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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (63)


Photo CPI

Lundi 25 janvier 2010

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Le djihad et le martyre (4)

Le martyre

            En dépit de son caractère sacré en islam, la vie peut être sacrifiée pour mettre fin à l’oppression. Le Coran comme les hadiths exhortent les musulmans à résister à l’oppression et à lutter contre elle avec la méthode d’al-amr bi-l-ma’ruf wa al-nahy ‘an al-munkar (l’ordonnance du bien et l’interdiction du mal). Il y a un hadith qui ordonne aux musulmans d’empêcher le mal avec les mains, ou avec la langue si c’est tout ce dont ils peuvent se permettre, ou avec le cœur s’ils manquent de force pour faire davantage. Les érudits musulmans, passés et présents, ont identifié trois niveaux de résistance ou de lutte. Le niveau minimum est un processus psychologique par lequel un musulman se prépare à monter au plus haut niveau en boycottant le mal et en le détestant. Un niveau au-dessus de résistance entraîne la condamnation du mal avec divers moyens non-violents, comme l’expression orale pour la condamner, l’écriture ou la manifestation, ou la mobilisation de l’opinion publique pour identifier ce qui est incorrect et s’efforcer de le changer. Le plus haut niveau de tous est la résistance par toute force accessible.

            Ce qui compte vraiment, c’est qu’aucune chance ne doit jamais être donnée pour que l’oppression s’établisse dans la société. Un musulman est supposé être un individu conscient, répondant avec une action appropriée à toute injustice qui puisse être perpétrée dans une société, à condition que l’action choisie ne produise pas de mal plus grand que celui contre lequel l’action est prise. Un musulman est ainsi une force pour un changement positif, un citoyen dont la foi renforce en lui un sens de responsabilité pour combattre l’oppression. Il est naturel qu’un musulman puisse perdre la vie en luttant contre l’oppression, et pour cela, il lui est promis une grande récompense dans la vie après la mort. En d’autres termes, l’effort accompli n’est pas perdu et le sacrifice n’est pas vain.

            Le prophète Muhammad est ainsi cité : « Le plus noble djihad est de s’exprimer contre un dirigeant injuste en sa présence même ». Il dit aussi : « Hamza (l’oncle du Prophète et un des premiers martyrs en islam) est le maître des martyrs. Tel est celui qui se lève contre un dirigeant injuste, lui ordonnant le bien et lui interdisant le mal, et qui se fait tuer pour cela ». Il ne serait que juste de déduire de cette tradition prophétique que le martyre, d’après les critères islamiques, n’est pas un échec. Un martyr n’est pas quelqu’un qui perd, mais un être humain plein d’espoir qui offre sa vie pour ce qui est perçu comme plus précieux et, en même temps, éternel. Pour cette raison, les martyrs sont élevés au plus haut de tous les rangs. Les musulmans prient régulièrement pour l’obtention d’un tel statut. Un musulman récite dix-sept fois par jour, dans sa prière : « Conduis-nous vers le droit chemin, le chemin de ceux que tu combles de bienfaits » (sourate 1:6-7). Ceux à qui Dieu a donné sa grâce appartiennent à une des catégories listées dans un autre verset coranique, qui dit : « Ceux qui obéissent à Dieu et au Messager sont les prophètes, les intègres, les témoins et les justes que Dieu a comblés de bienfaits. Et quels bons compagnons ! » (sourate 4:69).

            En choisissant d’offrir sa vie pour la cause de Dieu, un croyant qui se prépare à être martyr entre dans une affaire avec son Seigneur, Dieu. Un tel pacte est mentionné à au moins deux reprises dans le Coran et il y est fait référence dans plusieurs hadiths. Le martyre, l’idée de sacrifier sa vie pour une noble cause, est un concept islamique. C’est l’un des deux seuls résultats acceptables d’une lutte pour la cause de Dieu : l’autre est la victoire. Il semblerait donc, d’un point de vue islamique, que la vie ne soit pas la chose la plus précieuse, car il est très forte louable d’y renoncer pour ce qui est plus précieux : l’affranchissement d’une personne ou d’une communauté des chaînes de la servitude.

            Le martyre dans le monde moderne est moins simple que ce qu’il put être dans le passé. Dans les temps historiques, les musulmans partirent en guerre dans un djihad pour atteindre soit la victoire, soit le martyre. Un martyr était une personne qui perdait la vie à cause des blessures infligées par l’ennemi. Bien entendu, on ne savait pas lequel des deux souhaits allait être accordé. Aujourd’hui, nombre de ceux qui entreprennent le djihad sont quasiment certains que le martyre sera leur destin. Ceux qui combattent sont conscients que la victoire n’est probablement pas entre leurs mains, contre un ennemi puissant. Entre-temps, celui part au combat avec une dynamite attachée à lui prédéterminera son destin lorsqu’il déclenchera ses explosifs. Au lieu d’être tué par l’ennemi, il choisit de tuer l’ennemi en se tuant. Les guerres qu’entreprennent de tels martyrs ne sont pas conventionnelles. Ils savent qu’ils ne peuvent infliger de dommages à leur ennemi sans se détruire, avec leurs adversaires.

            Les musulmans ne furent pas les inventeurs des attaques-suicides, que les partisans qualifient d’“opérations martyres”. Aujourd’hui, toutefois, la stratégie est assimilée à eux et à leur religieux. En réalité, des gauchistes laïcs arabes accomplirent les premières missions suicides dans le Moyen-Orient. Ces opérations prirent principalement la force d’attaques audacieuses desquelles l’attaquant n’avait quasiment aucune chance de sortir en vie. L’attaque par des membres de l’Armée Rouge Japonaise en 1972 à l’aéroport de Lod en Israël est considérée comme une des premières attaques de ce genre au Moyen-Orient. Cependant, ce fut le Hezbollah libanais, qui fut fondé en réponse à l’invasion israélienne du Liban en 1982, qui cultiva la stratégie dans les années 1980, comme remarqué dans le chapitre précédent.

Hamas: son histoire de l'intérieur (62)
Hamas: son histoire de l'intérieur (64)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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