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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (73)


Photo CPI

Dimanche 5 avril 2010

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Le Hamas, l’OLP et l’autorité palestinienne (8)

            Pour les autorités israéliennes, rien de ce que faisait l’autorité palestinienne n’était satisfaisant. Il semblait qu’Ariel Sharon attendait un certain événement pour justifier un coup final contre Yasser Arafat. Au début du mois de janvier 2002, alors qu’Arafat recevait l’envoyé américain Général Zinni dans son quartier à Ramallah, les Israéliens dirent avoir intercepté un navire appelé “Karine A”, qui était chargé d’armes soi-disant commandés par Yasser Arafat et destinés pour la bande de Gaza. Le chargement d’armes fournit aux Israéliens le prétexte pour mettre fin à toute relation avec l’autorité palestinienne jusqu’à ce qu’un nouveau leader, avec qui ils pouvaient faire des affaires, soit désigné. Au moment voulu, ils décidèrent d’éprouver et de se débarrasser eux-mêmes de Yasser Arafat. Le sort d’Arafat fut scellé le 24 juin 2002, lorsqu’après une visite à la Maison Blanche par Ariel Sharon, le président George W. Bush dit que les Palestiniens avaient besoin de trouver un nouveau leader. Le président s’était lui-même totalement engagé à soutenir la position de Sharon. Dans sa poursuite d’un accord négocié avec les Palestiniens, l’administration américaine et le gouvernement israélien choisirent d’ignorer un fait important : aucun leader ne peut négocier la paix au nom de son peuple si sa crédibilité est détruite.

            Trouver une alternative à Arafat était un problème. Il ne désigna jamais de député, et personne au sein de l’organisation du Fatah ne semblait être capable de porter la légitimité historique et révolutionnaire ou la popularité dont jouissait “le vieil homme” (Al-Ikhtiyar), comme les Palestiniens l’appelaient. Le plan consistant à créer la position de premier ministre au sein de l’autorité palestinienne afin d’ôter d’Arafat d’une partie de l’autorité qu’il tenait était une première étape vers une solution au problème. Cette condition fut stipulée par les Américains avant de poursuivre leur plan pour une “feuille de route” pour la paix. L’idée d’une “feuille de route” vint à l’origine du roi Abdullah de Jordanie, le 1er août 2002, lors d’une visite rendue au président Bush à Washington. Le roi dit à Bush que les Arabes avaient besoin d’une initiative américaine pour résoudre le conflit israélo-palestinien si l’on voulait que les leaders arabes soutiennent les Etats-Unis dans leur “guerre contre le terrorisme”. Yasser Arafat fut informé de la condition américaine selon laquelle il devait déléguer une partie de son pouvoir à un premier ministre et qu’il n’avait d’autre choix que de l’accepter. Il désigna alors Mahmoud Abbas en tant que premier ministre de la Palestine, le premier, en mars 2003.

            Vers la fin d’avril 2003, et alors que l’invasion de l’Irak dirigée par les Etats-Unis allait être achevée, un document intitulé “Une feuille de route basée sur l’action pour une solution permanente de deux Etats pour le conflit israélo-palestinien” fut rédigé. La responsabilité pour cela fut prise par ce que l’on appelle le Quartet : les Etats-Unis, la Russie, les Nations Unies et l’Union Européenne. Le président Bush annonça le 1er mai 2003 que sa mission en Irak avait été accomplie et il envoya son secrétaire d’Etat Colin Powell pour proposer le plan de la feuille de route aux Palestiniens ainsi qu’aux Israéliens. En sa capacité de premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas accepta immédiatement le plan. Les Israéliens y réfléchirent un temps avant d’en sortir une version revue. Arafat et le Hamas notaient que la feuille de route les visait directement. Tous deux durent pousser un soupir de soulagement en voyant les Israéliens la tuer immédiatement en n’acceptant que leur version modifiée, qui avait pour but de satisfaire leurs besoins sécuritaires particuliers.

            A partir du jour où l’ancien ami et camarade d’armes de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas, fut nommé premier ministre, les deux hommes devinrent rivaux. Abbas sentait qu’il ne pouvait faire grand-chose à moins qu’il n’eût le véritable pouvoir entre ses mains, mais le vrai pouvoir n’était pas disponible facilement. Il tenta de consolider sa position en s’entourant d’un groupe de détracteurs d’Arafat, qui se trouvaient être soutenus par Israël tout comme par les Etats-Unis, mais cela ne lui fit que peu de bien. Il appela à l’unification des trois corps sécuritaires palestiniens majeurs sous le commandement du ministre de l’intérieur, qui ne ferait ses rapports qu’à lui seulement, mais Arafat n’allait pas accepter. Finalement, Mahmoud Abbas perdit toute popularité lorsque le public fut désenchanté par ses condamnations répétées de ce qu’il appelait « l’intifada militarisé ». Comme de nombreux Palestiniens, le Hamas n’aimait pas son insistance à dire que les Palestiniens devaient renoncer à la violence alors que les Israéliens poursuivaient leurs mesures punitives contre l’ensemble de la population palestinienne. Dans la dispute entre Mahmoud Abbas et Yasser Arafat, c’est du côté d’Arafat que le Hamas se plaçait. Si Abbas avait pu acquérir davantage de pouvoir, il aurait réprimé le Hamas et d’autres groupes de résistance. Le langage conciliant adopté par Abbas envers les Israéliens ne lui apporta que peu de sympathie de la part du public général, comme il semblait plus enclin à servir les intérêts d’Israël qu’à se soucier des inquiétudes palestiniennes. La goutte qui fit déborder le vase, alors qu’il était premier ministre, vint lors du sommet d’Aqaba en Jordanie, le 4 juin 2003. Son discours lors de la cérémonie télévisée, dans lequel il s’engagea avec force à mettre fin à ce qu’il appelait la violence palestinienne, lui coûta la sympathie populaire et accéléra sa chute. Le soutien ouvert dont il avait joui d’Israël et des Etats-Unis fit aussi énormément de tort à sa réputation, le faisant montrer comme une marionnette entre les mains des Américains, installée par eux pour diminuer la position d’Arafat.

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)

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Source : CPI
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