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Marche internationale pour Gaza
Tentative pour rejoindre Al-Arish et Gaza
Leïla Shahshahani
Leïla Shahshahani
Samedi 2 janvier 2010
Contactée par téléphone hier soir, Leïla nous faisait part de
son intention de partir pour Al-Arish aujourd'hui samedi, pour
tenter de rejoindre Rafah, en vue d'une hypothétique ouverture
du poste-frontière de Gaza le 3 janvier, comme annoncé il y a
quelques jours par le gouvernement égyptien.
Elle a donc pris ce matin très tôt le bus pour Al-Arish :
À 9h51 heure
locale,
Leïla nous a transmis un premier texto :
"Contrôle des passeports à Ismailia".
Cette ville est le point de passage du canal de Suez. Elle est
située à 80 km du Caire environ. De nombreux étrangers se sont
trouvés bloqués à cet endroit par les forces égyptiennes ces
derniers jours.
A 11:13
heure locale, un second
SMS nous parvient :
"On est débarqués".
À 12h23 :
"A près une heure et demie à attendre nos passeports, on
s'est symboliquement assis devant le bus, le temps de téléphoner
à l'ambassade. Mais on a fini par le laisser repartir, pour ne
pas bloquer les passagers. L'ambassade nous conseille d'accepter
le retour au Caire, sans surprise. Je me trouve actuellement
parmi un groupe de 13 personnes, majoritairement de Français,
Belges et Anglais. Nous venons de prendre la route avec nos
sacs, juste au delà du check-point. Le but n'est pas d'aller
bien loin ; il s'agit d'effectuer une dernière action symbolique
et de déployer notre banderole où est inscrit "Gaza, on t'oublie
pas".
À 13h35 :
"Les policiers sont venus nous chercher et nous
demander de monter dans leur minibus. Le minibus nous a ramenés
jusqu'au check-point. Ils gardent nos passeports jusqu'à ce
qu'on soit sur la route du Caire.
À 14h :
"Et voilà, retour à la case départ, vers le Caire,
escortés par la police. On vient de nous rendre nos passeports
et on chante dans le minibus notre dernier "Gaza, on t'oublie
pas". Ce retour me bouleverse. Malgré les marques
d'encouragement de notre action par la population locale, à
quelques centaines de kilomètres d'ici, des Palestiniens sont
plus isolés que jamais, et dépérissent à petit feu dans la plus
grande indifférence et avec la complicité de la communauté
internationale. Gaza, on t'oublie pas, on ne baissera pas les
bras".
Le Nouvel An de la "Giza strip"
Vendredi 1er janvier 2010
Après l'effet surprise réussi du rassemblement international
d'hier, les centaines de participants ont décidé à la grande
majorité de se disperser dans le calme. La police nous a laissé
quiter les lieux par groupe de conq, escortés jusqu'à leur taxi.
les Français sont rentrés "chez eux" sur le trottoir devant
l'Ambassade ("Giza strip") dans leur campement désormais bien
rôdé : panneau pour la revu de presse quotidienne, point info,
point de distribution des repas... le campement a été décoré
avec les moyens du bord pour un nouvel an d'un autre genre. Au
milieu des tentes et des duvets, plusieurs marcheurs ont
continué tard dans la nuit à chanter, lancer des slogans pour
Gaza ("Gaza on reviendra !"), et parler avec les soldats
toujours en poste (depuis hier, des bancs leur ont été fournis
pour la nuit, améliorant nettement leur confort).
C'était notre dernière nuit au campement, la plupart des
Marcheurs Français rentrant cette nuit à Paris.
Certains d'entre nous, disposant de quelques petits jours
supplémentaires, vont tenter à nouveau de rejoindre Al-Arish
puis Rafah par les transports publics. Des rumeurs circulent
selon lesquelles la frontière avec Gaza pourrait réouvrir d'ici
quelques jours. A suivre, donc.
