EODE Press Office
Luc Michel
interviewé par « Le Messager »,
quotidien camerounais
Luc Michel
Dimanche 28 avril 2013
EODE Press Office avec Le Messager /
2013 04 26 /
« L’Invité du 26 avril » (n° 3826, page
4) : Luc Michel
«Le rapport de l’Eode sur les
sénatoriales sera bientôt connu »
L’Observatoire
eurasien pour la démocratie et les
élections (Eode) dont le siège est en
Belgique fait partie des organismes qui
ont observé la dernière élection
sénatoriale au Cameroun. Son
administrateur général présente
l’organisme, ses objectifs et lève un
coin de voile sur le choix du Cameroun
et de l’Afrique.
Quels sont les champs d’intervention de
l’organisme que vous managez en votre
qualité d’administrateur général ?
Luc MICHEL : Eurasian observatory for
democracy & elections (Eode) en anglais
et Observatoire eurasien pour la
démocratie et les élections en français
est une association de droit français.
Son secrétariat-général est basé à
Bruxelles, capitale de l’Union
européenne. Eode est divisée en zones
administratives et géographiques. Une
zone pour l’Union européenne avec son
siège à Paris, une zone pour la Mer
noire et les Balkans avec son siège à
Kichinev en Moldavie, une zone pour la
Russie et le Caucase avec un double
siège à Moscou et à Sotchi dans le
Caucase Nord. Eode a également une zone
turque et bien entendu une zone
africaine. Eode répond à la nécessité
d’avoir un réseau d’Ong non-alignées et
indépendantes, qui ne sont pas soumises
aux diktats de la Commission européenne,
de l’Osce, de l’Otan ou des Etats-Unis.
Notre principale caractéristique, c’est
ce non-alignement, ce respect que nous
avons pour les Etats où nous sommes
actifs et en particulier dans les
processus électoraux.
Votre principal centre d’intérêt est
donc l’Europe et l’Eurasie. Pas
d’intérêt pour l’Afrique…
Luc MICHEL : Eode est née en Europe et
est active en Eurasie et développe
depuis de nouvelles activités. Le
département Eode Think tank s’y est
ajouté, il y a deux ans afin de répondre
à l’activisme des Ong occidentales et
produire des idées, des réflexions, de
l’idéologie, des analyses géopolitiques
dans une orientation eurasienne et
grande-européenne. Je tiens à souligner
que notre conception de l’Europe n’est
absolument pas celle de l’Union
européenne. Pour nous, l’Union
européenne, que nous appelons « la
petite Europe », n’est qu’une des deux
moitiés de l’Europe. Notre conception
est celle de la Grande-Europe. C’est un
Espace géopolitique qui va de
Vladivostok (Extrême-orient russe)
jusqu’à Reykjavík en Islande. Notre
second projet actuel est le
développement d’Eode Zone Afrique, notre
branche africaine. L’Afrique est une de
nos grandes préoccupations. Une grande
partie de nos analyses et de notre
raisonnement se base sur la géopolitique
et l’Afrique est aujourd’hui l’extension
de l’Eurasie. Elle est en grande partie
la clef de son avenir géopolitique. Nous
sommes également extrêmement préoccupés
par le retour du néocolonialisme en
Afrique, dont les dernières
manifestations sont la Libye, la Côte
d’Ivoire, le Mali et la Centrafrique.
Sans oublier la Syrie qui est l’arrière
cour de l’Afrique au Proche-Orient. Nous
sommes tout aussi préoccupés par ce qui
se passe au Congo démocratique, ou dans
la zone des grands lacs et sommes
inquiets pour l’avenir de l’Afrique et
préoccupés par l’avenir du processus
d’unification africaine. Dans notre
vision, les unifications africaine et
européenne sont deux processus
parallèles, à mener en symbiose et en
unité, en vue de détacher les deux
continents des structures néo-coloniales
et en vue également de déboucher sur un
monde multipolaire et plus pacifique.
Les richesses de l’Afrique ne vous
motivent-elles pas pour autant ?
Luc MICHEL : La question de l’argent est
centrale au niveau des Ongs
occidentales. Beaucoup d’entre-elles ne
sont, comme vous le dîtes franchement,
en Afrique que pour faire du fric sur le
dos des Africains et leur donner des
leçons. Au niveau d’Eode, nous ne
fonctionnons pas de la même façon.
L’argent n’est pas notre but. Chez nous,
il n’y a pas de « professionnels » du
monde des associations, des
professionnels des Ongs internationales.
Chacun de nos experts, de nos analystes,
a évidemment un métier. Les observateurs
chez nous, contrairement à ce qui se
passe au niveau des observateurs de l’Osce,
de l’Union européenne ou de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe, ne
reçoivent pas d’enveloppes pour leur
participation à nos missions. C’est à
notre sens, la seule façon saine de
faire un monitoring indépendant.
