Entretien
Yves Fernand
Nkodia-Mantseka à La Nouvelle République :
«C'est la stabilité de tout le Sahel qui
est menacée par les événements du Mali»

Samedi 7 avril 2012
Une Europe, secouée par une crise
économique. Une Europe au bout du
déclin. Des Occidentaux et leurs alliés
sionistes cherchant à étendre leurs
ailes d’influence en Afrique. Face ces
prédateurs, la Chine, pays émergeant. Un
bras de fer sur un continent riche dont
les populations sont confrontées à la
pauvreté et qui tarde à prendre en main
sa destinée. Problématique à plusieurs
variables que nous avons tenté d’étayer
avec
Yves Fernand Nkodia
écrivain, poète et critique littéraire
Congolais, docteur en Droit et
financement de développement et
économiste et vient de publier son
premier recueil de poème « Tendre
Nostalgie ».
LA NR/ Après le récent putsch qui vient
d’avoir lieu au Mali, à quelles
conséquences pourrait-on s’attendre sur
la stabilité des pays du Sahel ?
Le récent putsch qui vient d’avoir lieu
au Mali témoigne, à fortiori, le climat
d’instabilité politique qui règne dans
le continent, malgré quelques zones
constatées de paix considérable. Dans ce
tohu-bohu, la démocratie est loin d’être
sur une assise solide. Sa fragilité est
dominante. La vitrine démocratie
longtemps affichée par le Mali est
éclaboussée par ce coup d’arrêt assené
par la junte militaire qui s’est emparé
du pouvoir. Oui, la stabilité des pays
du Sahel est mise en branle dans cet
affrontement entre d’un côté les Touareg
et de l’autre la junte malienne. Les
conséquences sont, à mon avis, duales:
soit l’avenir se dessine dans la
solution apaisée de cette région avec
l’arrivée prochaine du nouveau
gouvernement qui prônera de nouvelles
mesures; soit le statu quo demeura. Et
en perspective l’éventuel scénario
catastrophe dans l’avancée irrésistible
de MNLA, ce groupe de rebelles Touareg
dans le contrôle des villes
stratégiques. Et par conséquent la
coupure du pays en deux, la perte
d’unité nationale. Mais, dans tous les
cas, je souhaite rapidement que cette
partie de l’Afrique, si riche et
capitale, trouve un cessez-le-feu et une
paix profonde qu’elle mérite.
LA NR/ L’occident défend une vieille
idée de l’Afrique dans laquelle il
contrôle tout à travers ses hommes de
mains et s’accommodent volontiers d’une
misère de masse. Ne pensez-vous qu’il
est temps pour que cela change ?
Indubitablement, il est temps que cela
change. Si le changement est…il viendra
à coup sûr de l’Afrique elle-même. En
faisant fi de cette idée surannée qui
entérine et perpétue la misère
effroyable. L’heure a déjà sonné pour le
changement du continent africain. Mais
tout cela reste en état embryonnaire
pour une éclosion réelle et visible.
Dans le passé, l’Afrique était ankylosée
et incapable de réagir face aux éléments
coercitifs extérieurs. Aujourd’hui, un
autre vent assiège l’antre dominé
africain. Du nouveau germe dans la
pensée libre du peuple et dans sa vision
de forger un autre avenir. Des cris
retentissent et des soulèvements
gagnent, ici ou là à l’intérieur des
états. Ce sont des preuves indéniables
de ce temps de changement en marche.
Cela étant, il faut des moments
d’attente et de maturation aussi.
L’Horizon s’éclaircit et demain se
profile radieux. J’en suis persuadé!
LA NR/ Le 17 décembre 2010, jour
précis où l’Union Européenne annonçait
d’avoir à l’unanimité choisi le camp de
Ouattara dans la crise Ivoirienne,
contre Laurent Gbagbo, la Chine nous
annonçait d’être devenue la première
partenaire commerciale du continent
africain en publiant les chiffres de 10
mois d’échanges avec les pays Africains.
Quelle interprétation pourrait-on faire
de ce message ?
