Centre
Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Al-Zahhar : Le Fatah approuve la vision du Hamas concernant la
commission des élections et l'OLP
Photo: CPI
Mardi 12 octobre 2010
Gaza – CPI
Dr. Mahmoud Al-Zahhar
est membre du bureau politique du mouvement de la résistance
islamique Hamas. A notre Centre Palestinien d’Information (CPI),
il a accordé une interview exclusive dans laquelle il a dévoilé
l’accord établi entre le mouvement du Hamas et celui du Fatah
sur la plupart des questions sécuritaires, lors des pourparlers
de réconciliation nationale.
En ce qui concerne
la constitution de la commission des élections, du comité
juridique spécial aux élections et de la direction provisoire de
l’OLP, constituée des factions palestiniennes, le Fatah l’a
accepteé « selon la vision du Hamas, après une longue période de
refus. Il reste les sujets de la sécurité. Ils seront discutés
le mois prochain. »
Et pour ce qui se
passe contre les sympathisants du Hamas en Cisjordanie, Al-Zahhar
dit : « Le peuple palestinien connaît ceux qui ne veulent pas la
réconciliation, comme ces chefs d’appareils sécuritaires qui
travaillent main dans la main avec les occupants israéliens. Ils
savent que toute réconciliation ne serait pas dans leur intérêt.
Le gouvernement de Fayyad aussi, dont la base est nulle, n’en
veut pas. Ce gouvernement n’est pas basé sur des élections
quelconques. Les Israéliens ne le veulent pas non plus. Les
Américains se sont aussi mis quelquefois contre la
réconciliation. Et pour la freiner, ils renforcent la
persécution en Cisjordanie. »
Le leader ajoute :
« Tout cela ne sert en aucun cas Abou Mazen, parce que les mêmes
moyens agressifs utilisés dans la bande de Gaza contre le Hamas
n’avaient rien donné. Tout au contraire, ils ont influencé les
élections, et la rue palestinienne a voté contre eux. »
Il nous en donne
son point de vue, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe
et résumée par le soin du département français de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI).
Optimisme, pessimisme
CPI :
Commençons notre interview par le dossier de la réconciliation.
L’optimisme des déclarations du Hamas et du Fatah est-il
réaliste ?
Al-Zahhar :
Parlons d’abord de ces sujets toujours suspendus. Tout d’abord,
le Hamas veut toujours que la constitution de la commission des
élections soit faite selon un accord préalable. Le Fatah voulait
que seulement Abou Mazen (le président de l’autorité
palestinienne de Ramallah) s’en occupe. Pareil pour le sujet
concernant le comité juridique dédié aux élections. Le troisième
sujet concerne la direction provisoire de l’OLP, constituée des
factions palestiniennes. Le Hamas demande qu’elle ne soit pas
désactivée. Il y a également eu quelques aspects du dossier de
la sécurité.
Maintenant, le Fatah a accepté les trois
premiers points, selon la vision du Hamas, après une longue
période de refus. Il reste les sujets de la sécurité. Ils seront
discutés le mois prochain.
Loin de tout optimisme ou pessimisme, si on
finit ces dossiers, il sera facile d’aller au Caire pour signer
la réconciliation.
Les difficultés
CPI :
Il est rapporté de quelques responsables du mouvement du Hamas
que le dossier de la sécurité serait le plus compliqué.
Pourrait-il nous ramener à la case départ ?
Al-Zahhar :
Le dossier de la sécurité avait été mûrement discuté. Il n’en
reste qu’une partie minime. Et dès qu’elle sera réglée, ce
dossier arrêtera d’être un obstacle.
Qui ne veut de la réconciliation ?
CPI :
On entend beaucoup parler de la réconciliation, au même moment
où on voit la guerre médiatique entre les deux mouvements
continuer. Continue aussi la campagne menée contre les
sympathisants du mouvement du Hamas en Cisjordanie. Quelle en
est l’explication ?
Al-Zahhar :
Le peuple palestinien connaît ceux qui ne veulent pas la
réconciliation, comme ces chefs d’appareils sécuritaires qui
travaillent main dans la main avec les occupants israéliens. Ils
savent que toute réconciliation ne serait pas dans leur intérêt.
Le gouvernement de Fayyad aussi, dont la base est nulle, n’en
veut pas. Ce gouvernement n’est pas basé sur des élections
quelconques. Les Israéliens ne le veulent pas non plus. Les
Américains se sont aussi mis quelquefois contre la
réconciliation. Et pour la freiner, ils renforcent la
persécution en Cisjordanie. Tout cela ne sert en aucun cas Abou
Mazen, parce que les mêmes moyens agressifs utilisés dans la
bande de Gaza contre le Hamas n’avaient rien donné. Tout au
contraire, ils ont influencé les élections, et la rue
palestinienne a voté contre eux.