Vous ne venez donc pas donner des leçons
aux Africains ? Luc
MICHEL : La question des bonnes
intentions est évidemment au centre de
la réflexion d’Eode. Notre Ong a été
créée pour résoudre ce grand dilemme en
Eurasie, et en Afrique. Un réseau d’Ong
capable justement de venir faire un
travail sérieux dans le cadre d’une
démarche non-alignée et sans donner de
leçons. Lorsque nous arrivons dans un
pays d’Europe orientale ou dans un pays
africain, nous ne venons pas donner des
leçons. Nous ne venons pas imposer le
modèle occidental de la démocratie
parlementaire et nous ne prétendons pas
qu’il est parfait et qu’il est le
meilleur. Notre zone Afrique est une
branche africaine organisée par des
Africains et pour des Africains en
Afrique et en Europe aussi. Eode a des
responsables en France, par exemple,
issus du Tchad, ou en Angleterre, venant
de la République démocratique du Congo.
Quelles ont été vos premières activités
au Cameroun ? Luc
MICHEL : Nous avons déployé au Cameroun
une mission d’observation
essentiellement composée par la branche
africaine d’Eode qui est dirigée par
Gilbert Nkamto (par ailleurs membre du
Conseil d’administration d’Eode et
Administrateur d’Eode Zone Afrique) et
dont le siège est au Cameroun. Cette
mission a été rendue possible en dépit
de beaucoup de difficultés grâce au
soutien de l’ambassadeur du Cameroun à
Bruxelles qui nous a permis d’obtenir
les accréditations nécessaires. Nos
observateurs ont suivi ces élections et
Eode rendra dans les prochains jours son
rapport. Vous vous
présentez donc comme un ami, un
défenseur de l’Afrique ?
Luc MICHEL : L’Afrique paye cash, au
grand comptant, les manipulations des
pays occidentaux et en particulier des
Usa ; manipulations tout
particulièrement des djihadistes pour
renverser la Libye de Mouammar Kadhafi,
la Syrie de Bashar El-Assad et aussi
parce que des opérations sont en cours
contre l’Algérie qui est le dernier
grand pays d’Afrique du Nord qui n’est
pas encore touché par une
déstabilisation ouverte. Prenons le cas
du Kenya qui sort à peine des élections
présidentielles. Il y a un contraste
flagrant entre l’élection de Uhuru
Kenyatta comme président du Kenya et les
pressions qui ont été effectuées, et pas
seulement par la Cpi mais aussi par les
diplomates occidentaux. On a vu ainsi
les ambassadeurs des Etats-Unis, de
France, d’Angleterre, de Belgique
intervenir en faveur d’un candidat
contre un autre, préciser qu’Uhuru
Kenyatta était « un mauvais choix » et
qu’ils ne le reconnaîtraient pas. Vous
noterez que lors de sa prestation de
serment, il y avait de nombreux chefs
d’Etats africains et seulement quelques
représentants occidentaux. La Cpi, c’est
simple ! C’est un organisme fantoche aux
mains des intérêts occidentaux. Avec ses
clones ou ses épigones : le Tpi-R pour
le Rwanda mais aussi, le premier de
tous, le Tpi-Y, pour l’ex-Yougoslavie,
ont servi aux Usa et à l’Otan à
discréditer et attaquer leurs
adversaires. Aujourd’hui, la Cpi à quoi
sert-elle ? Après avoir apporté beaucoup
d’espoir, elle est une machine à
inculper les chefs d’Etats africains
dont la caractéristique principale est
qu’ils sont tous opposés aux intérêts
des Etats-Unis, de l’Otan et du monde
occidental. On annonçait au Kenya des
troubles, « le retour à la guerre civile
» comme lors des précédentes élections
de 2007. Les Kenyans, y compris les
perdants de l’élection présidentielle,
ont démontré leur maturité en menant une
élection exemplaire, même s’ il y a eu
des problèmes d’administration. Mais il
y en a aussi lors des élections en
France ou en Belgique par exemple. Les
Kenyans ont fait un choix démocratique
qu’il faut respecter. La Cpi est un
organisme non démocratique qui ne
respecte pas ce choix et une machine
anti-africaine. Elle sert également à
attaquer les pays qui font le choix des
intérêts chinois ou russes au lieu des
intérêts économiques occidentaux, dans
le domaine du pétrole notamment.
Que pensez-vous du Cameroun ?
Luc MICHEL : Le Cameroun est un grand
pays africain, un pays qui compte, un
pays dont la voix devrait être beaucoup
plus entendue. Je suis prêt à venir au
Cameroun en mission comme dans tout
autre pays africain. Je n’ai jamais
hésité à sacrifier mon confort ou à
prendre des risques. Vous devez savoir
qu’en Russie par exemple, j’ai mené des
missions d’observation en 2012 et 2013
dans des régions où les observateurs
occidentaux ne voulaient pas aller. A
Novossibirsk, en Sibérie par moins -48C°
par exemple, ou encore à Astrakan dans
le delta gelé de la Volga. Et Fabrice
Beaur, administrateur de la zone
Russie-Caucase, a lui mené une mission
d’observation en mars 2012 pour les
élections présidentielles russe à
Khabarovsk dans l’Extrême-Orient russe
où aucun observateur enregistré de l’Osce
n’a jamais mis les pieds. Trop loin sans
doute du confort de Moscou ou de
St-Petersburg …
Entretien avec ESSOMBA Franck
http://www.eode.org/eode-press-office-luc-michel-interviewe-par-le-messager-quotidien-camerounais/
Reproduction libre de droits avec
mention d’origine/ Luc Michel-Le
Messager (2013)
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