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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (44)
Photo CPI
Mardi 1er septembre 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Hors de la Jordanie (4)
L’attaque
Vers la fin de juillet 1999, Ibrahim Ghosheh fut convoqué au
DRG. Lorsqu’il arriva, il fut surpris de trouver une réception
exceptionnellement amicale. Il lui fut même donné une
autorisation pour garer sa voiture à l’intérieur de la cour du
bâtiment du DRG. A son étonnement, un officiel du DRG lui
demanda pourquoi des membres du bureau politique du Hamas
n’avaient pas visité l’Iran. « Y a-t-il un problème entre vous
et l’Iran ? », demanda-t-il. Le sens de cette visite par Ghosheh
au DRG et l’implication de la question qui lui était posé
allaient devenir clairs un mois plus tard. Le 28 août 1999, les
trois hauts officiels du Hamas en Jordanie, Khaled Meshaal,
Moussa Abu Marzouq et Ibrahim Ghosheh, commencèrent en fait une
visite officielle planifiée à la république islamique d’Iran. Il
apparut que c’était le moment que le DRG attendait. Deux jours
après que le groupe du Hamas avait quitté la Jordanie, à 15
heures du lundi 30 août, des agents de la sécurité jordanienne
attaquèrent et fermèrent plusieurs bureaux du Hamas à Amman, et
seize personnes travaillant pour le mouvement furent arrêtées
pour être interrogées. Les portes des bureaux furent scellées
pour y empêcher l’accès.
Cinq bureaux du Hamas furent attaqués simultanément. L’un
d’entre eux était celui d’une société de relations publiques
appelée le Centre Contemporain pour l’Information et le Conseil,
qui était employée comme une base par Muhammad Nazzal, le
représentant du Hamas en Jordanie. Le second était celui de
Moussa Abu Marzouq, qui, depuis sa libération de sa détention
américaine en mai 1997, avait té le chef adjoint du bureau
politique du Hamas. Le troisième bureau appartenait à Ibrahim
Ghosheh, le porte-parole officiel du mouvement. Le quatrième
était celui de Khaled Meshaal, le chef du bureau politique, qui
se trouvait alors dans sa propre demeure, fortifiée et placée
sous surveillance depuis la tentative d’assassinat à son
encontre par le Mossad en 1997. Le cinquième bureau était celui
de Filastin al-Muslimah, la revue mensuelle de l’organe
officiel du Hamas. C’était aussi les quartiers généraux des
opérations médiatiques du Hamas, dirigées par le membre du
bureau politique Izzat Al-Rishiq. Tous les bureaux furent sujets
à une fouille complète qui dura plusieurs heures, et des
documents, des ordinateurs, des disques et des appareils de
stockage électronique furent saisis. Tout le personnel présent à
ce moment fut détenu. Muhammad Nazzal fournit un compte-rendu
des événements :
« Lorsque les bureaux furent attaqués, j’étais chez moi,
occupé à préparer des affaires dans ma nouvelle résidence. Izzat
[Ar-Rishq] n’était pas non plus dans son bureau. Je mangeais mon
déjeuner lorsque mon secrétaire m’a appelé. J’étais dans une
nouvelle maison et il connaissait son numéro de téléphone, il
m’a donc appelé sur le téléphone portable d’une personne qui
était avec moi. Il a dit que le procureur général du Tribunal de
Sécurité d’Etat était là et qu’il voulait que je vienne. J’ai
dit : “Pourquoi a-t-il besoin de ma présence ?” Il a répondu :
“Parce qu’il y a une autorisation pour fouiller le bureau, et
ils veulent que tu sois là comme tu es le propriétaire”. J’avais
des doutes : pourquoi insisteraient-ils sur ma présence ? Je me
préparais mais n’avais pas encore décidé si j’y allais ou non,
lorsque les frères ont appelé pour me dire que tous nos bureaux
avaient été attaqués. J’ai réalisé que ce n’était pas qu’une
question de fouille des locaux et décidé qu’il était préférable
de ne pas y aller en personne, pour que je puisse me laisser de
quoi me déplacer et du temps pour réfléchir. J’ai tranché que si
j’y allais, j’allais sûrement être arrêté. Puis un officier du
DRG m’a appelé sur le même numéro et m’a parlé avec un ton
agressif. Il a insisté pour que je sois là, comme si sans ma
présence, le bureau ne pouvait être fouillé, mais il serait
occupé indéfiniment par les agents de sécurité. Je ne me
trompais pas, car je savais déjà qu’ils fouillaient les autres
bureaux alors que les frères étaient partis à Téhéran. Tout ce
qu’ils voulaient, c’était m’arrêter. Maintenant, nous savons que
leur plan était d’arrêter et de détenir tous les membres du
bureau politique avant de les expulser de la Jordanie. Quant au
personnel, ils l’ont pris en potage. Ils restaient en détention
jusqu’à ce que ceux qui étaient encore en fuite aient été
arrêtés et que ceux qui se trouvaient à l’extérieur de la
Jordanie aient été conseillés de ne pas retourner ».
Hamas: son histoire de
l'intérieur (43)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (45)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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