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Politique
Les
damnés de la manif
Philippe Randa
Philippe Randa
Mercredi 14 novembre 2007 Jusqu’à
ces derniers jours, je finissais par croire que j’étais le seul
« ou pas beaucoup plus » à vouer aux gémonies les grèves à répétition
des camarades syndiqués par trop obsédés de couiner leur mal de
travailler à travers tout l’hexagone… Oui, je me sentais bien
seul car nos médias, que l’on sait si sensible au « droit à
l’information », assuraient invariablement qu’une majorité
de Français soutenaient indéfectiblement les revendications des
Damnés de la manifs !
Ce qui avait amené en son temps le dessinateur Konk(1) à
illustrer un tel propos de cette amère légende : « Et en
plus, ils se foutent de notre gueule ! »
À nouvelle ère politique, nouvelle ère médiatique autant que
sociale, dirait-on. Que tous les grands patrons de presse soient
au mieux avec Nicolas Sarkozy n’a pas que des inconvénients,
reconnaissons-le : la grève dans les transports qui paralysent ce
jour notre pays est considérée par les Français terriblement
impopulaire et on ne le dissimule plus « Selon une enquête OpinionWay
pour Le Figaro et LCI, 7 Français sur 10 souhaitent
que le gouvernement ne cède pas aux revendications des syndicats
».
Même les dirigeants syndicaux, des plus chevelus et barbus au
plus haineux, sont forcés de le reconnaître. Ça ne les empêche
pas pour autant de pourrir la vie de leurs compatriotes
travailleurs, mais ça soulage tout de même un peu ces derniers
qui se sentent moins seuls.
Tout cela finira sans doute en négociations, ni contraintes, ni
forcées, mais sans doute mi-chèvre, mi-choux afin qu’aucune
des parties prenantes n’en sortent trop humiliée. C’est
d’ailleurs annoncée : « La CGT et le gouvernement ont
commencé à préparer une sortie de crise par le haut, permettant
d’éviter les deux scénarios à haut risque, le durcissement ou
le pourrissement » (Libération).
Il est vrai que Nicolas Sarkozy et les ministres-figurants du
gouvernement se sont trop engagés pour pouvoir reculer, du moins
trop visiblement comme leurs prédécesseurs.
Qu’importe finalement ! Quelles que soient les réformes qui
seront adoptées, aussi minimes, voire insignifiantes
soient-elles, les tabous que le terrorisme syndical avait imposé
à la classe politique sont battus en brèche. L’agonie de la Bête
durera peut-être encore, mais, à terme, elle ne s’en relèvera
pas.
La tant attendue nouvelle « nuit du 4 août »(2) qui verra
l’abolition des droits de tous les parasites du monde du travail
est désormais dans tous les esprits, voire déjà sur quelques lèvres…
Cours, camarade syndiqué ! Le vieux monde est derrière toi ! Notes
(1) www.konk.org : site officiel d’un véritable
damné de l’humour, totalement déconseillé par le
politiquement correct.
(2) Dans la nuit du 4 août 1789, les députés de l’Assemblée
nationale constituante, dans un bel élan d’unanimité, proclamèrent
l’abolition des droits féodaux.
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Philippe Randa sont libres de reproduction à la seule condition
que soit indiquée leurs origines, c’est-à-dire le site
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