Dans la crise Ivoirienne l’Union
Européenne avait choisi son camp. Une
stratégie favorable pour la défense de
leur acquis et intérêt en jeu. La Chine,
hier encore, inopérante est devenue en
laps de temps un partenaire commercial
de premier plan en Afrique. Une grande
première. En supplantant les autres
concurrents et privilégiés séculaires.
Par ce fait, la Chine a réussi un coup
de maître en renversant le rapport de
force. Le message est éloquent et en dit
long dans la stratégie qui se trame dans
les cerveaux des leaders de l’empire
rouge. Celle de la conquête du monde.
Une démonstration éclairante dans le
terrain d’échange et commercial assiégé,
dominé par la Chine et une perte de
champ de prédilection pour les autres.
C’est un avantage pour l’Afrique en
quête de sortie de crise et une nouvelle
opportunité de partenariat propice au
regard de l’échec considérable avec les
autres. Mais tout reste à voir dans le
long terme et à juger dans les résultats
récoltés postérieurement dans la
concrétisation des projets de croissance
et de développement tant attendu.
LA NR/ Au-delà des choix partisans
pour l’un ou l’autre président élu ou
réélu, certains analystes pensent qu’il
y a une autre bataille, celle là, à
distance qui est en train de se jouer
entre la Chine et l’occident en Côte
d’Ivoire. D’après-vous quels sont les
enjeux de ce bras de fer opposant
l’Occident (Europe/USA) et la Chine sur
le sol africain ?
S’agissant du bras de fer qui oppose
l’Europe, les USA et la Chine sur le sol
africain, c’est avant tout comme je l’ai
souligné plus haut un enjeu stratégique
et de conquête de leadership mondial.
Chacun cherche à devenir l’interlocuteur
incontournable et privilégié. En
demeurant l’élément moteur dans le rôle
prépondérant à jouer sur l’échiquier du
marché international. L’Afrique a
toujours été le foyer de multiples
conflits ou d’affrontement permanent
entre les états possédants dans la quête
du profit et d’enrichissement hors de
leurs frontières nationales. Cette
bataille en est une. Une illustration
frappante de l’assujettissement et de la
domination perpétrés par ces différents
camps. Avec une idée obscène le recul de
l’Afrique et la non émancipation voire
la liberté affirmée. A l’inverse d’une
ambition de progression qui anime le
peuple africain dans son entièreté.
LA NR/ Dans ce bras de fer, les
Occidentaux ont-ils encore la force et
l’audace pour résister longtemps au
rouleau compresseur chinois ?
L’occident uni reste une force de frappe
puissante. Mais la Chine seule est
capable d’engloutir cette force et
entamer l’audace. Avec son taux de
croissance annuelle record qui fait
d’elle le géant ou la grande créditrice
mondiale. La Chine reste actuellement le
champion du monde en matière
d’investissement et d’exportation. On ne
peut faire face à une économie forte sur
laquelle vous vous reposez. C’est le cas
aujourd’hui des occidentaux, à moitié
tributaires des fonds chinois et
courbant l’échine devant cette nation
souvent décriée par sa politique de
piétinement des droit de l’homme, et
celle de sa vision de communisme rampant
voilé par un semblant de libéralisme
affiché. Oui le rouleau compresseur
Chinois continuera de marcher sur
l’occident en perte de vitesse et en
proie à des crises multiformes. Mais
l’avenir étant dans les genoux des
dieux, tout peut changer d’ici là. Car
aucune nation au monde n’est détentrice
infinie d’une bonne santé économique
voire politique. (-Les quelques
frémissements ou ralentissements de la
croissance de la Chine observés ces
jours-ci peuvent jeter le trouble dans
l’avenir. D’où la probable réinvention
du modèle dit hyper croissance se
profile en filigrane). Tout arrive,
hélas, au gré des impondérables et des
soubresauts d’une conjoncture
internationale, sans cesse mouvante et
versatile, difficilement contrôlable par
les politiques, les Etats, les agences
de notation et les marchés financiers.
LA NR/ « Aujourd'hui, le
développement de l'Afrique est une
question de choix décisif dans le
positionnement géostratégique de chaque
pays. L'alliance avec l'Occident sur le
point de déposer le bilan, me semble un
choix suicidaire, parce que le résultat
est connu d'avance : misère garantie
comme plat de résistance et dettes pour
dessert », disait un analyste. D’une
part, partagez-vous cet avis ? Et
d’autre part, les africains sont-ils
conscients de ces choix stratégiques?
