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INTERVENTION DE FERIEL BERRAIES GUIGNY
CRIMINOLOGUE ET DOCTORANTE A LA FACULTE DE DROIT DE
L'UNIVERSITE DE PARIS II

(PANTHEON ASSAS,INSTITUT DE CRIMINOLOGIE)

Dans le cadre du Séminaire « les Enfants et la Guerre au XXe siècle» sous la direction de
Mme Laura Lee Downs ( Historienne et Professeur Associée à l’Université du Michigan et 
Directeur d’Etudes à l’IHESS de Paris)

L'URGENCE DE JOUER DANS UNE SITUATION D'URGENCE.

21 février 2003

 

ATELIER DE RECHERCHE
INSTITUT DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES DE PARIS

SOMMAIRE

INTRODUCTION :

LES ENFANTS DE LA GUERRE QUI SONT-ILS?

QUE FAIT LA GUERRE AUX ENFANTS?

   I LES REPERCUSSIONS PSYCHOSOCIALES DE LA GUERRE SUR L’ENFANCE

     A.     UN PETIT SURVOL DE L’HISTOIRE DE L’ENFANCE DE GUERRE ET DE L’ENFANCE DEMUNIE :

1.      Durant la IIeme Guerre Mondiale : les études britanniques et polonaises

2.      Les Etudes en Irlande du Nord et au Proche-Orient

3.      La Littérature sur l’Enfance et la délinquance de l’après guerre en France

COMPRENDRE LES BLESSURES PSYCHIQUES DE LA GUERRE :

B.     LES MANIFESTATIONS DU TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE CHEZ L’ENFANT DE GUERRE.

     1.  Un bref résumé : le PTSD et les séquelles pathologiques de la guerre

     2.  Parce qu’il faut rompre le cycle de la violence et de la guerre pour les enfants (étude de    cas sur les   enfants palestiniens)

   II TENTATIVE D’INTERVENTION PEDAGOGIQUE SUR LE TERRAIN DES POPULATIONS VICTIMES DE CONFLITS :  GAZA

GAZA «OU L’URGENCE DE JOUER DANS UNE SITUATION D’URGENCE» Une ébauche de psychopédagogie nouvelle dans un contexte de terreur et de violence continue.

 Il faut préciser,  que le projet d’Enfants Réfugiés du Monde à Gaza ( construction d’un centre d’animation dans le camp de réfugiés à Khan Yunis), n’a pas fait l’objet d’une vérification personnelle ou d’une quelconque évaluation. Cet exposé sera donc uniquement descriptif et il  reposera essentiellement  sur des récits narratifs et anecdotiques, des témoignages provenant de l’ONG française, Enfants Réfugiés du Monde ainsi que de l’apport de  certains spécialistes sur le terrain (éducateurs et psychologues cliniciens) comme Jean Christophe Sidoint d’ERM  ou le Dr Sylvie Mansour psychologue clinicienne basée en Palestine.  Il faudra donc s’attendre à une interprétation subjective de ce qui a été reporté par les divers intervenants sur le terrain, plus qu’à un réel examen scientifique de l’apport de cette ONG sur le terrain.

 Il convient de signaler toutefois que la partie  empirique sera abordée ultérieurement au travers de ( l’étude épidémiologique et l’étude de cas) de la thèse de doctorat en cours «  les enfants violents et délinquants de guerre » à l’Institut de Criminologie de l’Université de Paris II ( Panthéon Assas.)

 A LA CREATION DU CENTRE D’ANIMATION AL SHURUQ WAL AMAL

1. Contexte

2. Jouer à la guerre  dans la guerre, une  thérapie pour la paix

3. La pédagogie nouvelle à Gaza, enjeux et limites.

 CONCLUSION :

LES LIMITES ET ENJEUX DE LA PSYCHIATRIE HUMANITAIRE.

 


LES ENFANTS DE LA GUERRE: QUI SONT ILS?

“ Un garçon a tenté de fuir, mais il a été rattrapé.(…) ils lui ont lié les mains puis nous ont obligés--- les autres nouveaux prisonniers--- à le tuer à coups de bâton. (…) Quand j’ai refusé, ils nous ont menacés avec leurs fusils. (…) Après l’avoir tué, nous avons été forcés de nous couvrir les bras de son sang. (…) Ils nous ont dits que c’était pour nous empêcher de craindre la mort et de tenter de nous enfuir. (…) Il m’arrive encore de rêver au garçon de mon village que j’ai tué” Susan, 16 ans, enlevée par la Lord’s Resistance Army, Ouganda.

Libération

Samedi 1er avril 2000, page 4. Rubrique Société» Un orphelin de guerre rwandais poignarde une jeune fille. Jean k., 17 ans, a été arrêté quelques minutes après les faits» Colin Didier, Orléans Correspondance.

« Il n’a pas dit un mot. Ni avant d’avoir poignardé la jeune fille, ni après. Pas un mot, pas un motif, pas d’explication. Quand les gendarmes l’ont arrêté quelques minutes après les faits lundi après-midi, «il marchait tranquillement, comme si rien ne s’était passé» «Hébété», «Absent»

La Cour d’Assise d’appel des mineurs d’Indre et Loire a condamné, vendredi 7 mars 2003, à huit ans d’emprisonnement, Jean K., orphelin de guerre rwandais.

Les expertises s’étaient révélées contradictoires sur la responsabilité de Jean au moment des faits et pourtant l’histoire de Jean est bien particulière:

Jean avait à peine dix ans lorsque sa famille, Tutsi, fut massacrée sur la colline de Massaka, au Nord-est de Kigali. L’enfant n’a jamais pu dire si cela s’est fait sous ses yeux, mais des photos des ruines calcinées de sa maison ont été prises. Il a réussi à fuir et à se mettre à l’abri dans un orphelinat dont, par chance, les enfants sont en train d’être évacués par des soldats français.

Le département du Loiret, qui coopère alors, avec la Province de Butare, accueille les 76 petits réfugiés. Pendant deux ans ils séjournent au Château de Rondon, à Olivet. Mais leur retour est prévu.

Dés 1995, une tante de Jean s’est manifestée pour l’accueillir. Pourtant en juin 1996, il ne regagne pas son pays comme la plupart des autres enfants. Jean a erré de famille d’accueil en foyer. A la maison de l’enfance, établissement du Conseil Général, il a été violenté sexuellement par des plus âgés. Un juge pour enfants l’a entendu, mais l’affaire est restée là. Plus tard, des éducateurs décrivent un être étrange, muré dans son silence, se réfugiant dans les arbres. Quand il se confie, la mort revient dans presque chacun de ses rares mots. Il exprime le désir d’être tué.

 Godard, M O., dans son ouvrage ( Rêves et Traumatismes , ) expose ce paradoxe du rêve traumatique, le Dr  Houballah  A., dans son œuvre ( Destin du Traumatisme) nous parle de cette relation ambiguë entre l’agression, la culpabilité et le sentiment de responsabilité par rapport à l’agression subie. Ensuite vient sournoisement se glisser l’amnésie ou la relative amnésie du patient sur tout ce qui touche sa vie avant le traumatisme. Tout se passe comme si sa vie après le traumatisme avait atteint un tel niveau d’intensité ou de réalité qu’elle éclipse de loin, au niveau perceptif la paisible et la naïve réalité de l’avant événement. Rétroactivement l’avant trauma prend les couleurs du paradis perdu. Quelque chose était là et ne reviendra peut être jamais Alors il faut disparaître ou affronter la mort.

Les histoires de Susan et de Jean K. seront rangées parmi les faits divers des atrocités de la guerre, presque comme une fatalité ils viendront se rajouter aux nombreux exemples qui abondent dans les champs de la mort des Nations en batailles.

Dans le premier cas l’horreur et l’effroi se mêleront à la compassion, mais dans notre fors intérieur cela restera du registre du réel mais lointain. Car après tout, le caractère «sensationniste» voire distrayant de la Guerre est bien imprégné dans les valeurs morales «occidentales».

 Bouthoul G., dans son Traité de Polémologie, sur la Sociologie des Guerres,  disait  « la Guerre est avant tout une source d’émotions incomparables…», «elle rompt la monotonie d’une société mécanisée»

Mais ce lointain se rapproche, et plus vite qu’on ne le pense. L’histoire de Jean K., même si cela reste un cas isolé est le résultat de l’importation de la violence de guerre et de toutes ces complexités traumatiques. Complexités qu’au demeurant, la psychiatrie humanitaire n’a pas cessé de déchiffrer.

Quand l’horreur de guerre «est à nos portes», quand le trauma de guerre se transforme en violence et qu’il touche notre quotidien, comment réagir? Et au fond, pourquoi en arriver là?
Pourquoi n’avoir pas pris plus de peine à comprendre la réalité des enfants de la guerre, leurs besoins, leurs angoisses, leurs engagements, voire leur identité nationale?

Peu de travaux Scientifiques les évoquent, il est d’autant plus difficile aujourd’hui de trouver le ton juste pour en parler, sous peine de tomber comme l’explique si bien  Maquéda , ( Maquéda F., 1995, La préparation des acteurs de terrain. Handicap International Lyon. In l’enfant réfugié, quelle protection ? quelle assistance ? sous la direction de Mansour S.,) nous parle d’un  «l’humanitaire déshumanisé».

Il n’y a pas si longtemps, les victimes et les cibles de guerre étaient des hommes aujourd’hui, ce sont les femmes et les enfants et dans certaines Nations, on appelle cela « la Guerre Psychologique» : frapper en plein cœur d’un peuple pour ébranler les fondements culturels et les structures sociales qui caractérisent son identité.
La guerre ne détruit pas uniquement les vies, elle détruit l’idée de vie, l’idée de l’homme et tout son registre de symbolique.  


