EODE PRESS OFFICE
Eurasie et
Afrique : complémentarités
géopolitiques, vision et action
unitaires d'EODE (1)
EODE
Samedi 28 décembre 2013
Regards sur l’ONG EODE et son action en
Eurasie et en Afrique /
Entretien de Karel HUYBRECHTS pour ‘EODE
Press Office’ avec
Luc MICHEL, Administrateur-général et
CEO d’’EODE International’ et
Gilbert KNAMTO, Administrateur d’’EODE
zone Africa’ /
Première Partie / 2013 22 28 /
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https://www.facebook.com/EODE.africa
# 1 / EODE, CONCEPTIONS ET ACTIONS
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Luc Michel, vous êtes
Administrateur-général et CEO de l'ONG
EODE.
Comment présenterez-vous EODE ?
Luc MICHEL : EODE est une organisation
internationale. Son sigle signifie « Eurasian
Observatory for Democracy & Elections »,
l’Observatoire Eurasien pour la
Démocratie et les Elections. C’est une
association internationale de Droit
français. Son Secrétariat-général est
établi à Bruxelles, capitale de l’Union
Européenne.
EODE est divisée en zones
administratives et géographiques. Une
zone pour l’Union européenne avec son
siège à Paris, une zone pour la Mer
Noire et les Balkans avec son siège à
Kichinev en Moldavie, une zone pour la
Russie et le Caucase avec un double
siège à Moscou et à Sotchi dans le
Caucase Nord (Sud de la Russie). EODE a
également une zone turque. Et bien
entendu une zone africaine, mais nous y
reviendrons plus tard dans notre
entretien bien évidemment.
EODE vise à répondre à un besoin que
nous avons découvert, il y a maintenant
presque dix ans, c’est-à-dire la
nécessité d’avoir un réseau d’ONG
non-alignées et indépendantes, qui ne
soient pas soumises aux diktats de la
Commission Européenne, de l’OSCE, de
l’OTAN ou des Etats-Unis.
Notre principale caractéristique, c’est
ce non-alignement, ce respect que nous
avons pour les états où nous sommes
actifs et en particulier dans les
processus électoraux.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Vous êtes donc organisés et déployés non
seulement en Europe, mais aussi en
Eurasie et en Afrique.
Quelles sont vos projets et intentions
actuelles ?
Luc MICHEL : Comme son nom l’indique,
EODE est née en Europe et est active en
Eurasie. Notamment dans les grandes
zones eurasiatiques que sont la Turquie,
les Balkans et le Caucase.
Nous essayons maintenant de développer
de nouvelles activités.
Un nouveau Département s’est ajouté il y
a deux ans : c’est ‘EODE THINK TANK’.
Nous entendons, là-aussi, répondre à
l’activisme des ONG occidentales et
produire des idées, des réflexions, de
l’idéologie, des analyses géopolitiques,
dans une orientation eurasiatique et
grande-européenne, et dans la vision
d’un monde multipolaire.
Notre second projet actuel est le
développement d’’EODE Zone Afrique’,
c’est-à-dire de notre branche africaine.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Vous avez apparemment une vision de
l’Europe qui n’est pas celle de l’Union
Européenne ?
Luc MICHEL : Je tiens en effet à
souligner que notre conception de
l’Europe n’est absolument pas celle de
l’Union Européenne. Pour nous, l’Union
Européenne, que nous appelons « la
petite Europe », n’est qu’une des deux
moitiés de l’Europe.
C’est par ailleurs, un processus, comme
on le voit avec la crise de l’Euro qui
est profonde, confronté à une crise de
fonctionnement et de croissance. Et dont
certains experts prévoient à terme la
fin. Une implosion comme celle de la
défunte URSS en 1989-91.
