France-Irak
Actualité
Pour la GRU
(Service de renseignements
militaires russe),
les États-Unis et leurs alliés ont
fabriqué
le réseau terroriste islamique
transnational
Igor Sergun
Photo:
D.R.
Lundi 1er juin 2015
Intervention du général Igor
Sergun, directeur de la GRU (Service
des renseignements militaires de la
Fédération de Russie) à la 4e
conférence de Moscou sur la sécurité
internationale - revue de presse: Le
Saker original - 16/4/15)*
Titre : Les sujets brûlants
de la lutte globale contre le terrorisme
Mesdames, Messieurs,
Un des plus dangereux défis de notre
époque est celui du terrorisme
international, qui est en train de
prendre rapidement une tournure
politique et de devenir une vraie force
en essayant de prendre le pouvoir dans
certains pays.
Nous assistons à une véritable
expansion mondiale de l’activité des
organisations terroristes, dans le sens
d’un élargissement géographique, d’un
renforcement des relations entre des
groupes autrefois disparates ainsi qu’à
une rapide capacité d’adaptation aux
changements de situation.
Parmi ces organisations terroristes,
le rôle de celles se réclamant de
l’islam radical augmente. Leurs chefs
collaborent de plus en plus pour
chercher à créer des zones
d’instabilité, non seulement à
l’intérieur de quelques pays mais
touchant des régions entières.
Ce terrorisme international émergent
a pour but de restaurer, par des moyens
militaires, un grand califat à
l’intérieur de frontières qui s’étendent
du Moyen-Orient au Caucase, en Afrique
du Nord et dans la péninsule ibérique.
Une campagne pour la formation d’un
front uni pour un djihad global fut
annoncée, avec l’objectif de conduire
une lutte armée contre les principaux
ennemis de l’islam, qui sont les
États-Unis, les pays d’Europe
occidental, la Russie et les pays
musulmans ayant un gouvernement
séculier.
Actuellement, le terrorisme menace
surtout l’Irak, la Syrie, la Libye et
l’Afghanistan où le groupe État
islamique, al-Qaida, Jabhat al-Nusra,
le Mouvement islamique taliban
et d’autres groupes radicaux sont
actifs.
Al-Qaida reste une des
organisations terroristes les plus
puissantes et était, à son apogée, la
bannière de la guerre contre les
infidèles, référence pour les autres
groupes régionaux du même bord qui
opèrent de manière indépendante.
Dernièrement, EI [État
islamique], qui a réussi à imposer
son contrôle sur une partie
significative de l’Irak et de la Syrie,
est en train, avec succès, de prendre
une position dominante parmi les
organisations extrémistes.
Les terroristes ont déclaré
l’avènement d’un califat islamiste sur
les territoires occupés et ont commencé
à mettre en place leurs propres
institutions publiques, dont un système
financier et judiciaire. Un contrôle
centralisé et pérenne sur les différents
groupes armés a été organisé.
Le renforcement d’EI a
sérieusement déstabilisé la situation en
Afrique. EI fournit une aide
militaire et financière conséquente aux
extrémistes locaux et envoie des
renforts composés de terroristes syriens
et irakiens expérimentés. Les groupes
bénéficiant de cette aide sont Ansar
al-Sharia qui opère en Afrique du
Nord, Boko Haram à l’ouest du
continent, alors que la plus grande
menace pour la stabilité de l’Afrique de
l’Est vient de l’organisation terroriste
Al-Shabab al-Mujahedeen,
responsable de nombreuses opérations de
haut niveau.
Aussi alarmante est la tension en
train de monter au Moyen-Orient et en
Asie centrale où des organisations
extrémistes comme les Talibans, Hizb-ut-Tahrir
et le Mouvement islamique d’Ouzbékistan
ont développé une grande force de combat
potentielle. Nous estimons
qu’actuellement 50 000 militants
combattent en Afghanistan seulement. Les
territoires afghans et pakistanais
hébergent un réseau de camps
d’entrainement de terroristes, dont des
camps spéciaux pour la formation aux
attentats suicides à la bombe.
La dissémination active des idées
radicales islamistes a des conséquences
négatives sur le développement de la
situation en Asie du Sud-Est. Une de ces
conséquences, dont il est encore
difficile de prévoir l’ampleur, pourrait
être causée par l’organisation
Jamaha Islamiya dont l’objectif
déclaré est l’établissement d’un état
théocratique islamique dans des
frontières allant de Brunei à
l’Indonésie, la Malaisie, Singapour,
jusqu’aux provinces musulmanes de
Thaïlande et des Philippines
Depuis quelques années, le niveau de
menace terroriste en Europe a augmenté.