QUE FAIT LA GUERRE AUX ENFANTS?

Cette guerre  d’aujourd’hui est d’un nouveau genre,  elle détruit les structures telles que les systèmes éducatifs et médico-sanitaires, elle remet en cause les références et l’organisation familiale et sociale. Elle empêche l’enfant de vivre sa condition d’enfant et le prive des éléments qui devaient participer à son développement.

 En effet, la Guerre victimise l’enfant à maints égards, elle constitue plusieurs menaces:

-          Les Carences et les privations : Manque de nourriture et de fournitures médicales, d’eau potable et d’installations sanitaires. Cela crée un terreau fertile pour la maladie, en particulier dans les camps de réfugiés ( malnutrition, choléra, infections respiratoires et diarrhées…)

-          Disparition des repères familiers et familiaux et perturbation de la vie quotidienne. En temps de conflits, les structures sociales et de survie de base ( surtout pour les peuples en zones rurales) sont précarisées: écoles, dispensaires et hôpitaux, les récoltes, les marchés de village et autres équipements collectifs sont des cibles privilégiées.

-          Témoins et ou Auteurs d’atrocités de guerre: qu’ils soient simples spectateurs ou victimes converties en bourreaux quand ils deviennent enfants-soldats ! Ce sont ces expériences qui vont surtout les marquer considérablement. Et les répercussions de cette violence subie de façon passive et puis réactive dans le futur constitueront la problématique de la thèse de Doctorat: Enfants violents et Délinquants de Guerre: victime ou Coupable? ou le passage de Traumatisé à Traumatiseur versus Victime à Offenseur.

-          Les enfants abandonnés et non accompagnés sur les routes de l’exil qui subissent durant leur long exode la violence des adultes, les agressions sexuelles, en particulier à l’égard des femmes et des jeunes filles, phénomène de plus en plus répandu et qui a également des implications sociales dangereuses ( sida, grossesses prématurées, abandon d’enfants etc.…)

LES REPERCUSSIONS PSYCHOSOCIALES DE LA GUERRE SUR L’ENFANCE

L’enfant de la guerre subit de plein fouet les effets psychologiques des expériences traumatiques qui peuplent son quotidien de violence ( guerre, génocide et répression politique en particulier). On appelle communément selon la classification psychiatrique tirée du DSM III : le syndrome du stress post-traumatique ou PTSD, selon  la littérature clinique occidentale. Il peut se décrire par une anxiété qui se manifeste schématiquement par une tendance de l’individu à revivre en permanence son expérience traumatique (hallucinations, cauchemars…) et éviter systématiquement tout stimuli qui rappelleraient cette expérience.

Les effets psychologiques d’un traumatisme ou d’une expérience traumatique ont également la malheureuse particularité de pouvoir toucher toute une famille et se répercuter sur les générations futures. Mais y a t-il un remède qui efface les traumatismes de guerre définitivement?

Toutefois, il convient de signaler que toute expérience traumatique ne se développe pas automatiquement en PTSD. De même que, toute personne souffrant d’un stress ne peut pas forcément identifier l’expérience vécue qui en est la cause.

Toute une population peut donc souffrir de stress  après un événement traumatisant, mais ce sont les enfants qui sont à la fois les plus fragiles et paradoxalement, ceux possédant la plus grande capacité à guérir. En terme clinique on appelle cela : la résilience.

Aujourd’hui il n’existe pas encore de théorie générale sur les effets psychologiques à long terme de la guerre et du refuge sur l’enfant. Les seules études qui auraient effleuré les effets à long terme de la guerre proviennent de celles effectués sur les vétérans du Vietnam.  


UN PETIT SURVOL DE L’HISTOIRE DE L’ENFANCE DE GUERRE ET DE L’ENFANCE DEMUNIE

En faisant une petite rétrospective des études empiriques sur l’enfance et la guerre de l’histoire à nos jours, on peut aboutir à deux vagues de recherches :

1.      Durant la II ème Guerre Mondiale:

On retrouve principalement, les études Britanniques sur les Conséquences psychologiques  de l’évacuation et des bombardements sur les Enfants. Dans ces études il s’agissait beaucoup plus de  répondre à des préoccupations d’ordre pratique que de prendre en considération les séquelles de guerre des enfants: pour les politiques de l’époque la priorité était de savoir s’il valait mieux écarter les enfants de leur famille plutôt que de les laisser dans un environnement dangereux?

Parmi ces  études on trouve celles de  (  Winicott D.W., Déprivation et Délinquance, 1994, Editions Payot, Burlingham, D., et Freud A., 1949, Enfants sans famille, Editions PUF , Baley, 1949, Influences psychiques de la dernière guerre mondiale, Revue Sauvegarde, février-mars, n 28-29, 58-84, Brosse T,. 1949 l’enfance victime de la guerre, Paris Unesco, 147 p,( publication N 461)  Vernon M.D.,1940, A study of some effects of evacuation on adolescent girls, British Journal of  Educational Psychology, n 10, p.114-134, Bodman F,. 1941, War conditions and the mental health of children , British Medical Journal, n 4213, p.486-488 et en 1944 Child Psychiatry in wartime britain. Journal of Educational Psychology , n 35, p.293-301, Burt C., 1940, The billeting of evacuated children, British Journal of Educational Psychology, vol. X, part I, p.8-15, Klein M., 1921-1945, Essais de psychanalyse Paris Editions Payot, Mons W.E.R.,  1941, Air-raids and the child, British Medical Journal, n 4217, 625-626,John E., 1941,  A study of the effects of evacuation and air-raids on children of preschool age, British journal of Educational Psychology, n11, p.173-182, Gill.S.E., 1940,  Nocturnal Enuresis: Experiences with evacuated children, British Medical Journal, n 4153, p.199-200, Jersild A.T.& Meigs M.F., 1941, War Strain on children, British Medical Journal, n 4177, p.124 et en 1943,Children and War, Psychological Bulletin, n 40, p.541-573 Carey-Treftzer C. J., 1949, The results of  a clinical study of war damaged Children who attended the Child Guidance Clinic, The hospital for sick children. Great Ormond Street, London, Journal of mental Science, n 95, p.335-599, Boyd W.,1941, The effects of evacuation on the children, British Journal of Educational Psychology, n 11, p.120-126 etc.). Ces auteurs ont étudié les effets des bombardements et de l’évacuation sur les enfants durant la seconde guerre mondiale, ils ont mis l’accent sur la souffrance morale de l’enfant quand il était arraché à son environnement et à ses repères familiaux avec des comparaisons en fonction de l’âge, du sexe, de la classe sociale mais cependant , sans jamais faire aucune référence à une éventuelle délinquance de guerre. Tout au plus, certains auteurs ont ils parlé  d’un désir d’arrêter la fréquentation à l’école ( les filles notamment) et  ils font  référence aux manières impolies (shocking manners) de «  la ville » une fois    évacuée dans la campagne. Toutefois ce sont  Winnicott D.W et Brosse T.,  qui vont évoquer en premiers une délinquance potentielle née des privations de la guerre et  quand au neuropsychiatre français pour enfants le Dr Heuyer, ( Heuyer  G.,1948, Psychopathologie de l’enfant victime de la guerre, Revue Sauvegarde, vol 2, Paris, janvier, n 29) il nous parle même d’un délinquant de guerre plus intelligent et « débrouillard» que celui d’avant guerre. Dellaert  R., en 1946,( Dellaert R., 1946 les travaux de la section médicopsychologique des S.E.P.E.G en France), évoque les prémisses d’un malaise social engendré par les enfants de l’après guerre.

Le flambeau sera repris par les études polonaises, où des psychologues, éducateurs vont étudier des échantillons d’orphelins dans des Centres de délinquant et orphelinats (délinquant de Lodz par ex) pour  tenter d’établir une corrélation entre les conséquences de la guerre ( orphelins, enfants abandonnés et désœuvrés) et les attitudes de la jeunesse pouvant déboucher en délinquance ( Szeminska, A., 1949,Les candidats pour les maisons d’enfants, Revue Sauvegarde février-mars, n 28-29, 133-151,Zebrowska M., 1949 Les délinquants mineurs à Varsovie après la guerre, Revue Sauvegarde, p.28-29,  Stzenecka H., 1949, L’influence de la guerre sur les attitudes de la jeunesse, Revue Sauvegarde, Paris, février-mars, n 28-29, p.11-17, Szymanska Z., Zajaczkowski H., et Jaroszynski J., 1949, Quelques problèmes d’après guerre concernant le travail médico-pédagogiques, Revue Sauvegarde, Paris, février-mars, n 28-29, p.133-151, Iliegiewicz H., 1949 l’enfant délinquant avant guerre et maintenant, Revue Sauvegarde, Paris, 28-29, p.122-130 etc…). Tous ces auteurs ont essayé de comprendre le phénomène qui avait pris une certaine ampleur car , il faut en effet rappeler que la Pologne a été le pays le plus touché et celui qui a le plus souffert et pâti des conséquences de la II guerre Mondiale (déportations, exodes, privations, problèmes sociaux et partage du territoire).

