Par
Fériel Berraies Guigny. Paris
Entretien
avec Ali Laidi
Ali Laidi : Terrorisme « … il faut arrêter
de voir en eux des fous d’Allah… » !
Al
Qaïda et sa nébuleuse
continue d’étendre ses ramifications dans le Monde, une
progression inexorable, suivant une dynamique islamiste de
plus en plus complexe et difficile à cerner.
Tapie
dans les secrets d’une guerre de l’ombre, Al Qaeda continue à
étendre son influence, alors que
le bain de sang ne fait que grandir.
Aujourd’hui
même les grands spécialistes de la question, ont du mal à
comprendre, à trouver les réponses, de
pourquoi on en vient à assassiner ? Pourquoi on en
vient à se suicider ?
Pourquoi
les jeunes sont de plus en plus volontaires au Jihad ?
Qu’est ce qui justifie la nouvelle vocation de Martyr au Maghreb
et ailleurs?
Depuis
le 11 septembre, une floraison d’ouvrages a tenté de donner des
débuts de réponses, mais le constat actuel est affligeant, et la
vision du problème toujours et encore faussée.
Le
Monde occidental continue à faire des amalgames, des raccourcis
et le tout sécuritaire a donné ses limites.
Les
plus avisés, commencent à se poser certaines questions :
Comment départager le politique du religieux ? Quand
l’Occident cessera t-il de
confondre islamisme et terrorisme ? à quand une réponse
« démocratique » politique, économique et sociale ?
Pendant ce temps là, alors que
les « croisades punitives et répressives » ne mènent
qu’à des résultats mitigés, naissent de nouveaux sanctuaires,
se renforcent d’anciennes bases arrières du terrorisme.
L’Irak,
auparavant point de passage, abrite désormais
une organisation terroriste de type nouveau. Une
étape géographique cruciale,
qui n’exclut pas pour
autant d’autres ambitions beaucoup plus grandes : créer un
empire islamique de l'Indonésie au Maroc. Mythe ou réalité ?
Fériel Berraies Guigny a
rencontré pour l’hebdomadaire tunisien l’Expression, Ali Laidi chercheur à l’IRIS et
grand spécialiste de la question islamiste et du
terrorisme. Diplômé de l'Ecole de journalisme de Paris, Ali Laïdi
a travaillé pour différents médias (Le Figaro, Le Nouvel
Observateur, L'Express, TF1,
France Télévision notamment) où il a couvert les questions
relatives au terrorisme islamique et à la guerre économique.Il
est actuellement chroniqueur à France 24. Il a enseigné en
majeure de journalisme à Sciences-po Paris (2001-2004.
Auteur
de nombreux articles dans des revues spécialisées (dont
Politique internationale), Ali Laïdi est également l'auteur de
plusieurs ouvrages : « Retour de Flamme » (Calmann-Lévy, 2006),
« Les secrets de la guerre économique » (Seuil, 2004), « Le
Jihad en Europe » (Seuil, 2002) et co-auteur d'un ouvrage
collectif « Guerre secrète contre Al-Qaïda », (Ellipses,
2003).
Entretien
:
La lutte
contre le terrorisme de l’Occident et
de l’Islam modéré est tout sauf un succès ? Cette
lutte au contraire semble aggraver le phénomène qui s’étend
de plus en plus géographiquement ?
Depuis
le 11 septembre, la lutte antiterroriste n’a pas aboutie. On
peut même parler d’échec dans la mesure où toutes les études
actuelles démontrent que loin de se tarir, le phénomène prend
de l’ampleur alors que les sources de recrutement du terrorisme,
ne font qu’augmenter. Le Jihad guerrier continue d’intéresser
de plus en plus de jeunes. Par conséquent sur le plan sécuritaire,
nous sommes face à un véritable échec. Autre fait très
important : l’absence d’arrestation probante, de « membres
importants » du directoire du réseau Al Qaeda. Ni le numéro
un d’Al Qaeda « Oussama Ben Laden » ni le numéro
deux « Ayman
al-Zawahri
« n’ont été arrêtés.
Quel
est le bilan de cette lutte aujourd’hui ?
Suivant
ce bilan là, nous avons quelques touches de succès :
l’arrestation de Mohamed Cheikh considéré comme le véritable
cerveau des attentats du 11 septembre, comme l’arrestation de
Hamdi Al Sahib considéré comme le 28eme membre du commando du 11
septembre. Il ne faut pas oublier non plus qu’un certain nombre
d’attentats ont été évités par les services de sécurité
occidentaux et maghrébins dans la lutte antiterroriste. Mais sur
le plan du bilan politique c’est un échec car il y a encore
beaucoup de sources de recrutement.