Notre conception est toute autre. C’est
celle de la « Grande-Europe ». C’est un
Espace géopolitique qui va de
Vladivostok (Extrême-Orient russe)
jusqu’à Reykjavík en Islande. Et qui
dans notre conception eurasiatique
englobe également les deux rives de la
Méditerranée. Une vision unitaire de la
Méditerranée qui était celle de la zone
culturelle et civilisationnelle de
l’ancien Empire romain. Une Mer qui ne
doit plus être une frontière, un mur,
comme le conçoit l’UE malgré toutes ses
belles déclarations. Mais de nouveau la
« Mare Nostrum », un espace commun, un
pont.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Justement parlant de l’Afrique, pourquoi
vous vous attachez aujourd’hui à vous
organiser et à agir en Afrique ?
Ma question s’adresse à Gilbert Nkamto,
par ailleurs Administrateur de EODE zone
Afrique…
Gilbert NKAMTO : L’Afrique est une de
nos grandes préoccupations. Une grande
partie de nos analyses et de notre
raisonnement se base sur la géopolitique
et nous considérons que l’Afrique est
aujourd’hui l’extension géopolitique de
l’Eurasie. Ce que voient en effet encore
trop peu de mes compatriotes africains
aujourd’hui. Cette vision globale, que
je défend avec Luc MICHEL depuis une
décennie, est en grande partie la clef
de son avenir géopolitique.
Nous sommes également extrêmement
préoccupés par le retour du
néocolonialisme en Afrique, dont les
dernières manifestations sont la Côte
d’Ivoire, la Libye, le Mali et la
Centrafrique et, dans une autre mesure,
la Tunisie et l’Egypte. Sans oublier la
Syrie qui est à la fois l’arrière cour
de l’Afrique au Proche-Orient et celle
de l’Eurasie au Caucase.
Nous sommes tout aussi préoccupés par ce
qui se passe aussi au Congo démocratique
(RDC), ou dans la zone des Grands Lacs.
Nous sommes extrêmement inquiets quant à
l’avenir de l’Afrique au vu des attaques
extérieures incessantes exercées contre
les régimes de Robert Mugabe au
Zimbabwe, de Theodoro Obiang Guema en
Guinée Equatoriale et même du Cameroun
de Paul Biya.
LUC MICHEL : Nous sommes également
préoccupés par l’avenir du processus
d’unification africaine sur lequel
étaient posés les efforts du colonel
Kadhafi.
Dans notre vision, les unifications
africaine et européenne sont deux
processus parallèles, à mener en
symbiose et en unité, en vue de détacher
les deux continents des structures
néo-coloniales et en vue également de
déboucher sur un monde multipolaire et
plus pacifique.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Pourriez-vous préciser votre pensée ?
Luc MICHEL : les processus auxquels je
fais allusion concernent aussi bien
l’Afrique que l’Europe. Il ne faut pas
se tromper de combat ni d’adversaires.
Ceci d’autant plus que l’Europe
elle-même est colonisée, maintenue par
l’OTAN dans un Espace atlantiste sous
contrôle des USA. C’est la VIe Flotte US
qui domine la Méditerranée.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Parlons vrai, Luc Michel !
N’est-ce pas l’argent qui vous motive,
comme certaines organisations
internationales qui se sont ruées en
Afrique depuis les années 90 pour se
faire de l’argent sur le dos des
Africains ?
Luc MICHEL : La question de l’argent est
centrale au niveau des ONG occidentales.
Beaucoup d’entre-elles ne sont, comme
vous le dites franchement, en Afrique
que pour faire du fric sur le dos des
africains et leur donner des leçons.
Au niveau d’EODE, nous ne fonctionnons
pas de la même façon. L’argent n’est pas
notre but. Simplement par exemple chez
nous, il n’y a pas de « professionnels
», des professionnels du monde des
associations, des professionnels des ONG
internationales. Chacun de nos experts,
de nos analystes, a évidemment un
métier.
Par ailleurs, nous avons une pratique
extrêmement simple. Les observateurs
chez nous, et en particulier les
parlementaires, contrairement à ce qui
se passe au niveau des observateurs de
l’OSCE, de l’Union Européenne ou de
l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe (PACE), ne reçoivent pas d’«
enveloppes » pour leur participation à
nos Missions.
