Le style, c’est l’homme… Mais un homme, c’est aussi
son style : celui que Nicolas Sarkozy a affiché deux heures
durant lors de sa conférence de presse devant 600
journalistes présents et les caméras du monde entier a de
quoi laisser perplexe, c’est le moins qu’on puise dire.
La rupture, incontestablement, est là ! Chose promise, chose
due, l’omniprésent président a tenu au moins un engagement
du bulldozer-candidat pour le plus grand désarroi de
l’opposition politique, totalement désorientée par une
telle avalanche d’annonces imprévues et de surenchères de
bonnes intentions, entrecoupées de péremptoires et répétitives
affirmations de son honnêteté comme si elle n’allait pas
de soi… Avec deux gros pavés dans le pré carré du
moribond Parti socialiste : la mort brutalement annoncée pour
cette année des 35 heures et un projet ambitieux pour le «
Gross », non « grand » Paris…
Doute-t-il ? Jamais ! « Président, ce n’est pas un boulot
pour inquiet », a-t-il lancé avec cette rare distinction de
langage qu’il affiche désormais à tout propos.
Certes, la cerise sur le gâteau, celle qu’attendaient le
Tout-Paris tout autant que la province profonde, fut
l’annonce gourmande qu’avec « Carla », c’était du «
sérieux ». Un instant, toute l’assistance a retenu son
souffle : allait-il détailler comment il la faisait grimper
au rideau ou les gâteries qu’elle lui prodiguait ? Non, il
n’en a rien dit, mais on a bien senti que ça le démangeait
de nous le révéler… Gageons que ce sera pour la prochaine
fois. Enfin, si sa bonne fortune continue, ce qui, au vu du
palmarès amoureux de la dame, n’est pas gagné d’avance !
Plus que jamais véritable caméléon de la politique
spectacle, l’agité de l’Élysée fut ainsi tour à tour père
fouettard, schtroumpf à lunettes et « mec à sa meuf ». Ça,
c’est d’la rupture. À donf’ comme les jeunes disent et
quand Nico promet, il assume. Cash, même, comme c’est
qu’il cause, lui !
Ceux qui furent déçus d’un telle abracadabrantesque
vulgarité sont sans doute ceux qui s’attendaient à voir
s’exprimer un Président de la République française,
Premier Élu de la Nation, garant de nos libertés et de nos
institutions, exemple entre tous à la fois pour les Français
qui s’en sont remis à lui pour conduire leur destinée…
et pour les Chefs d’État étranger afin que soit respecté
la place, rien que la place, mais toute la place, de notre
pays dans le monde.
Oui, la rupture annoncée est belle et bien effective ! Pas
celle qu’on aurait pu prévoir, souhaiter et avaliser. Cette
rupture est avant tout celle d’une certaine retenue, une
certaine distinction, un certain bon goût que les prédécesseurs
de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, quoi qu’on en pense,
avait toujours su conserver. Sous la Ve République, la France
a successivement été dirigée par l’imposture gaulliste,
l’incompétence pompidolienne, la morgue giscardienne, la
duplicité mitterrandienne et la nullité chiraquienne… Elle
est désormais, incontestablement, aux mains d’un Marlou.
Pour ceux qui ne connaîtrait pas le mot, on peut en lire sur
le site www.insenses.org/chimeres cette excellente définition
: « Par extension, on appelle marlou tout homme peu délicat
avec les femmes, et même tout homme qui a mauvais genre. »