.
Probablement, ils pensent que plus la division est profonde, plus
ils seront plus libres dans leurs mouvements et leurs aventures
politiques.
Dans le même cadre,
nous saluons l’annonce du secrétaire de la Ligue Arabe Amro
Moussa d’une action arabe totale concernant la réconciliation
palestino-palestinienne basée sur l’accord de la Mecque et les
accords du Caire. Nous confirmons que nous mettons des efforts très
denses pour la faire réussir.
Enfin, en ce qui
concerne nos relations avec les Européens, tous les canaux sont
toujours ouverts.
Interview
du Dr Mousa Abou Marzouq (1)
Interview du Dr
Mousa Abou Marzouq (2)
Interview du Dr
Mousa Abou Marzouq (3)
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