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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (4)
Photo CPI
17 novembre
2008
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage Hamas : Son
histoire de l’intérieur de Dr.
Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la
vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son
développement. Le département français du Centre Palestinien
d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici
la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses
parties.guar
Introduction (3)
Ce livre commence du moment
en 1967 où l’occupation israélienne du tiers restant de la
Palestine créa une opportunité aux Frères Musulmans de renaître
et de se réunifier.
Le premier chapitre, “Les débuts”, commence avec une brève
description de l’incident qui causa l’Intifada du 8 décembre
1987 et des circonstances qui amenèrent à la naissance du Hamas
peu après. Le chapitre observe ensuite les deux décennies
précédentes pour donner à cet événement un contexte approprié.
De 1967 à 1977, les Frères Musulmans de Palestine étaient
occupés à mettre de l’ordre chez eux, à unir leurs rangs et à
regagner certaines bases qu’ils avaient perdu au profit de
mouvements nationalistes laïcs qui avaient remporté leur
popularité en montrant de la résistance à l’occupation
israélienne. A l’intérieur de la Palestine, la direction des
Frères Musulmans avait été défiée de prendre une position contre
l’occupation israélienne. A l’extérieur de la Palestine, les
communautés estudiantines palestiniennes, notamment en Egypte et
au Koweït, jouèrent un rôle significatif dans la révolution de
la pensée à l’intérieur du mouvement en général.
Le deuxième chapitre, “Du prêche au djihad”, s’occupe de
l’histoire de 1977, date à laquelle les Frères Musulmans en
Palestine commencèrent à projeter de lancer leur propre projet
de résistance, qui vit la lumière dix ans plus tard avec la
révolte de l’Intifada. Cette décennie vit la création
d’institutions majeurs, comme al-Mujamma’ al-Islami et
l’Université Islamique, qui fournirent à la société
palestinienne des services essentiels dans les sphères sociales,
médicales et éducationnelles et aidèrent véritablement à élever
la position du mouvement et à accroître sa popularité.
Le chapitre trois, “Une guerre totale”, raconte certains des
événements majeurs qui affectèrent le Hamas entre le résultat
immédiat du début de l’Intifada dans les premiers jours de 1988
et l’annonce de l’accord d’Oslo entre l’OLP et Israël en 1993.
C’était la période pendant laquelle Israël sévit
considérablement contre le Hamas, lançant plusieurs vagues
d’arrestation contre ses leaders et activistes et déportant des
centaines d’entre eux au Liban. La campagne israélienne sans
merci contre le mouvement poussa sa direction à transférer
toutes ses forces exécutives aux Frères Musulmans palestiniens à
l’extérieur de la Palestine. Ce mouvement avait essentiellement
pour objectif de protéger l’organisation d’un effondrement total
sous l’impact de l’assaut israélien. C’est dans ces
circonstances que la branche militaire du Hamas, les brigades du
martyr Ezzedine al-Qassam, fut créée en réponse à la brutalité
des soldats de l’occupation israélienne.
Le chapitre quatre, intitulé “En Jordanie”, dit comment la
direction du Hamas fut transférée en Jordanie suite à l’invasion
du Koweït par Saddam Hussein en 1990. Au début, les Jordaniens
toléraient l’opération clandestine du Hamas, mais le climat de
mobilisation populaire de la guerre du Golfe en réponse à la
menace perçue d’une imminente invasion israélienne prit vit fin,
et les activistes du Hamas furent arrêtés ou contraints à la
clandestinité ou à sortir du pays. Les Jordaniens
reconsidérèrent l’importance qu’ils avaient placée sur le
soutien du Hamas dans leur rivalité avec l’OLP. L’accord de paix
Wadi Araba entre la Jordanie et Israël, ainsi que l’escalade des
pressions sur les autorités jordaniennes, eurent pour résultat
la réduction de l’action du Hamas et le retrait du pays de ses
leaders non-jordaniens. Deux autres développements sont discutés
avec quelques détails dans ce chapitre. Le premier est
l’arrestation de la figure majeure du Hamas Moussa Abu Marzouq à
l’aéroport Kennedy à New York et sa détention conséquence. La
Jordanie, toutefois, n’eut pas le choix de reprendre Marzouq
deux ans plus tard. La seconde question est le désaccord
croissant entre la direction du Hamas en Jordanie et les Frères
Musulmans jordaniens.