Il
y a encore beaucoup de jeunes qui se déclarent ouverts au Jihad
et il y a même pire : on voit des phénomènes qu’on ne
connaissait pas avant. Notamment dans les pays du Maghreb,
on voit de plus en plus de jeunes « candidats au
Martyr » à l’attentat suicide. C’est très nouveau pour
les pays du Maghreb. Une mouvance que l’on retrouve également
de plus en plus en Occident,
puisque s’agissant des attentats de Londres, cela s’est fait
par le biais d’attentats suicides.
Le
bilan sécuritaire reste donc
très mitigé et le bilan politique est un échec.
Les hommes que l’on arrive à capturer,
ne suscitent- ils pas non plus paradoxalement des « cohortes
de nouvelles vocations » avec le concept de « martyrs » ?
Oui comme
je vous l’ai indiqué auparavant, nous sommes en train de gravir
un certain nombre d’étapes qui nous conduisent à la
radicalisation des jeunes jihadistes. A mon avis, la vraie problématique
de la question terroriste reste politique. Et par conséquent, la
réponse doit être à la fois sécuritaire pour empêcher de
nouveaux attentats, mais il faut également une réponse
politique. Depuis le 11 septembre, nous n’avons eu que des réponses
répressives. Aujourd’hui le questionnement politique du
jihadisme est de plus en plus présent dans les populations. Le
peuple est de plus en plus proche des questions posées par Ben
Laden même s’ils en refusent les actions violentes.
Parlez-nous du Jihad en Europe et celui au
Maghreb, sont ce les même idéologies et programmes d’action ?
Non
ce ne sont pas les mêmes idéologies, même s’il y a bien sur
quelques « illuminés » qui restent très
minoritaires. Aucun d’eux n’a de velléité de véhiculer les
préceptes de leurs « frères » du
monde arabe en Occident. Ils ne cherchent pas à
reconquérir les terres d’Europe pour en faire des terres
musulmanes. En
revanche, dans le Monde arabe, l’objectif est de prendre le
pouvoir et d’imposer une politique inspirée par la Charia.
Quant aux méthodes elles sont toutes deux des méthodes
terroristes, elles ont été plus fortes et radicales dans les
pays du Maghreb, à l’instar de l’Occident où ils ont en
effet, plus de mal à passer « à l’action » du fait
du système sécuritaire. Il est vrai qu’en Europe il y a eu pas
mal d’alertes et même en France durant la campagne présidentielle.
Aujourd’hui, il convient d’analyser les deux types de
terrorisme et pas du tout de
les mélanger. Il faut une vision politique des deux types de
terrorisme, mais qui soit différente.
En
fait, cette distinction relève d’un vieux débat entre les
partisans d’une lutte internationaliste et les partisans d’une
lutte au contraire nationaliste. Ce sont des débats qu’on
trouve au sein même de la mouvance Jihadiste et cela a même
conduit à des mouvements très violents entre ceux qui pensent
qu’il faut se mettre au service d’une grande cause
nationaliste du type Al Qaeda, laquelle promeut une frappe contre
L’Occident considérée
comme « la tête du serpent » et ceux qui veulent se
concentrer sur un combat national. Ces derniers pensent qu’il
faut d’abord frapper les Etats arabes, chacun dans son coin.
Pour reprendre le pouvoir dans les Etats arabes.
Ces
débats sont très violents et nous avons vu un exemple ces
semaines ci en Algérie.
Le
fondateur du GSPC, Hassan Attab a en effet, toujours refusé la
stratégie de ralliement à Al Qaeda.
Après le Maroc et l’Algérie, la France est à nouveau touchée, doit-on prendre au sérieux
ces menaces ?
Depuis
1995 en France, on prend toujours au sérieux les menaces. La
France dés les années 1970, a été touchée par le terrorisme
du fait de la problématique liée à la question israélo-palestinienne.
Dans les années 80, avec la problématique des questions
libanaises et iraniennes et dans les années 90, avec la problématique
liée à la question algérienne. On est constamment en état
d’alerte avec le plan vigipirates.
La France
a toujours été considérée par les groupes radicaux, comme
« le petit diable », alors que les Etats Unis sont perçus
comme « le grand diable » S’Agissant du Maghreb
le pays le plus touché par le terrorisme, comme vous le
savez, c’est l’Algérie avec les attentats sanglants qui ont débuté
vers les années 1990 avec les assassinats à grandes échelles
des habitants des villages. Vient ensuite le Maroc qui a subi un
certain nombre d’attaques terroristes, sporadiques. Et vient
finalement la Tunisie, avec les affrontements de décembre
dernier.