Les négociations en échec
CPI :
Il est bien clair que les négociations sont dans une impasse.
L’équipe d’Oslo ne sait que faire. Où va-t-on ?
Al-Zahhar :
Personne ne veut parler d’une impasse, surtout pas les
Américains. C’est pourquoi les rencontres se multiplient. On
parle d’une rencontre entre Abou Mazen et Netanyahu à Paris,
dans quelques jours. Les Américains travaillent afin que les
rencontres continuent jusqu’à la date des élections partielles
du Congres. Probablement, il y aura des pressions sur les
Israéliens pour qu’ils gèlent la colonisation pour quelques
semaines seulement, pour soulager un peu Abou Mazen. Il y aura
beaucoup de possibilités dont l’annonce de l’impasse, mais cette
dernière reste peu probable.
Opérations tactiques ?
CPI :
Vous avez dit un jour qu’Abou Ammar (Yasser Arafat, l’ancien
président de l’autorité palestinienne) avait demandé du Hamas de
mener des opérations dans la région de Ramallah. Abou Mazen
pourrait-il arriver à ce stade, dans sa relation avec le
mouvement ?
Al-Zahhar :
Il est vrai qu’Abou Ammar l’avait fait, non pour soutenir la
résistance, mais pour des raisons tactiques. Je me rappelle
qu’un jour, nous étions dans une conférence populaire, moi, Hani
Abou Al-Hassan, Abou Ali Chahin et Abdallah Al-Hourani, dans la
salle du cheikh Awwad de l’université d’Al-Azhar (au Caire). Et
ce jour-là, les gens ont appelé le mouvement du Hamas à mener
des opérations contre l’occupation israélienne. Abou Ammar avait
voulu pratiquer des pressions sur le Hamas, et cela n’est un
secret pour personne. Abou Mazen n’a cependant pas la même
capacité et la même audace. Il ne pourra pas se sacrifier pour
une affaire comme celle-ci. Quand j’ai parlé de ce sujet, je
voulais que les gens sachent que la résistance avait été
utilisée pour des causes tactiques. Nous ne voulons pas que la
réconciliation et la résistance soient utilisées pour améliorer
les conditions des négociations. La résistance doit être
pratiquée à partir de convictions stratégiques.
Une nouvelle guerre contre Gaza ?
CPI :
Loin de tout langage analytique, y aura-t-il, dans cette impasse
politique actuelle, une nouvelle guerre contre Gaza ?
Al-Zahhar :
Celui qui passe en revue l’histoire de l’Etat d’occupation
remarquera qu’il tente d’imposer une nouvelle donne politique,
lorsqu’il échoue à imposer par des sanctions et le blocus, par
la guerre. L’histoire des occupants israéliens montre combien de
fois ils ont tenté de déclencher des guerres, non seulement dans
la région, mais partout dans le monde. Allah (le Tout Puissant)
dit dans Son Livre : « Chaque fois qu’ils allument le feu d’une
guerre, Allah l’éteint ».
L’histoire nous montre que beaucoup de
guerres dans le monde ont été lancées par des Sionistes, afin de
changer des donnes économiques, sociales et politiques. Ainsi,
une guerre est très possible. Les guerres précédentes, à partir
de celle de 1948 jusqu’à la dernière guerre de Gaza en passant
par la guerre du Liban, le montrent bien. Cela ne relèvera pas
d’une intelligence particulière de prévoir une nouvelle guerre
contre Gaza ou ailleurs, surtout dans cette atmosphère de guerre
dans laquelle vit la région.
Le soldat Shalit
CPI :
Les différents médias nous font comprendre que le dossier de
Shalit bouge. Y a-t-il du nouveau ?
Al-Zahhar :
Rien de neuf. Ces nouvelles ne sont que des tentatives
israéliennes visant à faire taire la famille de Shalit et ceux
qui pratiquent des pressions, pour gagner du temps.
La nouvelle guerre
CPI :
Les chefs de l’occupation israélienne disent qu’une nouvelle
guerre contre la bande de Gaza serait dure. La résistance y
est-elle prête ?
Al-Zahhar :
Le peuple palestinien de la bande de Gaza, ou ailleurs, a trois
fois rien pour faire face à l’ennemi israélien, sinon s’autodéfendre,
faire un maximum de pertes dans les rangs des Israéliens, briser
leur arrogance, mettre en échec leurs plans et leurs objectifs.
Le Centre Palestinien d'Information - © 2010
Partager
Les rapports
du CPI
Les dernières mises
à jour
|