Opinion
Tunisie :
Les signes révélateurs des réels objectifs du pouvoir de l'après
Ben Ali
Amine Basli
Vendredi 28 janvier 2011
Depuis la fuite de Ben Ali, les signes révélateurs des réels
objectifs du pouvoir en place ont été nombreux :
1- Déclaration de la vacance temporaire du pouvoir
(Utilisation de l’article 56 au lieu de l’article 57). On peut y
voir, clairement, un espoir du pouvoir de voir BEN ALI Revenir.
Espoir qui a été certes de courte durée mais révélateur des de
l’état d’esprit du pouvoir en place.
2- Diviser pour mieux régner : les attaques des milices
ciblaient les régions pauvres et défavorisées sans trop sévir
dans les quartiers bourgeois qui sont restés plutôt calme.
Objectif : créer une division entre les riches et les pauvres et
entre les régions. D’un autre côté, on a vu aussi un usage
intelligent et massif des réseaux sociaux pour manipuler les
jeunes.
3- L’exclusion de la vraie opposition de ce gouvernement.
Ceci est révélateur de la ligne de conduite de ce pouvoir qui
n’a pas changé: Je suis seul au pouvoir, je laisse un petit
pourboire pour une opposition avide de pouvoir et rien pour les
vrais opposants.
4- Silence radio sur le sort des proches de Ben Ali et des
Trabelsi. A la place, on nous baratine avec des bijoux et des
images de Villas brulées et transformées en musée. pourquoi ce
silence? Ceux qui ont été arrêté et dont-on a aucune nouvelle,
est ce que on les a arrêtés pour les traduire en justice ou pour
les protégés du peuple et facilité leur fuite ?!
5- Mandat d’arrêt contre Ben Ali et sa famille pour
détournement de fond. Après 23 ANS de dictature, le mandat
d’arrêt concerne uniquement le détournement de fond ; on oubli
la torture, les meurtres des opposants politique, les droits de
l’homme bafoués, les victimes des manifestations tuées par des
sniper. A noter que le président de Hannabal TV a lui été accusé
de haute trahison! C’est encore un signe révélateur des réels
objectifs du pouvoir: Avec cette accusation les chances
d’arrestation et d’extradition de Ben Ali sont quasi nulles, Ben
Ali coulera surement des jours paisibles, une demande d’asile
sera acceptée dans un grand nombre de pays (surtout, bien sur,
s’il vient avec les fonds détournés).
6- Dans la presse et la télévision rien n’a changé, tout est
toujours sous le contrôle du parti unique au pouvoir. Objectif :
cacher l’ampleur des manifestations et marginaliser les
manifestants. La propagande et la manipulation sont toujours
d’actualité. Le rédacteur en chef du Journal sur TTN est
toujours Abdelmotaled Innoubli le même qui, il y a deux mois
commençait toutes ces phrases par : « Karrara Al Raiis Zine El
Abidine Ben Ali… ».
7- Censure dans les médias de la vraie opposition : PCR,
PCOT, etc qui s’exprime presque exclusivement sur les médias
étranger, principalement, Al arabiya et Al jazeera.
8- Les pratiques du RCD persistent : attaques des
manifestants, incitation à la violence envers les manifestants
en proposant de l’argent et de la drogue et ce n’est que la
partie visible de l’iceberg.
9- Rien n’a changé au ministère de l’intérieur et rien n’est
envisagé, pourtant c’est là ou il y a une réelle urgence d’une
purge totale. Les agressions sur les manifestants et surtout sur
les journalistes tunisiens continuent. La police politique
existe toujours et personne ne parle de sa dissolution.
10- Des mesures économiques bidons (Allocation chômage,
indemnisation des blessés) ont été annoncées pour acheter et
calmer les plus pauvres qui sont, aujourd’hui, les plus
farouchement opposés à ce gouvernement.