La France  quant à elle, n’est pas en reste quant il s’agit d’étudier les effets si l’on puit dire « criminologiques «  de la guerre : Louis Chevalier, dans une approche historique du phénomène,  nous parle des Classes Laborieuses et Classes Dangereuses à, qui ont longtemps alimenté le mythe de la dangerosité sociale à   Paris pendant la première moitié du XIXe s (Chevalier L., 1958, Classes laborieuses et classes dangereuses, pour l’Histoire Editions Perrin ). L’auteur nous parle de la criminalité constatée à Paris, ville considérée comme la plus criminogène à l’époque ( thèse reprise par les grands auteurs classiques français, de Hugo à Balzac). Ville en pleine évolution attirant tout un tas de populations sans repère ( exode rural des paysans vers la ville) et occasionnant à l’époque le phénomène des   rivalités entre les confréries (compagnonnage)  qui ont longtemps fait rage. Il explique aussi comment, la disproportions entre les sexes ( plus de hommes que de femmes, ) le nombre important d’enfants abandonnés ( le mythe de Gavroche qui a longtemps bercé l’imaginaire collectif sur l’activisme politique juvénile et la délinquance des enfants des rues, moralement abandonnés durant la révolution), la recrudescence des maladies vénériennes et le Choléra ont rajouté dans l’imaginaire populaire quant à la perception de l’insécurité et l’état d’insécurité réelle dans la Capitale. A l’aube de la lutte des classes on entrevoit ici l’opposition entre le Paris « bourgeois » et le Paris « prolétaire » Chicago en 1920 et 1930, sera considéré, cent ans plus tard, comme l’égale de Paris à l’époque de la Monarchie de Juillet. Il est en effet intéressant de faire cette comparaison car  les Etats-Unis vont connaître plus tard à leur tour, un phénomène similaire, avec le flux massifs d’immigrants étrangers, alors que Paris  avait connu cent ans plus tôt  cet exode massif  mais des populations rurales.

Un peu plus loin dans l’histoire, pendant la IIème guerre une autre jeunesse rebelle s’éveille, on les appelle , »les Zazous» Ces enfants aux pères «absents» ( soit à cause de la détention, ou le service de travail obligatoire en Allemagne) qui dérivent vers la délinquance en marge du conflit. L’œuvre de Fishman S., en  1957,  ( Fishman S.,2002, The battle for Children, Word War II, Youth Crime, and Juvenile Justice in Twentieth Century France, Editions  Harvard University Press, 2002)nous parle de ces enfants dont les actions en marge de la légitimité et frisant la délinquance, se faisaient  sous couvert d’actions héroïques de la résistance. On pourrait considérer aujourd’hui à juste titre que la France de l’occupation allemande a aussi eu son «Intifada» pour lutter contre l’occupation. Paradoxalement le régime de Vichy a considéré que ces enfants délinquants étaient des victimes de la situation d’occupation et a mis en œuvre une politique thérapeutique qui se démarque du système judiciaire en place pour jeter les bases de la nouvelle thérapie préventive pour les enfants à problèmes et ceux en danger moral. On les orientait à cette fin vers des méthodes de réinsertions par les travaux d’utilité publique.

La deuxième vague de jeunesse délinquante post-conflit arrive dix ans après la guerre, «c’est la génération des blousons noirs» dont nous parle en  1962, (Copferman E., La génération des blousons noirs, problèmes de la jeunesse française,  Editions la (Re)Découverte, 2003)  il l’a voit comme une catégorie « désocialisée» en quête d’une identité et qui affiche par une attitude réactionnaire un malaise social en l’absence de repères structurants de la part de la famille et du système éducatif. A cette époque, la recherche «des loisirs faciles» entraîne une perte des valeurs profondes de la Société. La création du service militaire et l’approche des conflits d’indépendance coloniale, réuniront une jeunesse de toutes les catégories sociales sur un même front, jeunesse qui a du mal à comprendre son passé et à envisager son avenir.

La valeur des deux courants de recherches ( britannique et polonais) mais également les phénomènes vécus par la jeunesse française depuis le milieu du XIX, ont une valeur historique et humaniste incontestable à notre sens, mais leurs apports restent encore dans l’anecdotique.

Ces phénomènes sociaux et la  polémique qui en découle, vont remettre en cause l’opportunité de certains programmes et pratiques sociales des gouvernements de l’époque. La gestion par ex des situations d’urgence de guerre  comme nous l’avons vu dans le contexte britannique ( les programmes d’évacuation et le cas des orphelins et des enfants sans foyer suite à la guerre) et les politiques de prise en charge sociale des jeunes pendant et après les conflits  en Pologne et en France , jetteront les bases des premières politique sociales et criminelles à portée préventive et « réhabilitatrice » en faveur de la jeunesse en danger.

Pour revenir aux   études polonaises qui sont celles qui seraient les  « plus scientifiques » à notre sens,  ( il faut noter le fait que dans le cas de la France, les premières études  faites par le biais des programmes de l’UNESCO, en particulier l’étude de Brosse T en 1949) l’objectif est essentiellement   politique, les statistiques étaient grossies dans un but de propagande et pour éveiller la conscience sociale quand à la nécessité de « mettre les gamins sur le bon chemin » et donc il n’y a aucune valeur scientifique) et l’échantillon empirique d’enfants délinquants, en l’absence d’un groupe de contrôle ; reste discutable car  la méthodologie et les outils de mesure sont peut fiables). Il faut néanmoins reconnaître l’effort de curiosité intellectuel qui reste très louable notamment dans le contexte polonais, à l’époque la Pologne sortie de guerre très meurtrie ne, dispose pas d’instruments scientifiques capable d’expliquer le problème. Avec ces limites il est  en effet impossible d’aboutir à un début de modélisation.

On pourrait par ailleurs se poser la question de savoir pourquoi il a fallu attendre la deuxième guerre mondiale pour étudier les répercussions de la guerre sur l’enfance ?

L’explication est simple : au cours de la Iere Guerre Mondiale, le domaine de la recherche clinique n’avait pas fait de l’enfance une priorité. La psychiatrie militaire prédominait alors, et n’y a presque pas  d’études sur l’enfance et la guerre ( il n’y a pas à notre connaissance d`études empiriques scientifiquement vérifiables sur l’enfance de guerre), à part l’étude de Kimmins C.W.,  1916, The interests of London Children at different age in air-raids, Journal of Experimental Pedagogy) qui  relate le comportement des  enfants en temps de bombardements.

La majorité de la littérature de cette période concernait essentiellement le soldat ( engagé dans les conflits) et patient de prédilection des thérapeutes de l’époque. La littérature des syndromes des batailles « le battlefield shock syndrom» et la psychanalyse de Ferenczi, Rivers et de Freud, abondaient en définitions diverses sur les pathologies et les névroses de guerre des adultes.

Mais  l’enfance démunie de guerre  est devenue un véritable fléau social pour certaines Nations en Reconstruction,  en ex URSS,les études de Dorena Caroli sur l’enfance abandonnée en Russie nous dévoile l’ampleur de ce phénomène ( Caroli D., Socialisme et Protection Sociale : une tautologie ? l’enfance abandonnée en URSS 1917-1937, Annales HSS novembre-décembre 1999, n 6+, p.1291-1316). C’est dans ce contexte précis que naîtront les colonies pour enfants abandonnés et délinquants de guerre en Russie de Makarenko ( Makarenko, A, 1956, Poèmes Pédagogiques,) et de Moulieg. Ces deux éducateurs tenteront de réhabiliter dans ces colonies toute une   jeunesse délinquante et marginale d’après guerre en vantant les mérites  de la discipline et  du travail communautaire, allant de pair avec l’idéologie politique de l’époque.  En Autriche, la tradition psychanalytique freudienne sur  l’étude de   la pensée enfantine et le développement morale, est reprise par l’éducateur, Auguste Aichhorn ,( Aichhorn A., 1973, Jeunesse à l’abandon. Préface de Sigmund Freud. Etudes et Recherches sur l’enfance. Privat Editeur). Il s’inspirera également des colonies délinquantes russes  pour réhabiliter  dans son pays, les enfants délinquants et les enfants à problèmes.

Il est part ailleurs intéressant de noter que vers le XVII - XVIII, les enfants abandonnés étaient considérés comme «moralement déficients» Au début du XX e siècle, ces enfants abandonnés seront considérés d’abord comme des victimes, puis des déficients mentaux et enfin des délinquants. Dans un but uniquement thérapeutique et par souci de prise en charge sociale et d’hygiène, l’enfance démunie considérée délinquante et amorale glissera des filets de la pénalisation pour passer au Traitement pédagogique, et cela ira de pair comme nous l’avons déjà évoqué, avec la création des colonies d’orphelins de la guerre .

Avec Zalkind, A, B., la psychiatrie soviétique va lentement mais douloureusement évoluer quand même, en s’affranchissant sous l’instigation de ce spécialiste, du déterminisme qui voulait que les  enfants abandonnés « besprizornst» du qualificatif  soient des  « déficients moraux».  Zalkind au contraire, insistera  sur la nature extraordinairement flexible de l’organisme humain et tournera ainsi le dos à la statique biologique que l’on attribuait auparavant à la personnalité humaine. Il   introduira ainsi, des  concepts freudiens au Marxisme ( A.B., Zalkind., Frejdizm, Marksizm ( Freudisme et Marxisme); Krasnaja nov, 4, 1924, pp.163-186).

Les psychologues et éducateurs  de cette époque vont alors s’intéresser dans un but thérapeutique et préventif au concept de développement moral de l’enfant. On finira par établir une véritable catégorisation de l’enfance allant de: enfant névrotique, enfant maltraité, enfant en carence affective, enfant moralement abandonné, enfant déficient intellectuel et enfant délinquant.

Tous ces enfants constitueront ce qu’on appelle encore aujourd’hui « les enfants à risque» à l’instar « d’enfants en danger ».

