Opinion
Lettre ouverte au
ministre tunisien des affaires étrangères
Motaz Dlimi
Ministre des affaires étrangères tunisien, Mohamed Ounaies. AFP
Lundi 7 février 2011
Comme tous les tunisiens, et oui monsieur, je vous dit TOUS
les tunisiens qui vous ont vus sur Nessma TV ou très vite sur
Youtube, Facebook et autres médias; nous avons été ébahis par
vos propos, votre discours et le fondement même de votre
présence dans Notre Gouvernement!
Nous avons vu et entendu un ministre des affaires étrangères
supposé parler en notre nom, nous représentant nous et nos
valeurs pour lesquelles des jeunes de toute la Tunisie sont
tombés par les balles d’un régime que vous êtes venu défendre en
public.
Vous avez refusé d’appeler notre révolution comme telle, et
je ne comprends tout simplement pas comment vous avez pu être
dans cette fonction. Nous jeunes qui ont chassé le tyran,
refusons que vous représentez notre peuple si vous ne croyez
même pas que ces jeunes martyrs sont autre chose que des martyrs
pour NOTRE LIBERTÉ a tous. Ce sont les martyrs de la Tunisie
monsieur, et vous n’avez absolument pas le droit d’utiliser un
autre nom pour qualifier ces héros, tout en commençant par
Mohamed Bouzizi que la paix repose sur son âme a lui a tous les
autres.
Aussi, vous n’avez pas le droit de sourire et dire tant de
bien de la ministre des affaires étrangères de la France,
Michelle Ailliot-Marie. Comment osez vous dire d’elle et de la
classe politique française actuelle tant de bien et leur faire
tant de compliments au moment ou des livraisons de
“savoir-faire” français en matière de sécurité allait nourrir
les forces du mal et OPPRIMER TON PEUPLE.
MAM peut raconter ce qu’elle veut, mais tant de tunisiens et
de français ont vus et lus. Moi simple internaute j’ai vu les
vidéos de cette livraison sur internet, vivre la technologie
(Chose dont vous vieux politiciens ne comprennent toujours pas :
comment il est devenu impossible de mentir, ou du moins il est
impossible de ne pas être démasqué avec le temps) . Nous avons
vu les bombes lacrymogènes dans les conteneurs. Nous avons vu
les dates et les autorisations de cargaison. Nous avons vu les
dates et l’adresse du destinataire.
Tant d’hommes politiques en France ont exprimé publiquement
leur dégoût et mépris pour les choix de leur gouvernement envers
la révolution tunisienne. Et je comprends très bien que les
français se sentent embarrassés par la lâcheté de leur
gouvernement envers un pays qui de facto un peu la France, sous
le plus lâche des prétextes qui est la peur de l’ingérence,
chose que la France n’a jamais arrêté de faire depuis plus de
deux siècles.
Tout ceci pour en venir a cette petite question qui
résumerait le choc du peuple à vous entendre : Comment vous, qui
nous représente, peuple tunisien, avez vu pu nous trahir aussi
ouvertement?
Si vous voulez plaire a la France, c’est bien, mais pas en
faisant parti de notre gouvernement.
Il y a des petites choses qui ont changé monsieur le
ministre. Nous ne sommes plus les même du temps de Bourguiba.
Nous sommes les petits-fils de ces gens, et nous sommes très
bien renseignés. Nous sommes des millions à avoir appris et
voyage et compris comment les pays fonctionnent. Vous êtes tenu
de nous rendre des comptes. Vous êtes tenu de parler en notre
nom même si vous êtes en désaccord avec ce que vous dites. Vous
êtes tenus de respecter les martyrs et non les victimes qui sont
tombées et qui vous ont permis d’être la ou vous êtes
maintenant.
Sachez monsieur que vous ne plaisez pas aux jeunes. Sachez
que le bon coté lorsque 44,9% des diplômés universitaires sont
au chômage est que dorénavant vous aurez des millions qui n’ont
rien a faire de leur journées que d’avoir l’œil sur son
gouvernement.
Ce matin vous aurez sûrement un échantillon de ces jeunes
devant votre ministère, pour vous rappeler votre incompréhension
de cette jeunesse qui vous dépasse et surpasse. Je me sens
désespère de voir que un grand pays comme la Tunisie n’a trouvé
de mieux de représenter le meilleur de ce qu’elle a, sa
jeunesse, avec votre personnage qui n’a rien compris des jeunes
et de leur ère.
Dernier conseil monsieur le ministre, écoutez les jeunes et
demander leur conseil. La vie a changé, et de nos jours il est
plus sage de demander conseil à ses enfants et ses petits
enfants que l’inverse.
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