La
question est de savoir aujourd’hui, si ces trois pays sont
sortis d’affaire par rapport à cette problématique ?
La réponse
est non ! Absolument pas. Est-ce qu’en Algérie, on voit la
« queue de la comète » et que l’on ne revivra pas
« les années noires » des années 90 ? C’est
possible.
Est-ce
qu’en Tunisie ou au Maroc, il y a un risque ? Oui.
Il y a un
risque certain d’échauffement et d’affrontement des mentalités,
qui peut aboutir à des attentats. Tant que l'on n’aura pas
appliqué une analyse politique du phénomène terroriste, le
risque ne disparaîtra pas. Il faut arrêter de voir en ceux
« des fous d’Allah »
Depuis le
11 septembre, Bali, Madrid et Londres, on continue de dire que ce
sont des gens irrationnels qui se basent sur un texte sacré pour
islamiser le Monde. Il est dangereux de se contenter uniquement de
cette analyse. Ben Laden et Zaouari ne sont pas des théologiens,
ils ne sont pas considérés comme des Ulémas et la plupart de
leurs arguments sont politiques !
La
religion ne joue pas le rôle de l’objet de la dispute, c’est
un vecteur de contestation mais ce n’est pas l’objet de ce
conflit. Si on relit les textes de Ben Laden, ou Zaouari ou
d’autres activistes, on voit que ce sont des revendications liées
au pouvoir et à la souveraineté, sur l’aire naturelle
d’influence arabomusulmane. On est véritablement, au cœur
d’une question politique.
Qu’attendent ils du Maghreb ?
s’agissant de la Tunisie, la chose est plus « contenue »
il n’y a pas encore eu « véritablement » de bain de
sang à part bien sûr, les attentats de Djerba et ce qui s’est
passé en décembre dernier
La même
chose en fait que pour le Proche Orient, et on retrouve cela dans
le dernier texte publié de Zaouairi qui dit « qu’il faut
sauver des pays du Maghreb, de l’influence des français et des
Espagnols ». Là encore, c’est une revendication
politique, Al Qaeda considère qu’il y a encore trop
d’influence de la chrétienne té et
de l’Occident dans cette région. Pour eux, les Maghrébins
doivent reprendre le contrôle de leur pays et leurs seules références
doivent vernir de l’Islam.
S’agissant
de la Tunisie, il est vrai que le début de réponse socioéconomique
a pu quelque part ralentir le processus. Il n’y a bien sur, pas
de modèle de référence unique par pays. Mais ce qu’il faut
savoir concernant la Tunisie et le Maroc, c’est que
ce sont deux pays qui n’ont pas connu « le drame
de la décolonisation » et par conséquent, il n’y a pas
ce type de référence, dans les textes des Jihadistes, comme pour
l’Algérie.
Le développement
et le choc de société sont donc différents. Mais ce qu’il ne
faut jamais oublier, c’est que l’objectif des jihadistes sera
« d’enflammer » et donc il feront tout pour faire
rentrer aussi la Tunisie dans le chaos. Leur stratégie passe
essentiellement par cela, c’est à dire développer « le
désordre et l’anarchie » même dans les pays
traditionnellement stables et calmes. Tout le Maghreb est visé,
ce n’est pas une coïncidence s’ils se font appeler « Al
Qaeda Maghreb » !
La « Modernité » du Maghreb
est elle un signe d’impiété pour Al Qaeda ?
A la
base, la modernité n’était pas un problème pour les
salafistes. Au contraire cela avait même suscité une sorte de réflexion.
Al Afghani et ses amis se posaient la question de savoir, s’il
n’était pas opportun de concevoir une certaine
modernité démocratique et politique comme celle de l’Occident,
à appliquer dans le Monde arabe.
Par la
suite, ce mouvement s’est cassé et il s’est radicalisé. Mais
ce qu’il faut savoir, c’est qu’à la base du mouvement
salafiste dans l’histoire, c’est avant tout
de chercher une modernité des valeurs de l’Islam qui
soit conforme à l’évolution du Monde. Zaouari ou Ben Laden ne
sont pas « anti modernes », même s’agissant de la
religion et de la femme. Cela a bien sûr évolué. Mais le
mouvement a bien compris une chose : c’est qu’en
continuant de faire référence au texte sacré, il pourrait
continuer à recruter.
Et ce, plutôt que d’avoir pour référence, une analyse
politique du Monde arabe, basée comme dans le nationalisme arabe
sur des références marxistes.