Par cette normatisation de l’enfance en danger, les psychologues et éducateurs espéraient «dépister» l’enfant qui pouvait «mal tourner», ( tentative maladroitement entamée aussi par la criminologie positiviste de l’école « lombrosienne »,  tentative de typologie du criminel  adulte qui n’a également pas survécu). La difficulté résidait justement sur le flou entre les différentes  catégories d’enfants.

Il  est cependant fort intéressant de voir qu’à l’époque déjà, et  sans le vouloir, naissait une sorte de « politique criminelle» avec des concepts qui s’apparentaient à la «dangerosité sociale» et une réflexion sur l’impact du milieu «criminogène» ( la rue qui pouvait donner des tares héréditaires à l’enfant ) et qui expliqueraient un certain déterminisme comme facteur incitatif au passage à l’acte délinquant. Ainsi dès la Iere Guerre Mondiale, l’enfant devient le second sujet d’étude de la psychanalyse après la névrose des adultes. La jeunesse à l’abandon dans la période de 1910- 1940, en Europe et en URSS, sera saisie à travers deux phénomènes:

1)      la névrose

2)      la délinquance perçue comme une conséquence de la perturbation névrotique.

Il reste toutefois, que ces expériences démontrent avant tout et notamment dans le cas de l’ex URSS, que la prise en charge sociale de l’enfance démunie répondait avant tout à un souci populationniste . On désirait   forger un homme nouveau et l’enfant de part sa vulnérabilité, était considéré  une arme hautement manipulable, autant que le devenir d’une Nation. Il pouvait pacifier mais également  alimenter les conflits entre les Nations.

On est encore loin ici, de tout souci de protection véritable de l’enfance par la prévention ou la réinsertion sociale. Quant à la Défense Sociale, la période Stalinienne a fait montre de peu de scrupules quant il s’agissait d’éradiquer le fléau des enfants abandonnés: puisqu’on a fini par les abattre quand ils sont devenus trop nombreux et «insocialisables».

Ce que l’on pourra retenir de cette période sera l’impact du Politique sur l’humain ( ce qui ne nous dépayse pas du reste de la violence politique contemporaine que subissent les enfants, aujourd’hui) et également la « théorie du milieu» et ces effets «dégénérants» sur l’enfant ( la rue).

Le deuxième courant des recherches empiriques ouvre le pas aux enfants d’Irlande du Nord, d’Israël, du Liban et de la Palestine.

2.      Les Etudes en Irlande du Nord et au Proche-Orient:

L’approche ici est plus sophistiquée et scientifique d’un point de vue méthodologie de recherches..

On retrouve les études sur la perception de la violence urbaine ( Lyons, H.A., 1971, Psychiatric Sequelae of the Belfast Riots, British Journal of , n 118, p.265-273 et 1972, Depressive illness and agression in Belfast, British Medical Journal, i, p.342-344, O’Malley P.P., 1972, Attempted suicide before and after communal violence in Belfast, august, 1969, Journal of the Irish Medical Association, Vol 65, 5. Cairns E., Hunter D., & Henning, 1980, Young children’s awareness  of violence in Northern Ireland : The influence of N.I television in Scotland and Northern Irland, British Journal of Social and Clinical Psychology, n 14, p.3-6. Les études sur la perception de leur pays avec  Hosin  A., et Cairns, E., 1984, The impact of  conflict on children’s ideas about their   country, The Journal of Psychology, 118 (2), p.161-168. Les études sur  l’usage des drogues, King D. J., Griffiths K., Reilly P.M., Merrett D. J., 1982,  Psychotropic drug use in Northern Ireland 1966-1980 :Prescribing Trends, inter and intra-regional comparisons and relationships to demographic and socioeconomic variables, Psychological Medecine.  Les études sur la compréhension de la mort, Mc Whiter L., Young V., Majury J., 1983,  Belfast Children’s awarenes s of violent death, The British Psychological Society, 22, p.81-92, les études sur la connaissance de l’ennemi en Irlande du Nord, Cairns, E.,  Hunter D., L., 1980, Young Children’s awareness of Violence in Northern Ireland : The influence of Northern Ireland Television in Scotland and and N I, British Journal of Social and Clinical Psychology, 14, 3-6,  et  Mc Whiter  L. et Trew, K., 1982,  Children in Northern Ireland :  A lost generation ?, In L.J Anthony and C. Chiland ( eds). The child in the family, vol 7, New York, John Wiley and Sons. Des études sur  l’identité nationale chez les enfants d’Irlande du Nord, Mc Whirter, L.,& Gamble, R.,1982, Development of ethnic awareness in the absence of physical cues, The Irish Journal of Psychology,5,2, p.109-127. Les études faites en Israël, en Palestine et au Liban, évoquent le thème déjà étudié par les britanniques sur les  conséquences des bombardements sur l’équilibre mental des enfants exposés à la guerre.

En  Israël  principalement, les premières études ont été faites par Ziv et Israeli 1973 ( Ziv A. &Israeli R., 1973, Effects of Bombardment on the manifest anxiety level of children living in Kibbutzim, Journal of Consulting and Clinical Psychology, n 40 (2), 287-291 et Milgram  R .M., &  Milgram, N. A ., en 1976, The Effects of the Yom Kippur War on anxiety level in Israeli children, The Journal of Psychology, n 94,, p 107-113. Ces chercheurs ont  également  effectué des comparaisons sur l’adaptation au stress et le taux d’anxiété des enfants vivant dans les zones à risque ou non. Les études sur les conséquences de la déportation des enfants palestiniens ont également vu le jour,notamment avec le travail d’Abu Hein F., & Raundalen M., en 1993, Deportation and  its effects on the palestinian children in Gaza. Gaza : GCMHP, unpublished manuscript.

En Irlande du Nord, l’étude de Fields R.M., 1975, Psychological genocide : The children of  Northern Ireland : History of Childhood. Quaterly Journal of psychohistory, 3 (2), p.201-224,  abordera les conséquences psychosociales de la violence politique,et  au Liban,  cette perspective est reprise au travers des études de, Saigh P.A., 1985,  An experimental analysis of chronic posttraumatic stress among adolescents, Journal of Genetic Psychology, 146, p.125-131,  de Day R.C., en 1986, «  Psychological Study of Children in Lebanon. In J.W. Bryce& H.K. Armenian (Eds), In Wartime the state of children in  Lebanon, American University of Beirut, p.105-116” et un peu plus tôt en Israël Ziv, A.,  Kruglanski  A.W.,et Shulman S., 1974, Children’s Psychological reaction to wartime stress, Journal of Personality and Social Psychology, 30(1) p.24-31.

La relative sécurité ou non des Kibboutz sera abordée par (Kaffman, M., 1977, Kibbutz Civilian Population under War Stress, British Journal of Psychiatry, 130, p.489-494, et Camiel S.,1978, Some observation about the effect of war on kibbutz family structure, The family coordinator, 27(1), p.43-46. La mesure de l’identité nationale en Palestine ( Mahjoub A., Delbovier M.C., 1988, Passation du Rozenweig Picture Frustration Study aux enfants palestiniens. In M.C Delbovier. Les traumatismes psycho-sociaux de la guerre chez les enfants, une approche de la frustration et l’agression chez les enfants palestiniens. Mémoire de fin d’études. Louvain la Neuve, U.C.L, Belgique. Et l’étude de   Mahjoub A., Leyens J.PH., Yzerbyt V., Di Giaocomo J P., 1989,  War stress and Coping Modes : Representations of the self identity and time perspective among Palestinian children, International Journal of Mental Health, Vol 18, N 2., fait état des stratégies de faire face “ coping modes” face au stress de la guerre.

La souffrance morale des enfants orphelins de père à cause de la guerre, a fait l’objet de certaines études dont celles en Israël avec  Kaffman M., Elizur E., 1979, Children’s bereavment reactions following death of the father. International Journal of Family Therapy, 1, 203-231.

Les attitudes et la compréhension de la guerre se retrouvent dans des études sur les enfants palestiniens et israéliens , Ziv A.,  et Israeli R., 1973, Effects  Bombardment on the manifest anxiety level of Children living in Kibbutzim, Journal of Consulting and Clinical psychology, 40(2), p.287-291.,Goldman R., 1974, Israeli Preschool children during wartime stress : their knoweledge and interpretation of the 1973 war, Social Education, 38(4), p.367-370. et Punamaki R. L.,1983, Psychological Reactions of Palestinian and Israeli Children to War and Violence. In M. Kahnert, D. Pitt& Taipale (Eds), Children and War, Proceedings of the Symposium at Siunto Baths, Finland, GIPRI, IPB; Peace Union of Finland etc…

Cependant le vide théorique persiste, on pose plus de questions qu’on ne trouve  de réponses. Néanmoins, certaines études contemporaines ont des implications théoriques, comme les études relatives à l’adaptation au stress entreprises par un psychologue clinicien finnois Punamaki Raija- Leena, (Punamaki R L., 1981, Children living under war and threat : Israeli and Palestinian children’s attitudes and emotional life, Academy of Science, Finland, unpublished, en  1983, Psychological Reactions of Palestinian and Israeli Children to War and Violence. In M. Kahnert, D. Pitt& Taipale (Eds), Children and War, Proceedings of the Symposium at Siunto Baths, Finland, GIPRI, IPB; Peace Union of Finland, en 1986, Stress among palestinian women under military occupation : Women’s Appraisal of Stressors, Their Coping Modes and Their Mental Health, International Journal of Psychology, 21, p.445-462, en  1987,  Psychological Stress Responses of Palestinians mothers and their children on conditions of military occupation and political violence. The Quaterly Newsletter of the laboratory of comparative human cognition, 9, p.76-84, en 1989, Political Violence and Mental Health, International Journal of Mental Health, 17 (4), p.3-15. l’ensemble de ces recherches vont remettre  en question  l’idée bien établie la « learned helplessness» ou l’état de victimisation passive (impuissance apprise), auprès des enfants palestiniens et israéliens .

