Entretien
Le président al-Assad
à The Sunday Times : La Grande-Bretagne
et la France ne disposent pas de volonté
de la lutte antiterroriste
SANA
Dimanche 6 décembre 2015
Damas / Le président Bachar al-Assad
a affirmé que les raids britanniques et
français contre le réseau terroriste “Daech”
ne réaliseront aucun résultat, mais ils
seront nuisibles et non juridiques.
Dans un entretien qu’il a accordé au
quotidien britannique “The Sunday
Times”, le président al-Assad a fait
savoir que la Grande-Bretagne et la
France avaient constitué dès le début le
“fer de lance” dans le soutien aux
terroristes en Syrie et qu’elles ne
disposent pas actuellement de volonté de
la lutte contre le terrorisme ni de
vision sur la manière de le vaincre.
Il a indiqué que l’adhésion de la
France et de la Grande-Bretagne à la
Coalition anti-Daech représentera un
soutien au terrorisme, à l’instar de ce
qui s’était passé après le début des
opérations de la Coalition il y a plus
d’un an.
“L’intervention britannique, comme
c’est le cas pour les autres parties de
la Coalition, est illégale du point de
vue du droit international”, a-t-il dit,
faisant allusion aux Russes qui avaient
mené des discussions avec le
gouvernement syrien avant de le faire
avec n’importe quelle autre partie pour
envoyer ensuite leurs forces.
Le président al-Assad a fait noter
que la France et la Grande-Bretagne sont
responsables de l’apparition de Daech et
du Front Nosra dans la région, indiquant
que les responsables britanniques, en
particulier Tony Blair, avaient admis
que l’apparition de Daech est due à
l’invasion de l’Irak.
Le président al-Assad a souligné que
Daech et le Front Nosra ont la même
idéologie wahhabite et obscurantiste,
assurant qu’il est impossible de définir
lequel parmi eux est plus dangereux que
l’autre, vu qu’ils disposent de la même
mentalité.
Concernant les prétextes de David
Cameron sur la présence de 70,000
combattants de l’ “opposition modérée”
en Syrie, lesquels l’Occident peut
utiliser pour lutter contre “Daech”, le
président al-Assad a qualifié d’
“inacceptables” les propos de Cameron,
disant : ” En Syrie, il n’y a pas
peut-être dix de ce dont Cameron parle”.
Par ailleurs, le président al-Assad a
indiqué que les Kurdes combattent aux
côtés de l’armée arabe syrienne et dans
les mêmes zones, abordant à cet effet
les documents confirmant que les Kurdes
obtiennent un soutien apporté
principalement par l’armée arabe
syrienne.
“Nous envoyons des armes aux Kurdes,
vu qu’ils sont des citoyens syriens et
qu’ils veulent lutter contre le
terrorisme”, a-t-il précisé, soulignant
que la question ne dépend pas uniquement
des Kurdes, mais il y a d’autres Syriens
qui font la même chose.
Par ailleurs, le président al-Assad a
fait noter qu’il n’y a pas de lien entre
la présidentielle précoce et la
cessation du conflit, qui se réalisera
uniquement par le biais de la lutte
contre le terrorisme et de l’arrêt des
régimes arabes et régionaux qui
soutiennent les terroristes.
“La présidentielle précoce se tiendra
uniquement en tant que partie d’un
dialogue global entre les différentes
forces politiques et les catégories de
la société civile en Syrie sur son
avenir”, a fait allusion le président
al-Assad.
A la question de savoir s’il est
possible de vaincre “Daech” par le biais
des raids, le président al-Assad a
assuré que la Coalition n’avait pas pu,
pendant plus d’un an, vaincre “Daech”
via les raids. “Il est impossible de
vaincre “Daech” uniquement en recourant
aux frappes aériennes, sans la
collaboration avec les forces sur le
terrain”, a-t-il dit.
“La Coalition est une illusion, car
elle n’a rien réalisé dans la lutte
antiterroriste en Syrie. Nous avons
commencé la lutte antiterroriste sans
prendre en compte la présence de toute
force mondiale et nous accueillons
favorablement tous ceux qui veulent nous
adhérer”, a fait savoir le président al-Assad,
qui a ajouté que “nous continuerons à
lutter contre le terrorisme”.
