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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (89)


Photo CPI

Mardi 3 août 2010

Dr. Azzam Tamimi

            L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Le Hamas au gouvernement (15)

            Avec le soutien total et l’appui financier de la communauté internationale, dirigée par les Etats-Unis, Mahmoud Abbas s’arrangea pour établir un gouvernement parallèle dont les politiques étaient diamétralement opposées à celles du gouvernement élu et dont les pouvoirs avaient pour effet de rendre le gouvernement légitime impuissant. Vers la fin du mois de mai 2006, Abbas avait commencé le processus de la mise en place d’une garde présidentielle forte de dix mille hommes, dont l’entraînement et l’armement étaient assurés grâce au financement et à la coopération des Etats-Unis, d’Israël et de la Jordanie. Sans l’intention d’abandonner, le ministre de l’intérieur du Hamas tint un rassemblement public dans une des plus grandes mosquées de Gaza, où il dit à des leaders de la communauté qu’il avait besoin de leur soutien pour pouvoir assurer la sécurité. Des criminels armés avaient commencé à terroriser la population, pillant et tuant, alors que la force de police sous le commandement de Mahmoud Abbas resta sur le côté, sans rien faire. Avec l’approbation publique, le ministre de l’intérieur Sa’id Siyam annonça la formation d’une unité spéciale du ministère de l’intérieur pour garder la paix et préserver la loi et l’ordre. Il était anticipé que cette mesure allait attirer la condamnation du Fatah et pouvait peut-être être utilisée comme prétexte pour lancer un conflit armé. Mahmoud Abbas menaça de placer son veto contre la mesure du Hamas, et publia finalement un décret présidentiel la déclarant nulle et caduque, mais ne réussit pas à frapper les intentions du Hamas.

            La mesure la plus pénible prise contre le Hamas fut jusque-là les sanctions économiques imposées par la communauté internationale. Le gouvernement dirigé par le Hamas hérita de son prédécesseur contrôle par le Fatah une énorme bureaucratie avec plus de cent soixante mille employés, dont les nombreux milliers de policiers recrutés pour garder l’ordre selon l’engagement pris par l’autorité palestinienne de maintenir la paix avec Israël. Il hérita aussi d’une trésorerie vide et d’une grande dette encourue par le précédent gouvernement. Les banques locales ne pouvaient plus se permettre de prêter des fonds au gouvernement car le gouvernement sortant du Fatah avait atteint la limite maximale de prêt que les banques pouvaient permettre. Un gel de l’aide des Etats-Unis et de l’Union Européenne n’auraient pas causé autant de mal seul. En réalité, il aurait été possible que le Hamas puisse s’en sortir sans fonds de l’occident. Les fonds promis par les Arabes et les musulmans, ainsi que par les Russes et d’autres amis de la Palestine, auraient suffi. Le réel problème était qu’il n’y avait en fait aucun moyen de délivrer l’argent au gouvernement, toutes les voies étant bloquées. Les Etats-Unis et Israël utilisèrent toutes les ressources à leur disposition afin d’empêcher à tout argent de passer. Le gouvernement américain menaça de prendre des mesures contre les banques qui transféraient des fonds au gouvernement dirigé par le Hamas, menaçant même de les inclure sur les listes des soutiens aux terroristes. Il devint vite clair que la réelle intention était de provoquer les employés de l’autorité palestinienne et les membres des diverses forces de police, qui étaient principalement des supporters du Fatah, pour qu’ils se retournent contre la nouvelle autorité palestinienne pour ne pas leur avoir payé leur salaire. Ces employés et leurs familles étaient punis afin de les encourager à se rebeller contre le gouvernement dirigé par le Hamas, qu’ils étaient supposés considérer comme étant les coupables de leur situation.

            Les manifestations pacifiques se changèrent bientôt en des actes de sabotage dirigés contre les bâtiments du gouvernement. Il ne fallut pas beaucoup de temps aux manifestations pour qu’elles se transforment en des conflits armés. Des agents provocateurs effectuèrent un certain nombre de tentatives visant à causer un conflit armé entre le Hamas et le Fatah. Grâce à l’influence de modération des structures traditionnelles de la société palestinienne, le potentiel pour une guerre civile entre les Palestiniens a toujours été mince. Cependant, la possibilité d’un conflit armé entre le Fatah et le Hamas ne pouvait être complètement exclue ; certains éléments étaient suffisamment déterminés pour mettre un terme à l’ère du Hamas qu’il se pouvait qu’il ne recule même pas devant l’accomplissement d’un massacre. De grands intérêts commerciaux dépendaient du processus de paix avec Israël. Ceux qui extrayèrent des profits personnels des milliards de dollars d’aide qui venaient d’outre-mer à la précédente autorité palestinienne craignent de perdre une partie ou toutes les sources de leurs biens si un gouvernement du Hamas parvenait à bien s’établir. Le Hamas promit d’installer un système judiciaire indépendant et de mettre en place un système de comptes strict. Le problème n’est pas limité à d’anciens révolutionnaires que le processus de paix transforma en millionnaires ou multimillionnaires. Les profiteurs palestiniens ont aussi des partenaires dans les pays arabes voisins qui partagent les butins de paix avec eux. Toutefois, comme les sanctions économiques semblaient ne pas pouvoir briser le gouvernement dirigé par le Hamas, ses rivaux pensèrent qu’il valait mieux avoir recours à la violence pour faire tomber le Hamas.

            Pendant des mois, le siège ne réussit pas à briser la résolution des supporters du Hamas, qui s’étaient placés face à l’adversité. Plutôt que de pousser l’opinion publique à se tourner contre le Hamas, les sanctions ne firent que consolider sa position. Il se peut que la société palestinienne ait été plus divisée, mais cela ne fut certainement pas au détriment du Hamas. Selon un sondage conduit par le Centre de Recherche Almustaqbal (le Futur) entre le 1er mai et le 4 mai 2006, 84,6 pour cent des Palestiniens dans la bande de Gaza s’opposaient à l’idée selon laquelle le gouvernement dirigé par le Hamas devait s’incliner devant les demandes des Etats-Unis, de l’Union Européenne et d’Israël. Seuls 10,6 pour cent dirent qu’ils étaient en faveur. Environ 60 pour cent des personnes sondées s’attendaient à voir le gouvernement résister à la pression des sanctions aussi longtemps qu’elles s’appliqueraient, alors que seuls 12 pour cent dirent qu’ils ne s’attendaient pas à le voir supporter la pression pour plus de six mois.

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)

Hamas: son histoire de l'intérieur (88)
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Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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