Opinion
Quel avenir pour
une Palestine
« Etat observateur » au sein des Nations
unies ?
Pascal
Bonuface
© Pascal
Boniface - IRIS
Vendredi 30
novembre 2012
La Palestine accède au statut d’Etat
observateur non membre à l’ONU.
S’agissait-il d’un vote historique pour
la Palestine ?
Il s’agit en effet d’un vote
historique et il a été considéré comme
tel, tant au sein de l’ONU que par les
Palestiniens. Bien sûr, concrètement, ce
vote ne change rien à la situation sur
le terrain ; il y aura autant de soldats
israéliens et de check-points, et la
colonisation ne va pas s’arrêter. Mais
c’est une victoire diplomatique et
politique pour Mahmoud Abbas à la fois
au niveau international et au niveau
inter-palestinien. C’est un jalon
important vers l’indépendance réelle.
C’est significatif : il ne s’agit plus
aujourd’hui de territoires occupés mais
d’un État occupé. Il y aura dans
l’histoire palestinienne un avant et un
après 29 novembre 2012.
Mahmoud Abbas
a été acclamé dans l’enceinte de l’ONU
après l’annonce du vote acquis à une
majorité écrasante. Les pays qui ont
voté contre, comme les Etats-Unis, ne se
retrouvent-ils pas de plus en plus en
marge sur le traitement du conflit
israélo-palestinien ?
Les États-Unis sont aujourd’hui plus
inactifs qu’en marge. Après avoir exigé
l’arrêt de la colonisation des
territoires, Barak Obama n’a pas réagi
lorsque Benyamin Netanyahou l’a
poursuivi, défiant le président
américain ouvertement. Or l’engagement
des États-Unis pour un règlement
définitif est indispensable. Washington
va-t-il se réengager ? Va-t-il attendre
les prochaines élections israéliennes
prévues en janvier 2012 ? Espère-t-il un
changement de majorité en Israël ? Il
faudrait pour cela qu’il s’y emploie et
qu’il s’investisse dans la campagne
électorale contre Netanyahou aussi
fortement que Netanyahou s’était engagé
contre lui dans la campagne
présidentielle américaine. Il n’est pas
certain qu’il le fasse. Le problème pour
l’instant est que les protagonistes du
conflit ne parviennent pas à se mettre
d’accord, en grande partie du fait de la
disproportion des forces, et que les
Israéliens estiment que le temps joue en
leur faveur. La communauté
internationale assiste à cela de façon
impuissante. Car si les États-Unis ne
sont pas actifs, il en va de même pour
les autres puissances quelle que soit
leur position sur le conflit.
Et maintenant
?
Mahmoud Abbas pourrait en profiter
pour rouvrir les négociations sans le
préalable du gel de la colonisation,
pour voir s’il y a une réelle volonté de
négocier de la part d’Israël. Le
président de l’Autorité palestinienne
n’a pas intérêt à ce stade à saisir la
Cour pénale internationale. Il pourrait
en revanche se porter candidat dans les
autres institutions onusiennes pour
renforcer sa donne de façon pacifique.
Il serait, par exemple, difficile pour
les États-Unis d’arrêter de financer
l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) en cas d’adhésion palestinienne à
celle-ci. Est-ce que ce vote ouvre la
voie à une réconciliation interne
palestinienne ? Il y a eu trop d’espoirs
déçus à ce jour pour le tenir pour
acquis. Mais il est en tous les cas
notable que le Hamas ait approuvé la
démarche de Mahmoud Abbas.
Pascal
Boniface, directeur de l'IRIS
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Publié le 1er décembre 2012 avec
l'aimable autorisation de l'IRIS.
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