Ce qui est intéressant de relever dans cette seconde vague de recherches, c’est l’influence du milieu social environnant. Selon la qualité de ce milieu on pouvait avoir soit « des enfants martyrs» soit « des enfants héros» et dans une perspective purement clinique soit «des enfants malades» ou des «enfants sains» Ces études nous indiquent donc que c’est moins la situation traumatisante objective ou sa vision subjective qui importe que les réactions que favorise l’entourage. Le Psychologue Mahjoub  A., ( Mahjoub A., & Leyens, J. P H., 1986, Etude épidémiologique des enfants de la cité éducationnelle des Enfants des Martyrs palestiniens, Adra, Damas,Syrie. Etude non publiée),.  disait en ces termes « c’est l’omnipotence du milieu qui explique l’échec de la théorie de l’impuissance apprise à rendre compte des réactions ».

Dans toutes les études contemporaines sur les conséquences de la guerre, ni le sexe des enfants, ni l’efficience intellectuelle ( intelligence), ni les mécanismes de défense ou d’adaptation ne permettent de déterminer comment et pourquoi un enfant réagit d’une certaine façon à la guerre. Rien ne peut véritablement quantifier ou qualifier la nature des séquelles de guerre chez l’enfant. Que le traumatisme soit apparent ou pas, qu’il se manifeste ou pas, plus tôt ou plus tard, que l’adaptation ait réussi ou échoué, que le comportement soit resté social ou pas, et en l’absence d’une théorie générale de la victimisation qui soit scientifiquement valable, toutes ces questions pour l’instant resteront en suspens.  


LES MANIFESTATIONS DU TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE CHEZ L’ENFANT DE GUERRE
: UN  BREF RESUME

-          Altération du sommeil: terreurs nocturnes, cauchemars, hallucinations sont les signes de réminiscence de la souffrance sous forme obsessionnelle et nuisent au travail de deuil;

-          Désordres alimentaires: refus de se nourrir, perte de poids, dénutrition d’origine psychologique, anorexie nerveuse ( plus les lésions cérébrales dues à la malnutrition sévère);

-          Désordres gastro-intestinaux d’origine psychosomatique, coliques, vomissements,. Diarrhées et migraines, maux d’estomac, chute des cheveux et allergies d’origine psychosomatique;

-          Altérations du langage jusqu`à l’adolescence: bégaiements;

-          Désordres du développement: régression à des étapes antérieures, oubli du langage parlé, de la lecture et de l’écriture, énurésie ( perte de contrôle du sphincter urinaire) encoprésie ( perte du contrôle du sphincter anal), difficulté d’apprentissage, désorientation spatio-temporelle, difficultés à poser une frontière entre l’imaginaire et la réalité;

-          Altération et désordres de type affectif: Inhibition, indifférence, tristesse, besoin pathologique d’affection, dépendance, irritabilité, agressivité, inquiétude, peurs intenses liées à des stimulations du milieu ambiant ( ex: sirènes, bruits de véhicules…) fermeture à la communication, manque de concentration, attitudes psychotiques, cas de schizophrénie et attitudes autistiformes;

-          Troubles du comportement des adolescents directement liés au traumatisme: vols, bagarres, alcoolisme, prostitution et suicides. Ces troubles du comportement sont des risques réels et criminogènes nocifs pour l’enfant et pour la Communauté.

Il convient de signaler, néanmoins que tous les enfants ne réagissent pas de la même façon. Les réactions différent selon l’âge, la situation familiale, la présence ou non de la famille au moment des évènements, les réactions de la famille, la cohésion de la famille.

Les réactions différent aussi en fonction de la nature de l’évènement traumatisant (avec ou sans violence humaine, avec ou sans violence directe subie par l’enfant) et la manière dont la communauté ( structures, cohésion…) a été affectée et les conditions matérielles de la famille.

Au-delà de la compréhension d’un point de vue «victimelle» de ces comportements, il existe une dangerosité sociale qu’on ne peut occulter. La problématique actuelle réside justement dans le «dépistage» de cette dangerosité qui peut passer à l’acte et se transformer en agression.

Une attention spéciale doit être en effet portée sur les enfants qui ont vu d’autres enfants participer activement à des massacres ( car ce phénomène dépasse celui, couramment rencontré, des enfants soldats) nous avons ici, un risque de reproduction des faits par imitation, à l’instar des enfants soldats qui sont enrôlés la plupart du temps de force ( à l’exception des enfants martyrs d’Iran ou de Palestine, Liban etc...).

A l’heure actuelle la difficulté d’un point de vue clinique mais également socio-criminologique provient du fait, qu’il n’y a pas de profil type de «victime de guerre future délinquante» En rejetant le déterminisme absolu qui à défaut, nous plongerait dans les vieilles perspectives de l’école positiviste ( Lombroso) ou de l’école «Lacassagnienne « ( la Société est une bouillon de cultures) et en acceptant la théorie du milieu qui conditionne et fournit un terrain d’apprentissage, comment mesurer les probabilités du devenir antisocial de l’enfant?

En rejetant la fatalité qui consiste à penser que les enfants de la guerre sont les enfants délinquants et les combattants, voire les terroristes de demain, comment à défaut de pouvoir reconnaître à temps, et canaliser cette violence en eux, peut-on arriver à la transférer à des fins socialisantes?

A défaut, aujourd’hui de pouvoir être « les guérisseurs» infaillibles des traumatismes de l’enfance, nous allons examiner un début de réponse sur le terrain et présenter les actions mises en œuvre pour tempérer, voire apprivoiser, l’agressivité et la violence refoulée des enfants vivant dans un environnement d’insécurité et de violence continue.

Nous vous parlerons donc, dans la prochaine partie, d’une tentative ou d’une expérience particulière pour réhabiliter un potentiel de développement en danger chez des enfants.

PARCE QU’IL FAUT ROMPRE LE CYCLE DE LA  VIOLENCE ET DE LA GUERRE POUR LES ENFANTS: (LE CAS DES ENFANTS PALESTINIENS)

Nous aborderons ici une expérience bien particulière qui a été menée à Gaza : Le Partenariat d’ENFANTS REFUGIES DU MONDE/ France dans la mise en place d D’UN CENTRE D’ANIMATION POUR ENFANTS AU CAMP DE REFUGIES DE KHAN YUNIS DANS LA BANDE DE GAZA.

Aujourd’hui l’idée de la prise en charge de la santé mentale des enfants a fait son chemin. Elle continue cependant à être considérée comme une intervention secondaire, située loin derrière les urgences plus immédiates comme l’alimentaire, le médical. Les modes d’intervention restent à construire, alors que le développement des enfants de guerre est en danger.

L’ENFANT PALESTINIEN ET LA VIOLENCE: PORTRAIT DE L’ENFANT LANCEUR DE PIERRES.

« L’enfant palestinien porte sur ses épaules les humiliations et les frustrations qui ont fait le pain quotidien de ses arrière-grands-parents, de ses parents et de ses grands-parents; il a grandi et continue de grandir au rythme des drames qui secouent sa famille en Palestine, ses voisins, ses parents éloignés au Liban ou en Jordanie. Il est condamné à être partie prenante des évènements non seulement à cause de son «roman familial», mais par le simple fait qu’il est palestinien et que perdure ce qu’il est convenu d’appeler « le problème palestinien» Il a aussi grandi au rythme des évocations de la Palestine d’avant l’occupation israélienne » Tels sont les propos de Sylvie Mansour dans son ouvrage sur la génération de l’Intifada (Mansour, S., 1989, Des enfants et des pierres, enquête en Palestine occupée. Institut des études palestiniennes. Les livres de la revue d’études palestiniennes) C’est ainsi qu’elle résume le lourd héritage qui a conduit à la violence politisée de «l’Enfance de Pierre «à Gaza.

L’Intifada ou la « Révolte des Pierres» est venue en fait secouer «l’impuissance apprise» learned helplessness» de l’ancienne génération. La révolte spontanée des enfants (déclenchée en décembre 1987) a également signifié la transformation d’un jeu en protestation véritable, car il lance à son tour, un message teinté d’une lourde prise de conscience identitaire et ce, dans l’aréne de la réalité. C’est ainsi que, d’une simple pierre lancée, l’enfant palestinien a accédé à défaut d’une socialisation «sociale» à sa socialisation politique. La vie quotidienne de l’enfant est un terrain propice à la socialisation politique, car on ne prépare par des enfants à la paix quand on les confronte jour après jour aux frustrations et aux humiliations de leurs proches, d’autant plus que ces frustrations et ces humiliations nourrissent aussi la montée de la violence dans les relations à l’intérieur de la famille et de la société en générale. Les jeunes lanceurs de pierres de Bethlehem, de Ramallah, de Hébron et de Naplouse remplissent toujours les écrans de nos postes de téléviseurs et leur violence n’est que le reflet de leur désespoir. Mais peut-on vraiment qualifier leur résistance de violence quand sont pointés sur eux les canons ?

Mais il faut malgré vivre et réapprendre l’Enfance. Ce défi Enfants Réfugiés du Monde a tenté de le relever.