Les premiers textes d’Al_Qaïda de 1994 sont des textes
politiques qui ne revendiquaient pas l’application de la Charia,
mais l’exclusion de toutes les terres arabes et musulmanes, des
armées et de l’influence occidentale. Les références des
sergents recruteurs du terrorisme sont la Tchétchènie, la Bosnie, la Palestine. Si l’on fait
n’importe quoi depuis le 11 septembre, c’est parce qu’on mêle
et on croise des concepts et
des discours politiques et islamistes.
Ben Laden
dés qu’il s’exprime, ne fait jamais référence à la
religion, comme but ultime de son combat. Je le répète : ce
n’est pas un théologien. Il parle plutôt des Etats Unis, de
l’Occident, de l’injustice que subit actuellement les
Irakiens, les Afghans, les Palestiniens...
Très
rares sont les discours de Ben Laden où il fait
référence au « comportement de la femme arabe ou
musulmane » par exemple.
Quelle politique à adopter pour le
Maghreb ?
C’est
une question difficile et je ne pense pas avoir la prétention
d’y répondre, d’autant que je fais parti d’une génération
qui ne croit ni au communisme ni au capitalisme, ni à un
quelconque « isme » ni a aucune analyse systémique.
Par conséquent, je n’ai aucune solution, tout ce que peux dire
c’est « cessons de tout mettre sur le dos de la religion
« et voyons quelles sont les causes politiques du
terrorisme. Et si on y parvient, alors il faudra y répondre sur
le plan politique. C’est ainsi, que l’on pourra couper
l’herbe sous le pied des recruteurs. Il faut éradiquer par la même,
la dynamique des recrutements des jeunes qui se font manipuler par
les textes saints. Au Maghreb cela devra s’accompagner par un
meilleur partage des pouvoirs, une meilleure justice sociale et économique,
un meilleur équilibre des sociétés arabes. Ce qu’il
faut, c’est une politique globale pour améliorer les conditions
de vie de ses sociétés.
On pense qu’il y a un renforcement des
« anciens sanctuaires » comme le Pakistan, l’Afghanistan
et l’Irak ?
La réponse
politique est primordiale aussi dans cette région, et cela
ne va pas changer sous prétexte que les Etats Unis
occupent par le biais des forces de l’Otan l’Afghanistan, ou
qu’elle a des alliés. Il faut traiter le mal à la racine.
S’agissant
de la stratégie de Zarkaoui en Irak, j’ai toujours pensé que
sa façon de procéder n’avait jamais eu l’aval d’Al Qaeda.
Ben Laden et Zaouairi n’ont jamais été entièrement d’accord
par rapport à sa façon de procéder, mais ils ont tout de même
accepté de labelliser ses actes. Ils n’acceptaient que Zarkaoui
fasse des chiites les premiers ennemis.
Zarkaoui
pensait que le grand ennemi en Irak, étaient les chiites, à
l’instar des principaux membres d’Al Qaeda qui pensaient que
l’ennemi numéro un en Irak, étaient les Etats Unis. La stratégie
d’assassinats de chiites de Zarkaoui
est donc très discutable pour eux et la mort de ce
dernier, n’a fait que radicaliser le mouvement. Car c’est un
« verrou »qui sautait. En 2006, Zaourai, ont appelé
au soutien des chiites du hezbollah dans la guerre contre Israël.
Aujourd’hui
l’Irak il est vrai, est devenu un nouveau terroir ou sanctuaire
vecteur de jihadistes et de recrues pour le martyr.
Les radicaux d’Al Qaida tout comme les
chiites alliés de Téhéran ne sont -ils pas à l’heure
actuelle en train de procéder à un véritable nettoyage
communautaire à Bagdad ?
Nier les
conflits entre communautés en Irak serait une erreur. En faire le
cœur du problème aussi. Il est largement exagéré de dire que
les chiites d’Irak sont totalement inféodés à Téhéran.
Durant la guerre iran-Irak, ils ne se sont jamais retournés contre le régime de Saddam. Jamais les
arabes n’accepteront d’être dirigés par des Perses C’est
un aspect crucial de l’analyse.
L’enlisement américain en Irak, ne nourrit- il pas les rêves du gouvernement iranien d’étendre
le croissant chiite de la mer Caspienne à la Méditerranée ?
qu’ est ce que cela signifie pour le monde arabe ?
Il
est clair que les américains ont retiré deux épines du pied aux
iraniens, les Talibans d’abord
et le régime de Saddam Hussein ensuite. Là, il y a un
vide et forcement avec la mort « d’un des leaders »
de la région, s’agissant de l’Irak, c’est un terrain très
propice.
