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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (46)


Photo CPI

Lundi 14 septembre 2009

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Hors de la Jordanie (6)              

Moussa Abu Marzouq fut immédiatement déporté, comme il n’était pas un citoyen jordanien. Le reste fut conduit, avec leurs mains placées fermement derrière leur dos, à la cour militaire du département Marka d’Amman. De l’aéroport, ils prirent une route déviée à travers la campagne pour fuir la presse et le public. A Marka, ils furent présentés devant un procureur militaire, Mahmud Ubaydat. Interrogé pour savoir s’ils voulaient nommer un avocat, ils désignèrent Salih Al-Armuti. Ils passèrent leur première nuit en détention dans les cellules de la station de police centrale à Amman. Le jour suivant, ils furent ramenés à la même cour, où Ubaydat les informa qu’ils étaient accusés d’appartenir à une organisation illégale et d’être en possession illégale d’armes. En plus d’Al-Armuti, une équipe d’avocats se proposèrent pour défendre le groupe, dont Hani Al-Khasawnah, Zuhayr Abu Al-Raghib et Ahmad Bishat. La session dans la cour fut agitée et non-productive. Aucun crime n’avait été commis par aucun des détenus et il était difficile de présenter une poursuite contre eux.

L’affaire fut en effet une des plus étranges et embarrassante que la Jordanie n’avait jamais vues. Le gouvernement était d’un côté, et le sentiment populaire de l’autre. Ce n’était même pas le résultat d’une décision gouvernementale, mais un complot conçu par le DRG, qui avait calculé que les hommes du Hamas allaient simplement rester en dehors de la Jordanie, et cela aurait mis fait à l’affaire. Maintenant qu’ils étaient retournés, le DRG ne pouvait décider ce que son prochain mouvement devait être. L’ironie fut que les mandats d’arrestation avaient été émis pour les trois, mais lorsqu’ils retournèrent volontairement et se laissèrent prendre, ils furent accusés d’avoir touché à l’intégrité de l’Etat par leur retour. Pour leur part, leur intention était de donner à l’Etat une chance de les poursuivre, si une preuve contre eux existait. Entre-temps, Moussa Abu Marzouq s’installa dans la capitale syrienne, Damas, où il discuta de la crise avec d’autres groupes palestiniens en Syrie et communiqua avec des politiciens et chefs de communautés à travers le monde arabe, espérant apporter une pression sur les Jordaniens. La politique du Hamas était de se conduire comme si les arrestations et la fermeture des bureaux n’avaient pas été ordonnées par le roi Abdullah, mais par le DRG, espérant que le roi puisse intervenir et changer la décision. Le mouvement écrivit même au roi, expliquant que la présence de son bureau politique en Jordanie, et toutes ses activités en rapport, faisaient partie d’un accord conclu avec le gouvernement jordanien durant le règne du roi Hussein. Le Hamas, insistaient-ils, ne cherchaient en aucun cas à nuire aux intérêts jordaniens.

Pendant près de deux mois, Meshaal, Ghosheh et leur quatre compagnons du Hamas furent retenus au centre correctionnel d’Al-Juwaydah au sud d’Amman. Selon leur souhait, ils furent séparés du reste des détenus. Les gardiens de prison étaient amicaux, et certains sympathisaient même avec eux et les supportaient. Chaque matin, ils recevaient les deux quotidiens semi-officiels Al-Ra’y et Al-Dustur, tous deux représentant la position du gouvernement. Ils n’avaient accès à aucune autre publication, à part quelques autres vieux ouvrages. Certaines publications comme le quotidien Al-Arab Al-Yawm et les hebdomadaires jordaniens qui sympathisaient avec le Hamas n’étaient pas permis. La radio ne leur était pas autorisée, mais ils avaient une télévision. Celle-ci était toutefois sous le contrôle des gardiens de prison et ne recevait que la chaîne gouvernementale principale de Jordanie. Ils passaient leurs nuits dans des doubles couchettes en métal, apparemment prévue pour rendre le sommeil très inconfortable.

Le groupe changea sa prison en un campement religieux. Du moment où ils se réveillaient, tôt le matin pour la prière de l’aube (salat al-fajr) jusqu’à ce qu’ils aillent au lieu après avoir accompli la dernière des cinq prières quotidiennes (salat al-‘isha), ils suivaient un programme quotidien d’exercices physiques, de récitation du Coran, de cercles d’étude et de récréation. Chaque nuit, après avoir accompli salat al-‘isha, chacun d’entre eux allait au lieu pour se préparer pour le quiz quotidien. Ils se divisaient en deux équipes pour se défier en général sur du savoir et de la poésie. En comparaison avec leur incarcération dans les cellules du DRG, c’était un environnement beaucoup plus digne. Les visites étaient permises deux fois par semaine. Les membres du bureau politique étaient autorisés à rencontrer leurs visiteurs dans le bureau du directeur de prison, alors que leurs compagnons pouvaient parler aux leurs à travers une barrière. Tous les autres membres du Hamas détenus durant cette période, dont le membre du bureau politique Sami Khatir, étaient retenus dans la prison de Qafqafa, près de la ville d’Irbid au nord de la Jordanie.

Hamas: son histoire de l'intérieur (45)
Hamas: son histoire de l'intérieur (47)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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