Le chapitre cinq, “L’affaire Meshaal”, raconte l’histoire de la
tentative d’assassinat israélienne manquée à l’encontre de la
vie du leader du Hamas Khalid Meshaal. L’aventure israélienne
dans cet événement apporta des dividendes imprévus au Hamas.
Pour sauver leur relation particulière avec la Jordanie, les
Israéliens acceptèrent non seulement d’épargner la vie de
Meshaal, mais aussi de libérer le fondateur du Hamas Sheikh
Ahmed Yassine, qui se trouvait en détention. Sheikh Yassine eut
l’occasion de faire un tour dans plusieurs pays arabes et
musulmans, rameutant un soutien pour le mouvement. En dépit d’un
bref gel dans les relations entre le Hamas et la Jordanie, la
crise s’approfondit toutefois par la suite en raison d’une
pression croissante sur la Jordanie de la part des Etats-Unis,
d’Israël et de l’autorité nationale palestinienne.
Le chapitre six, intitulé “Hors de la Jordanie”, raconte les
événements qui amenèrent au retrait complet du Hamas de la
Jordanie. Suite au décès du roi Hussein en janvier 1999, le
régime jordanien sembla totalement perdre de l’intérêt pour le
Hamas. L’hostilité jordanienne envers le Hamas commença alors
que la haute direction de l’organisation était en visite à
Téhéran durant l’été de 1999. La relation qui se détériorait
entre le Hamas et les Frères Musulmans en Jordanie accéléra la
disparition de l’action du Hamas en Jordanie, avec la fermeture
de ses bureaux et l’expulsion de ses leaders. Le bureau
politique du Hamas se retrouva à Damas, où les autorités
syriennes lui accordèrent une place et une protection.
Le chapitre sept de l’ouvrage, “L’idéologie de libération du
Hamas”, traite de la position du Hamas vis-à-vis des Juifs et de
l’Etat d’Israël, ainsi que des tactiques militaires appropriés
pour le combat, dont l’utilisation des bombardements suicides ou
“opérations martyres”. Le chapitre montre comment le discours
politique du Hamas sur ces questions et d’autres encore évolua
considérablement depuis que sa charte fut publiée pour la
première fois durant l’été de 1988. La charte fut aussi bien
problématique qu’embarrassante et fut plus citée par ceux qui
critiquèrent le mouvement que par ses porte-parole. Ce que ce
chapitre cherche à montrer est que depuis le début, la charte ne
reflète précisément ni la philosophie du mouvement, ni son point
de vue politique. Après avoir soumis la charte à une critique,
le chapitre discute avec quelques détails du concept de la
hudna, un accord de trêve ou de cessez-le-feu présenté par
le Hamas aux Israéliens pas plus tard qu’en 1994.
Le chapitre huit, “Le djihad et le martyre”, concerne le débat
de la question du martyre dans la pensée politique islamique
contemporaine. Ce sujet touche directement le Hamas, dont la
branche armée employa les “opérations martyres” comme une arme
dans la lutte contre l’occupation israélienne. Le chapitre
commence avec une explication des concepts du djihad et de la
mise à mort (qital), les plaçant tous deux dans un
contexte historique avant de discuter de leur rapport à la vie
musulmane contemporaine. Comme le chapitre le montre, le débat
sur le martyre est plus une affaire de politique que de
jurisprudence. Il y a un certain nombre de controverses. Tout
d’abord, il y a la question de savoir si l’acte est un suicide
immoral ou un noble sacrifice de soi ; ensuite, il y a la
question de savoir ce qui est une cible légitime et ce qui ne
l’est pas ; et enfin, il y a le débat sur la tactique, à savoir
si elle sert ou si elle cause du tort à la cause.
Le chapitre neuf, “Le Hamas, l’OLP et l’autorité palestinienne”,
discute de l’attitude envers le Hamas de son principal rival
dans l’arène palestinienne, le mouvement du Fatah. Le Hamas
était dès le début perçu comme un sérieux danger, et la
direction du Fatah, qui avait aussi dirigé l’OLP et qui était
ensuite devenu la direction de l’autorité palestinienne, chercha
de diverses façons de le détruire. Parfois, les leaders du Fatah
se comportèrent presque comme si le Hamas n’existait pas, alors
qu’à d’autres moments, ils prirent des actions contre lui, soit
pour le retenir, soit pour se débarrasser de lui.
