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IRIS

It’s the polls, stupid !
Barthélémy Courmont


Barthélémy Courmont - Photo IRIS

IRIS, 28 novembre 2007

Pour la première fois depuis le début de la campagne (encore non officielle) présidentielle américaine, la favorite du camp démocrate, Hillary Clinton, est donnée perdante face à n’importe quel candidat républicain dans le cas où elle remporterait l’investiture de son parti. Selon une enquête de l’Institut Zogby, un organisme indépendant, si elle était nommée par le Parti démocrate, Hillary Clinton perdrait par 38% contre 42% face au sénateur John McCain, par 40% contre 43% contre l’ex-maire de New York Rudy Giuliani, l’actuel favori des sondages, et par 40 % à 43% face à l’ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney. Deux candidats qui semblent pour l’heure moins dangereux, l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, et l’ancien sénateur et acteur, Fred Thompson, l’emporteraient également, par 44% à 39%, et 44 à 40% respectivement. Il s’agit d’indications qui sont à prendre avec prudence, notamment en raison du mode de scrutin aux Etats-Unis, mais également de la longueur de la campagne, les Américains n’étant pas appelés à désigner leur nouveau président avant la fin de l’année 2008. Difficile donc d’en tirer des conclusions hâtives. Néanmoins, il s’agit d’un sérieux camouflet pour la candidate démocrate, qui réalise que la campagne électorale ne sera en rien une promenade de santé, et pourrait même s’avérer être un véritable chemin de croix semé d’embûches.

Mais alors pourquoi Hillary Clinton est-elle en difficulté, là où ses deux principaux adversaires démocrates, Barack Obama et John Edwards, sont donnés vainqueurs quel que soit leur adversaire républicain ? Le sénateur de l’Illinois est même donné très largement vainqueur contre n’importe quel adversaire (45%-38% contre McCain, 46%-41% contre Giuliani, 46%-40% contre Romney, 46%-40% contre Huckabee, et 47%-40% contre Thompson). Edwards l’emporterait de peu face à n’importe quel adversaire, à l’exception de McCain (à égalité à 42%). Les raisons sont multiples, et ont été maintes fois rappelées par plusieurs observateurs qui, dès l’annonce officielle de la candidature de Madame Clinton en janvier 2007 (et même avant, sa candidature étant un secret de polichinelle), ont mis l’accent sur une réalité difficile : Hillary Clinton ne pouvait que commencer la bataille en tête, compte-tenu de la célébrité qui la démarque des autres candidats (y compris ceux qui, comme John Edwards, étaient présents en 2004). Mais une fois la campagne engagée, et les débats de fond animés, elle était fortement susceptible de perdre du terrain sur ses poursuivants. Et c’est exactement ce qui est en train de se produire. Cela veut-il dire que la candidature d’Hillary Clinton est vouée à l’échec ? Certainement pas. La question est désormais de savoir jusqu’à quel point la candidate va perdre du terrain, et dans quelle mesure elle pourra réagir à cette baisse de régime, afin d’éviter d’entrer dans une spirale irréversible de la défaite qui pourrait même l’emporter avant la fin des Primaires.

Alors que faire ? Là est sans doute l’une des clefs des premières semaines des Primaires pour l’ancienne First lady, et l’une des clefs de son hypothétique succès face à ses adversaires démocrates. Un « virage libéral » semble espérer une partie de l’électorat, un « retour aux valeurs du Parti démocrate » diraient d’autres, « du Clinton façon Bill » demandent en écho de nombreux électeurs du parti de l’âne. Comme pour mieux rappeler à l’épouse de l’ancien président que « it’s the polls, stupid ! », en d’autres termes : il est temps de réagir, et de ne plus se reposer sur des certitudes, qui apparaissent de plus en plus comme une arrogance déplacée, et qui la fait d’avantage ressembler au George Bush de 1992 qu’à un certain Bill Clinton la même année, continuellement moqué pendant la campagne pour son inexpérience, et finalement vainqueur face au président sortant ! Sur un plan politique, et malgré les déboires des Démocrates (qui payent, et payeront encore pendant un an, les frais de leur victoire aux élections mi-mandat de novembre 2006, pour le plus grand bonheur de Républicains jouant la carte de l’opposition), Madame Clinton aurait tout intérêt à laisser de côté ses penchants conservateurs, partant du principe que cela ne lui permettra de toute façon pas de vaincre un candidat du camp adverse (pourquoi préférer une copie à l’original, surtout quand la copie emporte dans ses bagages ce que les Républicains honnissent le plus en politique : Bill Clinton !). Obama et Edwards ont, dès le début de leur campagne, clairement affiché leur antipathie pour le parti au pouvoir, et ont invoqué un véritable changement dans la politique économique et sociale des Etats-Unis. Pas Madame Clinton. Or, si jouer au centre permet de se faire un peu moins d’ennemis, c’est aussi le meilleur moyen de se faire peu d’alliés.

A ce stade, Hillary Clinton n’a pas beaucoup de solutions : il lui faut très fermement réaffirmer ses convictions démocrates, car avant de se présenter face aux électeurs américains (dont une moitié de Démocrates qui pourraient l’attendre au tournant), il lui faudra bien remporter l’investiture de son propre parti. Un fois que cela sera fait, si c’est le cas, elle sera bien inspirée de trouver dans l’un de ses plus coriaces adversaires aux Primaires un solide appui pour la dernière bataille, sous la forme d’un ticket Clinton-Obama ou Clinton-Edwards. Un scénario écrit d’avance ? Pas si sûr. La bataille sera longue, et la baisse de régime de Madame Clinton vient nous rappeler que toutes les options restent ouvertes.



Source : IRIS
http://www.iris-france.org/...


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