GAZA: «OU L’URGENCE DE JOUER DANS UNE SITUATION D’URGENCE»

 LA CREATION DU CENTRE D’ANIMATION AL SHURUQ WAL AMAL( LE LEVER DU SOLEIL, L’ESPOIR) UN PARTENARIAT ENTRE ENFANTS REFUGIES DU MONDE ET L’ASSOCIATION « CULTURE ET PENSEE LIBRE»

( Association palestinienne regroupant cinq comités de femmes)

CONTEXTE :

Sous occupation israélienne depuis 1967, la bande de Gaza est aujourd’hui encore, le plus grand camp de réfugiés au Proche Orient ( plus de 800 000 réfugiés), 50% de la population a moins de 15 ans. Soumise aux aléas de l’application des Accords d’Oslo, du blocus israélien et des exactions de l’armée d’occupation, une situation d’Urgence psychologique pour les enfants palestiniens s’est installée à partir de 1988. Enfants Réfugiés du Monde s’est donné pour mission de tenter de « récupérer les enfants» traumatisés par la violence et l’exil.

A travers des interventions qui devaient prendre en compte les traumatismes tant physiques que psychologiques, les intervenants humanitaires ont opté pour la « thérapie du jeu» pour aider le développement des enfants palestiniens.

« Le jeu reste et même devient indispensable pour les enfants en situation de guerre si l’ont veut qu’ils ne soient pas abandonnés à la peur et la haine»; « le jeu n’est possible que si les adultes sont capables d’assumer et de dépasser leurs propres angoisses pour apporter une réponse sécurisante á l’enfant, sans pour cela lui mentir» Ce sont les propos de l’un des éducateurs français d’Enfants Réfugiés du Monde ( France) Sidoit, J.M., avant la mise en place du Centre D’animation de Khan Yunis.

JOUER A LA GUERRE UNE THERAPIE DE LA PAIX

 Quand on se rend en Cisjordanie où à Gaza et que l’on observe le jeu des enfants palestiniens dans la rue, où dans les cours de récréation, on constate très rapidement l’aspect rudimentaire, presque caricaturale de leur jeu de rôle ; en fait, ils ne font que transposer par le biais d’excitations motrices, des automatismes appris de leur environnement. Alors que les enfants occidentaux jouent aux cow-boys et aux indiens, les enfants palestiniens eux, jouent aux israéliens et aux palestiniens dans différents scénarios de confrontation. Cela est tout aussi probable pour les enfants israéliens, les schémas restent les même du moment où l’on a une connaissance en commun de « l’ennemi» à abattre. Mis à part que les «goodies » et les «badies» sont inversés, la littérature de guerre est pleine d’anecdotes de ce genre, dans différents pays et à différentes époques. En France, les enfants on fait de même durant la dernière guerre, les enfants vietnamiens et plus récemment d’ex-Yougoslavie aussi.

En temps de guerre comme en temps de paix, les parents et les éducateurs ne savent jamais quoi penser quand ils constatent le potentiel agressif et la haine de l’autre que l’enfant porte en lui. Jusqu`à quel point joue-t-il? Pourquoi déshumanise-t-il l’autre, est-il aussi insensible dans la vraie vie? Car qu’est ce qui différencie les « jeux ordinaires» des «jeux post-traumatiques? Et la question est d’autant plus pertinente quand on parle d’enfants réfugiés ou d’enfants de la guerre. Le déterminisme du milieu ne revient-il pas toujours au galop?

Attention, néanmoins de ne pas trop les accabler ces enfants, car comme le disait Bettelheim (rescapé des camps de concentrations nazis) « ce n’est pas parce qu’un enfant joue avec un camion, qu’il deviendra conducteur de camions » Ceci devrait en tout cas, modérer certaines de nos projections quand on voit les enfants de l’Intifada ou tout autre enfant qui participerait dans une démarche de résistance, ils ne sont pas fatalement violents ou agressifs quand ils jouent à la guerre mais à force de les stigmatiser comme «futurs terroristes « nous risquons de fortement induire cette agressivité par le poids de nos projections ! Du reste, point n’est besoin de nous acharner sur eux, les médias et les politiques de certaines Nations y parviennent sans nous.

Partant de toutes ces questions, et du postulat que les enfants rejouent dans leurs jeux les conflits et les situations stressantes auxquelles ils ont été confrontés pour mieux assimiler le Monde Extérieur, nous évoqueront les modalités, les enjeux et les objectifs atteints par le Centre d’animation Al Shuruq Wal Amal et de l’utilité pédagogique du jeu et de certains de ces instruments à savoir ( le dessin et la création) en tant que modes d’expression et de socialisation de l’enfance traumatisée et maltraitée par la guerre.

LA PEDAGOGIE NOUVELLE A GAZA: ENJEUX ET LIMITES

A la demande de l’Association « Culture et Pensée Libre» ( réunissant cinq comités de femmes palestiniennes de factions politiques diverses) ENFANTS REFUGIES DU MONDE (France), a créé dans le camps de réfugiés de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza le centre d’animation «Shuruq Wal Amal» Ce Centre a pour vocation d’allier l’aide scolaire aux activités d’expression et de loisirs.

Ce Projet est né d’un constat d’impuissance et d’échec dans le contexte palestinien: l’autorité parentale remise en question ( de par les constantes humiliations et exactions que subissent les parents et adultes par l’armée d’occupation, scènes dont les enfants sont très souvent témoins), un encadrement inexistant du fait des fermetures répétées des écoles par les autorités militaires israéliennes. Pourtant nous savons tous que l’enseignement élémentaire est un droit universel ( il faut aussi signaler l’interdiction sous menace de représailles de faire du tutorat à domicile, des enseignantes qui se porteraient volontaires) et que l’absence ou quasi-insuffisance de la compétence pédagogique ( du reste mis à mal et dénoncée) est une des autres facettes de la violence psychologique que subit l’enfance palestinienne.

La Remise en Cause des Schémas éducatifs traditionnels:

Les éducatrices palestiniennes qui ont été sélectionnées par les cinq comités de femmes ont du remettre progressivement en cause leurs propres schémas éducatifs. Cela s’est fait et non sans quelques difficultés ( comme nous le verrons plus tard) par le biais d’un cycle de formation planifié sur trois ans et avec un accompagnement au quotidien par l’équipe de volontaires d’ENFANT REFUGIES DU MONDE.

Actuellement le Centre, accueille prés de 500 enfants chaque année dont une centaine viennent de façon permanente. Parallèlement au Centre destiné aux enfants de 6 à 12 ans, Un Centre pour adolescents a ouvert ses portes suivi par un Centre Culturel Communautaire

 LE TRAVAIL AVEC LES ENFANTS DE GAZA: SPECIFICITES

La particularité du travail éducatif avec les enfants de Gaza, réside dans le fait que les intervenants ont face à eux avant tout, des enfants de troisième et de quatrième génération de réfugiés. On a, dans ce contexte particulier, un travail qui se fait avec un «statut de refuge» à durée illimitée et indéterminée sous peine et risque de devenir un «refuge permanent»

Depuis les négociations d’Oslo, et les différentes signatures qui ont suivi, la situation n’a pas changé, elle s’est empirée pour l’enfance réfugiée qui entre dans une phase»d’intégration définitive» dans la zone de refuge ( qui du reste, grande comme un mouchoir de poche, semble rétrécir comme une peau de chagrin, à cause de la densité démographique et les découpages géographiques qui persistent).

Tout intervenant humanitaire connaît les implications et les embarras que peuvent susciter une situation de précarité indéterminée,  à l’instar des enfants d’ex-Yougoslavie qui ont eu la malchance de connaître une situation de transition certes mais vécue comme une situation momentanée qui a trouvé sa solution vers le retour. Les enfants palestiniens, eux n’ont jamais eu cette chance.

L’Enfant et son environnement

dans un contexte où :

-1 la violence est quasiment la seule réponse fournie à l’enfant quand il est face à ces difficultés

-2 la violence est la seule réponse que trouve l’adulte confronté à ses propres difficultés

3 la seule image que lui renvoie son environnement est extrêmement négative;

Le dilemme pour l’intervenant humanitaire est donc le suivant:

a)      Comment permettre à l’enfant de se construire une image positive de lui-même?

b)      Comment intégrer la Communauté (famille, enseignants et animatrices du Centre) à cette dynamique de changement du système éducatif en contradiction justement avec les méthodes traditionnelles ?

Il convient de signaler ici, que la dynamique interpersonnelle et inter familiale dans les Territoires Occupés est teintée de violence ( perçue du reste, par ces acteurs, comme un moyen d’expression normal dans pareil contexte). Il n’y aurait en effet aucune raison d’être choqué par les rapports de violence entre parents-enfants, professeurs-enfants et enfants-enfants. Les adultes n’ont vécu que cela et c’est un système fermé qui se reproduit, la société palestinienne est profondément arabo-musulmane et patriarcale, elle puise ses valeurs dans le traditionnel, un traditionnel en perdition car érodé par l’usure du refuge, la guerre et l’occupation ( ceci explique aussi la perte des références familiales chez les enfants de l’Intifada qui en plus, la défie). C’est justement là que se situe la frontière et les limites de la thérapeutique humanitaire occidentale, à trop vouloir imposer un système économique à un système de valeurs différent. (Cette problématique sera abordée dans la thèse de doctorat en conclusion in «la Reconstruction morale et sociale de l’enfance de guerre: les limites de la psychiatrie humanitaire occidentale et les conséquences criminogènes d’un non dépistage des enfants à risques»).  