Je ne partage pas totalement cet avis,
bien que le bilan de l’alliance avec
l’Occident soit somme toute négatif au
regard de la situation actuelle qui
n’est guère reluisante et exploratrice
des possibles. C’est vrai, le choix de
l’Occident n’est point favorable pour
l’heure. Mais suicidaire ? non! Car
l’Afrique a besoin de l’apport financier
et soutien technologique et bien
d’autres, malgré l’expérience passée
assez calamiteuse et si compromettante
pour une réussite certaine. Ce faisant,
il me semble propice de redéfinir cette
alliance non concluante et bien
moribonde. Elle doit être fondée sur la
réciprocité, la transparence, l’équité,
l’égalité et l’entente cordiale ; dans
toutes les sphères où repose la
coalition, en mettant l’accent sur les
choix stratégiques créateurs de
richesses et des projets
d’investissements bien ciblés et
crédibles. Dans la formation,
l’industrie de pointe, l’agriculture, la
pèche, l’élevage, l’énergie…Qui doivent
jeter les bases d’une indépendance et
d’une souveraineté sans faille. Les
Africains restent bien conscients de
l’ampleur de ces choix tactiques pour
sortir du marasme sans perspective.
LA NR/Entrer sur la scène mondiale,
comme de vrais protagonistes
économiques. Est-ce possible au moment
où les africains semblent des
spectateurs passifs face à la
confrontation et la dispute Occidentalo-Chinoise
sur le sol africain ?
Justement, c’est ce sentiment de
défaitisme et de passivité qu’il faut
élaguer dans la conscience collective et
vision constructive que l’Afrique doit
vanter dans l’espoir des lendemains
meilleurs. Le pessimisme ambiant génère
une énergie si asphyxiante pour sortir
d’un guêpier. Ce faisant, elle doit se
détacher de cet étau pour entrer de
plain pied sur la scène mondiale souvent
gangréné par un protectionnisme déguisé
et une concurrence déloyale. Ses
possibilités résident dans la volonté,
dans l’effort et dans le maintien malgré
ses faiblesses, ses manquements dans
l’insertion de ce marché ou tout se
crée, se décide, se gagne et se
développe en se confrontant et se
rivalisant avec les nantis, ce duo
occidentalo-Chinois qui semble tout
accaparer, amasser et dominer par sa
puissance économique, voire recoloniser
pour perpétuer et pérenniser à tout
jamais leur véto et diktat notoire. Ce
n’est que par ce biais que l’Afrique
cessera d’être spectateur passif pour
devenir un acteur indispensable, ce vrai
protagoniste dépouillé de tout complexe
et doté de son propre arsenal économique
dérivé de ses matières premières et main
d’œuvre abondante.
LA NR/L’Afrique est un riche
continent où les populations vivent dans
la pauvreté. Comment expliquer cette
dissonance économique africaine ?
L’Afrique est un riche continent et un
peuple dormant sur un lit doré.
Cependant, elle reste dans un état de
misérabilisme total. Ce contraste et
cette dissonance économique sont des
faits illustratifs d’un continent
patraque et qui manque cruellement de
force et d’énergie nécessaires pour
prendre à bras le corps son destin de
vie et de mettre en lumière ses
potentialités, ses compétences et ses
richesses à foison. C’est l’inertie
d’action qui l’envahit dans le processus
de croissance et de développement
économique, social, politique,
environnemental et écologique. Tout est
dans la bonne gouvernance, la gestion
efficiente des ressources nationales et
dans la redistribution équitable de
celles-ci. L’élite au pouvoir n’arrive
guère à faire de l’économie l’élément
moteur. Reléguée au second plan,
l’économie étouffe l’éclosion de
l’entité sociale qui montre à l’évidence
l’érosion sans fin de la pauvreté
massive et des inégalités criardes.
C’est tout le pont entier de l’Afrique
qui s’écroule dans cette orientation de
politique interne inefficace. Il faut
des politiques économiques opératoires
qui mettent l’accent sur la promotion
des initiatives privées sur le lit des
institutions solides pilotées par un
état libre. Qui ne s’engage pas dans les
activités où il réussit mal par ce que
ce n’est point sa vocation. Pour ce
faire, il faut mettre fin aux
antivaleurs: la corruption, le
gaspillage, la gabegie, le
clientélisme,… Qui rongent les états.