*
Les marcheurs de tous les pays envahissent
par surprise le cœur du Caire
Jeudi 31 décembre, 14h le Caire
Nouveau texto de Leïla:
"A priori pas d'autres blessés (il y en aurait eu 2 d'après le
correspondant en Egypte de France Inter). Ceux-ci ont été le
fait d'un ou deux policiers égyptiens en civil excités. Il y
avait environ 600 participants à ce rassemblement réunissant la
quasi totalité des délégations internationales. Ce deuxième camp
se sédentarise pour la journée voire la nuit. A priori les
Français regagneront leur campement de l'ambassade de France où
une partie du groupe garde nos sacs pour le nouvel An".
Mis en ligne
par Cécile Eichinger
*
La police égyptienne s'en prend aux marcheurs
Jeudi 31 décembre
depuis le Caire, 9h30
En ce moment même environ 600 marcheurs se sont réunis devant un
musée du Caïre et entrepris un sit in sur la rue. Mais la police
égyptienne a commencé à vouloir les faire partir en ayant
recours à la force. Des policiers en civil se sont
immiscés parmi les marcheurs et s'en sont pris directement à
ceux-ci. Leïla ajoute qu'il y a des
blessés parmi les manifestants. Les marcheurs sont à nouveau
encerclés sur le trottoir en face du musée et continuent de
crier "we want to go to Gaza!", "boycott Israël!".
D'autres infos en provenance du Caire
ici.
A ré-écoutez l'interview d'Alima Boumediene-Thiery, sénatrice de
Paris (Verts) au journal de 13h jeudi 31 sur France Inter :
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/info/journaux/ete.php
Mis en ligne
par Cécile Eichinger - textos de Leïla.
*
Les Marcheurs rejettent la mauvaise offre du
gouvernement égyptien
Le Caire, 30 décembre 2009
Très tôt ce matin, la rumeur a commencé à circuler de duvet en
duvet selon laquelle 100 personnes de la Gaza Freedom March
allaient embarquer dans un bus en direction de Rafah, après en
avoir reçu l'autorisation de la part des autorités égyptiennes.
L'étonnement était d'autant plus grand que personne ici n'était
au courant du deal en question.
Dans la matinée, lors d'une réunion collective de notre groupe,
nous avons appris que les autorités égyptiennes avaient fait
cette proposition hier soir à l'une
des
ONG participant à la marche.
Ils
disposaient d'un temps minime pour contacter les coordinateurs
de toutes les autres délégations internationales représentant la
Marche et présentes au Caire, censées donner leur réponse quasi
immédiatement. Notre groupe de 300 français se voyait
généreusement offrir une place dans les bus (logique vu notre
faible cote de popularité auprès des autorités égyptiennes).
Les délégations ont imédiatement répondu négativement à cette
offre visant à diviser les Marcheurs et à permettre à Moubarak
et son gouvernement de sauver la face en proclamant que des
participants à la Marche avait obtenu gain de cause ! Les
responsables de la Marche vivant sur place à Gaza ont d'ailleurs
demandé aux marcheurs de ne pas céder à cette offre, n'ayant que
faire d'une énième délégation venant leur rendre visite.
L'objectif de la Gaza Freedom March est de demander la levée du
blocus imposé aux habitants de Gaza, pas de permettre au
gouvernement égyptien de laisser croire à sa "générosité" en
autorisant une pincée de Marcheurs à se rendre sur place.
Finalement, les organisateurs contactés par les autotités
égyptiennes ont refusé ce mauvais deal afin de ne pas briser
l'unité du mouvement des marcheurs.
Alors que les espoirs d'entrer dans Gaza se sont envolés, vu le
peu de temps restant aux Marcheurs, l'envie de poursuivre les
actions jusqu'au dernier moment est intacte. Aujourd'hui, un
drapeau palestinien a été déployé sur une des grandes pyramides
de Gizeh au Caïre, et une vingtaine de marcheurs ont couru un
"mini marathon" dans les rues du Caire portant tous le T-shirt
vert "Palestine Vaincra" (recto, "Boycott Israël" (verso).
Dossier marche internationale pour Gaza
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