FONCTIONNEMENT DU CENTRE

 Il fonctionne avec une équipe éducative de douze personnes. Ce lieu se veut être un sécurisant et structurant. Il est ouvert aux enfants de six à douze ans, désireux de s’y inscrire. Il propose des activités et des espaces en vue de favoriser l’expression, la créativité et la socialisation de ceux qui le fréquentent. C’est un lieu qui responsabilise l’enfant, l’informe des droits inhérents à sa personne et lui permet d’évoluer á son rythme. On peut ici faire un parallélisme avec la maison des enfants «Casa dei Bambini» de Maria Montessori qui a mis l’accent sur l’importance de la liberté de mouvement et de pensée de l’enfant tout en mettant en exergue son potentiel créateur.

Le travail des animatrices consiste également à utiliser le jeu et les méthodes actives afin de permettre aux enfants de devenir acteurs de leur apprentissage et de les responsabiliser face à leur retard scolaire

La Pédagogie du Centre: est donc fondée sur les principes de la pédagogie nouvelle, ce qu’on appelle en Palestine « la Pédagogie Développementaliste» ( par opposition aux autres théories sur le développement, soit le comportementalisme ou behaviorisme).

Les principes pédagogiques du Centre:

- l’opposition du principe entre la liberté/contrainte: L’enfant a accès à l’ensemble des jeux et espaces de jeux de la ludothèque ( espaces ludiques), s’il respecte des contraintes simples comme le fait de marquer sa présence par une fiche, accrocher la fiche de jeu qu’il emprunte, vérifier que le jeu est complet avant restitution et surtout de ne pas perturber les autres enfants. Ces règles sont ouvertes à la discussion et à l’explicitation pour l’enfant s’il n’en comprend pas le sens. Mais elles constituent une référence pour l’enfant comme pour le personnel du Centre. C’est un moyen de donner à l’enfant des repères structurants dans un contexte déstructuré. Ce qui est particulièrement important dans le contexte de l’Intifada

-          Le libre arbitre : C’est le choix de l’enfant qui motive sa venue au Centre. Il peut repartir quand bon lui semble et rester autant qu’il le voudra

-          Le Centre n’est pas une Garderie: on y vient par choix et ce principe est systématisé pour l’ensemble du Fonctionnement. Ici la Casa dei Bambini de Montessori M., diverge, car elle répond avant tout à une nécessité pour les mères de travailler ou de vaquer à leurs occupations sans la présence perturbatrice des enfants. Le Centre d’Animation Shuruq Wal Amal veut donner à l’enfant la possibilité d’apprendre à ne plus subir, à devenir responsable mais surtout à apprendre à dire non.

L’enfant a la parole et il a le droit de s’exprimer. Pour l’enfant palestinien qui vient au Centre toutes ces libertés « sont déconcertantes » lui qui a des difficultés à s’exprimer en temps normal parce qu’il l’opportunité ne lui a pas été offerte. Il est encore plus déconcertant pour lui d’écouter la parole de l’autre et de la respecter.

-          Le non à la violence: est clairement exprimé dans cet espace, on ne peut y recourir quelque soit le motif: faire respecter le règlement ou répondre à un conflit ou une discorde.

-          Le dialogue et la discussion règlent les relations entre les intervenants du Centre et les enfants. Le personnel ne peut recourir à la violence physique, psychologique ou verbale dans ses relations avec les enfants, la Communauté et les Collègues.

Les enfants sont amenés à respecter ce principe qui laisse entrevoir pour eux une nouvelle façon d’envisager les relations adultes/adultes, enfants/adultes et enfants/enfants.
Tous ces principes en fait constituent la base pour le respect de l’autre et la tolérance.

Cette méthode a été le fruit d’un travail de suivi quotidien avec les animatrices afin de leur permettre d’analyser les différentes situations auxquelles elles ont été ou pourraient être confrontées. Elle a pu prendre forme par le biais de réunions régulières avec les enfants (uniquement à leur demande) pour discuter du programme, des activités, des couvre-feux et des exactions de l’armée israélienne. Les entretiens ont été complétés par des entretiens individuels entre les enfants et une animatrice, la directrice ou la travailleuse sociale.

L’OPINION DES ANIMATRICES PAR RAPPORT A LA PEDAGOGIE NOUVELLE

était un curieux mélange d’angoisse et d’enthousiasme. Angoisses car la plupart d’entre elles se demandaient « comment elles allaient faire pour se faire respecter par des enfants qui jettent des pierres aux soldats! » Des enfants qui n’écoutent même plus leurs pères, « nous qui sommes des femmes, si on n’a pas le droit de les punir ou de les frapper »

La crainte de ces femmes était en fait, double: la relation avec les enfants mais également la remise en question des anciennes pratiques éducatives pour le moins répressives.
Les intervenants de l’ONG ont du effectuer un travail de sensibilisation intensif avec les animatrices qui finirent par aussi montrer un certain enthousiasme et alors elles se rappelaient en ces termes « nos enfants ont le droit de vivre comme tous les enfants du monde » ou « ce sont les martyrs de l’humanité », « ce sont des héros et on les aime » Mais la seconde d’enthousiasme passée, les mêmes appréhensions revenaient en surface et des considérations du genre « nos enfants sont mal polis », « nos enfants sont mal élevés » et « il ne faut pas se laisser faire » et tout cela, pour justifier de l’usage des châtiments corporels.

Heureusement « cette représentation initiale » de l’éducation finira par s’estomper au fur et à mesure de l’acquisition de la formation et de l’expérience des animatrices. Cet effort a été consolidé au travers de l’intervention régulière d’intervenants palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, qui ont défendu la même politique éducative. Les animatrices ont fini par remettre en cause l’ancien Schéma éducatif et par adopter le nouveau courant.

L’OPINION DES ENFANTS:

Les enfants palestiniens ont tout de suite saisi la différence entre les pratiques du Centre et l’extérieur « Ici on n’est pas battu! » Plus tard, d’autres enfants viendront vérifier la rumeur «c’est vrai qu’on n’a pas le droit de se battre? » Après l’étonnement et la période nécessaire pour tester les animatrices, la grande majorité des enfants s’est adaptée au milieu. Paradoxalement, celles qui ont eu du mal à s’adapter restent les animatrices, d’autant qu’elles sont toujours prises au dépourvu quand l’enfant en faute dit « de tout de façon tu n’as pas le droit de me battre! »

LE PASSAGE D’UN SYSTEME REPRESSIF D’EDUCATION A UN SYSTEME PERMISSIF :

Où l’enfant est écouté et considéré, où la violence est exclue, a permis de tester l’incroyable capacité d’adaptation des enfants palestiniens En les observant longuement au Centre, dans la rue, à l’école, les intervenants occidentaux ont constaté que les choses n’avaient pas changé, bien que conscients des différences de comportements à adopter en fonction du milieu, le fait de savoir ce qui était possible ou prohibé, argumentaient de la formidable propension à faire la part des choses. Cela du reste, n’empêche pas l’enfant palestinien de se battre dans la rue.

LES MODELES THERAPEUTIQUES DU CENTRE: LE DESSIN ET LA CREATION

Convaincus de l’utilité pédagogique et psychologique du dessin pour les enfants de la guerre, ERM a installé un atelier de dessin peinture dans le Centre d’animation. L’objectif était de permettre à ces enfants d’exprimer ce qu’ils vivent, de favoriser leur imagination et de promouvoir leur socialisation par l’autogestion de l’atelier. Cet atelier fut un immense terrain d’observation et comme le dit si bien J.M., Sidoit, In « de l’utilité pédagogique et psychologique du dessin comme mode d’expression et de socialisation au bénéfice des enfants et… de leurs mères » éducateur à ERM « Nous savions que les enfants dessineraient ce qu’ils avaient à dire, à laisser éclater, mais nous n’imaginions pas qu’ils auraient à se dévêtir de leur manteau d’adulte »

Les premiers dessins furent des dessins du drapeau palestinien dont la représentation, (le port, et le fait de le hisser sur un toit ou de le porter) constitue une grave entorse aux lois de l’armée d’occupation. Pour les animatrices et les membres occidentaux de l’ONG et du Centre, il y eut immanquablement une question sécuritaire à débattre. Certains craignaient que cela soit un motif pour fermer le Centre. Le vote français, et le personnel palestinien finirent par décider de laisser la liberté aux enfants de dessiner en toute liberté, car cela faisait partie du projet pédagogique: pas de tabous, pas d’interdits, pas de pressions et encore moins de contraintes. Les autres dessins furent des dessins relatant des scènes de confrontations avec l’armée israélienne, peu à peu des scènes de vie de tous les jours: mariages, sortie à la mer, saison des dattes, vinrent compléter la collection des artistes en herbe.
Mais à chaque fois que de nouvelles confrontations se déclenchaient à Khan Yunis, les drapeaux et les scènes de violence ressurgissent au bout des pinceaux.

Des cas d’enfants :

L’histoire de Tahar et de Sherin

Tahar est un enfant de onze ans, sans problème particulier, il est joueur, il est actif, il aime dessiner. Le lendemain de son arrivée au Centre, il s’est très vite engagé dans une bagarre. A la ludothèque, il a cassé le jeu de construction d’un autre enfant. Une discussion s’est engagée avec une animatrice. Puis l’enfant est allé dessiner. Il a dessiné la Mosquée Al Aqsa à Jérusalem avec de nombreux slogans politiques particulièrement violents. Une animatrice qui avait remarqué son attitude depuis le matin et le trouvait anormalement triste engage avec lui une discussion à partir de son dessin qui s’est élargie très vite pour arriver aux évènements de la veille. L’enfant a pu parler, il a pu décharger sa violence, sa haine et sa honte, peu après il allait mieux. Tahar avait été passé à tabac par des soldats israéliens.

