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L'EXPRESSIONDZ.COM
SOMMET ARABE DE DAMAS
Une fin en queue de poisson
Smail Rouha
Photo Reuters
31 mars 2008 A quoi peut servir un Sommet
arabe, atrophié, devant une impasse politique dont la
conséquence pourrait être la multiplication de milices et du
terrorisme?
Le Sommet arabe de Damas s'est achevé hier
sans aucune initiative nouvelle. Dans la résolution finale, les
dirigeants arabes ayant pris part à ce sommet vont se contenter
de renouveler leur appel à Israël d'accepter le plan de paix
présenté au Sommet de Beyrouth en 2002 et resté depuis lettre
morte. «La sécurité d'Israël et son intégration dans la
région sont tributaires d'une paix avec les pays arabes, qui ne
peut être instaurée que si Israël accepte l'initiative arabe»,
ont souligné les participants. Des paroles, rien que des
paroles. Le plan de paix prévoit une normalisation des relations
entre les pays arabes et Israël en échange du retrait israélien
des territoires arabes occupés depuis juin 1967, la création
d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et un
règlement «équitable et agréé» de la question des
réfugiés palestiniens. Une initiative qu'Israël a toujours
rejetée. En outre, en l'absence de la moitié des 22 chefs d'Etat
arabes, le sommet s'est contenté d'affirmer son soutien au plan
proposé par la Ligue arabe pour mettre fin à la crise au Liban,
privé de président depuis l'expiration fin novembre du mandat du
pro-syrien Emile Laoud.
Le sommet a appelé les dirigeants politiques libanais à élire le
candidat du consensus, le général Michel Sleimane, et à convenir
de la composante du gouvernement nationale dans les meilleurs
délais. Entre-temps la crise du Liban persiste car les querelles
pour le partage du pouvoir ne sont pas près d’être dépassées.
Sur un autre plan, le sommet a chargé le secrétaire général de
la Ligue arabe, Amr Moussa, d’entreprendre les démarches
nécessaires à même d’oeuvrer à remettre les relations entre la
Syrie et le Liban sur le droit chemin au mieux des intérêts des
deux pays. Toujours au plan des résolutions théoriques, le
sommet a exhorté à la réconciliation en Irak et à mettre fin aux
affrontements entre chiites et sunnites sans pour autant
condamner le terrorisme. Chose ayant amené l’Irak a refusé de
paraphraser le document final. Le vice-président chiite irakien
Adil Abdul-Mahdi a expliqué que Baghdad avait émis des «réserves»
sur la déclaration en raison de cette absence de condamnation du
terrorisme. Le gouvernement irakien, à majorité chiite et kurde,
accuse les gouvernements arabes sunnites de la région de ne pas
afficher une position suffisamment tranchée contre les militants
sunnites qui alimentent l’insurrection en Irak. Le sommet a
appelé au respect de la «légitimité palestinienne sous la
direction du président Mahmoud Abbas» et au retour à la
situation prévalant dans la bande de Ghaza. Ils ont apporté leur
soutien à une initiative du Yémen pour une réconciliation
interpalestinienne. Cependant, toutes ces résolutions risquent
de fondre comme neige au soleil, bien avant que l’encre ne
sèche. «Le problème est que ce qui a été décidé à l’unanimité
au sein de la Ligue arabe, y compris par la Syrie, n’est pas
appliqué», a estimé au premier jour le prince Saoud Al-Faycal,
chef de la diplomatie saoudienne. Du fait du refus d’Israël de
l’offre de paix arabe, des querelles pour le pouvoir au Liban,
des affrontements entre chiites et sunnites en Irak, les portes
de sortie de crise pour la région sont difficiles à trouver. Et
le Sommet de Damas, marqué par l’absence des chefs d’Etat des
principaux alliés de Washington dans la région, comme l’Arabie
Saoudite, l’Egypte et la Jordanie, pour protester contre ce
qu’ils considèrent être une ingérence syrienne au Liban, n’a pas
trouvé le sésame. Aussi, c’est à se demander à quoi peut servir
un sommet arabe, atrophié, devant une impasse politique dont la
conséquence pourrait être la multiplication de milices et du
terrorisme? Si ce n’est de communier avec des peuples, meurtris,
le temps d’un deuil, dans la douleur. Or, tout le monde sait
qui, du dehors, s’acharne à faire violence dans la région.
Aussi, comment reprocher son inconsistance à la Ligue arabe, son
interminable valse-hésitation entre carotte et bâton, quand les
Arabes eux-mêmes poussent à la roue du désastre, quand ils sont
aussi profondément divisés sur l’essentiel.
De ce fait, que l’on cesse enfin de faire des réunions
extraordinaires et des discours de circonstance, la panacée de
tous les maux sévissant dans le monde arabe. En attentant le
prochain Sommet arabe prévu en 2009 au Qatar, la région demeure
sur une poudrière.
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de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 31 mars 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
Crédits photo : Reuters
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