Principalement à cause des rebelles
revenant des points chauds et prêts à
utiliser leur expérience à la maison.
Rien qu’en Allemagne, 600 djihadistes
sont revenus durant les quatre dernières
années.
L’influence des extrémistes s’est
même étendue jusqu’en Amérique du Sud.
La région trifrontalière, située à la
jonction de l’Argentine, du Brésil et du
Paraguay est considérée comme un point
d’ancrage par les extrémistes.
L’action secrète de quelques États
dans le but de parvenir à leurs propres
objectifs de politique étrangère grâce
au financement secret de structures
islamiques participe à la
déstabilisation de la situation.
Tout en entretenant une relation avec
les extrémistes, quelques pays
occidentaux semblent certains que leur
prétendue stratégie de chaos contrôlé
dans des régions lointaines ne résultera
pas en conséquences tragiques pour eux,
au moins à moyen terme, mais je pense
qu’ils se trompent lourdement.
Le fait que ce soit à l’initiative de
nos partenaires occidentaux que, depuis
les années 1980, l’islamisme extrémiste
a rapidement pris de l’ampleur n’est
plus un secret pour personne. Pour
contrer les troupes soviétiques en
Afghanistan, on a assisté à un armement
massif, grâce aux fonds américains et
d’autres pays de l’Otan, de groupes
disparates de djihadistes et de
moudjahidin qui se sont alors alliés
pour former les principaux groupes et
mouvements terroristes. De même, grâce à
l’aide financière et militaire de
Washington et de ses alliés et dans le
but d’éliminer le régime en place en
Syrie, dont l’Occident ne voulait plus,
le groupe État islamique et
Jabhat al-Nusra ont été créés.
L’intervention militaire en Libye par
l’Alliance a entraîné un résultat
similaire, favoriser les groupes
extrémistes.
Cette disponibilité de sources
stables de financement pour les
extrémistes est une raison de
s’inquiéter sérieusement. Les sources de
financement les plus fiables étant les
différentes ONG et fondations. Il
existe, environ 200 organisations de ce
type rien que dans la péninsule
arabique.
Une autre source de financement est
le contrôle de la production et du
trafic de drogues. Rien que cette
activité rapporte plus de 500 millions
de dollars par an aux islamistes du
Moyen Orient et d’Asie Centrale.
Il arrive assez souvent que les
actions de Washington et de l’Occident
dans différentes régions du monde
contribuent à engendrer de sérieux
problèmes, comme le trafic de drogues,
l’extrémisme religieux et le terrorisme,
à la suite de quoi Washington mobilise
héroïquement la communauté
internationale pour tenter d’enrayer les
problèmes qu’elle a créés.
De manière générale, sous le slogan
d’une bataille pour un islam pur,
le terrorisme international est en train
de devenir une activité criminelle
internationale. En réalité, c’est devenu
un juteux business brassant des
milliards, business de drogues, de prise
d’otages, de trafic d’armes et de métaux
[et même de migrants maintenant, NdT].
A la recherche d’autre sources de
profit, les djihadistes cherchent même à
établir des relations avec des
organisations nationalistes, des pirates
et des séparatistes.
Nous devons donc nous attendre, pour
le court terme, à ce que le niveau de
menace terroriste reste assez élevé. Le
renforcement des groupes extrémistes, à
l’instigation des États-Unis et de leurs
alliés, surtout au Moyen-Orient et en
Asie centrale, entraîne une réelle
menace d’exportation du terrorisme vers
les pays européens, les républiques du
CIS et la région Asie Pacifique.
Merci de votre attention.
Photo : Le colonel
général Igor Sergun
Traduit du russe à l’anglais
par Shed. - Traduit de l’anglais par
Wayan, relu par jj pour le Saker
Francophone
*Discours
du général Igor Sergun, chef du Service
de renseignement russe, à propos du
terrorisme (Le Saker original –
22 mai 2015 – Source :
thesaker.is)
Emblème de la GRU
(Direction générale des renseignements
(GRU) de l’État-Major des forces armées
de la Fédération de Russie) :
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 3 juin 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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