Cette stratégie fondée sur la croissance
et l’emploi permettra le développement
rapide du pouvoir d’achat des ménages et
par conséquent suscitera l’augmentation
de la consommation interne et celle des
exportations réduisant les importations
excessives. Par l’effet d’entrainement,
la dette sera réduite et la sortie de
crise se fera jour dans bon nombre des
pays africains sous perfusion de
l’austérité ou politique de rigueur. Ces
programmes d’ajustement structurel
préconisés et véhiculés par les
institutions financières
internationales, notamment le Fonds et
la Banque mondiale.
LA NR/Avec ses potentialités
économiques et ses ressources l’Afrique
serait-elle en mesure d’aller à la
conquête du monde ? Si oui, quels
seraient les leviers et les mécanismes à
activer pour réaliser cet objectif ?
Oui, l’Afrique, avec ses acquis
économiques et ressources abondantes,
est capable de rivaliser avec les plus
grands d’aujourd’hui et devenir
elle-même le géant baobab mondial. Car,
l’Afrique est un géant endormi et peut,
en se réveillant, être le continent
puissant. A l’image d’hier, des dragons
d’Asie et celle d’aujourd’hui des
nations naissantes comme l’Inde, la
Chine, le Brésil et des économies
florissantes de l’occident. Ainsi,
l’Afrique doit forger son propre modèle
économique reposant sur ses valeurs
intrinsèques. Le mimétisme ou le modèle
importé a conduit à des échecs cuisants
partout en Afrique avec comme cortège de
maux l’appauvrissement massif et le
surendettement colossal. Les leviers
nécessaires demeurent l’exception
africaine basée sur les atouts
essentiels. Avec ce socle
paradigmatique, l’Afrique unie et solide
résoudra ses problèmes internes et sera
à même de conquérir le monde en
s’appuyant et imposant sa marque
singulière. Ce modèle spécifique ouvert
aux apports extérieurs dans la logique
des principes de coopération et de
l’échange des compétences diversifiées,
donnera à l’Afrique nouvelle les moyens
de s’affirmer sur l’échiquier
international. Une présence et une force
qui feront d’elle le rayonnant continent
comme jadis. C’est cette historicité
dominante que l’Afrique doit contempler
pour trouver cette lumière perdue dans
l’indolence, la domination, les conflits
intérieurs, la pauvreté, les maladies et
la crise accrue.
LA NR/Aujourd’hui on assiste à cette
crise économico-financière qui secoue
l’Europe. N’est-ce pas là un échec de
l’ultralibéralisme ?
Tant il est vrai, la crise
économico-financière qui secoue l’Europe
montre l’échec patent des postulats de
base du paradigme de l’ultralibéralisme.
Cette pensée unique qui s’est propagée à
l’échelle mondiale n’a fait qu’obérer
les états nations et entraîner
l’enrichissement des rentiers en chef
qui ont bénéficié des gains d’aubaines
issus de l’abstinence imposée au corps
social comme l’a écrit fort justement le
grand circuitiste français Alain Parguez.
L’Austérité mise en avant par les
économistes de l’offre, n’a nullement
sortie les nations du tunnel de la crise
économique. Le marché roi et dictateur a
entrainé le chômage massif, a perpétré
les injustices et augmenté les
inégalités sociales. En chassant
l’étatisme dans la sphère économique,
les néolibéraux ont voulu enterrer la
théorie Keynésienne. Une erreur ou faute
doctrinale que ces détracteurs payent
aujourd’hui dans leurs mécanismes
autorégulateurs. Les marchés ont
détracté les structures profondes en
laissant échapper les bulles financières
et en entretenant les fausses promesses
qui ont englouti l’économie du monde
dans la mer de la crise sans précédent.
LA NR/Actuellement, aucun dirigeant
Européen ne sait quoi faire pour venir à
bout du déclin de l'Occident et que
partout, c'est de la Navigation à Vue.
