Centre
Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Al-Agha : L'agression israélienne a rasé 1,8 mille hectares de
terrains agricoles palestiniens
Photo CPI
Mardi 14 avril 2009
Gaza – CPI
Dr. Mohammed
Al-Agha est le ministre de l’agriculture dans le cabinet
d’Ismaël Haniyeh, premier ministre palestinien. Il a accordé une
interview à notre Centre Palestinien d’Information (CPI).
Dans leur guerre
agressive menée contre Gaza, les Israéliens ont rasé plus de 1,8
mille hectares de terrains agricoles palestiniens, représentant
une perte directe de 174 millions de dollars et 413 millions de
dollars de perte indirecte, dit-il.
En effet, les
occupants israéliens ne mènent pas uniquement une guerre
militaire pour anéantir le peuple palestinien. Ils conduisent
une guerre totale, contre sa vie, son économie, son agriculture…
Une guerre totale, ouverte, sans limite, sans morale.
Monsieur le
ministre nous a parlé de l’agriculture résistante, une
agriculture qui pourra amener le peuple palestinien vers une
autonomie agricole.
Dans l'interview
ci-après, traduite de l'arabe et résumée par nos soins, monsieur
le ministre nous a parlé de ces sujets et d’autres.
Les pertes
CPI :
La dernière guerre agressive israélienne menée contre Gaza a été
totale, contre toute la vie palestinienne dont l’agriculture.
Dans ce domaine, quelles en sont les conséquences ?
Dr. Al-Agha :
Les terrains agricoles, d’une superficie dépassant les 25
kilomètres carrées, étaient, tout au long de la guerre, le sujet
d’une destruction totale, avec toutes les infrastructures de ce
domaine. Les pertes sont très importantes.
Dans le domaine agricole, les pertes totales
dépassent 174 millions de dollars, sans parler des pertes
indirectes (dépassant les 413 millions de dollars).
Les forces israéliennes d'occupation ont
coupé 10062 arbres fruitiers. Elles ont détruit 1016 kilomètres
carrés de terrains couverts, 2704 kilomètres carrés de potagers…
717 puits, entre autres.
50% de poulaillers et 150 fermes abritant
toutes sortes d’oiseaux ont également été démolis.
Notons que les pertes de l’Intifada d’Al-Aqsa
avaient déjà dépassé un et demi milliard de dollars.
Destruction acharnée
CPI :
Ne croyez-vous pas que la destruction des terrains agricoles par
les occupants israéliens soit systématique ?
Dr. Al-Agha :
Absolument. Les Sionistes procèdent à une destruction de toute
l’économie de la bande de Gaza. Ils ont fait beaucoup de dégât à
la production animale. Plus de vingt mille familles
palestiniennes ont perdu leur gagne-pain. Ils ont détruit 50%
des fermes poulaillers. Ainsi, le prix ne cesse de grimper.
Beaucoup de Palestiniens sont désormais privés de protéines. Les
maladies font des ravages, faute d’immunité.
Lors de la dernière guerre de Gaza, détruire
le domaine agricole n’était pas un hasard. Cela ne s’est pas
produit juste pour protéger les soldats. C’est une stratégie et
non une tactique. Ne répètent-ils pas que c’est l’agriculture
qui met en échec leur blocus et leur guerre ?
Destruction ciblée
CPI :
Pourquoi les occupants israéliens ciblent des zones en
particulier ?
Dr. Al-Agha :
Je vous donne un exemple. Beit Hanoun a été cette fois moins
prise en cible ; tout simplement parce que ses terrains avaient
été rasés auparavant. Alors, il ont attaqué l’est de la ville de
Gaza, la zone industrielle de produits alimentaires. Ils ont
pris en cible les zones d’Az-Zaytoun et Khozaa, des zones riches
pour leur agriculture.
Guerre ouverte
CPI :
La guerre a pris fin. Les agriculteurs auront-ils la chance de
reprendre leur travail maintenant ?
Dr. Al-Agha :
Pas du tout. La guerre n’est pas fini. Elle ne vient que de
commencer. L’Entité sioniste ira loin dans ses agressions, non
seulement en Palestine, mais aussi à l’extérieur.
Au-delà des frontières
CPI :
Voulez-vous dire que l’occupant israélien mène une guerre
économique contre des pays arabes ?
Dr. Al-Agha :
C’est évident. Une fois, il exporte des maladies, des épidémies.
Une autre fois, il essaie de barrer la route sur leurs
exportations…
La crise alimentaire
CPI :
La bande de Gaza souffre-t-elle actuellement d’une crise
alimentaire, renforcée par une hausse de prix, surtout celui de
la viande ?
Dr. Al-Agha :
Bien évidemment. Gaza vit entre deux feux. Le feu de la guerre
militaire déclarée et le feu de la guerre d’agriculture non
déclarée. Cette dernière se concrétise par le rasage de
terrains, le déracinement d’arbres, l’assassinat de bêtes…
Il est clair que les occupants israéliens
mènent une guerre que nous pouvons l’appeler « La guerre de
protéines ». Le ministère de la santé de Gaza constate la montée
en flèche de toutes sortes de maladies liées au manque de
protéine : anémie, fragilité des os, entre autres.
Le rôle du blocus
CPI :
Quel y sera le rôle du blocus ?
Dr. Al-Agha :
Le blocus est très destructif. Et par son application, l’Etat
d’occupation espère obliger les Palestiniens à baisser les bras.
L’interdiction d’arriver de Gaza et de
nourrir les animaux ne fait qu’empirer la crise. Les bêtes
n’entrent dans la bande de Gaza. Et le peu qui existe est le
sujet de massacres systématiques. Des facteurs qui ne font
qu’aggraver le manque de viande et de produits laitiers.
En dépit de tout cela, le peuple
palestinien, dans la bande de Gaza, avec son gouvernement
résistant, besognent pour mettre en échec les outrages de
l’occupant israélien.
Les armes prohibées
CPI :
Des armements prohibés ont été utilisés durant la guerre. Quels
seront leurs impacts, à long terme, en particulier sur l’eau et
l’agriculture ?
Dr. Al-Agha :
Ces armes, dont le phosphore blanc, pourront contaminer la
terre, les plantes et les animaux, dans la profondeur. Il est
certain que les eaux souterraines ont été touchées…
Le rôle du gouvernement
CPI :
Que fait le gouvernement pour atténuer les dégâts et leurs
conséquences ?
Dr. Al-Agha :
Le gouvernement assume un rôle important. Il soutient les
victimes de la guerre agressive israélienne menée contre Gaza.
Un paquet d’un million de dollars est en
cours de distribution dans le domaine de l’agriculture.
L’agriculture résistante
CPI :
Vous parlez de l’économie agricole résistante. De quoi
s’agit-il ?
Dr. Al-Agha :
Nous voulons dire par l’économie résistante la capacité à
s’adapter à toutes les conditions. Le soutien de l’homme et son
attachement à sa terre. L’arrivée à autonomie économique.
L’équilibre entre la production e l’importation. La stabilité
des prix. La préservation de l’environnement et de l’eau.
Un plan stratégique pour le développement de
l’agriculture continuera à soutenir les olives, les dattes, les
poissons.
2010 sera l’année de l’agriculture
biologique.
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