Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (70)
Photo CPI
Lundi 15 mars 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas, l’OLP et l’autorité
palestinienne (5)
Dans l’intention de séduire Sheikh Yassine pour qu’il dirige le
Hamas vers le travail avec l’autorité palestinienne plutôt que
contre elle, Yasser Arafat évita une confrontation directe avec
le sheikh, bien qu’il parlât parfois avec une vive critique
contre lui. Au lieu de cela, Arafat chercha à renverser les
rôles en blâmant la direction du Hamas à Amman pour le manque de
progrès vers la paix avec Israël. Il critique le Hamas pour
avoir exécuté « des attaques à la bombe suicide, qui ont été
destinées contre des civils », insistant à dire qu’elles avaient
donné à Israël une excuse pour ne pas donner plus de terre aux
Palestiniens. Renouvelant son engagement pour accomplir sa part
dans les accords d’Oslo, Arafat jura que ses forces allaient
continuer à œuvrer pour empêcher de nouvelles attaques du Hamas.
Environ un an plus tard, Yasser Arafat invita Sheikh Yassine à
venir en tant qu’observateur aux meetings du conseil central de
l’OLP, qui se réunissait à Gaza fin avril 1999 pour débattre de
la déclaration d’indépendance unilatérale de l’Etat palestinien,
qui devait se faire le 4 mai. Le sheikh accepta l’invitation en
dépit d’objections du bureau politique du Hamas en Jordanie, qui
voyaient dans l’action d’Arafat un stratagème de plus pour
diviser le mouvement. Le bureau politique publia un communiqué
disant que l’initiative de Sheikh Yassine était personnelle et
ne représentait pas la position officielle du mouvement. Cela
poussa le sheikh à se retirer des meetings de l’OLP et à
confirmer que sa présence avait en effet été effectuée sur une
base personnelle et qu’elle avait seulement été une opportunité
pour lui d’exprimer ses objections aux accords d’Oslo et
d’exiger leur annulation. Interrogé plus tard sur sa décision
d’y prendre part, il dit :
« Nous sommes allés au conseil central pour expliquer notre
point de vue sur cette importante question de la déclaration de
l’Etat. Nous aurions pu envoyer une lettre ou tenir une
conférence de presse, mais j’ai préféré affirmer notre position
publiquement devant l’ensemble du peuple palestinien, afin qu’il
sache que nous n’épargnions aucun effort dans notre lutte pour
ses intérêts. J’ai déclaré publiquement que les accords d’Oslo
dans lesquels l’autorité palestinienne s’était engagée, et tous
les autres accords qui suivaient, étaient injustes et se
prouvaient être un échec, car l’ennemi ne croit pas en la paix.
L’ennemi souhaite tout voler. Il a le pouvoir de le faire et
nous n’avons pas le pouvoir de résister. Le peuple palestinien a
perdu toutes ses options dans sa lutte contre l’ennemi. Il
n’existe nulle part dans le monde de mouvement de résistance qui
rend les armes avant d’avoir obtenu ses droits, et en gardant
ses armes, il préserve la liberté d’action. Mais nous avons
abandonné nos armes au début du chemin, puis nous nous sommes
assis, attendant l’aumône et les dédommagements de l’ennemi.
Cela signifie que nous avons perdu la première manche. Par
conséquent, j’ai demandé à nos frères de l’autorité
palestinienne de se débarrasser d’Oslo et de tout ce qui y est
lié, car c’est la raison de la souffrance à laquelle nous
faisons actuellement face… Nous prenons toujours nos décisions
sur la base de discussions au sein du Hamas. Nous avons essayé
de contacter nos frères à l’étranger au sujet de notre
participation au meeting, mais nous avons reçu l’invitation pour
y assister deux jours avant le meeting. Il était difficile
d’établir un contact avec eux ».
Il insista à dire qu’il n’y avait pas de différences entre le
Hamas à l’intérieur et à l’extérieur, mais seulement un manque
de voies de communication correctes. Il ajouta que comme il
avait pris part au meeting seulement en tant qu’observateur et
non en tant que participant, le Hamas n’avait participé à aucune
prise de décision de l’OLP. Il n’avait été présent que pour
déclarer publiquement sa position.
Le sens de cet incident était qu’il illustrait clairement, au
moins jusqu’à ce moment, que le bureau politique du Hamas en
Jordanie et la direction locale de la bande de Gaza n’avaient
pas réussi à parvenir à un accord sur la question relative à
ceux qui étaient en charge. Il est concevable que Sheikh
Yassine, et peut-être d’autres membres de la direction à Gaza,
ne virent jamais le besoin ni ne se sentirent obligés de
consulter le bureau politique en Jordanie, bien que le bureau
politique fût supposé être, depuis 1989, le corps majeur de la
prise de décision du Hamas. Il semble probable que la présence
de Sheikh Yassine au meeting du conseil central de l’OLP ne fut
perçue que comme une question mineure par la direction du Hamas
à Gaza, même si cela représentait en fait un changement radical
de politique. Pour nombre de membres du Hamas, c’était une étape
proche de la reconnaissance de l’OLP en tant que seul
représentant légitime du peuple palestinien. L’acceptation
finale par Sheikh Yassine de la décision de la direction du
Hamas sur cette question représenta finalement une jurisprudence
pour savoir qui était en charge dans le mouvement.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (69)
Hamas: son
histoire de l'intérieur (71)
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