D’autant plus que ce sont les
spécialistes économistes Européens qui
parlent de leur incapacité à comprendre
ce qui leur arrive. Comment expliquer
cet état de fait ?
Evidemment, le déclin de l’Occident
montre que son bateau est ivre et en
perte de vitesse. A cet effet les
dirigeants européens sont désemparés et
ne savent plus sur quel pied danser. De
plus, les spécialistes économistes
Européens sont perdus dans leurs
analyses et solutions salvatrices.
Incapables, ils s’enlisent dans les
propositions hasardeuses et hâtives.
Tout semble leur échapper. Car
l’économie est parfois cette nature
indomptée et difficile à comprendre et à
appréhender. Cet état de fait s’explique
amplement par la crise qui secoue de
plein fouet l’Union. Cette crise, née
aux USA, a provoqué des remous. Les
économistes ont conseillé les politiques
de mener des réformes par le biais de la
politique de rigueur. Cette stratégie a
suscité partout des indignations et le
rejet total des populations. Les
indignés sont nés avec la compression de
demande interne, la perte d’emploi, les
licenciements abusifs, le gel des
salaires, la fermeture des usines, la
vague des délocalisations, la hausse de
prix… Dans ce tourbillon de la crise les
pays comme la Grèce, l’Italie,
l’Espagne…ont basculé dans l’endettement
massif et dans le trou du déficit public
abyssal. La France a perdu son triple A
et l’Allemagne, meilleure élève, est
aussi inquiétée dans cette décadence des
autres Etats. Cette érosion montre que
l’Europe est dans une passe difficile.
Le manque d’une cohérence politique et
d’harmonisation fiscale mine l’Union. (cf
mes articles à ce sujets :
http://ynkodia.unblog.fr/2012/01/16/%C2%ABle-naufrage-du-fameux-triple-a-francais%C2%BB/
ou
http://ynkodia.unblog.fr/2010/03/02/leurope-esseulee/).
LA NR/Les États-Unis, la
Grande-Bretagne et Israël, ont décidé
d’étendre leurs aires d’influence sur le
continent africain. L’Afrique ne
serait-elle pas en passe de devenir l’un
des principaux terrains du « choc des
civilisations»? Quel avenir pour
l’Afrique dans ces conditions ?
Je ne pense pas que la présence des USA,
la Grande Bretagne et l’Israël va
étendre les aires d’influence sur le
continent africain et que ce dernier
deviendra ce foyer incendiaire du « choc
des civilisations », sur des valeurs, de
religion, de langue, d'histoire,
d'habitudes et d'institutions…ces
aspects qui définissent le concept de
civilisation. Car, ces Etats ont
toujours existé sur le terrain africain
et leur présence n’a nullement changé la
donne et imposé largement leurs idéaux.
L’opposition des civilisations dans le
monde est prédominante avec comme
substrat le religieux qui occupe le
noyau central. Oui, cet essaim des pays
dans notre champ africain attise une
guerre de modèles et la culture
véhiculée amplifie le choc. Mais par
delà, l’Afrique gardienne du terrain
reste consciente et optimiste pour
l’avenir en édifiant un paravent
nécessaire pour échapper à cette
intrusion ou immixtion contestée,
transformant son sol en un gigantesque
choc des civilisations. Dans ces
conditions, l’Afrique en crise, mais
berceau de l’humanité s’identifiera à sa
civilisation millénaire. Celle qui
l’honore malgré ces assauts culturels
venus d’ailleurs. Bien sûr, les aires
anglo-saxonnes traversent l’Afrique et
la tentation est grande de céder à ces
sirènes politiques notoires en cette
période morose et de processus
démocratique non consolidé. Mais le
continent en solitaire orgueilleux
trouvera dans la coopération et
l’échange d’avec ces entités dominantes,
des moyens de regimber et d’être, ainsi,
l’allié libre dans l’universalisme
pluriel que la culture des autres
apporte au profit de ce mondialisme
positif, avec comme vecteur de
structuration le monde multipolaire ou
multi-civilisationnel. Ce vaste monde où
toutes les civilisations s’acceptent,
s’apprécient, se valent et s’échangent
mutuellement dans l’intérêt général.
Entretien réalise par Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du 7 avril 2012
Publié sur
La Nouvelle République

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