11- Enfin, ce gouvernement n’agit pas mais réagit sous la
contrainte de la rue. De plus, les actions entreprises sont
parfois qu’une parade pour tenter de calmer la grogne. Encore un
signe révélateur de l’absence d’une réelle bonne volonté de ce
pouvoir à opérer des vrais changements. Son objectif : faire
croire que la dictature est finie, pour rester au pouvoir.
Dans la suite de la phase de transition, nous devons rester
vigilants pour déceler, à travers des actions de ce pouvoir, ses
réelles intentions, en voici quelques exemples :
1- Faire semblant de couper des têtes (les plus visibles, les
plus mouillées), pour assouvir les envies de vengeance et calmer
le peuple sans pour autant faire le vrai ménage car le but ce
n’est pas d’abandonner le pouvoir à des gens n’ayant pas la même
idée de la Tunisie que le RCD. Une dictature ne s’autodétruit
pas.
2- Avec le retour imminent de Rached Ghannouchi, on verra
rapidement brandir la menace de l’islamisme : Attention, vous
avez chassé un dictateur et voilà le résultat, maintenant les
islamistes sont là !!! Installer la peur permet de procéder à
une réduction progressive des libertés.
3- Pour les élections présidentielles, ce pouvoir va nous
sortir un candidat (par exemple de l’opposition docile et avide
de pouvoir) qui acceptera de traiter avec eux : le Pouvoir
contre une clémence envers les corrompus de l’ancien régime.
Cette hypothèse est probable et le risque de revoir le même
système revenir avec une nouvelle tête est réel, surtout après
le soutient ostentatoire, affiché par les américains, envers ce
gouvernement. Ces derniers, ne veulent surtout pas voir le
pouvoir aux mains de personne anti-américain et anti-Israël.
Changer le dictateur il le fallait, son règne touché à sa fin de
toute façon, mais il faut garder son système loyal aux états
unis et à Israël.
4- Discréditer la vraie opposition : ce pouvoir s’attèlera à
les discréditer et à nuire à leurs réputations et cela par tous
les moyens et sous l’œil vigilant des américains et des
israéliens. N’oublions pas qu’il y a une communauté de 50 000
Juifs tunisiens ayant parfois la nationalité Israélienne, Les
américains et les israéliens prendront-ils le moindre risque
quant au sort et à la sécurité de cette communauté face à la
menace islamiste?
5- Manipulation électorale : De toute évidence, il est
inconcevable que ce pouvoir joue le jeu lors des prochaines
élections au risque de perdre le pouvoir. Il fera usage de
diverses moyens et ruses pour s’assurer de gagner les élections
sans pourtant les truquer. Je citerai un risque majeur face
auquel les tunisiens se trouveront confrontés : L’idée va
consister, sous couvert de bonnes intentions démocratique, de
régulariser tous les partis politiques et de les encourager à se
présenter aux élections présidentielles. Par la suite, ce
pouvoir fera usage de son monopole des médias pour brouiller et
diviser les tunisiens autour des différents candidats tout en
favorisant, discrètement, leur propre candidat. Les objectifs de
cette manœuvre sont les suivants :
Éviter qu’un candidat de l’opposition fasse l’unanimité.
Diviser les tunisiens pour disperser les votes sur le
maximum de candidat possible
Dans ces conditions, il n’y a plus de majorité et le
vainqueur sera la plus grande minorité. Avec plus de 2 millions
d’adhérents, le RCD sera demain, sans aucun doute, une minorité
très importante et peut prétendre passer le premier tour des
élections sans encombre.
Pour conclure, il est clair que la dictature n’est pas encore
morte et enterrée mais plutôt gravement blessée et bien
affaiblie. Le peuple tunisiens qui lui a porté ce coup
extraordinaire doit finir le travail. Jusque là, ce pouvoir a
fait et continu de faire une grave erreur : sous estimer
l’obstination des tunisiens à en finir avec la dictature.
J’espère que cette erreur causera sa perte !
Ne soyons pas DUPE, ne tombons pas dans leurs pièges et
pensons avant tout à l’intérêt général.
This post was submitted by Amine BASLI.
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