C’est à notre sens, la seule façon
saine, également, de faire un monitoring
indépendant.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Qu’est-ce qui garantit le sérieux de
votre action ?
N’êtes-vous pas ce genre d’ONG qui au
départ arrivent avec de bonnes
intentions et pour finir donnent des
leçons aux Africains ou aux Européens de
l’Est ?
Luc MICHEL : La question des bonnes
intentions est évidemment aussi au
centre de la réflexion d’EODE. Notre ONG
a été effectivement et principalement
crée pour résoudre ce grand dilemme en
Eurasie, et maintenant en Afrique. Un
réseau d’associations capables justement
de venir faire un travail sérieux dans
le cadre d’une démarche non-alignée et
sans donner de leçons.
Lorsque nous arrivons dans un pays
d’Europe orientale ou dans un pays
africain, nous ne venons pas donner des
leçons. Nous ne venons pas imposer le
modèle occidental de la démocratie
parlementaire et nous ne prétendons pas
qu’il est parfait et qu’il est le
meilleur. Ceci d’autant moins que notre
réseau international a des implantations
locales ou des partenaires du pays.
Gilbert NKAMTO : L’une des
caractéristiques d’EODE est, et cela
vise à répondre également à votre
question, que la Zone Afrique est une
branche africaine organisée par des
Africains et pour des Africains en
Afrique mais aussi Europe.
EODE a des responsables en France, par
exemple, issus du Tchad, ou en
Angleterre, venant de la République
Démocratique du Congo. Je suis moi-même
Camerounais et panafricaniste convaincu.
J’ajouterai à cela que je siège aussi au
Conseil d’administration international
d’EODE sans pour autant que ma liberté
d’expression soit limitée. Mes opinions
personnelles fondent le propre de ce que
je suis sans une pression quelconque.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Vous disiez que vous suiviez avec
attention l’évolution démocratique dans
les pays africains et notamment dans le
cadre des processus électoraux.
Avez-vous quelques observations à faire
à ce sujet ?
Luc MICHEL : Comme je vous en ai déjà
fait la remarque, c’est l’inquiétude qui
domine ! L’inquiétude pour le mauvais
chemin que l’Afrique est en train de
re-prendre. On voit à nouveau les
impérialismes se déployer, manipuler,
s’agiter. Y compris militairement et en
imposant et remplaçant des régimes. Au
Mali, en Centrafrique, au Bénin, en Côte
d’Ivoire, dans les Grands Lacs. On voit
l’apparition d’autres phénomènes comme
les groupes djihadistes, les islamistes
radicaux liés à Al-Qaïda et aux
organisations salafistes. C’était une
situation impensable il y a encore
quelques années seulement.
L’Afrique paye cash, au grand comptant,
les manipulations des pays occidentaux
et en particulier des USA et de son
Commandement militaire en Afrique,
l’AFRICOM. Manipulations tout
particulièrement des djihadistes pour
renverser la Libye de Mouammar Kadhafi
ou la Syrie de Bashar El-Assad et aussi
parce que des opérations sont en cours
contre l’Algérie qui est le dernier
grand pays d’Afrique du Nord qui n’est
pas encore touché par une
déstabilisation ouverte. Mais il y a
déjà eu à plusieurs reprises des
tentatives, ceci depuis décembre 2010.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
et vous Gilbert NKAMTO, partagez-vous le
pessimisme de Luc Michel ?
Vous avez vécu longtemps en Libye…
Gilbert NKAMTO : Précisément plus d’une
décennie en Libye. Ce que relève en fait
Luc MICHEL est une réalité
incontestable. Au temps de Kadhafi, il
nous nourrissait d’un rêve : les
« Etats-Unis d’Afrique ».
Personnellement, et cela à dessein,
d’autant plus que c’est mon orientation
politique, je voyais déjà à l’horizon,
un passeport unique africain, une
monnaie unique, une Afrique unie. De
tous ces trois éléments à nos jours, si
je dis que j’en rêve, ne fut-ce que pour
l’un d’entre les trois, vous-même vous
diriez que je suis mythomane. Kadhafi
est mort et avec lui, tous les projets
structurants qui devraient accompagner
le rêve de tout Africain. Lorsqu’on
regarde le Mali ou la Centrafrique
aujourd’hui, la RCA, la Libye, la
Tunisie, ou dans une moindre mesure
encore l’Egypte, le pari est perdu.