Sherin est une petite fille de 9 ans, calme et affectueuse. Au cours d’un affrontement, Aid, son frère aîné, est tué. Son corps est porté chez ses parents. Lorsque Sherin revient de l’école, elle voit le corps de son frère et se met à hurler. Il y a du sang sur les murs. Le lendemain au Centre, elle dessine le corps de son frère, maculant la page de rouge sang.

Cette deuxième histoire ( car elle ne sera pas la dernière) souligne la difficulté de continuer à vivre pour ceux qui restent. «Sherin n’est pas trop affectée, elle est jeune, elle oubliera» confiera plus tard sa mère. Mais l’animatrice remarque un changement chez la petite fille. Sherin se montre plus silencieuse, comme absente. Petit à petit, au fil des activités, elle retrouve sa joie de vivre. Mais sa mère ne le supporte pas « elle ne peut pas être heureuse, elle doit penser à la mort de son frère » Un travail de longue haleine devra se faire avec la mère pour que celle-ci accepte un jour que son enfant, sans refuser la réalité, continue à vivre.

Les animatrices du Centre, et il faut le souligner, ne sont aucunement dans une démarche thérapeutique, elles ne sont que le réceptacle des émotions de l’enfant. Ce sont les activités du Centre qui favorise les espaces d’expression.  


CONCLUSION:

 Le Programme d’Enfants Réfugiés du Monde, ou tout autre programme humanitaire dans ce contexte précis, fait ressortir l’importance de la prise en compte du système social qui constitue le contexte à l’intervention en faveur des enfants.

La connaissance des réalités du terrain, permet en fait d’intégrer des stratégies curatives tout en mettant en place des stratégies préventives en vue de créer un environnement qui puisse amortir voir amoindrir au maximum les risques et les agressions externes que subit l’enfant de la guerre.

Bien sûr, comme l’ont constaté divers intervenants de l’humanitaire, un contexte de militarisation quotidien, avec un recours à la violence avalisée par la Communauté, contribue ni plus ni moins qu’à déterminer l’environnement politique et idéologique de l’enfant.

Le vrai problème, cependant, c’est de savoir doser les besoins de l’enfant: la réponse humanitaire idéale si elle existe vraiment, doit se faire de façon soutenue et non ponctuelle, tant dans les interventions de survie que dans le développement de l’enfant.

Pour protéger l’enfant réfugié, il faut le comprendre dans toute sa globalité, il faut cerner ses besoins en fonction de son environnement. Il faut comprendre les mécanismes qui vont dans le sens à lui garantir un développement sain, en se rapportant toujours à son contexte de vie. Ne jamais faire de séparation entre l’enfant et son contexte. Son contexte sera immanquablement, sa famille et sa Communauté car ce sont les pivots de son identité et les clés de son éducation, quelle que soit la façon dont elle est conceptualisée d’une Culture à l’autre. Il ne faut jamais entretenir une cassure vis-à-vis de la famille , la Communauté et la culture.

DEBAT :

 Après lecture de l’expérience d’Enfants Réfugiés du Monde en Palestine :

 Une série de questions nous semblent opportunes :

1) Les valeurs thérapeutiques du dessin et du jeu sont elles réelles ou en tout cas sont elle suffisantes ou  les seules capables de guérir ? expriment-elles vraiment le fond psychique  et la douleur de l’enfant ? y aurait-il d’autres méthodes dites « thérapeutiques » ?  lors du Symposium International sur «  les Enfants de la guerre, Devenir, mémoire et traumatisme », organisé par la CIDEF ( Centre pour l’Enfance et la Famille, du  6 au 8 mars 1997 on a proposé plusieurs moyens, au travers par ex du langage ; en favorisant la forme narrative. Certains spécialistes comme le Dr Michèle Bertrand, Psychanalyste nous parle de la mise « en récit » du trauma, mise en récit qui permet de mieux comprendre et représenter la douleur vécue. Le récit qu’il soit oral ou écrit place la souffrance dans une perspective d’échange ce qui permet un relatif détachement subjectif par rapport à l’expérience subie par la victime. Des sociologues comme M. Nicolas Dodier    nous parle de mise « en forme » du récit traumatique ( qui cesse d’être une expression uniquement orale, mais devient également une expression «  imagée » du Trauma. On passe ici à la « sociologie de la mise en forme des événements traumatiques » qui peut se faire par ( le récit, les productions imagées, les fictions, les tableaux statistiques.  Que penser par contre des Sociétés dont les valeurs morales privilégient le silence et la pudeur par rapport à la douleur, le récit serait-il vraiment thérapeutique ? la psychiatrie occidentale imposée dans ces contextes, n’est-elle pas une forme d’agression ? ( parler du tabou dans certaines sociétés traditionnelles à être « victime » notamment dans le monde occidentale avant la deuxième guerre mondiale ( dans un contexte non occidental, également, le tabou dans certaines communautés et religions, le cas des  femmes musulmanes violées en Bosnie, les enfants nés des viols de guerre, conf l’œuvre d’Audoin Rouzeau sur les enfants nés des viols de guerre).

2) Si l’on aborde les mécanismes de la résilience ou la capacité de s’en sortir malgré le trauma subi, il serait intéressant de se demander s’il y aurait un « profil » d’enfants résilients ? que penser de la thèse de Boris Cyrulnik et d’autres auteurs dont Pines et Erikson ?

3) Pour ce qui est des « enfants à risques » y aurait il une symptomatologie ? que penser des situations d’adversité ou l’on a des enfants positifs ? que penser de la thèse de Heuyer G., sur les « délinquants de guerre » qui seraient plus débrouillards ? Aujourd’hui peut on dire la même chose des enfants des rues dans certains pays ? ( conf.  les enfants de Roumanie selon,l’article de  Maquéda F., 1997, De la pensée interrompue à la sollicitude tempérée, intervention lors du Symposium International sur les enfants de la guerre, aux enfants du Brésil, avec l’étude de Dos Santos B.,2001, Street Children in Contemporary Brazil : Social Mobilization, Education and Public Policy, David Rockfeller Center for American Studies,  et de la Colombie)., aux enfants du Salvador, intervention du Psychiatre Santiago Sequeira Molina, dans le Cadre du Symposium  International sur les enfants de la guerre, 1997, nous parle des conséquences dévastatrices de la guerre dans son pays sur l’évolution de la jeunesse et le statut de l’enfance ( taux de suicide qui a triplé entre 1989 et 1996, la formation des bandes, la désoccupation entraînant la délinquance et notamment la stigmatisation négative des « rescapés «  de la guerre qui vivent leur statut avec  honte et sont complètement marginalisés.

  JE DESIRE REMERCIER CERTAINES PERSONNES SANS QUI LA REDACTION DE CET ARTICLE MAIS EGALE MENT LA CONCRETISATION DE MON PROJET DE THESE COURANT N’AURAIENT PU ETRE POSSIBLES :

-          Mon Directeur de Thèse, le Professeur Jacques Henri Robert, Professeur en Droit Pénal et Directeur de l’Institut de Criminologie de Paris II, qui a bien voulu donner une chance à la naissance de ce Projet.

-          Le Professeur Mahjoub Abdelwahab, de l’Université de Tunis I, pour l’amitié infaillible et la confiance qu’il m’a démontrée ( et sa patience).

-          Le Dr Lopez spécialiste en Victimologie et pédopsychiatre, dont l’encadrement et les conseils «pratiques» m’ont permis d’aller au-delà de l’aspect théorique du problème.

-          Mme Laura Lee Downs, Directrice d’Etudes à l’IHESS, pour toute la confiance dont elle m’a fait preuve, en me permettant de participer et d’intervenir à son Séminaire sur « l’Enfance et la Guerre au XXe s » ce qui a considérablement enrichi ma connaissance historique du Phénomène.

-          Les encouragements et la contribution de certains spécialistes, praticiens, chercheurs et enseignants dans le domaine qui ont cru à ma recherche doctorale en me fournissant des références et des ouvrages à l’appui dont:

Mme Sylvie Mansour psychologue clinicienne basée à Gaza., ( dont les travaux sur l’Enfance à Gaza ont déterminés le choix de l’étude de Terrain) merci Madame pour tout ce que vous faites pour ces enfants.

Mme Hyam Kahi, Directeur du Centre Universitaire de la Santé Familiale et Communautaire, Ecole Libanaise de Formation Sociale. Université de Saint Joseph, Liban, merci de votre aimable contribution..

Mme Marie Odile Godard, Psychologue et psychanalyste, Maître de Conférence à l’Université Jules Verne de Picardie. France, merci de vos encouragements et de votre intérêt.

Mme Adeline Pillet, Division Juridique du CICR Genève, Suisse, merci pour toutes les informations données.

Mr Ezzat Fattah, Criminologue, British Columbia, Canada

Dr Jean Claude Métraux, pédopsychiatre, Appartenances, Lausanne, Suisse.

Dr Bernard-Israel Feldman, psychologue, psychanalyste et victimologue, Président de l’Association israélienne de l’éthique médicale, Israël.

M. Jean Christophe Sidoit, éducateur ( ancien D’ERM) dont l’apport pratique pour la création du Centre d’animation à Khan Yunis, a inspiré ma présente présentation

M. Emmanuel Didier, Avocat, Fonctionnaire au Département pour les Réfugiés Politiques, Montréal Canada.

M. Boris Cyrulnik pour sa vision optimiste et « courageuse » sur la Reconstruction morale de l’homme après le Trauma.

 (En m’excusant pour toutes les autres personnes que j’aurais omis de citer, je leur dédie cette petite intervention)

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Source : Fériel Berraies Guigny


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