Le président al-Assad a affirmé que
le gouvernement syrien ne demandera pas
la collaboration aux gouvernements ou
aux régimes occidentaux qui ne
respectent point le droit international.
” Nous accueillons favorablement tout
pays dans le monde oeuvrant avec sérieux
pour lutter contre le terrorisme”, a
martelé le président al-Assad.
Questionné sur les possibilités et le
temps à prendre pour que la Syrie, aux
côtés de ses alliés, à savoir la Russie,
l’Iran et le Hezbollah, puissent vaincre
militairement “Daech”, le président al-Assad
a fait noter : “La réponse dépend de
deux paramètres, notre capacité d’une
part et le soutien apporté aux
terroristes de l’autre. Si le soutien
que reçoivent ces groupes de différents
pays dans la région et de l’Occident en
général s’arrête, notre mission ne
prendra plus de quelques mois pour
l’accomplir”.
Le président al-Assad a en outre
affirmé que “nous n’avons comme option
que la lutte contre les terroristes que
l’Occident ignore leur implication dans
le meurtre des innocents dès le 1er jour
de la crise”.
Quant à l’importance du rôle russe,
le président al-Assad a jugé “très
important” le rôle russe qui avait un
grand impact sur la double scène
militaire et politique en Syrie,
soulignant que le fait de dire que sans
ce rôle le gouvernement ou l’Etat
s’effondrait est une question virtuelle.
Et le président al-Assad de
poursuivre : “Le soutien russe au peuple
syrien et au gouvernement syrien avait
joué, aux côtés de l’appui fort de
l’Iran, un rôle très important dans la
fermeté de l’Etat syrien”.
De même, le président al-Assad a fait
allusion au message qu’il avait envoyé
au président Poutine pour demander la
participation des forces russes à la
lutte contre le terrorisme.
Le président al-Assad a assuré qu’il
n’y a guère de forces terrestres russes
qui combattent aux côtés des forces
syriennes, faisant savoir que les deux
parties n’avaient pas encore examiné la
question de la présence des forces
terrestres russes en Syrie.
A la question de savoir si la Syrie
utiliserait le système S-300, qu’elle
obtiendrait de la Russie, contre les
forces aériennes de la Coalition, le
président al-Assad a répondu : “C’est
notre droit, il est prévu que nous
interdisons à tout avion de violer notre
espace aérien. Nous recourons à tout
moyen disponible pour protéger notre
espace aérien”, indiquant que la
priorité est actuellement accordée à la
lutte contre les terroristes qui
représentent le danger le plus important
sur le terrain.
Quant aux possibilités de l’admission
de mener des discussions sérieuses avec
l’Arabie Saoudite sur l’avenir de la
Syrie, si celle-là l’avait suggéré, le
président al-Assad a dit que la question
dépend de l’approche de l’Arabie
Saoudite à l’égard de ce qui se passe en
Syrie. “S’ils étaient disposés à changer
leurs politiques, notamment envers la
Syrie, nous n’avons pas de problèmes de
se réunir avec eux”, a-t-il précisé.
A propos des réunions de Vienne, le
président al-Assad a affirmé que
l’article le plus important dans la
Déclaration de Vienne porte sur le fait
que les Syriens doivent se réunir pour
examiner l’avenir de la Syrie.
Questionné sur les possibilités de
l’acceptation de la négociation avec des
groupes donnés, dont le gouvernement
syrien considère comme “terroriste”, le
président al-Assad a fait allusion à la
négociation avec plusieurs groupes
terroristes qui ont décidé de déposer
leurs armes et de retourner à la vie
normale, non pas avec les réseaux
terroristes tels que Daech, le Front
Nosra et autres.
Quant à ce que les groupes armés
dénomment “barils explosifs”, le
président al-Assad a indiqué que
personne ne croit actuellement en cette
campagne de propagande, disant : “Nous
servirons les terroristes si on a voulu
tuer les innocents ou les civils. C’est
irréel et illogique”.
A. Chatta
Le
dossier Syrie
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