Le chapitre dix, qui a pour titre “Le Hamas dans le
gouvernement”, commence avec la conséquence de la mort de Arafat
en novembre 2004. Il donne un récit des développements qui
amenèrent aux élections législatives de janvier 2006 et aux
conséquences de la victoire écrasante du Hamas. Le chapitre
fournit aux lecteurs un aperçu des mesures entreprises par des
opposants du Hamas, dont les Israéliens, les Américains et
quelques leaders du Fatah, pour tenter de l’obliger à abandonner
la direction de l’autorité palestinienne, dont il avait
démocratiquement hérité du Fatah.
Le chapitre onze, intitulé “Vers la prochaine Intifada ?”,
couvre la lutte du pouvoir encours entre le Fatah et le Hamas
suite à la victoire électorale du Hamas, qui résultat en fin de
compte à la formation d’un gouvernement d’unité nationale le 17
mars 2007, après des négociations à la Mecque. Il ne fut
finalement pas requis du Hamas qu’il cède aux conditions
internationales en formant un gouvernement d’unité nationale, et
continua ainsi de refuser à reconnaître Israël ; néanmoins,
immédiatement suite à l’accord, le leader du Hamas Khaled
Meshaal effectua la première déclaration claire du mouvement
concernant sa bonne volonté à accepter un Etat palestinien
restreint aux territoires capturés par Israël en 1967. Cette
série d’événements de repère ne mirent toutefois pas fin aux
sanctions internationales et ne donna lieu à rien de plus qu’un
répit temporaire dans le conflit entre les factions. La violence
croissante dans la bande de Gaza finit par donner le contrôle
militaire totale au Hamas en juin 2007 ; en réponse, le
président Abbas dissout le gouvernement d’unité nationale, et la
division entre le Fatah et le Hamas sembla quasiment
insurmontable. Dans le monde, tous les yeux se tournèrent vers
Gaza alors qu’elle faisait face à une crise humanitaire qui
devenait de plus en plus dangereux à travers les années de
siège.
L’ouvrage conclut avec six annexes, qui peuvent éclaircir
davantage certaines questions soulevées par ces onze chapitres.
La première est un document intitulé “Ceci est pour quoi nous
combattons”. C’est le texte d’un rapport préparé par le bureau
politique du Hamas en anglais à la fin des années 1990, à la
demande de diplomates occidentaux dans la capitale jordanienne
Amman. La seconde, intitulé “Le mouvement de la résistance
islamique (Hamas)”, est un autre rapport, cette fois préparé à
l’origine en arabe par le bureau politique du Hamas en 2000,
juste avant l’éruption de la seconde Intifada, pour expliquer la
position du mouvement sur les diverses questions. La troisième
annexe est le texte d’un article de Khalid Meshaal, le chef du
bureau politique du Hamas. Sous le titre “Nous ne vendrons pas
notre peuple ou nos principes à l’aide étrangère”, il fut publié
dans The Guardian le 31 janvier 2006. La quatrième
annexe est un autre article qui parut le même jour dans The
Washington Post. Rédigé par le chef adjoint du bureau
politique du Hamas, Moussa Abu Marzouq, l’article est intitulté
“Ce que le Hamas cherche”. La cinquième annexe est un article du
premier ministre palestinien Ismaël Haniyeh. Intitulé “Une paix
juste ou aucune paix”, il parut dans The Guardian le 31
mars 2006. La sixième et dernière annexe est le texte du
manifeste électoral de la liste “Changement et réforme” du Hamas
pour les élections législatives tenues le 25 janvier 2006.
Dans le monde anglophone1, l’histoire que cet ouvrage
cherche à raconte a jusqu’ici été peu entendu. C’est l’espoir
sincère de l’auteur que ce livre fournisse au public une
description plus précise de ce que le Hamas est, et de ce dont
il est le symbole. On peut espérer que ceux qui se trouvent dans
le milieu universitaire, dans les médias ou dans une autorité
politique et qui souhaitent voir une fin du conflit au
Moyen-Orient, ou qui travaillent pour ce résultat, trouveront
ici une précieuse contribution à cette entreprise.
1 Ainsi que
francophone (note du traducteur).
Hamas: son histoire de
l'intérieur (3)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (5)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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