Et
comme la géopolitique a horreur du vide, on peut s’attendre à
un certain « risque » venant de l’Iran. Je ne veux
pas émettre de jugement de valeur, mais
franchement, je ne crois pas au leadership iranien dans
cette région.
La
diplomatie française à l’heure actuelle, que peut - elle
proposer ?
Depuis
cinquante ans, par rapport à ce dossier, la diplomatie française
n’a jamais été assimilée comme appartenant à un quelconque
camp, ni pro arabe ni pro américaine. C’est une crédibilité
qu’elle a toujours su garder, même après le 11 septembre. La
question est de savoir si elle va encore garder cette crédibilité ?
Je
pense qu’elle gardera son identité, c’est une tradition et même
s’il y a une inflexion atlantiste, cela ne se fera pas de manière
radicale. La France sans être dans une neutralité totale,
ne sera jamais radicalement engagée dans un camp ou un
autre. C’est ce qui fait aujourd’hui la spécificité de sa
diplomatie.
Vous
avez écrit un ouvrage, sur les secrets de la guerre économique,
comment l’appliquez-vous à l islamisme et au terrorisme ?
Je
travaille depuis 1992 sur le terrorisme, j’ai sorti à cet effet
mon premier livre « Le Jihad en Europe »et en
refermant ce livre, j’étais très frustré car je n’avais pas
la réponse à la question du « pourquoi » ? . A
ce jour, il y a très peu d’ouvrages qui disent pourquoi les
terroristes passent à l’acte, on répond plus facilement à la
question du « comment » ?
Pourquoi
assassinent- on des gens ? C’est la question qui me motive
à aujourd’hui.
Je
suis passé ensuite, à la problématique de la guerre économique,
à cette fin en croisant ces deux problématiques, j’ai commencé
à avoir là, un cadre de réflexion qui devenait plus large.
J’ai commencé à travailler le lien entre le terrorisme et la
mondialisation. J’ai commencé alors à avoir, un certain nombre
de réponses, que j’ai pu exposer dans mon troisième livre, qui
s’appelle « Retour de Flamme » et qui croise ces
deux concepts. Ce dernier essai reprend toutes ces problématiques.
Y sont exposés les liens structurels entre la création d’Al
Qaeda, le choix de Ben Laden et de Zaouairi de suivre la voie du
terrorisme et le nouveau monde apparu au lendemain de la chute du
mur de Berlin. J’ai là, reçu un certain nombre de réponses.
Je suis arrivé au constat que la région qui a le moins profité
de la mondialisation, est l’aire arabo musulmane. Elle n’a récolté
aucunement les bénéfices
de la mondialisation, tant au niveau démocratique qu’économique.
Et les plus radicaux de cette région, se sont alors concentré
sur le texte sacré, car il n’a jamais déçu. Le texte sacré
devient un refuge de l’identité. La problématique
arabomusulmane se nourrit actuellement, de l’ambition de devenir
une « vraie puissance » comme l’Amérique, l’Asie
et même certaines Nations de l’Afrique.
Que
pensez-vous de la corrélation entre pétrole et terrorisme ?
Il
est vrai que si la région du Monde arabe était désertique et qu’il
n’avait aucune ressource, il y aurait
sûrement moins de conflits. Il
est vrai que si la région du Monde arabe était désertique et qu’il
n’avait aucune
ressource, il y aurait sûrement moins de conflits. Mais cela ne
justifie pas pour autant la présence du terrorisme.
C’est uniquement une donnée qui vient compliquer la
problématique. Même les pays arabes qui ont les
pétrodollars n’ont pas garanti un développement global à
leurs sociétés. Ils n’ont pas pu jouer le jeu de la
mondialisation. Même les technologies du pétrole sont assurées
par les multinationales occidentales.
Donc
c’est un faux problème, et il ne résume certainement pas la
situation.
En
conclusion La dynamique islamiste est -elle indomptable ?
Il
faut d’abord cesser de mélanger islamisme et terrorisme sinon
on n’a encore rien compris. On peut se prévaloir
de l’islam pour participer au débat politique. La seule
condition, c’est le respect des règles démocratiques.
A chacun ses références, certains puisent dans les textes
sacrés, d’autres se nourrissent à Wall Street, tandis
qu’hier certains prétendaient lire la vérité dans les textes
marxistes.
Ce qu’il faut exclure, ce sont les gens qui excluent la démocratie !
Source :
Interview accordée en Exclusivité à
l’Expression Tunisie.
Hebdomadaire géopolitique
d’information générale
Site
du Groupe Dar Assabayh : Siége du Quotidien le Temps
www.letemps.com.tn
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