L’Afrique se noie et les faucons
coloniaux peuvent savourer les prouesses
de leurs forfaits en Afrique. Mais je
dis que ce n’est qu’une phase et qu’il
reste encore une carte à jouer, celle
que l’Afrique doit jouer en étant aux
aguets d’une erreur de ces puissances au
Moyen-Orient comme cela se précise de
nos jours.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Prenons le cas du Kenya qui est sorti
cette année des élections
présidentielles avec un vainqueur qui
court jusqu’à ce jour le risque des
poursuites de la CPI…
Est-ce que cela ne contraste pas avec le
choix démocratique qui a été exprimé par
le peuple kényan ?
Luc MICHEL : Il y a effectivement un
contraste flagrant entre l’élection de
Uhuru Kenyatta comme Président du Kenya
et les pressions qui ont été effectuées,
et pas seulement par la CPI mais aussi
par les diplomates occidentaux. On avait
vu au lendemain des élections ainsi les
ambassadeurs des Etats-Unis, de France,
d’Angleterre, de Belgique intervenir en
faveur d’un candidat contre un autre ;
préciser que Uhuru Kenyatta était « un
mauvais choix » et qu’ils ne le
reconnaîtraient pas. Vous noterez que
lors de sa prestation de serment, s’il y
avait de nombreux chefs d’états
africains, il n’y avait pas de
représentants occidentaux.
La CPI, c’est simple ! C’est un
organisme fantoche aux mains des
intérêts occidentaux. Avec ses clones ou
ses épigones - le TPI-R pour le Ruanda
mais aussi, le premier de tous, le
TPI-Y, pour l’ex-Yougoslavie -, la CPI a
servi aux USA et à l’OTAN à discréditer
et attaquer leurs adversaires.
Aujourd’hui, la CPI à quoi sert-elle ?
Après avoir apporté beaucoup d’espoir,
elle est une machine à inculper les
chefs d’états et les leaders politiques
africains dont la caractéristique
principale est qu’ils sont tous opposés
aux intérêts des Etats-Unis, de l’OTAN
et du monde occidental.
On annonçait au Kenya des troubles, « le
retour à la guerre civile » comme lors
des précédentes élections de 2007. Les
Kenyans, y compris les perdants de
l’élection présidentielle, ont démontré
leur maturité en menant une élection
exemplaire, même s’il y a eu des
problèmes administratifs. Mais il y en a
eu aussi lors des élections aux USA, en
France ou en Belgique par exemple.
* Karel HUYBRECHTS/ EODE Press Office :
Je partage évidemment vos positions. Les
Kenyans ont fait un choix démocratique
qu’il faut respecter. La CPI est un
organisme non démocratique qui ne
respecte pas ce choix et une machine
anti-africaine.
Mais n’est ce pas aussi une épée de
Damoclès que la CPI agite tout le temps
pour mettre à mal le développement
démocratique dans les pays africains ?
Gilbert NKAMTO : Votre question
effectivement recoupe ce que vient
d’exposer Luc MICHEL sur
l’instrumentalisation de la CPI pour
détruire les pays et les hommes
politiques africains qui veulent
résister à la ré-occidentalisation et à
la re-colonisation de l’Afrique.
La CPI sert également à attaquer les
pays qui font le choix des intérêts
chinois, sud-africains, russes,
iraniens, latino-américains au lieu des
intérêts économiques occidentaux, dans
le domaine du pétrole notamment ou de
l’uranium et des minerais.
Entretien mené par Karel HUYBRECHTS
Rédacteur en Chef de EODE Press Office/
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Photo : Gilbet KNAMTO et Luc MICHEL lors
d’un Symposium international à Tripoli,
en Libye, en octobre 2009.
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